Les dits du corbeau noir

TUAN FILS DE CAIRELL AMORGEN ET TALIESIN ETUDE BRAN DU 2018 11 12 DECEMBRE

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 "J'ai été formé par l'eau du neuvième flot"  Taliésin  Photos Bran du

 

 

Tuan fils de Cairell, Amorgen et Taliésin

Survol de trois hautes figures de la Tradition...

Bran du 11 12 2018

 

Extraits de la revue Ogam Celticum (F le Roux et Ch J Guyonvarc'h) Page 145 à 156

 

L'Histoire de Tuan fils de Cairell (racontée) à Finnén de Mag Bile (Extraits) (Regroupe des éléments de trois manuscrits des XII, XIV et XVIè siècle)

 

P.S. : Arbois de Jubainville à puisé aux mêmes sources dans le “Cycle Mythologique Irlandais”, mais il en fera une traduction partielle...

 

 

Quelle est la fonction essentielle de Tuan, Druide, guerrier et homme primordial ?

Il empêche la Connaissance de la Science Sacrée de tomber dans l'oubli

 

Il aurait vécu “764 ans” après une suite de métamorphoses animales (cerf, sanglier, faucon, saumon.)

 

 

Les copistes chrétiens sont aussi irlandais et on ne saurait les priver de leur mémoire ancestrale ; de ce fait ils vont procéder à une “récupération chrétienne intelligente”, en transposant l'un des plus anciens récits de la tradition païenne en dotant Tuan d'une “prescience du christianisme à venir et ce en tant que druide !

Ce récit aura donc une finalité « pleinement chrétienne et non païenne.»

 

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Extraits du texte :

 

 

///...

Ce que je chantais était agréable à tous

C'était des paroles de véritables visites

mon jugement était agréable en tout

parmi les femmes de beauté

mon beau char était brillante

le long de la route obscure

///...

 

Faucon aujourd'hui, sanglier hier

j'ai été parmi les troupeaux de sangliers

bien que je sois aujourd'hui parmi les troupes d'oiseaux

je sais ce qu'il en adviendra et que je serais sous une autre forme

j'ai été longtemps sous la forme d'un faucon

///...

 

Je jeûnai ainsi pendant 9 jours.

Le sommeil tomba sur moi et j'allai sous la forme d'un saumon de rivière...

 

..............

 

 

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Notes Bran du

 

Pour qui douterai du rapport, de la relation étroite et manifeste, entre la pensée Celte et son incarnation humaine soumise à diverses métamorphoses végétales et animales (afin d'acquérir les divers et multiples « états de l'être »), la connaissance des poèmes et des récits celtiques qui abondent en ce sens sera des plus éclairantes !...

 

L'être « poétiquement réalisé » ne peut accéder à la sagesse et à la maîtrise de tout art et de toute science sans être passé par autant de sas initiateurs et d'expériences transposant les vertus accordés aux plantes et aux animaux sur celui qui se confronte tant intérieurement qu'extérieurement à celles-ci et à ceux-ci...

 

Cette confrontation aux autres règnes se double par ailleurs de celle effectuée avec tous les éléments (air, terre, feu et eau, y compris la « farine de l'air »!)

 

Les étapes successives et progressives que franchit le barde et druide Tuan sont toutes constitutives de ses avancées et de son évolution. Elles produisent, par imprégnation sensible, physique, intelligente, l'acquisition des forces et énergies intrinsèques à la diversité de chaque règne...

 

C'est donc à une « lecture » intime et profonde des mystères du Monde, de la Nature et de l'Univers lui-même et des lois qui régissent la Création que se livre l'homme « métamorphosé » dans la « primordialité » des épreuves qui le mène à son « accomplissement » lequel est déjà achevé sans que le monde chrétien ne se croit obligé d'en récupérer pour ses propres fins la destinée initiale !...

 

Le texte nous donne aussi des indications sur l'art maîtrisé du barde laquelle maîtrise fait partie de son accomplissement....

 

Sa claire, lumineuse et « agréable » parole traverse les mondes obscures ; avec elle, il chemine à son aise parmi les eaux de la traversée hivernale, il est emplit des fruits de la Belle-Saison !...

 

 

Nous avons là (et dans les textes qui suivent) une invitation de la Tradition à nous prédisposer au changement, à la mutation, à l'évolution et ce, en opérant en nous-mêmes les transformations nécessaires et indispensables pour notre propre « accomplissement »...

 

Il nous est proposé, à cet effet, de nous « exposer », de nous confronter, avec sens et intelligence, de corps, de cœur et d'esprit, aux éléments tels qu'ils se manifestent dans leur écrin brut et sauvage, de nous « imprégner » d'eau, de terre, d'air et de feu sous diverses formes afin d'opérer en nous des transferts de force et d'énergie, autant de « savoir » à transformer enfin en « connaissance »...

 

C'est là seule façon de se connaître vraiment soi-même et, à travers cette connaissance acquise, initiée et maîtrisée, de pouvoir explorer, plus finement et subtilement, plus densément et intensément, l'Univers, les Déesses et les Dieux !...

 

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Amorgen

le Livre des Conquêtes : Lebor Gabala Erenn

Le poème d'Amorgen à son arrivée sur la terre d'Irlande

Extraits

 

 

« … Je suis vent sur la mer

je suis vague de l'océan

je suis le bruit de la mer

je suis le taureau aux 7 combats

je suis le vautour sur le rocher

je suis la goutte de rosée

je suis la plus belle des fleurs

je suis le sanglier de valeur

je suis le saumon dans la mer

je suis le lac dans la plaine

je suis la colline dans un homme

je suis un mot de l'art

je suis la pointe d'une arme ( qui livre combat)

je suis le dieu qui forme le feu pour une tête  (?)

qui adoucit les aspérités d'une montagne (?)

qui est celui qui annonce les phases de la lune (?)

et l'endroit où se couche le soleil (?)

qui appelle le troupeau dans la maison de Théthys

et à qui le troupeau de Théthys sourit

quelle est la troupe,

quel est le dieu qui façonna

des tranchants dans une forteresse d'ulcères (?)

enchantement autour d'une épée, enchantement de vent...

 

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Notes Bran du

 

Certains passages, certaines évocations demeureront obscures et incomprises...

 

Mais, postulat personnel, le barde qui pose le pied sur le rivage de l'Irlande sait qu'il se doit de se présenter à Elle afin d'être reçu et accueillit...

Il fait alors état de ce qui le constitue, de son art...

Il expose le catalogue de ses expériences et connaissances afin de démontrer que ce n'est pas n'importe quel homme qui accoste au « front de la Mère » et que Celle-ci ne peut que se réjouir de cette venue !...

 

Le barde réunit sur lui-même les connaissances requises pour mener à bien l'ensemble des activités humaines...

Qui plus est, il est l'ami des éléments et des spécimens de divers règnes issus du ciel, de la terre, du monde sous-marin etc...

C'est un homme en possession de pouvoirs obtenus en se confrontant victorieusement à ceux-ci...

Le vent, à priori, lui obéit et sans aucun doute le feu de même...

C'est un poète, un savant, un guerrier et un artisan de la future prospérité promise à la Terre d'Irlande...

 

Cette présentation en bonne et due forme devant Celle qui figure la Terre d'Irlande ressemble à celle que Lug se voit obligé de décliner, face au portier, à l'entrée de la forteresse de Tara...

« L'inconnu » ne pénètre pas et en saurait pénétrer le territoire sacré !..

 

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Le Kad Goddeu ou le Combat des Arbrisseaux

The Boox of Taliésin

Ce récit évoque des états multiples de l'Etre juxtaposés à une série de métamorphoses végétales. (Extraits)

 

(Avertissement de CJ J Guyonvarc'h)

L'essai de traduction de Jacques Bertrand dit Jean Markale

« les Grands Bardes Gallois » n'a qu'un lointain rapport avec le texte original.

 

 

« …

J'ai été sous de nombreuses formes

avant que je sois libre

j'ai été une épée étroite et bariolée

je crois à ce qui est apparent

j'ai été larme dans l'air

j'ai été la plus brillante des étoiles

j'ai été mot parmi les lettres

j'ai été livre à l'origine

j'ai été une langue brillante

pendant un an et demi

j'ai été un pont jeté

sur soixante estuaires

j'ai été route, j'ai été aigle

j'ai été coracle sur la mer

j'ai été l’effervescence de la bière

j'ai été goutte dans l'averse

j'ai été épée dans la main

j'ai été bouclier au combat

j'ai été corde de la harpe

d'enchantement, neuf années

dans l'eau j'ai été l'écume

j'ai été éponge dans le feu

j'ai été bois dans le buisson

e n'est pas moi qui ne chante pas

j'ai chanté, bien que je sois petit,

j'ai chanté le combat des buissons de branches

devant le chef de Bretagne

 

///...

 

Mon créateur m'a créé des 9 éléments

du fruit des fruits

du fruit des dieux du commencement

des primevères et des fleurs de la colline

de la fleur des arbrisseaux

de l'argile de la terre,

quand j'ai été créé

de la fleur des orties

de l'eau de la neuvième vague

j'ai été enchanté par Math

avant d'être invulnérable

j'ai été enchanté par Gwydyon

j'ai été enchanté par le sage des sages

avant que le monde n'existat...

 

///...

 

J'ai un chant de louange

que ma langue récitera

j'ai joué dans le crépuscule

j'ai dormi dans le pourpre (la couleur)

j'ai été dans la forteresse

avec Dylan, fils de ma mer

au bord et au centre

 

///...

 

J'ai traversé la terre

avant d'être lettré

j'ai dormi dans cent îles

j'ai habité en cent villes

sages druides

prophétisez à Arthur. »... (La venue de la nouvelle religion!)

 

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L'histoire de Taliésin Hanes Taliesin

Poem from the boox of Taliesin

 

« … Une autre fois j'ai été formé

j'ai été vent, j'ai été un jeune saumon

j'ai été chien, j'ai été cerf

j'ai été chevreuil dans la montagne

 

///...

 

J'ai été le tamis du meunier

l'aire à blé de l'agriculteur

j'ai été graine dans le sillon

j'ai grandi sur la colline

celui qui m'a semé, ma récolté

 

............

 

Il m'a introduit dans la cheminée

il m'a fait tomber de sa main

pendant qu'il me séchait

une poule m'a reçu

aux griffes rouges, à la crête divisée.
Je restai neuf nuits

enfant dans son sein...

 

j'ai chanté par quoi je suis passé

je suis Taliésin

je chante un juste lignage

je continuerai

jusqu'à la fin

au service d'Elfin. »

......................

(Notes : Eflin est le tuteur et protecteur de Tal-iésin ; c'est lui qui a trouvé l'enfant « Gwyon bach » dans la rivière où se tenait sa pêcherie ; c'est encore lui qui lui a donné son nom « Front brillant » dans sa nouvelle vie.)...

.......................

 

 

 

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Note Bran du

 

On fera l'économie si possible du vernis chrétien pour retrouver le substrat initial...

 

 

Tous ces récits nous disent que l'on ne saurait « Etre » qu'une fois un ensemble de mutations, de transformations, de changements opérés au sein de la nature, des règnes et des éléments... faute de cela nous en restons à l'état de « non être » !...

 

 

Il n'y a pas de « gratuité » dans ces textes, tout à du sens et porte à entendement pour tous ceux qui à l'époque écoutent le récit d'un barde sage et confirmé (docteur et savant en poésie)...

 

 

Là aussi, là encore, l'homme (barde consacré) ne peut prétendre à l'accomplissement et à la maîtrise de son art sans passer par tous ces stades, étapes et phases préliminaires et inéluctables....

 

 

Il ne saurait parler sans que sa langue elle-même ne parle le « langage des dieux », sans que ses lèvres ne soient pour chacun comme le miel de l'éloquence, sans qu'elles ne soient porteuses de vents, de souffles, de flots, d'écumes, de sèves, sans qu'elles ne portent plumes ou écailles, sans qu'elle ne soit ajustées, accordées comme la corde d'une lyre ou d'une harpe !....

 

 

C'est tout cela qui fait que l'on peut se dire de « noble lignage »...

 

 

Ce qui n'a pas été vécu, véritablement incarné, dans son corps, son sang, ses os, ses muscles, sa chair ne peut avoir valeur d'authenticité et de vérité et ne saurait donc être « transmis » sans exposer la Tradition à des ondes négatives ou « dissonantes » (des celle qui font éclater, le vase, la coupe ou le chaudron!)...

 

 

On voit, en comprend, combien l'Etre « accompli » doit à l'ensemble du « vivant » pour pouvoir accomplir sa « destinée » et

co-réaliser son grand œuvre dans l'Oeuvre de Vie et d'Evolution...

 

 

Cela est conforme à se sentiment celtique fortement axé sur des notions d'osmose et de symbiose, notions garantes des équilibres et des harmonies sans lesquelles le monde, l'Univers, la communauté humaine s'exposent au chaos !...

 

 

Le fait que le poète soit, par exemple, un « pont » fait référence à Bran dans le Mabinogi de Branwen « que le chef soit pont » comprendre : qu'il aide à passer d'une rive obscure à une rive plus éclairée, d'un état de conscience à un autre, d'une crainte face à l'adversité vers la victoire, ainsi, de même la fonction bardique et druidique !

 

 

Le barde se doit donc d'être un « pont », mais aussi une « route »

soit une sente, un chemin, que l'on peut suivre après lui si ce qu'il propose de destinations et d'orientations convient à nos pas, à nos pensées et à notre cœur...

 

Le barde, par ses expériences et connaissances « incarnées » peut s'adresser à l'ensemble de la société tri-fonctionnelle, aussi bien aux guerriers qu'aux « producteurs »

 

Lui aussi « chante dans le crépuscule » car son chant est « lumière » !... (C'est un phare sur l'océan d'obscurité!)...

 

Le barde a longuement, étape après étape, épreuve après épreuve, composé chaque couplet de son Chant, lors il en peut en faire jaillir le refrain, la mélodie, les partitions et l'orchestration...

 

Il lui échoit, il lui incombe de transmettre jusqu'à plus souffle le Souffle de son Anima et de ce qui l'inspire....

 

 

A quatre reprises le nombre 9 est cité ce qui confirme l'importance de ce nombre dans la pensée celtique ; un nombre associé lui aussi à la notion d'accomplissement, d'achèvement, de cycles, de « constituants » pour atteindre une plénitude :

(neuf années, neuf nuits, neuf éléments, neuf vagues...)

 

 

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11/12/2018