SEUL POEME BRAN DU 2020 12 08 AOUT
La fluidité des ondes éphémères..
(Ce qui fut, est et sera...)
Photos Bran du
Comme une tartine de confiture sur du beurre salé... Bran du Le 11 08 2020
Un petit billet, comme ça, avant d'entrer en salle d'opération...
Seul !
Même une feuille, une simple feuille, n'est pas seule avec elle-même...
Elle est l'arbre frissonnant au vent des saisons toutes ses feuilles parées d'or et de cuivre...
A la dernière des saisons, elles s'envolent toutes vers une étrange migration, toutes dans un même élan vers la mort, toutes sans oublier aucune...
Certains, certaines personnes, à l'âme qu'on dit humaine, fument une cigarette comme ça pour quelques semblantes bouffées de plénitude envoyées dans le trop grand vide de leur vie.
Moi, je ne fume pas mais, je demeure souvent, assez brumeux, assez opaque, dans la fumée blanche de mon esprit...
Je ne suis pas sur le « départ » car j'ai toujours été en voyage à la recherche d'un pays bien mystérieux que l'on appelle l'Amour...
L'homme possède une moitié de la carte qui indique l'emplacement de ce trésor et la femme l'autre moitié, mais ils n'arrivent que très rarement à réunir les deux parties de ce portulan, tant est vaste l'océan, tant est vaste l'océan où se meuvent les courants du Possible...
Pourquoi ne pas enfouir nos plus émouvants, nos plus merveilleux souvenirs dans un terreau fertile afin que d'autres plants en naissent, plus résistants encore, plus téméraires, plus audacieux, plus prodigues face à toutes les peurs qui stérilisent les enfants de l'Amour ?...
J'ai entrevu la jeune fille, l'amorce duveteuse de ses seins, les prémisses de ses courbes lisses et soyeuses, mais je ne suis pas un voyeur sénile réduit à cela, mais un être sensible qui veut encore entrevoir la beauté à travers le miroir de ses yeux...
Même s'il ne me reste que le miroir de la beauté, ma tristesse de ne plus l'étreindre ne le brisera pas....
Et puis même ; même que plus ne m'aime, plus ne serait aimé, demeureront les éclats d'une beauté miroitée...
Je veux pouvoir encore « coucher avec la vie », lui faire des joies et des rires, des rires et des joies comme autant d'enfants joyeux et rieurs, rieurs et joyeux...
Qu'est-ce que je sais faire, poétiquement faire, qui sonne juste et qui soit comme la vague avec le rivage, comme le nid avec les branches qui le soutiennent, comme une main qui quitte une autre main alors que tout le corps fait mémoire...
J'ouvre encore mes bras tout grand pour ce qui vient, pour ce qui s'en veut advenir, pour ce qui est en chemin et que j'ignore, mais qui viendra se blottir entre eux afin de choyer le vivant et murmurer à ses oreilles la chanson préférée du silence...
Toute grève, toute crique, sait et attend le retour des marées et ses embrassades d'écume. Si loin, maintenant pour moi, le sel des Grandes Noces... Si lointaine, « la bague circonférentielle du monde.» *
Je veux (mais ne fait ni souhaits ni vœux d'une autre nature) qu'advienne ce qui doit advenir d'imprévisible, si possible d'imprévisible...
Mes "valeurs", mon "éthique", ma "croyance", ce sont la rencontre, l'échange, la découverte, le partage, l'accompagnement, l'entraide, l'attention, le don, le soin, le chant, la musique, le poème, la danse, la quête si instable, si fragile, de l'équilibre et de l'harmonie et ce, en toute dimension et en tout domaine...
Soit, tout ce que m'enseigne une Tradition enseignée elle même par tout l'Univers et par toute la Nature...
Les bretons ont cette formule que je traduis ici :
"Il n'est rien en ce monde de plus beau, de plus bon, de plus vrai, que d'aimer et d'être aimé."... Que dire de plus ?
Rien d'autre ne saurait fondamentalement opérer une telle alchimie corporelle, physique et métaphysique de l'ultime transformation, de l'ultime "transparence" !...
Las, la peur, sans cesse guette dans l'encoignure des lèvres qui se joignent !...
J'entends battre le monde dans mon cœur...
J'entends son tambour et tout cela qui frappe sur la peau de l'instant mettant en mouvement un premier pas de danse...
L'émotion... celle qui sonne vrai, celle qui sonne juste, c'est elle qui soudainement verse de l'eau sur le désert de votre existence, qui met de l'eau douce dans le salé de vos larmes...
C'est elle qui redresse toute fleur courbée sur son lit de mort !....
Je moule mes yeux aux images éphémères que captent leurs regards...J'engrange d'aimants souvenirs pour donner la becquée au nocturne de mes rêves...
J'aime les territoires sauvages à l'écart des prédations humaines, les contrées « essentielles », élémentaires, primordiales voire originelles car ma solitude alors se conjoint aux présences, aux substances, aux essences, aux mouvements, aux souffles, aux respirations, aux silences et je suis chacune d'elles et chacun d'eux... Mon singulier lors se conjoint au multiple et, avec celui-ci, fait plénitude et unité...
Une rivière coule devant moi où je ne plongerais plus mon corps... Une source se répand à flanc de colline ; une source à laquelle mes lèvres ne boiront plus...
Je sais cela comme je sais que s'éloignent de mes pas mes courses marines et forestières... A moins que ? A moins que demeure, dans la grande bonté du jour qui se lève, une tartine de pain beurre (avec de la confiture !)...
* St Pol Roux dit le Magnifique...