SENSUALITE ET SEXUALITE DANS LE MONDE CELTIQUE 2018 BRAN DU 16 08 AOUT
Tradition : sensualité et sexualité.....
Bran du 2018
Source : Dictionnaire de Mythologie et de Religion Celtique de Philippe Jouët
L'été est une période des plus favorables et propices pour fêter l'union harmonieuse qui résulte d'une con-célébration corporelle, charnelle, physique de deux être réunis et réunifiés en l'Amour qu'ils se portent mutuellement, lequel amour les inspire, les conduit et les guide vers une « cosmunion » non dénouée de "sacralité" de tous les sens convoqués à cet effet...
On ne saurait trouver que très peu d'images ou d'expressions liées à la sensualité et encore moins à la sexualité dans les textes manuscrits qui retranscrivent le corpus oral des bardes Celtes ; les moines copistes chrétiens, irlandais ou gallois, ayant expurgé de leur œuvre tout ce qui a trait, d'une part, au sacerdoce, aux rites et aux cultes païens et ayant exercé, d'autre part, leur censure sur tout ce que concerne le rapport sensuel ou sexuel au corps humain....
Mais, on ne saurait accroire que des textes aussi beaux et magnifiques relatant les plus célèbres amours qui soient au monde comme ceux de Viviane et de Merlin, de Lancelot et de Guenièvre ou encore de Diarmaid et de Gràine ou de Noisiu et Derdriu soient totalement démunis de « sensualité » et de « sexualité » et que les sens, leur exaltation, ne soient pas, dans les récits d'origine et initiaux, à la mesure, d'une aventure amoureuse inégalée ayant séduit le monde entier...
Nous ne sommes pas dans le monde Celte dans un monde « platonique » bien au contraire, les apologies des sentiments ne manquent pas dans bien des domaines de l'activité humaine avec des mythes sous-jacents à des épopées qui dépeignent une ardeur et une vivacité extrêmes dans les comportements et attitudes (notamment des héros)...
Pour ce qui est cependant de traces relatives au sentiment amoureux on les cherchera en vain dans les retranscriptions faites dans les scriptoriums, il faudra se contenter le plus souvent de quelques descriptions de la beauté féminine et d'éléments relatifs à la maternité et à la fécondation selon les préceptes religieux chrétiens condamnant les écarts sensuels et sexuels et tout ce qui peut contrevenir à la morale de l'Eglise...
Un peintre cherbourgeois
Féminité : « La féminité est l'expression éminente de tout ce qui a trait aux capacités reproductrices et nourricières de leurs conditions. »
Philippe Jouët
La Beauté du féminin : La Femme Celte, les Déesses (mères ou non), les héroïnes, les Fées sont généralement d'une très grande beauté et celle-ci est fortement appréciée par les hommes surtout quand il s'agit de chercher une épouse, nonobstant le fait cependant que la femme Celte peut avoir le privilège d'élire son compagnon selon son goût et ses choix et pour la durée qui lui convient sans omettre que l'incartade conjugale existe y compris chez les Dieux et Déesses !... (La renommée d'un femme qui repose en partie sur sa beauté, est équivalente de la renommée liée aux prouesses héroïques de l'homme.)
De la Déesse Aurore :
« L'Aurore ( figure de la Déesse) est traditionnellement dans le monde indo-européen à la fois mère, fille, épouse et amante des dieux (elle est aussi la soeur-épouse des Dioscures.) »...
« La Déesse est associé à la naissance du monde. »
« A noter que psychologie et morale s'effacent dans les relations théologiques. »
L'Aurore peut être amoureuse d'un amant « mortel » (non divin)...
Ph Jouët
Dans le domaine de la Souveraineté qui appartient au féminin
la reine incarne celle-ci. Si elle meurt on peut s'attendre à un dépérissement et à une décadence du pays ; de même, si le couple royal se dissocie...
Parmi les « grandes amoureuses » citons Derdriu :
« Elle n'aimerait que l'homme qui a sur lui les trois couleurs :
le rouge, le noir et le blanc. » (Couleurs attribuées habituellement aux fées, mais parfois à un mortel. Ce sont aussi les couleurs indo-européennes par excellence, celles des aurores et crépuscules, du monde diurne et nocturne.)...
Descriptif de Derdriu :
« ...Deux joues de pourpre plus belle qu'une prairie ; lèvres rouges, cils noirs comme le scarabée, dents couleurs de perles, comme la noble teinte de la neige... »
La trame du récit : Derdriu liée au roi Conchobar est séduite par la grande beauté et les charmes y compris musicaux de Noisiu (ou Noisé). Elle s'enfuit avec lui, mais Noisiu n'échappera pas à la vengeance et sera tué par Fergus.
Grainne et Diarmaid :
Grainne est promise à Finn, mais tombe amoureuse de Diarmaid un héros irlandais, elle s'enfuit avec lui à travers tout le pays.
Les deux amants sont poursuivis, mais sont protégés par Oengus. Toutefois Diarmaid blessé peut être guéri par Finn si celui-ci lui donne une boisson apte à le sauver, mais Finn refuse et Diarmaid meurt...
Etain :
Elle est l'épouse d'Elcmar (le Jaloux) . Elle conçoit avec le Dagda (qui a rendez-vous de femme!) le jeune dieu Oengus...
On l'a dépeint de cette façon :
« ...Deux tresses blondes comme de l'or, des bras aussi blancs que la neige d'une nuit, joues rouges comme la digitale des montagnes, ses doigts longs et très blancs, son flanc élancé et long aussi blanc que l'écume de la vague, ses dents brillent comme des perles, des yeux bleus comme le bleuet, ses épaules égales sont tendres et blanches, ses jambes bien droites, ses pieds menus, ses sourcils noirs, bleu sombre est le tour de ses yeux... »
Il y a des femmes-guerrières initiatrices des « héros », des guerriers renommés ; il serait très étonnant que la dite initiation se résume à l'art de la guerre !...
La reine Medb ne se prive pas d'offrir « l'amitié de ses cuisses » à celui qui l'aidera dans son combat pour ravir le taureau de son mari...
Cuchulainn sera lui aussi séduit par la splendeur féerique du féminin, les druides se chargeront, après cette aventure, de lui faire oublier son « infidélité »...
Les sens sont toutefois évoqués dans le récit faisant état de la fontaine merveilleuse (fontaine de santé, de science/poésie, de connaissance en tout domaine....)
Cinq ruisseaux ruissellent de la dite fontaine et ceux-ci représentent les Cinq sens lesquels participent donc de « l'alchimie sourcière »...
Une exception cependant :
Les « Imrama » ou récits de navigation merveilleuse relatent des îles « paradisiaques » ; îles de femmes toutes plus splendides les unes que les autres dont la reine surpasse en beauté la magnificence ; îles par-delà la mer et les vagues avec un chœur de femmes qui enchante le voyageur et où l'on entend cent musiques dans la nuit...
Cette « Terre des Femmes » est « Terre de plaisir et de volupté » où la mousse de derrière les buissons accueille de doux ébats...
Si n'était la nostalgie qui les gagne au bout de quelques mois, nos voyageurs goutteraient à ces bienfaits ardemment prodigués, toute leur vie et tout leur saoul !...
C'est en ces récits que l'on entend enfin parler de « plaisir » et du doux vertige qu'il procure ; un plaisir dont le féminin orchestre toutes les heures et tous les instants...
Voila qui rassure quelque peu sur l'heureuse disposition du Monde Celte à jouir de la vie, corps y compris !...
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Nous ne disposons toutefois, sur le féminin et sa « sensualité » ou « sexualité » au temps des premiers Celtes, d'aucun éléments nous permettant d'en connaître la teneur et la pratique...
Les temps médiévaux encadrés par le religieux chrétien ferons des guerriers Celtes des êtres chastes, dévoués à leur Dame et défendant le pauvre et l'opprimé armés d'une foie chrétienne irréprochable...
Nonobstant les aventures amoureuses de Merlin et de Viviane, de Guenièvre et de Lancelot, pour ne citer qu'eux en tant qu'héritiers christianisés du monde Celte, on n'aurait eu à connaître de ces périodes qu'un monde étriqué dénoué de sens exaltés, mais, par bonheur, et grâce aux bardes et « filid », dignes successeurs de leurs prédécesseurs, il a subsisté quelques traces de la jouissance aimante des amants. (Et l'on sait la séduction opérée sur des générations de lecteurs et lectrices par leurs aventures souvent tragiques d'ailleurs.)
Les poètes o combien nombreux et de tous les pays qui, de siècle en siècle, s'inspireront des thèmes celtiques ne manqueront pas de restituer à ce « féminin » toute sa dimension sensuelle et ce à travers de magnifiques pages d'écritures exaltant ce « caractère »...
(Relire par exemple Théophile Briand dans le Testament de Merlin.)
A SUIVRE...