Les dits du corbeau noir

SYLVAIN TESSON LA PANTHERE DES NEIGES EXTRAITS ET NOTES BRAN DU 2019 30 10 OCTOBRE

 

 

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Sylvain Tesson La Panthère des Neiges

(Ed Gallimard)     (Recommandé)

Bran du   Notes et extraits   30 10 2019

 



Le Credo de l'auteur ( ce en quoi il croit...)



« Vénérer ce qui se tient debout devant nous...

Ne rien attendre...

Se souvenir beaucoup...

Se garder des espérances...(fumées au-dessus des champs de ruines)

Jouir à ce qui s'offre...

Croire que la poésie est plus solide que la foi...

Se contenter du monde. Lutter pour qu'il demeure. »...



« On ne se lasse jamais de l'indescriptible »...



« Appelons sens du beau la conviction jouissive de se sentir en vie. »



« Nous étions nombreux à ne pas désirer un monde augmenté, mais un monde célébré dans le juste partage. »... « Nous étions de nombreux hommes à rêver aux âges primordiaux où tout repose dans la vibration des débuts. » « La mort saurait nous reconnecter au poème. »

Lors, « Traquer les échos de la partition première. »



« C'est la vie elle-même et son impératif d'expansion qui avait inventé la vie... »



 « Plus haut, les plateaux harassés de tempêtes confirmaient que le monde était une onde et la vie un passage.» 

« Il y a une consécration des lieux par le séjour de l'être. »..

« L'insoupçonnable peut devenir l'évident. »...

 

 

 

 

 

 

 

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Photo Bran du

 

 

 

Les bêtes... La Nature...



Les bêtes de notre vallon est celle du monde connu vivaient par delà le bien et le mal, elles n'étanchaient pas une soif d'orgueil ou de pouvoir...

 

La bête est une clef, elle ouvre des portes. Derrière, l'incommunicable...

 

Les bêtes, les plantes, les êtres unicellulaires et le néocortex sont les fractales d'un même poème...

 

Les animaux incarnent la volupté, la liberté, l'autonomie ; ce à quoi nous avons renoncé...

 

Les oiseaux ne troublaient pas le génie des lieux. Appartenant à ce monde, ils n'en brisaient pas l'ordre...

 

L'apparition d'une bête représente la plus belle récompense que la vie puisse offrir à l'amour de la vie...

 

Les bêtes surgissent sans prémices puis s'évanouissent sans espoir qu'on les retrouve. Il faut bénir leur vision éphémère , la vénérer comme une offrande...


Les bêtes sont des dieux déjà apparus...

 

La lune est le dernier monde sauvage à portée de regard.



L'intelligence de la nature féconde certains êtres sans qu'ils aient accompli d'études... Ce sont des voyants, ils percent les énigmes de l'agencement des choses là où les savants étudient une seule pièce de l'édifice...

 

L'âme du monde primitif alternait les ténèbres et l'aurore...



Il y a hors de moi quelque chose qui n'est pas moi et qui n'est pas l'homme et qui est plus précieux et qui est un trésor hors l'humain...

 

Dans la Nature : des stratégies de la guerre, de l'amour et du mouvement... Nous procédons du Même...

 

Définir la nature sauvage : Ce qui est encore là quand on ne le voit plus.»..

 

 

 

 

 

 

 

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Etat du monde... faillite et arrogance humaine...



« L'une des traces du passage de l'homme sur la terre aura été sa capacité à faire place nette...

 

Les espaces infinis... Futures vidanges de notre époque...

 

Notre malheur résidait dans la difficulté de choisir ou de demeurer...

 

Nous étions encombrés de trop d'instincts, contradictoires, soumis à l'oscillation...



L'accomplissement de la civilisation : l'embouteillage, l'obésité..

 

Chez les hommes tout finit dans un collecteur ( d'égout et non de goût !) NDR

 

-L'homme est un loup pour l'homme, dis-je...

-Si seulement, dit-il...

 

Il y avait un lien proportionnel entre la dévastation du vivant et le double mouvement d'oubli du passé et de supplique à l'avenir. »...



Puisque le monde est bousillé, ménageons nos issues de secours !

 

Les trois instances :

Foi révolutionnaire – espérance messianique - arraisonnement technologique... actaient derrière le discours du salut une indifférence profonde du présent... pendant ce temps : fonte des glaces, plastification, mort des bêtes...

 

Ne plus ruminer au chaud dans la tiédeur de ses semblables. »...

 

 

 

 

 

 

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Propos philosophiques divers et variés...



"On gagne toujours à augmenter les réglages de sa propre fréquence de réception...

 

Se tenir à l'affût est une ligne de conduite. Ainsi la vie ne passe-t-elle l'air de rien...

 

L'affût était un mode opératoire. Il fallait en faire un style de vie...

 

Les champions de l'espérance appellent "résignation" notre consentement (à ce monde). Ils se trompent. C'est l'Amour...

 

On ne blesse pas un songe avec des bavardages...

 

Je préférerais toujours la réalisation des rêves à la torpeur de l'espérance...

 

 

 

 

 

 

 

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Attendre était une prière :

 

J'avais appris que la patience était une vertu suprême. La plus élégante et la plus oubliée.

Elle aidait à aimer le monde avant de prétendre le transformer.

La patience était une révérence de l'homme à ce qui était donné...

 

L'intensité avec laquelle on se force à jouir des choses est une prière adressée aux absents...

 

La morale est cette invention de l'homme qui à quelque chose à se reprocher...

 

La paranoïa est une condition de la vie.

 

La vie est vivable si le péril est ignoré...

 

Les êtres naissent avec leur propre œillère...

 

Explorer les périphéries du réel...

 

La faible fréquence des fréquentations (amoureuses) garantirait la perpétuation des sentiments...





Aimer, c'est rester immobile, l'un à côté de l'autre, pendant des heures...

 

Il faut vivre à pas de Sioux...

 

Ne pas tout mélanger : bonne solution pour la vie en groupe...

 

Les noms résonnent et nous allons vers eux aimantés...

 

En voyage, toujours emmener un philosophe avec soi...

 

Les dieux : le nom poli du hasard... L'homme est la gueule de bois de Dieu...

 

La fluctuation : tout passe, coule, s'écoule. »..

 



Deux questions :

 

Où vous dirigez-vous ?...

 

Ton âme peut-elle embrasser l'unité ?...



....................

 

 

 

 

 

 

 

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Notes Bran du...



La "Panthère des Neiges" constitue au sein d'un affût permanent, un apprentissage, un enseignement prodigue et un support subtile à une épuration et à un élargissement et approfondissement de l'esprit humain...

 

C'est la riche expérience que l'auteur fait de plusieurs jours d'observations minutieuses d'un paysage rare et précieux qui porte à l'épure et à l'humilité...

 

On y apprend la patience antinomique avec notre modernité, mais si tant révélatrice d'essentialité existentielle....

 

Ici le dénuement, la "mise à nue" et recouvrement bienfaisant d'une présence au monde qui n'a de prétention que d'être revêtue de ciel, de luminaires et de troupeaux de nuages affolés par le "loup des vents"...



S'extirper volontairement (en étant aiguillonné par le flamboyant et voluptueux désir) de la "soupe" urbaine fade et insipide le plus souvent pour redonner à ses lèvres et à ses pensées un goût de source originelle et primordiale est une expérience salutaire pour le nettoyage de nos scories accumulées et la dissipation des brouillards idéologiques qui encrassent nos synapses et nos neurones au point de confondre le vol d'une grue avec un avion à réaction !...



C'est une sorte d'école buissonnière que cette immersion volontaire au sein d'un écoulement du temps où l'on prend plaisir à tremper son regard et à baigner ses yeux. En Bretagne on l'appelle celle-ci l'école du « renard ». Ici c'est celle que professe, sans souci d'éducation, la Panthère des neiges !...



Une école de l'essentialité que le soleil et la lune tracent au crayon bleu, fauve ou argenté sur le tableau changeant du ciel...

 

 

 

 

 

 

 

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On peut y lire ceci écrit par l'élève Sylvain Tesson :

« Plus haut, les plateaux harassés de tempêtes confirmaient que le monde était une onde et la vie un passage. » Elémentaire cher lecteur, chère lectrice !...



Chez celui-ci on ne saurait parler de pessimisme ou d’optimisme, ni l'un ni l'autre ne fréquentent son rapport au monde... Je tenterai les termes de lucidité et d'objectivité a priori les plus convenables... Une attitude proche de l'enseignement du Tao (que l'auteur a d'ailleurs emmené avec lui pour lui donner une couverture de neige)...



La Nature, dans toutes ses expression et manifestations (du microscopique au macroscopique), est la première et la plus fondamentales de toutes les sagesses enseignées (Notre Tradition Celto-druidique en provient directement!)...

A travers une évolution permanente qui transcende toutes les dualités affrontées, elle fait comme l'eau son chemin, creuse son passage dans la pierre du temps et l'élongation expansive de l'espace...

Elle ne fige ni ne codifie rien, même la pierre obéit à ses mouvances et mutations...

Elle enrichit sans cesse sa mémoire et sa base de données...

 

Notre « petite existence » pouvant grandement co-participer à ses buts et objectifs à travers l'expérience conscientisée de notre vie, nos entendements majeurs en terme de matière et d'esprit et de la relation symbiotique instaurer entre l'une et l'autre...

Nous sommes pour elle une précieuse source d'informations... Si ! Si !...



 

 

 

 

 

 

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L'idée de mort est peut-être, paradoxalement, une façon de « sauver le vivant » !

Dans l'immensité des neiges, là-haut sur les plateaux du Tibet, des bêtes en leur derniers refuges (pour quelques temps encore) côtoient la mort en permanence, celle-ci faisant partie du coutumier de la vie...

 

Chaque bête sait pertinemment qu'un jour elle nourrira une autre bête ce qui ne l'empêche pas de ruminer son herbe du jour !...   La mort nourrit la Vie et la Vie, en retour, lui sacrifie une part de son Vivant... Cela, en finalité, produit de l'équilibre et de l'harmonie !

 

Le sang n'offusque pas la neige et la neige y trempe le bout de ses lèvres... C'est comme cela quand les êtres et les choses occupent, animent et assument la place qui est la leur sans interférer sur celle des autres....



Contempler :

 

Contempler est une célébration muette... Tout y fait autel pour le sacre et les yeux....

Le vase, c'est la terre et la montagne la nappe blanche où se dépose l'offrande du regard...

Les vents y tiennent leur office dont les aigles, les buses, les choucas et faucons, sont les célébrants...

La lumière irradie la force et l'énergie par l'immense vitrail du ciel...

Les éléments et les saisons y célèbrent leurs noces...

 

Les mots n'y sont pas utiles, le poème de ferveur par lui seul se décline à travers la bouche des torrents, les craquements des pins, le roulement du tonnerre et les percussions foudroyantes, le brame d'un cerf où l'appel fiévreusement tremblant et frémissant de ce qui en appelle à l'amour d'une rive à l'autre de l'attente.........

 

Les brumes sont des prières s'élevant des vallées humides et se diluant peu à peu dans l'entendement céleste de qui les fait s'élever vers lui ou vers elle...

C'est alors que le cœur quitte sa poitrine pour s'élever avec les paumes tournées vers l'infini et l'absolu...

 

 

 

 

 

 

 

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.........



La présence appelle la présence, l'aimant, l 'aimantation, et l'amante, l'aimant... Ainsi l'attirance qui noue et dénoue à la fois l'enchevêtrement savant et complice du hasard et de la nécessité...



Faire heureux séjour ; c'est offrir une demeure à ce qui vient, passe, s'offre ou attouche, insuffle ou effleure puis s'éloigne...



Il nous reste toujours trop peu de temps pour jouir des flots de l'amplitude !...

La vie passe bien trop souvent devant des portes et des volets obstinément fermés !.. 

Les aurores, le soleil, s'obstinent à se lever sur une humanité qui s’avachit puis se couche !...



L'inattendue reste le cadeau royal et somptueux qui ébranle et renverse toute fixation du cœur et des pensées...



L'inattendue, c'est dresser la table des dimanches sans avoir aucune idée de ce qui viendra et quand cela fera joie, présence, partage, échange en tenant douce compagnie...



Parmi la flouve odorante, les effluves d'humus et de terreau, (les odeurs de décompositions végétales,) l'émanation plus ou moins subtile ou capiteuse des parfums floraux des grandes prairies estivales, les chèvrefeuilles, les buis, les fenouils, les figuiers aux fruits rouges entrouvert et éclatés comme le désir, les foins coupées séchant après la pluie, les genêts craquant au soleil, la senteur poivrée ou farineuse des champignons... comme dans le Cercle « d'aimance » où l'Amour fait sa ronde humant le parfum de tendresse qui suinte en ses périphéries et en son calice même...

Il fait bon se « sentir » Vivant !...

 

 

 

 

 

 

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Un poème est là pour secouer une existence amorphe et « pasteurisée »... Il ébranle les pierres de la résignation à être et fait s'écrouler l'édifice (le jeu de cartes) qui n'a d'assise et de fondement que celle et ceux du paraître, du factice, de l'artifice et de l'illusion......

 

C'est une brûlure qui se rappelle aux braises enfouies dessous nos cendres...

C'est une eau qui s'écoule dans les profondeurs de nos oublis et de nos amnésies...
C'est un vent qui ne trouve plus en nous la voile levée et tendues de nos justes désirs...

C'est une terre féconde redevenue friche et jachère qui ne s'ouvre plus aux labours, aux emblaves et ensemencements de l'Amour...

C'est un arbre dont la sève ne remonte plus en l'aubier du fait de l'absence de printemps...

C'est l'oiseau à qui on a rogner les ailes et qui n'a plus pour exister que les becquées sporadiques et avariées du servage et de la domestication...

Et c'est la pierre enfin , la pierre des Grands Anciens, arrachée à son socle de mémoire, fracassée, délitée, destinée aux « empavements » des ornières où s'embourbe et patauge l'esprit du devenir de l'humanité...

 

 

 

 

 

 


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Constat et questions :



« Où vous dirigez-vous ? » L'interpellation de l'auteur fait écho à celle des Indiens « Kogi » d'Amérique du Sud visitant Paris (une capitale et ce pour la première fois). Après avoir fait le tour du périphérique parisien et arpenté quelques rues du centre-ville, ils ont posé cette question : « - Mais vous courrez jusqu'où, comme ça ? »...

 

J'ai formulé l'idée qu'une société s'adonnant psychotiquement à la précipitation ne peut qu'attirer sur elle le déluge ! A noter que la précipitation mène aussi au « précipice » !...



Même l'ombre la plus sombre et la plus ténébreuse, et quelle que soit les gesticulations et tribulations de la lumière, s'accroche désespéramment et farouchement à celle-ci afin de ne pas disparaître... A quoi, sommes-nous, nous autres accrochés qui soit de nature à nous permettre de demeurer dans le registre du vivant ?...



La neige, ce manteau d'hermine recouvrant la royauté des montagnes sera inexorablement souillé et sali un jour. Elle virera au blanc sale puis au gris puis au noir... Elle fondera sous l'emprise ardente du soleil estival, s'évaporera ou ira grossir la cavale bondissante des torrents.... Plus de neige...                          

Si ce n'est dans la mémoire de celui ou de celle qui jadis se sera roulé dans ses bras avec des rires d'enfant, de poète ou d'amoureux...

 

 

 

 

 

 

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30/10/2019