Les dits du corbeau noir

Roc Trevezel - Monts d'Arrée

Bran du,

temps de Samonios 2011

 

Ici est le Chaudron

Le creuset de pure magie

La lente transformation

La profonde alchimie….

Ici,

La Chair, cette matière

Fécondées par l’Esprit,

Dans la cornue d’amour,

Dans le four de la nuit,

Enfante son mystère

Dans l’obscure mit à jour

Comme diamant ou rubis… Voici le lieu choisi

Par les Forces d’en haut

Qui aux rocs se lient

En noces de feux et d’eaux…

Passe dans le ciel

Un triangle d’ailes…

C’est la flèche du Nord

Qui transperce l’aurore…

La paix est une perdrix

Tapie dessus la terre

Alors que des fusils

Ensanglantent les fougères…

Il me semble parfois que c’est là, parmi les herbes folles

Que réside le berceau de la lumière…

Tout ce sang qui, au couchant, ennoie ce sanctuaire

N’est qu’enfantements qui surgissant des cols

Crient avec le vent leur amour pour la Mère

Qui bénie leurs envols….

…………………………..

Quelques pins ici et là, comme des guerriers japonais bardés de patience,

Affûtent la lame de la parole sur la pierre du silence…

Ils sont en avant-garde

Ces veilleurs vigilants

Car le feu en sa harde

Est un terrible conquérant…

Voici le premier amas des roches aux dents acérées comme des cerbères gardiens des Enfer

Ils hurlent eux aussi quand les forces en leurs rages mordent la poussière…

Dans le lointain se profile un grand sein de pierre

L’arrogance y a posé ses mains

Pour y planter sa croix, y vénérer ses saints !…

Il est vain d’apposer son sceau sur le changeant du ciel !

C’est bâtir son orgueil et le vouloir soleil !

Sève et sang ont même bois

Quand la saison est rouge

Et que le rouge est joie !….

Celui qui ne s’enfonce jusqu’au cœur dans le marais qui s’étend au-delà des frontières,

Qui ne s’immerge dans le flot des ajoncs, dans les vagues de bruyères,

Ne saura rien des grandes marées du temps !

Rien de ces crachins qui délavent les prières ;

Rien de ces matins immensément ouverts ;

Rien de ces parfums au subtil encensoir

Qui brûlent dans le noir comme un encens divin….

Que saura-t-il de ces insectes qui bruissent avec entrain,

Du serpent jaune et vert qui dans les molinies

Transmute nos vieilles peaux et nous transmute aussi !…

Le Yeun a paume large et cinq lignes de vie

Qui sont des courants bleus parmi nos songes enfouis…

Celui qui saura y boire de ses yeux

Creusera en sa terre le plus profond des puits…

Ses lèvres sauront le feu et son vif débit

Fera flamber l’amour dans le foyer des cieux…

C’est en ce lieu que le monde se mesure

Qu’une mémoire perdure qui nous parlent des Dieux

Qui crient ou murmurent sur l’autel de Nature

Déserté des enfants et des cœurs amoureux…

Mais la Femme n’est pas loin

Dans sa cape de brume

Et la mort qu’elle exhume de l’écrin des chagrins

Se fait rouleau d’écume sur la grève du matin…

Et la lampe s’allume,

Et la douleur s’éteint…

 

24 11 2011



02/12/2011
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