Sostice d'Hiver : Axes et lignes de force
Clairière Kan ar Vuhez, Bran du, 18 11 2011
Nous sommes des "enfants de la nuit"
La symbolique solaire est au cœur du rituel et des célébrations…
Nuit et jour sont les partenaires d’un enfantement, les géniteurs d’un « enfant-lumière…
Comme le disait Gwench’lan Le Scouëzec : « les Celtes sont les enfants de la nuit… La lumière surgit des ténèbres comme l’Etre du non-être… »
Tout le monde védique ( indoeuropéens) célèbre la victoire du lumineux…
« C’est de la nuit que surgit la lumière…beaucoup d’aurores n’ont pas encore luit… »
C’est lorsque l’obscurité semble avoir mouchée l’ultime chandelle de la lumière que celle-ci se redresse notifiant ainsi sa faculté à éclairer le monde quelque soit les emprises dont elle fait l’objet…
Les mystères du ciel
L’humanité dans ses primes commencements, à l’aube de sa longue et difficile marche, à profondément interroger les mystères du ciel et de la terre et de toute mise et remise au monde de la vie sous une forme ou une autre… Très tôt l’observation attentive du mouvement des astres leur a permis une première approche des phénomènes cycliques analogiquement perçus comme des réponses à leurs interrogations majeures…. De la nuit la plus profonde et la plus longue renaissait à chaque fois un embryon de lumière, une braise propre à réenflammer l’espérance….
Cette espérance nous est commune et nous sommes proches en cela de nos premiers ancêtres… Comme eux nous redoutons l’emprise de ténèbres et d’être plongés dans une nuit épaisse et permanente….Les rites sont ici des accompagnements attentionnés et vigilants d’un accouchement solaire. Nous sommes de sages hommes et de sages femmes au chevet d’une parturiente céleste et nous nous réjouissons des premiers cris lumineux sortis de l’immense matrice hivernale…
Les limites de la Science
Les données actualisées de la science nous donnent des explications rationnelles et argumentées sur la lecture du cosmos tout en avouant buter sur une « matière noire » dont elle s’efforce de traquer l’intimité la plus profonde, la plus enfouie. ( Nous ne pouvons techniquement appréhender que moins de 05 % de ce monde inconnu et c’est par les lumières qui en émanent et par elles seuls que nous pouvons comprendre ce « minimun » !)
La science ne peut nous donner à voir au-delà de ses propres limites et celles-ci sont immenses et ponctuées de supputations hasardeuses…
Les projections de notre esprit
C’est par les projections éclairées de notre esprit que nous entendons pénétrer « respectueusement » cette « matière » dont nous soupçonnons fortement, comme les Sages anciens, qu’elle détient la clef de tout éclaircissement !…
L’effeuillement du Grand Livre de la Nature à l’automne accompagne le retrait et reflux progressif en amplitude des marées du jour… L’océan nocturne recouvre et submerge les îles diurnes qui semblent disparaître sur le profil de l’horizon…
Mais nous savons qu’au-delà ce recouvrement provisoire de nouvelles îles émergerons au printemps dans tout l’éclat de leur régénérescence…
Nous savons tout autant qu’il en est de même pour notre être submergé par de sombres flots, plongeant dans des abysses hivernales…
Nous avons connaissance de cela et cette connaissance éclaire notre enfouissement même…
Nous savons que dans « l’expir » suprême des calendes de l’hiver un nouveau souffle balaiera nos peurs, angoisses et craintes et que de l’œuf nocturnal sortira, éclosera, un poussin d’or synonyme d’une recouvrance lumineuse et victorieuse…
Les saturnales romaines, les fêtes du « Sol invictus », le Yule scandinave et le placage festif et religieux, le recouvrement de l’institution catholique et chrétienne sur cette « croyance » sont autant de manifestations et d’expressions d’une même aspiration et espérance…
Feux et lumières sont les parrains et les marraines penchés sur le berceau de ce « recommencement »…
Les douze jours de la période du "serpentaire"
Certaines Traditions antérieures au christianisme incorporaient dans le calendrier en usage une période de 12 jours (parfois appelée période du « serpentaire »). Chaque jour est censé indiquer « prévisionnellement », dans son déroulement, ce que sera le mois qui lui est attribué…
Dans une période où l’activité humaine est grandement suspendue et où on se regroupe dans des lieux de chaleur et de lumière, le « passage de l’an » constitue l’événement majeur qui requière la participation de l’ensemble des communautés… Chacun et chacune est conscient de l’importance de ce « passage » et de la haute « sacralité » qui entoure celui-ci…
Les éléments du rite
Des rites tels celui de la bûche confiée à l’âtre symbolisant le « foyer de vie » sont explicites des croyances liées à un « soleil invaincu » dispensateur de toute vie présente et à venir…
Chaleur et lumière sont des « valeurs » propices aux rapprochements entre les êtres et génèrent des élans de solidarité et de compassion dans un « partage élargi » à d’autres règnes…
L’offrande et le don sont les acteurs essentiels de cette expression altruiste accentuée en cette période de grande difficulté… On porte secours à ses semblables mais aussi au monde animal…
C’est par les matériaux issus du végétal et les symboles associés que les humains célèbrent individuellement et collectivement ce temps sacré… L’if et le houx, par leur verdeur qui semble éternelle et leurs fruits rouges qui symbolisent le « sang » et le principe vital, sont plus spécifiquement utilisés pour confectionner diverses décorations…
Le gui particulièrement chargé symboliquement participe des « éléments du passage »…
Toutes ces élément s’articulent autour de la notion d’immortalité et du maintien, au-delà de la mort apparente » d’un noyau, d’un germe, porteur d’une nouvelle vie…
La clameur de tout cela rayonne dans les cœurs et les esprits et c’est le triomphe de la vie !…
Nous sommes des "passeurs"
Nous avons donc ici l’essentiel de ce qui peut constituer les bases analogiques pour incarner de notre mieux le vieux rite du solstice d’hiver…
C’est à chacune et à chacun de s’imprégner de cela et par son intelligence propre, son entendement intime, sa compréhension féconde, imaginer, concevoir, les façons dont il entend être pleinement associé à ce rite de passage et le « faciliter »…
Notre tradition fait de nous tous des « passeurs » lucides et éclairés qui mènent leur barque existentielle d’une rive à l’autre de l’année à travers les plus sombres marais et marécages avec une parfaite conscience des risques encourus ; des risques qui impliquent des préventions lesquelles sollicitent aide et assistance au plus haut niveau des protections possibles…
Ces dernières ne peuvent être que de nature spirituelle , la « matière » par elle-même n’ayant pas la capacité à traverser seule tant d’obstacles….
Seul l’esprit nous permet de pénétrer brumes et brouillards en nous donnant le courage nécessaire pour cela et en accompagnant notre route de sa lumineuse vigilance et ses conseils éclairés…
C’est au plus profond de la Matrice obscure de Newgrange que se tient la Chambre d’amour et de vie… Nos sages anciens ont conçus par le cœur et l’esprit un étroit passage autorisant, au jour du solstice d’hiver exclusivement, la pénétration d’un rai solaire qui au contact de la spirale gravée sur la poitrine de la Mère, réactive et remet en route le mouvement de toute existence et dynamise de nouveau les ondes, flux et vibrations qui alimentent tout l’univers…
Nous sommes cette chambre sépulcrale et souterraine qui détient en son tréfonds une semblable spirale qui est amour, connaissance et création, laquelle attend elle aussi l’ardente et chaleureuse pénétration d’un Rai Incréé pour s’en revenir au monde en un nouveau cycle de conscience, d’entendement et de participation…
Le passage en nous
La bonne et vraie question n’est-elle pas de savoir ce qu’il en est de ce passage en nous. Est-il obstrué ou largement ouvert ? Avons-nous désir et volonté pour livrer passage à ce trait fulgurant et procréateur afin qu’il percute la pierre tendre de nos attentes, la paroi généreusement et joyeusement offerte à ses bienfaisantes impositions ?…
La nuit en cela et par cela se met à jour ! Qu’en est-il pour nous ?…
Une véritable sagesse nous rend acteur et artisan de notre destinée et cocréateur d’un cycle évolutif perpétuant par son génie incessant l’œuvre même de la Création…
A chacun, à chacune, la découverte ou l’ignorance disait Morvan Lebesque…
Nous avons été invités au banquet royal et souverain de la Samain…. Sommes nous prêts lors à assumer, avec le meilleur de nous-mêmes, nos rôles participatifs qui nous font, dans le territoire de l’Etre, Roi et Reine d’un souverain devoir de Servir la vie et tout ce qui l’engendre et la pérennise ?…