Les dits du corbeau noir

ROBERT MORVAN "STELES" 2018 IMPRESSIONS BRAN DU 17 08 AOUT

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Robert Morvan en son Atelier de la Corne de Cerf près Paimpont (35)

Photo Bran du

 

 

 

Robert Morvan

 

Stèles...

 

Bran du    Août 2018

 

Impressions parcellaires dans l'effleurement intuitif d'une œuvre en cours de réalisation...

 

...Quand l'abstraction percute les affects et que le coeur se pare d'intelligence...

 

 

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Nous avons affaire avec ces stèles à un langage très particulier qui tient à la fois d'une approche formelle et fragmentaire et d'une aventure picturale novatrice investissant et interpellant d'autres configurations architecturales et plastiques...

 

C'est l'exercice "osé", attentionné, clair et lucide d'un pré-langage en quelque sorte ; pré-langage qui serait en quête de sens et de significations majeures, lequel semble naître en même temps d'un langage déchu et obsolescent s'effritant dans le temps et l'espace comme les lambeaux avérés et effilochés d'une décadence sociétale...

(Les phrases émiettées et disloquées d'un discours que des lèvres, sagement avisées et follement sages, se refusent de continuer à porter et à répandre.)...

 

Ce sont là des pinceaux trempés dans l'humus et le terreau d'une autre croissance en devenir...

 

Ce serait, à priori, me semble-t-il, une sorte de langage charnière, quasi initiatique qui, au sein même d'une déchéance langagière d'expressions soumises à usure et à redondance, réinvente un vocable sourcier s'apprêtant à habiller d'importance les lèvres gercées des hommes...

 

Les mots ne sont encore ici que particules de lettres en attente d'un noyau...

 

Leur assemblage est "avenir"...

 

Mais le poème a déjà son écrin aux perles de couleurs...

 

Toute étoffe ne dit pas nécessairement l'habit, mais l'intelligence, la maîtrise, la beauté, la vision, feront recouvrement quand les yeux verront enfin ce dont ce monde, entrouvert par l'artiste, est issu....

 

Les premiers tableaux de cette magnifique série s'inscrivent dans une continuité de quête et de recherches rigoureuses autant que minutieuses ; d'où une « architexture » droite, linéaire dans ses lignes de force et sa charpente expressive ; cela aurait pour équivalence de lignes celles d'une cathédrale picturale inondée de lumières...

 

Il fallait ces premières œuvres pour tendre la corde de la harpe, pour préparer l'instrument à pervibrer en ondes colorées afin d'entrer en parfaite résonance avec la « musique des sphères »...

 

Le « propos » va en effet bien au-delà de l'expression d'une peinture dont la facture démontre des années et des années d'apprentissages et d'expériences...

 

La « technique » est là en support, en soutien, à la place qui lui incombe, c'est à dire sans débordement, s'effaçant pour ainsi dire afin de laisser toutes les palettes du sang circuler en ses veines...

 

 

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La parentèle se fait peu à peu évidence avec la danse mégalithique des tables dolméniques d'Armorique et d'ailleurs...

 

Chaque dalle gravée de Gavrinis est singulière, mais entend résonner avec l'hymne pluriel de ses consœurs avec lesquelles l'artiste à tissé des résonances et des correspondances qui en disent plus long sur l'infini que l'éternel chant d'amour du jour et de la nuit...

 

L'eau et le feu ; ceux-là prendront la ligne par la taille et la courberont afin qu'elle épouse pleinement la source et la flamme...

 

Chaque tableau prolonge le promontoire des élancements à venir...

 

Les directions sont connues, l'orientation est précise, l'ensemble a rendez-vous avec l'infini et l'absolu !...

 

Ici des spirales prendront vie dans l'étroit enlacement tressé entre la matière et l'esprit...

 

Rien de mortifère en chacun de ces sanctuaires où repose l'os des mémoires, l'ancestrale espérance saupoudrée d'ocre rouge...

Aucun deuil, nul défunt, mais que de la vie à jaillir d'outre-monde...

 

 

Ceci justifie tous les préliminaires, tous les essais, toutes les reprises, tous les tâtonnements, tous les effleurements avant que le bleu du ciel ne soit criblé d'étincelles issues d'une flambée d'amour...

 

 

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Ces compositions sont une symphonie presque lyrique écrite sur une portée qui chevauche des vagues et qui ruisselle tout le long du dos arqué d'une femme tendue vers son indicible étoile...

 

Cet ensemble fait sens, car il macère dans une Essence qui le rend de plus en plus mature...

 

Voici des prémisses qui annoncent la « transparence »...

 

Autant d'approches nécessaires, de variations possibles autour d'un Centre qui se déplace sans jamais perdre son équilibre et son harmonie...

 

Autant de fiançailles préalables afin d'annoncer la Noce du futur...

 

Pas d'achèvement à cela, l’œuvre est la « promise » et il y a, potentiellement, tant d'amants !

 

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Toute peinture, pour peu qu'elle soit aimablement ou fiévreusement déflorée, garde sa virginité !

 

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Aux vues de ces œuvres s'instaure d'emblée une « compréhension » sensible et émotive alors que rien n'est dit, « formellement » et de prime abord, qui porte communément, habituellement, à entendement...

 

C'est comme si une réponse précédait, en amont donc, l'interrogation qui l'a suscitée...

 

L'art, tout l'art, réside ici dans le fait qu'il est immédiatement communicant sans qu'aucun mot ne soit dévoilé...

 

 

Le rapprochement des œuvres réalisées peut s'établir avec les exigences de Victor Segalen réalisant ses « stèles » à la « manière » chinoise et transgressant certains codes afin de tisser une passerelle entre Orient et Occident et d'innover une nouvelle forme de littérature balayant les cadres imposés par son époque à l'aide une force d'évocation inconnue jusqu'alors ; force nourrie par une synergie d'énergies héritée de ces deux grandes Traditions et Cultures transcendant lors la stérilité des vaines oppositions pour féconder le chant « flambant neuf » de l'heureuse complémentarité...

 

« Dans chaque civilisation les pierres parlent une langue particulière » disait en introduction aux « Stèles » Victor Segalen

et cela l'incita grandement à apposer son propre sceau et à fondre sa propre cire sur l'inédit d'une écriture née de son propre continent intérieur et s'affranchissant de ce fait des autres cultures conventionnelles sans renier le « tremplin » qu'elles furent parfois pour ses propres envols...

 

Victor Segalen en son œuvre « lapidaire » nous invitait à apprendre les signes du monde qui nous est étranger ; des signes apparentés, en leurs espèces géométriques, en leur qualité nécessaire, au cristal...

Des signes défiant le temps et l'espace et le grand oubli des hommes...

Des signes « natifs » offrant à l'humanité un nouveau berceau d'existence...

 

Pour cela il fallait créer « une langue qui convienne à sa propre poésie » (Marie Dollé) ; une langue dont Rémy de Gourmont dira  « qu'elle n'exprime pas mais signifie » en et par ce qu'elle est mettant chacun et chacune en face a face avec ce qui n'a pas été dit de l'essentialité des êtres, des choses, de l'univers et de la vie.

 

 

Il ne me semble pas qu'il y ait une différence fondamentale de démarche entre les stèles de Victor Segalen et celles de Robert Morvan, elle se tiennent toutes au bord du chemin qui est le nôtre, au cœur même de la rose des vents, n'imposant rien que la sourde musique de leur silence miraculeux...

 

 

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Chaque poème, chaque tableau, se dresse dans une verticale qui a assise et fondement et rêve d'élévation (une façon volontaire de se tenir debout et dressé à l’aplomb du vivre, une autre, peut-être, de tenter une voie médiane entre la terre et le ciel...)

 

En surface, se tiennent des empreintes énigmatiques émanées d'un monde inconnu qui ébauche sans fin le déroulé de son unique poème...

L'Arbre ici nous parle de ses Racines et ses racines de la Sève sans laquelle nulle croissance ne serait prodiguée...

 

L'homme de sens dirait que c'est comme une femme qui ne cesserait jamais de dévoiler, sinon en transparence, les voiles infinis qui recouvrent sa parfaite nudité...

 

 

A l'origine se dressent des verticales dont certaines ont rendez-vous immuables d'horizontalité ; l'homme et la femme, en gestation lente, mais décisive, de l'Etre à venir, se tiennent sans doute en ce mitan, en ce milieu, à l'intersection du rêve et de la réalité, encore indécis dans les choix qu'imposent tout carrefour, tout croisement...

 

Nous avons connu, par les expressions initiales de cette recherche picturale d'une « pointe de diamant », le compartimentage, le cloisonnement des formes et couleurs comme s'il s'agissait, dans un premier temps d'amasser, d'inventorier, en tant que « matériaux » chargés de « probabilités », les forces énergies et lumières co-participatives de la Création à venir et d'un certain stade de finalisation ou plutôt de conclusion aboutie et provisoire de Celle-ci (en terme de densité et d'intensité.)...

 

Mais, il vient un temps où il n'est plus possible de contenir dans un cadre aussi esthétique, mathématique, géométrique, soit-il de telles forces ; celles-ci étant séculairement et traditionnellement conçue pour rompre tous les barrages, toutes les limites, toutes les « frontières » et en premier lieu ceux et celle que l'homme érige sur le cours de sa propre et plus ou moins torrentielle et tempétueuse existence !...

 

La Source se veut ruissellement et rien n'arrêtera ses flux et ses ondes, plus rien ne fera obstacle à son rendez-vous d'océan...

 

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Le peintre ne démontre pas, n'a pas à démontrer, il ne fait qu'exposer des lignes de potentialité, des mouvances possibles, des ténèbres susceptibles d'illuminations...

 

La Verticale donc et tout ce qu'elle transperce à l'horizon du devenir... La Verticale toujours ; comme pilier, comme Arbre du Monde, comme Poteau chamanique, en soutenance des interpellations que génère le vide du ciel...

 

On notera cependant que cette Verticale à tendance depuis peu à s'infléchir, à osciller et à onduler, à « serpenter », à distendre les cloisonnements premiers, à libérer les désirs de sa propre expansion, se voulant et devenant « Vibration » dansante au sein d'une chorégraphie de nature « cosmique » où s'élancent courbes et spirales...

 

 

Parce que de telles œuvres sont pleines de vie se concilient alors l'ombre et la lumière...

 

C'est ici le « chant des métamorphoses », chaque œuvre étant comme la chrysalide d'une autre, mais toutes se voulant

co-participer d'un définitif envol...

 

Tout ici se condense puis s'ouvre comme les pétales du printemps...

 

Un Verbe se précise qui se veut apte à toutes les conjugaisons...

 

 

 

 

 

Bran du            Août 2018

A propos des « stèles» de Robert Morvan

 

Celles-ci, rassemblées en leur entière série, seront présentées à Plélan le Grand en 2019...

 

Robert Morvan et sa fille seront les invités d'honneur d'une grande exposition qui se tiendra à l'automne 2018 au Mans.

 

 

 

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Celtival Bran du 2018 716.JPGL'atelier du peintre


P.S. : les verres qui protègent les oeuvres sont sujets à parasitage et reflets lors de la prise de vue laquelle n'est pas toujours évidente. Par ailleurs le transfert entre appareil photo et ordinateur peut amener des variations de teinte dans les couleurs...

On ne saurait que trop recommander d'aller directement à la rencontre de ces oeuvres dès qu'elles seront exposées au public...



17/08/2018
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