Les dits du corbeau noir

UNE PENSEE-SOEUR : LA PESEE AMERINDIENNE D'HIER ET D'AUJOUD'HUI 2018 BRAN DU 08 01 JANVIER

 

Une sagesse soeur : la pensée amérindienne d'hier et aujourd'hui...

 

Envoie de notre frère Yoann responsable en Belgique du Grand Collège Celtique de la Forêt de Brocéliande...

 

 

Indiens janv 2018 021pm.jpg

 

 

Déclaration de John Trudell. Discours prononcé le 18 Juillet 1980 au centre de survivances interculturel Amérindien. Traduit de l’anglais par Cyril Cossu.

 

 

...Je voudrais vous parler ce soir en l’honneur de la lutte qui nous oppose à ceux qui ont perdu toutes relations avec le monde des Esprits.

Je voudrais parler en l’honneur du Vent, et de tous les éléments naturels.

Il s’agit d’un rassemblement de survie et l’une des choses que je vous souhaite à tous d’apprendre pendant que vous êtes ici, c’est d’apprécier l’énergie et la puissance des éléments que sont le soleil, la pluie et le vent.

 

... La seule vraie puissance.

Le seul vrai Pouvoir, la seule vraie connexion que nous n’aurons jamais au Pouvoir, c’est notre relation à la Terre-Mère.

Nous ne devons plus nous perdre dans la confusion.

Nous ne devons plus nous laisser berner par leurs illusions. Il n’y a pas de puissance militaire, il n’y a que du terrorisme militaire, il n’y a pas de puissance économique, il y a seulement une économie et un marché d’illusions, de leurres, dont nous sommes devenus les esclaves.

C’est cela qu’il nous faut réapprendre à regarder.

 

Ceux à qui vous déléguer le pouvoir n’ont que le pouvoir que vous leur portez, mais en réalité ils n’ont aucun véritable pouvoir dans leurs mains, ce prétendu pouvoir n’est que de l’oppression.

 

La puissance est en nous car nous sommes une partie naturelle de la Terre, nous sommes une extension de la terre, nous ne sommes pas séparés d’elle, nous en faisons partie. La Terre est notre mère, la Terre est un Esprit, nous sommes un prolongement de cet Esprit.

Nous sommes Esprit. Nous sommes le pouvoir.

 

Ils peuvent nous faire croire que nous devons croire en eux, que nous devons assumer ces identités de consommateurs, ces identités politiques, ces identités religieuses, ces identités raciales, ils veulent nous séparer de l’essence même de la Vie, ils veulent nous séparer de qui nous sommes. 

C’est un Génocide perpétuel. Ils ont essayé de prendre et de supprimer notre identité naturelle, notre lien spirituel avec la Terre. Mais nous sommes toujours présents, nous avons survécu.

Nous avons toujours survécu parce que nous avons appris à vivre dans l’harmonie et le respect de la Nature, nous n’avons jamais oublié qui nous étions.

 

Quand je parcours l’Europe ou l’Amérique et que je vois la majeure partie de la population blanche, je me rends compte qu’ils ne se sentent pas opprimés, ils se sentent impuissants.

Quand je retourne au sein de mon peuple, je constate que nous ne nous sentons pas impuissants, nous nous sentons opprimés.

Nous ne voulons pas participer à ce commerce, nous l’avons toujours refusé.

 

Ainsi, par delà le génocide psychologique qu’ils tentent d’infliger à nos vies, nous comprenons le génocide psychologique qu’ils ont déjà infligé à leur propre peuple . 

 

 

 

Indiens janv 2018 005pm.jpg

 

Nous comprenons le compromis qu’ils veulent que nous fassions pour notre survie : que nous soyons asservis à eux, que nous perdions comme eux notre véritable connexion au Pouvoir, notre véritable connexion à la Terre.

 

Nous tous, Amérindiens, Autochtones, Peuples premiers, nous allons avoir à agir en tant que passeurs et messagers. Nous allons devoir courir et agir comme autant d’enseignants, nous allons avoir à parler à tous les gens qui daigneront écouter ce que nous pensons, ce que nous savons être juste. Nous allons devoir trouver et inventer des façons de communiquer. Ils ont peur de nous.

 

Nous devons toujours nous rappeler que chaque fois qu’ils ont crée un système, ce système s’est construit sur des mensonges et des trahisons, tel est le propre de leurs commerces, la manipulation.

Leurs pouvoirs ne sont que des faiblesses, nous devons persister dans notre lutte et rester engagés dans notre résistance, comme nous l’avons toujours fait. 

 

Peu importe combien de cellules de prison ils construisent et construiront. Peu importe la corruption, le racisme, les mensonges et les coups qu’ils nous porterons, nous devons veiller par-dessus tout à ne jamais leur ressembler, à ne jamais devenir comme eux.

 

Peu importe leurs détournements de sens et leurs inversions de la Vie, peu importe leurs nombres et peu importe leurs positions illusoires de respectabilité.

C’est notre droiture et notre intégrité qui fera la différence. Nous prenons la décision, nous sommes le Pouvoir. 

Peu importe qu’ils nous exterminent car à quoi bon vivre sur ce lieu sacré, à quoi bon être ici si nous ne pouvons pas vivre avec dignité et respect ? Peu importe ce qu’ils font de nous, peu importe comment ils nous frappent, nous devons continuer dans la dignité, nous ne devons jamais devenir comme eux.

 

La seule chose qui m’a toujours fait réfléchir au sujet des révolutions, c’est que chaque fois que j’ai rencontré des révolutionnaires, ils agissaient simplement par haine de l’oppresseur.

Ce que nous devons faire, c’est agir par amour pour notre peuple, par amour pour notre Mère-Terre.

 

 

Indiens janv 2018 007pm.jpg

 

Peu importe qu’ils n’éprouvent jamais d’amour pour eux-mêmes ou pour la Terre, nous devons quant à nous toujours agir par amour pour le Peuple et pour la Terre.

Nous ne devons jamais réagir comme ceux qui ont perdu leur spiritualité. Quelles que soient les chaînes, un esclave est un esclave.

Nous devons évaluer nos valeurs, partager nos connaissances, nous devons nous débarrasser des concepts qu’ils nous ont obligés à apprendre, nous ne devons pas nous laisser entraîner dans leurs pièges.

 

Quoi que nous fassions, nous devons le faire en tant que résistant. Tout ce que nous faisons en tant que Peuple,

tout ce que nous faisons au nom du Peuple et de la Terre, nous devons le faire avec humilité et avec gratitude de ce que nous avons et de ce que nous sommes... .../....

 

Il est temps pour nous tous de penser par nous-mêmes. 

 

Nous devons comprendre qu’ils veulent que nous soyons paresseux dans nos esprits, serviles dans nos vies, vides et avides dans notre réflexion. 

Ils veulent nous garder dans la confusion de sorte que nous continuions à croire en leurs mensonges, les uns après les autres, comme ils ont pu les programmer dans leurs esprits, et dans leur société.

 

 

Mais regardez bien, tout leur système ne repose que sur des illusions. Nous sommes le pouvoir, et c’est la façon dont nous utilisons notre énergie qui permet à l’ennemi de nous abuser. Ou pas… 

Notre résistance et notre lutte pour la survie doit être totale, absolue, il ne peut y avoir de demi-mesures, ils ont interféré dans notre vie depuis le moment où nous sommes nés.

 

 

 

Indiens janv 2018 008pm.jpg

 

 

Nous sommes une partie naturelle de la terre, et tous nos ancêtres, et toutes nos relations qui sont allés dans le monde des Esprits, sont là aussi, présents en nous.

Ils ont le pouvoir, ils vont nous aider, ils nous aideront à voir, à entendre, à comprendre, si nous sommes disposés nous-mêmes à voir, à écouter, à penser. Nous ne sommes pas séparés d’eux parce qu’il n’y a nul autre endroit où aller.

 

Notre seul endroit, c’est la Terre. Il s’agit de notre Mère. Regardez , il n’y a pas d’espoir pour nous dans ce système politique et économique. La classe dirigeante, ces 1% qui contrôlent aujourd’hui l’ensemble de l’économie mondiale en exploitant le vivant, ne va pas changer avec les règles politiques, et économiques existantes.

 

Ils vont continuer à nous mentir, à faire des promesses et ils vont continuer à créer l’illusion des changements, tout en nous manipulant et en nous poussant les uns contre les autres. Nous devons comprendre notre rôle en tant que puissance naturelle du Peuple de la Terre. 

Nous devons comprendre que lorsque notre oppresseur nous traite de cette façon nous sommes responsables, parce que en acceptant ses mensonges, nous lui permettons de le faire.

Aussi longtemps que nous tolérerons ses mensonges, aussi longtemps que nous tolérerons sa brutalité, aussi longtemps que nous lui permettrons de nous manipuler, de nous maltraiter, nous serons responsables.

 

Regardez bien, ils n’ont pas de vrais pouvoirs, ils utilisent la peur, l’illusion, l’oppression, ils manipulent la vie et exploitent le vivant, ils déforment et inversent les sens, dénaturent le vivant. Ils appellent cela être fort, être puissant. 

Mais ce ne sont que des faiblesses, des bassesses et des illusions.Ils ne peuvent pas arrêter le vent, ils ne peuvent pas arrêter la pluie, ils ne peuvent pas arrêter les tremblements de terre ni les volcans ni les tornades.

Nous devons être prêts dans notre vie à faire face à la réalité.

 

Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est la libération. Il y a eu beaucoup de révolutions sociales en Amérique et en Europe, il y a eu de nombreuses organisations sociales, il y a eu des mouvements des droits des femmes, il y a eu des mouvements de défense des droits égaux, il y a eu des mouvements syndicaux, et pourtant regardez qui contrôle encore nos vies aujourd’hui. 

 

 

Indiens janv 2018 011pm.jpg

 

Nous avons à faire face à cette réalité.

Beaucoup sont passés avant, beaucoup ont parlé avant, beaucoup ont essayé avant, mais ils n’ont pas réussi à rassembler, la raison étant qu’ils ont toujours tenté de changer les conditions sociales sans aborder la vrai question de notre relation primordiale à la Vie, à la Terre, au Vivant. ...///...

 

 Nous voulons être libres d’un système de valeurs qui nous a été imposé. Nous ne voulons pas participer à ce système de valeurs. Nous ne voulons pas changer ce système de valeurs. Nous voulons le retirer de nos vies à jamais. 

 

Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est La Libération. Nous voulons être Libres.

 

Mais, pour que nous soyons libres, nous devons assumer nos responsabilités en tant que puissance, en tant qu’individu, en tant qu’Esprit, en tant que Peuple de la Terre. Nous devons aller au-delà de l’arrogance des droits de l’homme. Nous devons aller au-delà de l’ignorance des droits civils.

 

 Nous devons entrer dans la réalité des droits naturels, l’ensemble du monde naturel a droit à l’existence.

Nous sommes seulement une petite partie de celui-ci, reprenons notre vrai place. 

Nous sommes le lien spirituel avec la Terre.

 

En tant qu’individus nous avons le pouvoir, collectivement nous avons la même puissance que le tremblement de terre, la tornade, et l’ouragan.

Nous avons ce potentiel. 

Nous ne devons plus faire aucun compromis avec eux. Ils ne peuvent pas arrêter le vrai pouvoir de cette Terre et de la Vie, ils ne peuvent que continuer à la détruire jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de supports, plus de vies à exploiter.

Alors ils apparaîtront tels qu’ils sont en réalité : dénués de sens. Nous devons être prêts dans notre vie pour faire face à la réalité.Nous ne devons plus nous leurrer. 

Nous ne devons plus nous laisser berner.

Nous sommes le lien Spirituel avec la Terre. Il faut d’abord apprendre à penser individuellement avant de pouvoir penser collectivement. Réapprendre à penser avec ses intuitions, dans un monde qui joue avec nos faiblesses, pour sans cesse nous piéger.

 

Dans un monde où la loi du plus fort s’appuie justement sur la manipulation et sur le saccage de nos émotions, nous devons d’abord nous recentrer sur nos propres énergies, afin de ne plus laisser nos émotions êtres parasitées, manipulées, dévorées.

 

Nous devons réapprendre à percevoir avec le cœur. Ce qui nous est livré comme étant « la Loi », « la règle », « la logique universelle » ou « supérieure » du plus fort, n’est que la loi de l’oppresseur, la logique de notre propre oppression, c’est de ces prétendues Lois dont nous devons nous libérer pour redevenir des Êtres Humains. *

 

Le véritable pouvoir est au-delà des gouvernements et de leurs directives, le véritable pouvoir de l’Homme est dans sa capacité à aimer, dans sa capacité à assumer ou pas sa propre responsabilité à la Vie.

 

Mais il nous faut plus que de bonnes intentions, il nous faut prendre un engagement, notre devoir doit être supérieur à notre volonté d’agir. 

Cela signifie que, à un certain moment dans nos vies, nous allons devoir décider du mode de vie que nous voulons vivre sur cette Terre, et nous allons devoir vivre ce mode de vie, même en étant minoritaires, même si nos ennemis nous entourent totalement, même si nos ennemis continuent d’agir contre nous avec leurs brutalités, leurs duretés et leurs bassesses emplies de mensonges et de corruptions.

Nous avons à nous élever face à la brutalité et la dureté, face aux bassesses, face à tous ces mensonges et ces corruptions. 

 

Nous vivons dans une société technologique qui crée beaucoup d’illusions de la réalité.

Cette civilisation est l’entité la plus irresponsable qui ait jamais vécue sur cette planète.

Cette civilisation n’est pas une question de responsabilité, elle est fondée sur la manipulation, la culpabilité, l’agressivité, la perversité et la banalisation de tous les comportements malsains qui en découlent. 

C’est un monde d’ombres.

 

Le monde réel ne retrouvera sa lumière que lorsque chacun d’entre nous assumera sa propre responsabilité à la vie. Telle est la lutte, tel est le but : La libération. 

La libération de la Terre, de notre Mère, de la Mère du vivant.

C’est seulement en libérant la Terre, en nous libérant de ceux qui la détruisent et la méprisent en exploitant le vivant, que nous pourrons enfin nous libérer. 

C’est la seule manière d’agir au présent, à travers notre passé, notre Histoire, c’est ainsi que nous déterminerons le futur, et le futur c’est maintenant.

Nous pouvons le faire. Nous devons le faire. C’est notre devoir.

 

Nous sommes le pouvoir.

 

...///...

 

 

Indiens janv 2018 013pm.jpg

 

 

Pour entendre cette déclaration :

 

https://www.youtube.com/watch?v=7o23VHfbEbI

 



 

Pour mieux connaître l'auteur de cette déclaration :

 

John Trudell est un activiste politique, poète, écrivain et acteur amérindien, né le 15 février 1946 à Omaha, dans le Nebraska (États-Unis). D'origine Sioux Santi (ou Dakota), il a milité tôt au sein de différents mouvements de défense des droits des indiens natifs (en 1969, il participe à l'Occupation d'Alcatraz). Il a été président de l'AIM (American Indian Movement) de 1973 à 1979.

 

Après avoir perdu sa femme et ses enfants dans l'incendie de leur maison (incendie que John Trudell considère comme criminel et attribue toujours publiquement au FBI), l'activiste continue son combat sous une autre forme en devenant poète et musicien de blues à partir des années 1980.

 

 

Depuis, il sillonne les scènes du monde entier pour diffuser sa musique et ses convictions politiques, philosophiques et spirituelles, et faire connaître le combat des peuples Amérindiens.

 

 

Contrairement à d'autres activistes amérindiens, John Trudell prône plus la non-coopération que la révolution.

 

 

Indiens janv 2018 018pm.jpg

 

Extrait de sa conférence du 26 janvier 2012 à Paris :

 

"Car après tout qu'est ce que la révolution ? C'est revenir au point de départ. Et lorsqu'une révolution est politiquement réussie, elle remplace l'oppresseur avec tous les drames humains que cela engendre.

Quels que soient le systèmes politiques, ils sont basés sur l'exploitation de la Terre et des êtres humains.

Si aujourd'hui on veut se battre contre cette oppression (de la marchandisation des âmes et des consciences), il faut peut-être essayer de ne pas répéter les mêmes erreurs [...]

Que faut-il faire ? La réponse n'est pas la non-violence - ça ne marche pas - mais plutôt la non-coopération.

Imaginez que 30% ou 40% de la population décide de ne plus consommer, nous serions bien plus pris au sérieux, nous serions influents.

 

 

Nous avons le pouvoir d'être acteurs sur le consumérisme." / Et nous sommes tous responsables...

 

 

Indiens janv 2018 016pm.jpg

 

 

 





08/01/2018
0 Poster un commentaire