Les dits du corbeau noir

UN ETE AVEC RIMBAUD DE SYLVAIN TESSON (EXTRAITS) BRAN DU 2021 08 07 JUILLET

 

 

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Les nouvelles couleurs du monde (Photo/création Bran du)

 

 

 

 

SYLVAIN TESSON : Un Eté avec Rimbaud (Extrait)

 

Editeurs ; France Inter et Edition des Equateurs

 

 

"Une vie en fuite pour échapper à la pire malédiction de l'homme : soi-même." S Tesson

 

 

« Rimbaud poète, cela suffit et cela est infini. » René Char...

 

 

Sa Parole :

 

« ...Car il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens...

 

« Si stupide que soit une existence, l'homme s'y rattache toujours...

 

Le poète « compte sur son seul feu pour incendier le Verbe. »

 

« Elle est retrouvée ! Quoi ? L'éternité C'est la mer mêlée au soleil... »

 

« Posséder une vérité dans une âme et un corps. »...

 

« Il y a une chose qui m'est impossible : c'est la vie sédentaire. »...

 

« La vraie vie est absente... »

 

« Je suis maître en fantasmagorie. »

 

« Je dis qu'il faut être voyant, se faire voyant... Être dérobeur de feu. »

 

« Je est un autre...

 

« J'irai sous la terre et toi tu marcheras dans le soleil. »

 

 

 

 

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Ce qu'en dit Sylvain Tesson :

 

Rimbaud (un barde de 17 ans) poursuit deux objectifs : changer la langue, redire le monde. Simple. Non !

 

Sa vie, son enfance prise dans une toile d'araignée...

 

« Il ne veut pas se ranger dans la bonne ornière. »

 

« L'ennui et le vrai ennemie de sa vie et son meilleur aiguillon est de la fuir. »...

 

Le mythe « Rimbaud », c'est le passage du poète le plus ambigu dans le hachoir de viande de la société du spectacle...(parmi le « bal des vautours »...

 

Arthur n'est pas réductible à un archétype. Sa trajectoire aimante les contraires...

 

Rimbaud parle, le monde apparaît. Parfois il ne s'agit que de diffracter la beauté pure...

 

Arthur d'écrit les noces de la lumière et de l'eau...

 

C'est un petit écolier qui du fond des Ardennes veut réécrire la totalité de l'aventure humaine, recomposer le monde, réinventer la langue, la nature, l'amour, dérégler les sens, tout reprendre...

 

...On peut être le plus flambant des poètes et ne pas s'être aperçu à temps de la bénédiction banale de la vie.

 

Comme nous sommes fous de négliger ce miracle suprême et suffisant consistant à nous tenir dans la lumière. Comme nous sommes fous d'être légers...

 

La Présence de Rimbaud est dans ses poèmes...

 

Le malheur des poètes est d'être le miroir dans lequel chacun croît se reconnaître...

 

Les vers de Rimbaud sont rares mais ont électrocuté le Verbe...

(Rimbaud est le virus du Verbe.)

 

Il serait dommage de préférer ses frasques à ses fresques !

 

Les mots de Rimbaud sont des silex. Ils se frappent, l'étincelle met le feu, un modèle apparaît... les images !

 

Rimbaud renonça à être lui-même, ignorant qu'on était en train de faire de lui un autre. Ainsi de l'homme ; il est ce qu'il est, ce que l'on croît qu'il est, ce que les autres font de lui...

 

Arthur comprend que mépriser la vie est facile quand on en jouit.

 

Rimbaud n'atteint jamais son but parce qu'il le dépasse toujours...

 

Son désir : Tout réinventer, tout vivre, tout redire...

 

Rimbaud n'édifie pas, il projette...

 

 

 

 

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La vie de Rimbaud : une cavale ! Une ligne tracée de l'ennui vers l'inconnu via la nouveauté... D'abord trouver une langue, puis explorer le monde...

 

Il dira plus tard de sa poésie ; ce sont des rinçures... Des vers qui selon son auteur sont une expression « bouffonne et égarée au possible »...

 

Les poètes qui entourent Rimbaud en ce XIXè siècle sont incapables d'inspecter l'invisible, de trouver l'inconnu...

 

Rimbaud a réussit à exprimer l'inexprimable. Il a exploré « toutes les possibilités harmoniques », traversé les vibrations du diapason, s'est essayé aux analogies les plus acrobatiques...

 

 

Il voulait réinventer l'amour, il a réinventé le Verbe...

 

Rimbaud détruira tout et lui même en premier...

 

Pourquoi s'est-il tu ? Peu de reconnaissance. Personne ne le comprend... Il dérangeait...Ce génie faisait peur...

 

 

 

 

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La pensée de Sylvain Tesson :

 

« ...Quand personne ne vous a écouté, reste la terre, rien que la terre...

 

Les lieux sculptent les hommes...


Le Verbe est une énigme...Tout juste peut-on tenter d'en décrypter les mystères...

 

Il fallait s'affranchir de tout héritage pour épanouir sa « créativité »...

 

Il y a une ambition grotesque à vouloir changer le monde quand on est incapable de le vénérer.

 

Croire à la perfectionnalité de l'homme est une fumisterie...

 

Est-ce un crime de ne pas assigner au verbe le soin d'énoncer une pensée ?

 

Tout passe même l'avenir...

 

On s'embarrasse peu du scintillement des êtres et du mystère de l'homme...

 

Toujours reviennent chez les petits voyants les références à la barbarie primitive qui régénère le monde.

 

(Rimbaud évoque entre autres ouvrages de faire un livre « païen »)...

 

Il y a l'ennui, qui est la souffrance du cœur. Il y a la souffrance physique qui est l'ambassade de la mort...

 

La langue est la clef d'une serrure qui est le monde...

 

Il importe, pour traverser la vie, de savoir que faire de soi-même...

 

Après tout, ce n'est pas la faute du soleil s'il éclaire tout ce qu'il touche...

 

On n'arrête pas le progrès ; c'est-à-dire la descente vers le pire...

 

Les laboratoires de la Silicon Valley en créant leur infra-langage binaire et globalo-mercantile, préparent, conditionnent et domestiquent le nouvel homme connecté c'est-à-dire corvéable...

 

 

 

 

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De la Poésie :

 

Aucune poésie ne survit au formol...

 

Parfois, la poésie, comme le feu sur la plaine se contente d'être une source pure...

 

Le monde demeure inerte si le poète ne le féconde pas de son regard...

 

Le poète passe et vivifie le réel. Le monde s'ébroue...

 

L'alphabet du vivant compose le poème. Le poète n'a plus qu'à transcrire...

 

La poésie, c'est le réel quand il devient surréel...

 

La mémoire des poètes vit dans leurs poèmes...

 

Qu'est-ce qu'une poésie qui ne serait pas dans la douleur ? Une chanson de variété !

 

Aucun gouvernement n'invite à danser sur les flots ou à se baigner dans le poème ! »...

 

 

 

 

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De la Marche :

 

Pourquoi la marche fait-elle si bon ménage avec la poésie ?...

 

La marche dans la forêt constitue la cérémonie initiatique de l'enfant et la purification de l'homme...

 

La marche : le grand lavement de l'esprit...

 

Marcher ; c'est engranger le matériau...

 

Le mouvement pourvoit l'idée et pourvoit aux images..

 

La marche : état suprême de poésie...

 

Marcher, c'est se tourner le dos...

 

Les hommes livrés aux mouvements le croient : rien ne peut s'écrire qui n'ait d'abord été vécu...

 

En route le monde s'anime, les idées affluent, les mots forment l'escorte. On traverse le monde, on le recompose avec 26 lettres...

 

Cette action directe et magique donne un sens aux vies de plein vent...

 

Le mouvement terrasse l'angoisse...

 

Alchimie incontestable, on rafle des images sur la route et on les précipité sur une page...

 

Voyager, c'est promener son mal de vivre en essayant de le semer...

 

 

 

 

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De la Création artistique :

 

La vieille intuition rayonne : en ce monde, rien ne connaît son printemps qui n'est été préalablement détruit...

 

Nulle œuvre n'émane de son seul brasier, sans héritage...

 

Rien n'existe qui n'ait préalablement été nommé...

 

Et si les choses n'existaient qu'en vertu du fait d'avoir été nommées ?

 

Dieu est peut-être là : dans le langage...et si les voyelles étaient ses envoyées ?

 

Y aurait-il une énergie créatrice indépendante du créateur qui l'abrite ? (Suis-je responsable de ce que j’écris ?)...

 

L'être humain serait le porte-voix d'une onde venue d'ailleurs...

 

Est-il donc si téméraire de penser que c'est une volonté supérieure qui le suscite ?

 

La source des inspirations demeure un secret d'artiste...

 

L'homme, c'est le Verbe...Changer la langue, c'est le repenser...

 

Mais n'oublions pas non plus ceci : il suffit de créer des nouveaux noms, des évaluations, des vraisemblances nouvelles pour créer à la longue de nouvelles « choses »...

 

 

 

 

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Citations extraites de l'ouvrage :

 

« Jusqu'à ce que l'ordre qui n'est autre chose que la paix universelle soit établi, jusqu'à ce que l'harmonie et l'unité règnent, le progrès aura pour étapes les révolutions. »

Victor Hugo

 

« Dans la main de qui sommes-nous ? » Paul Claudel

 

« La créature donne sa voix à ce qui en elle est le dieu. »

St Jean de la Croix

 

« L'oeil écoute » Paul Claudel

 

« On vit seul, on meurt seul. » Pascal

 

Ils reviendront les Dieux que tu pleures toujours. »

Gérard de Nerval

 

« Lorsqu'on voyage on devrait fermer les yeux. »

Blaise Cendrars

 

« On ne peut devenir que dans la mesure où l'on est déjà. »

Novalis

 

« Il faut déterminer de nouvelle façon le poids de toutes choses. »

« Esclaves, ne maudissons pas la vie. »Nietzsche

 

« Le talent sans génie est peu de chose, le génie sans talent n'est rien. » Paul Valéry

 

« Une fois en mouvement tout s'arrange. »

Alexandra David Néel

 

« Agir, c'est connaître le repos »

Fernando Pessoa

 

« L'homme est un être des transitions. »

Sri Aurobindo

 

L'émerveillement : « c'est quand le coeur sensible s »'alimente à la vitalité infinie. » Lilian Silburn

 

« Poussez vers l'Eternel des cris de joie, vous tous, habitants de la terre.Servez l'Eternel avec joie. Venez avec allégresse en sa présence. »

Psaume 100 de la Bible...

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Le silence Rimbaud... Bran du Juin 2021

 

 

 

Le papillon volage retourne dans sa chrysalide d'ennui pour y retrouver toute l'obscurité du monde...

 

 

Le voici à demeure, lui le vagabond céleste ; le trimardeur dans les vallées et montagnes de l'imaginaire, le ravaudeur d'un Verbe troué de part en part qui ne retient plus en ses mailles déchirées la poésie des mots et des images, les poissons d'or de la langue...

 

 

Lui, à l'enfance arbustive et aux déambulations forestières, l'ami des ronciers et des clairières, des framboises sauvages et des chevreuils, le voici attaché comme une chèvre à son piquet, dévoré par le sang et le temps, enfermé dans son enveloppe de sable et souffrant et suant sous le soleil ardent des déserts...

 

 

La fleur s'est fanée après quatre années d'éclosions flamboyantes et d'ensemencements du Ciel et de la Terre, du corps et des sens...

 

Plus de labours, plus d'emblaves, plus de moissons...

 

 

Extinction des feux, plus de veillées aux étoiles. La nuit n'est que la nuit orpheline de lumières...

 

Bran du    Juin 2921

 

 

 

 

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11/07/2021
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