Les dits du corbeau noir

Samain 2011 : Rencontre des Carnutes

Bran du, forêt des Carnutes 2011

 

 

Dans l'évasé du jour

 

 

Dans l’évasé du jour                            

Le sang va à la terre

La nuit l’absorbe

En son triangle de feu…

                    Passé le crépuscule

Le seuil des trois paroles

Le pertuis des quatre directions

La lune sort du talus de la nuit…

                    Et voici les branches

Au dénudé de novembre

Portant des étoiles

Comme feuilles ou fruits…

                    Trois hululements

En réponse à la corne

Et le porche s’entrouvre

D’abysses en confins…

                    Et le cercle des femmes

- Oursonnes sans furie -

Ondule par ses hanches

Et danse à petits cris…

                    Et la « Noire » de passer

Dans sa cape d’humus

Absorbant à grands traits

Le pesant de chacun…

                   Cela qui fut éteint

Allume des regards

Et des yeux de renard

Scrutent le lointain

                   Samain, Samain, Samain

                   Au-delà des mois noirs… Hier déjà demain !…

 

 

 

Conte de Samain :

De Setanta a Cuchulainn (en quelques raccourcis !)

                                           

Celui-là, jadis, s’appellait « Setanta »… Le « Cheminant » était son nom avant qu’il ne rencontre le Forgeron qui, des Dieux, brassait la bière ; la divine boisson…

Hors, une nuit venue, de l’homme qui prenait le feu en ses mains, il tua le chien… En juste compensation, il se proposa de remplacer lui-même le farouche gardien…

Cuchulainn donc fut son nouveau nom (Il est vrai qu’il aboyait aussi bien !)…

En la veille de la longue nuit de Samain, près d’un lac noir et profond, deux messagères se posèrent, en provenance de l‘Autre-Monde… L’une d’elle vers notre héros s’en vînt….

Hélas, la fronde de celui-ci parla plus vite que sa sagesse et, de son arme fatale, il blessa l’oiseau divin…

(Il arrive en effet que des « femmes cygnes », sur la terre, fasse une ronde cherchant parmi les cœurs celui qui saura répondre à son destin…)

Les femmes, en grand courroux, sur lui, jetèrent un sort… De maladie il fut, en l’instant, prit… Et le voici prostrè, de langueur saisit, errant dans les vapeurs de la mort…

Les druides appelés à le rescousse ne purent rien pour lui… Toutefois Oengus, le Dieu chéri, se porta à sa renconte et, à l’oreille du chien, de bons conseils furent dits : - Va où te porte la barque du sommeil, va-t-en rejoindre celle qui, sur ses ailes, t’emmène au « Royaume promis »….

Au « Royaume promis», il alla… Il y fut comblé d’amour, de joies et de fruits… (Fand que l’on disait « larme d’hirondelle » s’occupa plus particulièrement de lui !)… Il reçut là-bas, dans les contrées infinies, tous les arts dispensés par une aimante guerrière et tout cela par quoi l’amour initie…

L’année passa, les vieux mois trépassèrent et ce fut de Nouveau Samain en ses nuits…

Les Druides, par extrême magie, le firent lors revenir à lui ( il est vrai aussi, qu’Emer, la Dame du « Chien », n’appréciait guère l’absence de son mari !)…

Cependant, et bien que revenu parmi les gens d’ici, il ne pouvait oublier les délices prodigués en un si voluptueux nid , en cet heureux séjour, habituellement interdit à ceux qui, de vivre sur la terre, n’en avait pas fini !… (Cet amoureux festin n’est réservé, c’est certain, qu’à ceux qui ont leur chemin, acccomplit !…) Le souvenir persistant et notre héros tombant dans la nostalgie, Mananann, sur son char d’écume, lors, s’en vînt lui aussi et de son manteau d’oubli recouvrit notre pauvre humain et, pour bien faire, passa celui-ci devant Fand et Emer… Ainsi se conclut le présent récit …

De cela le sage nous dit : - Autant il est bon, il est salutaire, de faire souvenance des souvenirs d’hier, autant il est, parfois, sain et nécessaire, de préserver demain d’une mémoire qui, c’est certain, obscurcit toute lumière !… »

 

 

Invocations

 

O vous,

Forces, Energies et Lumières

Emanées du Principe concilié à l’Essence

De cela qui fut, est et sera…

Veuillez accorder à cette assemblée de sœurs et de frères, d’amis invités

La protection Incréée ,

La bienfaisance et la bienveillance, l’équilibre et l’harmonie, l’inspiration et la compréhension

Afin qu’ensemble, tous ensemble, cœur à cœur et main dans la main,

Nous oeuvrions, de corps, d’âme et d’esprit, au service de notre Tradition

Elle-même servante de tout le vivant…

Gardez-nous dans la paix et la sérénité, dans la bonne chaleur de l’amitié et accompagnez notre labeur afin qu’il soit le parfait écho de ce qui ’a suscité et conseillé…

Nous vous remercions de votre présence et de votre vigilance, de votre divine attention et vous offrons notre reconnaissance…

Recevez la corbeille aimante de nos dons et enveloppez nos pensées et nos actes de votre triple émanation et de votre manifestation plénière.

Awen

 

 

Set Sama… Samain… Samonios…. Aux frères et sœurs de la Longue Nuit

                                                                                                        

« …Vagues de nuit sur l’océan étale…

Flux sans reflux sous le ciel suspendu…

Les portes sont ouvertes où se pressent les étoiles…

Des quatre directions ceux-ci et celles là sont venus…

                                                            Bienvenue aux ambassades du Nord ;

Bienvenue aux fils des origines, aux filles de la Polaire…

Ceux-ci et celles-là célèbrent l’accord entre la source et l’océan, entre le ciel et la terre,

Entre l’aube et le crépuscule, Entre la chose et son contraire…

Ils sont, elles sont, la souche des chants ramifiés à l’Arbre de Lumière…

L’oiseau de leur cœur et de leurs songes, vers Lui, a pris sa volée…

                                                            Bienvenue aux ambassades de l’Est ;

Ceux-ci sont fils de l’aurore et celles-là fille des voûtes vespérales…

Les voici, ornés des parures de l’esprit et du corps,

Les voici, sertissant le collier des étoiles…

Ils sont enfants du Cercle sacré…

D’eux, s’écoule la blanche rivière aux ondes argentés…

Dans le courant de leurs pensées remonte le saumon de l’été…

Dans le tissu de leur vision des hommes découpent leur voile

Et se lancent sur l’océan, sur les mers embrumées…

Leur bras noués embrassent neiges et rosées ;

Le manteau froid de la mort, par les pétales de leurs fleurs, est transpercé…

                                                        Bienvenue aux ambassades du Sud ;

Entendez, entendez, les joueurs de trompe ; leurs carnyx fendent nuées et brouillards…

Ecoutez, écoutez, tonne, dans les vallées, la clameur fauve des boucliers…

Leurs bardes pincent la corde des vents qui se déchaînent…

La troupe joyeuse s’avance ; un fragment de soleil au fond des yeux…

A leur passage s’éteignent tous les feux ;

Ceux-là colportent une braise dans le foyer de leur veines…

Leurs cornes débordent d’hydromel ou de rousses bières ;

Qu’ils répandent en offrande sur le sein de la Terre…

                                                          Bienvenue aux ambassades de l’Ouest ;

Rouge est leur front, rouges leurs mains de même…

Ceux-là ont bu le sang du taureau du couchant ,

La mer, maintenant, est en eux qui les sillonnent de ses pourpres courants…

Ils sont flammes dansantes dans le foyer des Dieux et prennent par la taille le rire des Déesses

D’aller au festin chacun et chacune s’empresse, pour déposer au foyer du sacre, le don et le vœu…

Coule le vin au banquet de Samain comme la larme de joie du plus profond des yeux…

 

Ceux-ci et celles-là sont venus des confins de la Celtie ;

Cœur à cœur et main dans la main….

Ensemble, tous ensembles, frères et sœurs, marchant sur le Celte Chemin,

Au cœur du cœur, au sein du sein, assemblés, cosmuniant, réunis…

Le grand Chêne tutélaire les enveloppe de sa ramure ;

                                            L’Arbre séculaire ; l’Arbre de leurs pères, avec eux fait jointure….

                                            Par lui, les voici recouverts d’une couronne de gui…

                                            Lors, sur eux, tombe la Connaissance en ses fruits :

                                            Abondance et bienfaits aux fontaines les plus pures…

Leurs lèvres se parent du velours de l’éloquence,

Leur parole et un miel qui apaise et guérit…

Passent entre eux tous la coupe de Poésie et de Science…

La table d’amitié est dressée sous l’Arbre de la Vie…

                                        Ceux-ci et celles-là ont pris racines dans l’humus de demain ;

                                        Ils sont le terreau d’un hiver d’où l’être rejaillit,

                                        Porteur d’eau et de feu, de très vives lumières,

                                        Et tout ce qui se meurt par cela même revit !…

 

 

Les quatre saisons du blé


« - Cher Mabinog ; quels sont, selon toi, les quatre saisons du blé ?

- Ce n’est pas difficile que de répondre à cela, o Sanglier :

Il y a celle où le blé en son grain retourne dans le giron de la Terre ;

Celle où il se meurt contre la poitrine aimée,

Celle où il renaît dans l’aube printanière et celle où, à maturité, vient pour lui, le temps d’être moissonné….

- Voici, cher Mabinog, un gland bien manduqué ! Ainsi, aussi, en est-il de même pour l’homme,

qui fait labour et emblaves en son corps, qui comme nature s’endort rêvant du printemps en son somme….

 

L’hiver a croqué dans la pomme de l’automne ignorant l’étoile qui sommeille en son sein !… »

 

                   



18/11/2011
2 Poster un commentaire