Les dits du corbeau noir

Dessin d'Isabel Pécot :  Les Filles de Merlin

L'île se découvre à marée basse

comme Femme au levant de l'Amour...

De joie est le collier de larmes

Et lentes brassées d'algues l'enlacement des heures...

D'or jaune sont les landiers et le rire sous les draps...

« Je t'aime » est un bruissement d'insectes

aux ailes chargées de soleil....

C'était là face au cœur d'Iroise

à quelques encablures du possible...

La toile en lambeaux, le rêve prenait ses rames...

Bien loin lors et derrière le rivage

l'attente délaissée y noyait ses chagrins....

De bleu était le ciel et la mer et ses yeux...

Toute parole avait du sel sur la langue

Et les mains leurs clapotis de fête...

La bague des noces, je la passais au doigt du silence

Et cela fut fiancé au chant venu des lèvres....

Je m'enroulais dans le grand laminaire de tes bras

bercé par le va et vient des vagues du désir et ce jusqu'à la houle écumante de tes cris...

Toute l'île frémissais dans l'écho de nos étreintes...

Les ruisseaux en cascade, fraîchement, offraient à cela une limpide résonance...

L'alouette, verticale, l'emportait au plus haut...

Je caressais ta peau comme les flots lissent le sable

et je couvrais ton dos d'une rosée estivale...

Je faisais vents et bises sur la feuille de tes mains

irriguant de tendresse ta sève et ton sang...

Si proche lors fut le lointain, si présente l'origine

que nous n'avions pour seul nom que celui de l'Amour...

Dessin d'Isabel Pecot

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