Les dits du corbeau noir

QUI EST DAHUD ? SELON F LE ROUX ET CH J GUYONVARC'H / COMMENTAIRES BRAN DU 2016 14 05 MAI

Qui est Dahud ?

Françoise Le Roux et CH J Guyonvarc'h ont apporté des éléments de réponse dans un ouvrage réédité depuis peu...

La Légende de la Ville d'Is Ed Ouest France extraits

 

 

Dahud : (Etymologiquement Dago-Soitis...) : la bonne Magie ou la bonne Sorcière...

Ce sont les termes les plus acceptables pour approcher cette « Femme de l'Autre-Monde » ; laquelle appellation suppose une origine très ancienne...

 

Les auteurs s'insurgent, à juste titre » contre le fait que l'on a littéralement fabriqué aux dépens de Dahud et de la vérité un véritable conte pour touristes a qui on se garde bien d'apprendre qu'il ne date que du premier quart du XXè siècle !

C'est une catastrophe légendaire à la limite de l'escroquerie...

La littérature surtout contemporaine nous a fait vivre dans l'illusion et la fiction avec des écrivains qui sont les successeurs d'une parodie et d'une imitation...

 

Par exemple, Charles Guyot a inventé de toute pièce le personnage fictif de la reine Malgven censée être la Mère de Dahud...

Le rôle ambigu que l'on fait jouer à Dahud dans le récit de la légende d'Is n'a rien à voir avec sa nature profonde. C'est un personnage accablé par les littérateurs à la fois par leurs omissions et leurs additions fantaisistes...

 

 

Dahud est ainsi devenu un mythe inventé à qui ont a donné force de loi.

Elle est devenue une grande prostituée qui entraîne toute une ville dans le châtiment très chrétien de ses crimes et que le saint la frôlant de sa crosse condamne à la malédiction...

 

Inventer ou déformer les mythes, cela ne débouche jamais que sur des parodies et des falsifications et tel est bien le cas de la légende d'Is en fin de parcours littéraire actuel...

 

 

Dahud est une femme de l'Autre Monde celtique comparable aux irlandaises venant sous la forme d'oiseaux (des cygnes) où en tant que femme surgit dont ne sait où, chercher l'heureux mortel de leur choix pour le conduire dans l'Autre Monde de la félicité éternelle...

C'est une banshee comme les irlandaises et une « Morgane »...

Par rapport au monde humain, elle est sans âge et sans origine.

Il n'y a pas de dossier à charge contre elle ; le dossier est « vide »...

 

Elle n'est pas une « mélusine » pas plus qu'une sirène...

C'est en fait un personnage très archaïque...

Elle n'est pas non plus psychopompe ; elle ne conduit personne...

Par ailleurs son rang royal a disparu des récits...

La « fille de la mer » à pour élément la mer et non la terre...

 

Le sens du mythe ne nous apparaît plus clairement dès le stade irlandais le plus ancien à cause de la christianisation...

Dahud n'a pas de généalogie claire comme beaucoup de personnages de l'Autre-Monde. Gradlon est presque un père putatif (supposé avoir une existence légale) et toute mère est absente des annales bretonnes...

C'est cependant un mythe commun à l'Irlande, au Pays de Galles et à la Bretagne péninsulaire...

 

 

Dahud commence dans le mythe le plus pur, se continue ou se prolonge dans le folklore et, fin presque inévitable, s'éteint dans et par la christianisation qui la diabolise entièrement...

 

(Le mythe suppose une expression savante ou au moins érudite alors que le folklore est dans son principe fondamental essentiellement populaire c'est-à-dire non intellectuel...)

 

Dahud en est réduit à devenir une « Marie Morgane », une femme maléfique qui noie les matelots qui croise sa route ou son regard...

 

Pour rappel : Morgain à le sens de Née de la mer (Muirgen en irlandais) Mori-géna... Morrigan en irlandais c'est : la Grande Reine...

 

 

Le mythe d'origine implique une « faute », une négligence, le non respect d'un interdit, un mensonge, la trahison d'un serment...

Et en aucun cas un péché...

Ce peut être, par exemple, la souillure de la souveraineté du fait d'une provocation à l'adultère par la femme du roi (voir Eochu ou Eochaid...) Ou encore la gardienne de la source d'Oengus qui faillit à sa tache...

 

Dahud est le personnage majeur ce que ni le saint ni le roi ne seraient être à sa place.


La Femme de L'Autre Monde est intimement liée à l'eau... et non à la terre...

 

 

Ker Is c'est la ville basse dont le destin dépend d'un puits ou d'une source qui la relie à l'Autre-Monde...

(Ne pas confondre ce puits ou cette source avec les « fontaines d'orage » comme celle de Barenton en Brocéliande...)

 

 

Les habitants sont châtiés à cause de leurs mœurs dissolus et de leur manque de respect envers les enseignements de l'Eglise...

 

Il s'agit à travers la peur inspirée par le récit « d'obéir à loi des chrétiens » ; la désobéissance étant source de désolation !...

 

(Au 19è siècle, la Bretagne (comme d'autres régions de France) fera l'objet de "missions" ayant pour but de "rechristianiser" des populations amorçant un retour vers le paganisme et ses pratiques.

Cette mission sera confiée à la Compagnie des Jésuites, dont le fameux Père Maunoir, lesquels parcourront les campagnes avec des tableaux qui représentent et rappellent les affres de l'Enfer promis à ceux et celles qui s'écarteraient de la Sainte Eglise !)(Des croix de mission seront installées aux carrefours menant aux villages "reconvertis"...)

 

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Notes Bran du :

 

C'est la falsification d'un mythe originel afin de maintenir des populations sous la dépendance d'une Eglise qui entend imposer à tous et à toutes son diktat...

C'est ici la sempiternelle guerre déclarée depuis toujours par le monde chrétien au monde païen et un épisode de plus ajouté au détriment de la vérité...

 

Mais l'Eglise est ici face au Féminin, un Féminin qui la terrorise et l'ébranle et avec lequel elle se doit parfois de composer avec toutes les réticences que l'on sait...

 

Le monde chrétien a peur de la Femme, vecteur de perversions et de détournement des bonnes âmes ; il va réduire et enclore sa fonction à celle de procréatrice biologique ; point barre !...

 

Selon les sources doctrinales chrétiennes, il n'y a pas d'Evangile écrit par une femme pas plus qu'on ne trouve trace dans la Bible d'écrits relatés directement par elle !....

Tout le corpus « livresque » chrétien est le fait des hommes et ceux-ci ne semblent pas vouer à la Femme beaucoup de respect, de considération et d'attention !

(Il faudra attendre St Bernard au 12è siècle pour qu'un culte institutionnalisé soit rendu à Marie, sans parler du concept de l'Immaculé Conception qui ne s'imposera dans l'Eglise que 6 siècle après !)

 

Ce n'est pas le cas dans la mythologie celtique où la Femme joue un rôle de première importance (tant dans des aspects fastes que néfastes, positifs que négatifs...)

 

Si nous sortons de la manipulation idéologique du mythe et de sa falsification, nous pouvons entrevoir que celui-ci concerne un Féminin dont l'appartenance à l'Autre Monde est évident ; un Féminin lié à l'Eau de cet Autre-Monde et aux sources, fontaines ou puits à partir desquels se répandent ses eaux vitalisantes...

 

Le Féminin est, de façon mythique et archétypale, gardien des Fontaines et Sources du divin et du sacré, et ce, en tant que détentrice des eaux de l'origine, des eaux de la création, des eaux de la mise au monde de la vie...

 

C'est là une fonction majeure et toute défaillance dans l'exercice de celle-ci ne peut avoir que de tragiques conséquences car cela interfère gravement sur le bon équilibre du monde, de l'univers qui n'est plus irrigué en ses veines terrestres et humaines par « l'Eau de Vie » divine, sacrée, spirituelle et matricielle...

 

Le Chaudron d'abondance détient lui aussi les breuvages de vie et de santé et c'est la Mère donc le Féminin qui veille sur ce breuvage et lui donne et procure ses "vertus" ; des vertus issues de l'Essence de la Nature via les règnes qui s'y déploient....

 

L'eau est la voie d'accès à L'Autre-Monde...

La sagesse, la connaissance, la santé, l'équilibre et l'harmonie s'écoulent en « ruisseaux » de la Fontaine des Origines, du Chaudron Matriciel, de la Vasque archétypale...

 

Si on interfère sur le bon ruissellement de son cours, on prive « l'arbre de sa sève », on condamne les rivages des hommes et des femmes à la sécheresse, on les prive du limon généreux de la vie...

 

 

Quand une femme met au monde, elle rompt la « poche de ses eaux » et des vagues et eaux féminines déversées surgit la nouvelle vie....

On ne saurait avoir de ce fait de liens plus intimes entre la Femme, L'Eau et la Vie....

 

 

La femme est « celtiquement » la Reine, la Souveraine, du Royaume de la Vie ; elle détient les Forces, Energies et Lumières qui participent du vivant, elle enseigne Celles-ci et les initie auprès du genre humain et de celui qui postule à guider de son mieux les communautés humaines placées sous sa responsabilité ; c'est-à-dire un Roi...

 

La Royauté n'a d'existence, réelle, validée, reconnue, acceptée, que si la Souveraineté fait choix d'élire celle-ci en lui remettant les attributs de ses fonctions... Il n'est de roi, dans le monde celtique, qui n'ait été « adoubé » en quelque sorte par une reine...

 

 

La Femme n'est pas pour autant exempte d'excès, d'erreur, de négligence au sein de ses fonctions essentielles et il arrive qu'elle soit « défaillante » et les récits ne manquent pas qui font état des graves conséquences résultant de ses « manquements »...

 

Il y a lieu de noter que le monde Celte ignore les notions de péché" et de "châtiment", mais s'efforce de rétablir les équilibres à partir de compensation, de restitution et de "remise à niveau" des plateaux de la juste balance...

 

Pour mémoire, la plus grande crainte du monde Celte est le « renversement des valeurs » qui constituent sa cohérence et son équilibre... Le « mensonge » comme « l'orgueil » figurent parmi les maux principaux engendrant une telle crainte...

 

 

Dans le cadre de la légende de la ville d'Is, qui demande à être grandement décapée de son épais vernis chrétiens, on peut supputer de façon légitime de tels manquements à l'origine de très graves bouleversements ...

 

Il y a, en plausible substrat, une relation « défaillante » entre le féminin et le masculin qui tend à provoquer un déséquilibre, une disharmonie, qui perturbe l'ordre du monde et la bonne circulation des flux et fluides qui permettent habituellement de le maintenir en cohérence en irriguant correctement toute vie, toute relation et vibration de vie....

 

Revenus aux sources mythiques et aux enseignements premiers qui ruissellent de leurs bassins, nous pouvons analogiquement concevoir que la vie relève, pour son nécessaire et indispensable « équilibre », d'un rapport harmonieux entre le Féminin et le Masculin afin que le Royaume commun et conjoint existentiel soit préserver le plus possible des « sables du désert » !

 

Voilà une piste de réflexion et de méditation des plus pertinentes que chacun et chacune sont invités à suivre et à explorer....

 

A celles-ci s'ajouterait cette autre réflexion :

Notre monde, notre "modernité" sont totalement régis par la peur et l'ignorance amplement utilisés par des idéologies afin de maintenir en dépendance, en servitude, en obéissance, des populations ainsi soumises et tributaires d'un besoin sécuritaire "biologique" mais amplifié et détourné à ces fins...

Posons-nous cette question : Si la Vie (toute la Création passée, présente et en devenir) est la résultante d'un désir et d'une volonté conjointe et alliée à celui-ci qu'est-ce qui nous empêche

de suivre ce modèle et de rompre notre dépendance aux peurs, craintes, angoisses alimentées par nos ignorances ?

 

 



14/05/2016
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