Les dits du corbeau noir

 

 

 

 

Photo Pierre Laborde

 

 

 

 

 

Puisse le ciel ne pas nous tomber sur la tête !...

 

Et la Source Cosmique...

 

 

Bran du     Réflexions    31 03 2020

 

 

Le hasard qui organise bien les choses m'a amené à consulter 3 ouvrages relatifs à notre Tradition :

 

 

Le Mythe de la Crau (Archéologie d'une pensée religieuse celtique) de Valery Raydon Editeur Terre de promesse

 

 

Les Carnets secrets du Druide (La Sagesse des Hommes, le pouvoir des Esprits) de Pascal Lamour Editeur Ouest-France

 

 

La Neuvième Vague (Essais sur le légendaire celtique de Bretagne) de Claude Streckx Editeur Terre de Promesse (Au cœur des Mythes)

 

 

Ces trois ouvrages et auteurs relatent chacun l'épisode relatif aux gaulois qui affirment à Alexandre III qu'ils ne craignent qu'une seule chose ; que le ciel ne leur tombe sur la tête.....

 

 

« César présente dans la Guerre des Gaules des épisodes historiques qui font part de la coutume qu'avaient les peuples gaulois de commencer les sièges en lançant une pluie d'armes de jet (pierres et lances) caractéristiques de Lugh maisd aussi d'Ogmios, reproduisant ainsi dans leur praxis le mythe des Celtes relatif à la chute du ciel sur leurs têtes, événement eschatologique que l'ethnie celtique redoutait par dessus tout. »

 

Marco V Garcia Quintela Préface au livre de Valery Raydon, ouvrage précité.

 

 

...Cette croyance démontre la relation étroite unissant le thème du délitement du ciel au motif du déluge de pierres dans la pensée religieuse celtique.

 

Selon la croyance eschatologique irlandaise rapportée par le roi de l'Ulster Conchobar dans la Razzia, la chute du ciel est un des trois faits annonciateurs de la fin de l'ordre cosmique normal en partenariat avec le tremblement de terre et le raz-de-marée...

 

 

Tant que le ciel reste au-dessus des hommes, la terre en dessous et la mer tout autour, il n'y avait pas péril en la demeure admet-il avec sagesse.

Et la chute du ciel appelle une description précise, celle d'une averse de météore : « à moins que le firmament ne tombe avec sa pluie d'étoiles sur le visage de la terre. » déclare Conchobar dans la suite de son discours où il prête serment de récupérer les femmes et les vaches volées par la reine Medb si l'état du monde le lui permet...

 

 

Il y a une croyance gauloise relative à une pluie de pierres célestes au pouvoir dévastateur...

 

 

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« Prolémé fils de Lagos raconte que...

des Celtes établis dans la région d'Adria vinrent à la rencontre d'Alexandre (…) Le roi les reçu chaleureusement, au cours du repas, il leur demanda ce qu'ils craignaient le plus, persuadé qu'ils diraient que c'était lui. Mais ils répondirent qu'ils ne craignaient personne, qu'ils redoutaient seulement que le ciel ne tombe sur eux, mais qu'ils plaçaient l'amitié d'un homme tel que lui au-dessus de tout. » Platon

 

 

« ...Notre rôle de druide, et au-delà de tous ceux qui ont une conscience de la diversité qui nous environne, est-il de repositionner la fonction sacerdotale au cœur de la vie sociale ; réintroduire la fusion première avec la nature et son respect, avant que le ciel ne nous tombe sur la tête ! » Pascal Lamour

 

 

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« Par le ciel au-dessus de nous, la terre sous nous et l'océan tout autour de nous...

 

A moins que le ciel ne tombe avec sa pluie d'étoiles sur la terre, que celle-ci soit brisée par un séisme et que la mer aux bleus sillons, riche en frai (poissons), ne recouvre sa face, je ramènerai les vaches à leur étable et les femmes à leur foyer. »

Serment du roi mythique Conchobhar Mac Neasa

 

 

Seule la fin du monde pourrait l’empêcher de réaliser son projet.

 

 

 

La crainte majeure des Celtes :

 

 

Que le ciel leur tombe sur la tête et qu'une submersion générale causée par un débordement qui est une véritable éruption de la Source cosmique laquelle est située au pied de l'Axis Mundi (l'Axe du Monde) d'où émanent et refluent toutes les eaux vives - vivifiantes - du monde...

 

 

« Garde-toi (…) de l'axe du monde gaulois.» Juvénal

 

 

« La grande colonne s'écroula et les cieux les écrasèrent. »

Fortunat

 

 

« Quand (ces) trois hommes sonnent du cor et que les autres se mettent à crier, on n'entendrait même plus le ciel tomber sur la Terre. »

Proverbe gallois ( Mal y cafas Culhwch Olwen)

 

 

« Les druides et d'autres avec eux affirment que les étincelles vitales et le monde sont impérissables et qu'un jour ne régneront plus que le feu et l'eau. » Strabon

 

 

 

La source cosmique est un héritage majeur reçu d'un passé très lointain car cette croyance se retrouve d'un bout à l'autre de l'espace culturel Indo-Européen... (Voir G Dumézil : le puits de Nechtan et Mythe et Epopée.)

 

 

« (Patrice) vînt à la source de Fionnmhagh (la Plaine Brillante) qu'on appelle Slàn (Parfaite Totale) car il lui avait été dit que les Druides la vénéraient et lui offraient des sacrifices comme à une divinité. Elle était quadrangulaire et il s'y trouvait une bonde en pierre (également) triangulaire. Et l'eau sourdait au-dessus de la bonde. »...

 

 

« Cormac voit dans le jardin (de l'Autre-Monde) une source brillante de laquelle naissent cinq fleuves. Les hôtes boivent l'eau à la ronde, les 9 coudriers de Bùanann (l'un des noms de la Déesse-Mère Dana.) se dressent au-dessus d'elle. Les coudriers pourpres laissent choir leurs noisettes dans la source et les cinq saumons qui s'y trouvent les ouvrent et laissent flotter leurs coques au fil des fleuves. »...

 

 

« C'est une source auprès de laquelle se dressent les 9 coudriers de l'inspiration poétique. Leurs fruits, leurs feuilles tombent en même temps dans la source et la colorent royalement de pourpre. Alors le saumon mâche les noisettes et leur jus donne sa pourpre à leur ventre et sept fleuves de science en émanent et y refluent. »

 

 

Le saumon se nourrit à la source cosmique...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dinnsheeanchas de Rennes

 

 

(Un ou neuf (triple triplication intensive) coudriers, un ou cinq saumons (correspondant aux sages aux quatre coins du monde plus un pour le centre), quatre (plus la source centrale en 5ème.)

Cinq ou sept fleuves qui naissent de la source : ce sont évidemment là des chiffres symboliquement interchangeables, portant tous valeur de totalité.) Claude Sterckx

 

 

« C'est le bonheur de la science poétique totale qu'accordent les neuf coudriers de la Seaghais au séjour des dieux : leurs noisettes tombent grosses comme des têtes de bélier, et elles sont emportés par la Boyne à la vitesse de chevaux au galop, tous les sept ans à la mi-juin (Au solstice d'été). »..

 

 

« L'inspiration poétique totale» n'est évidemment pas à prendre comme le simple talent du rimailleur ; c'est l'omniscience divine absolue (la quintessence du savoir absolu). La source cosmique vivifie donc le monde parce que ses eaux contiennent cette science divine dont est aussi détenteur le saumon de science qui y nage et qui y absorbe régulièrement les noisettes de science.

 

 

« C'est là que jaillit la source de la Seaghaius (…) quiconque y vient avec un mensonge n'en revient pas sans une amputation. »...

 

 

Boinn, la Vache Blanche (Eithne), commet l'adultère avec le Daghdha (Eochaid Olathair). Elle se rend à la source en pensant que celle-ci peut effacer le dit adultère, mais trois vagues s'élèvent de la source et l'amputent en trois parties de son corps et causent sa mort.

 

 

Au Pays de Galles la source cosmique est identifiée à la Severn.

 

 

 

Au déluge du ciel (déluge de pierres) se substitue le déluge des eaux... (Une eschatologie diluvienne)...

(L'ennoiement d'un microcosme valant fin du monde.)

 

 

 

 

Fin du monde :

 

 

La submersion du royaume serait donc à comprendre comme une eschatologie microcosmique le renvoyant à l'Autre-Monde. (le fond de l'océan constitue l'une des situations traditionnelles de l'Autre-Monde tout comme l'horizon ou le dessous de la terre, toutes localisations « réelles » et concevables, mais totalement inaccessibles aux vivants.

 

 

L’inondation cataclysmique ennoyant un microcosme intervient le plus souvent à la suite d'une éruption de la source cosmique...

 

 

Le folklore irlandais connaît de nombreux contes d'inondations catastrophiques dues à la négligence dans le devoir de mettre une bonde à une source merveilleuse...

 

 

La source primordiale de toutes les eaux vives est sous l'océan ou en-dessous de la Terre même...

 

 

Un lien intéressant est à faire avec la légende armoricaine de la ville d'Is... (Une submersion causée par une approche indue de la source cosmique, bouche de toutes les eaux.)..

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La ville d'Is dans l'une de ses versions est gardée par un chêne qui représente l'arbre cosmique lequel sert d'assise à la ville...

 

 

C'est un étonnant souvenir des plus anciennes conceptions eschatologiques des Celtes, selon lesquelles, la fin du monde est causée par un écroulement de l'Axis Mundi. (La chute du ciel sur la terre et sur la tête des hommes et une submersion générale renvoyant au Principe.)...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La source cosmique est appelée l’œil de la Mer et concerne le Blavet une rivière armoricaine...

 

 

Le mot œil désigne l'organe physique, mais aussi une source dans le monde celtique...
Il y a une conception ancienne portant sur le mécanisme de la vision comme étant issu d'un feu résidant dans l'eau qui a joué dans l'identification spécifique de la source cosmique à un œil...

 

 

Que retirer de tout cela qui soit susceptible de nous « parler » et de nous éclairer sur l'événement dramatique que nous vivons ?...

 

 

Les premiers peuples ont envisagé la fin du monde ou de leur monde de diverses façons et l'une des causes principales et quasi universelle de celle-ci fait état d'un déluge, d'une submersion de la terre et elle est suffisamment abondante dans la mémoire des sociétés humaines pour ne pas se reporter à un événement climatique majeur survenu sur notre planète...

 

 

On suppose fortement que l'extinction, entre autres règnes, des dinosaures serait la conséquence d'un impact gigantesque d'un météorite heurtant la terre et modifiant son axe de rotation et couvrant le ciel et le soleil d'un énorme nuage de poussières pendant une longue période et provoquant de ce fait l'extinction du monde végétal...

 

 

Il a donc pu se produire bien plus tard, au temps lointain de la Préhistoire, un événement planétaire de très grande ampleur ayant provoqué une submersion de la terre....

 

 

Les maladies existaient bien entendu, mais je ne sais si dans la période dite Préhistorique les populations furent ou non soumises à des épidémies ou pandémies de très grande envergure !....

 

 

(Le « paradis » celtique tel qu'il est décrit fait état d'absence totale de morts et de maladies.)

 

 

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Ce que nous apprenons des textes qui précèdent :

 

 

Ce que craignent les Celtes plus que toute autre fait, être ou chose, c'est un événement majeur qui ébranlerait la colonne ou les quatre piliers censés supporter le ciel, c'est l'effondrement de l'Axe du Monde (l'Axis Mundi), le délitement de la voûte céleste, la chute de l'arbre cosmique (un chêne ou encore un frêne ou un if) ou encore un orage de pierres tombant sur la terre comme des grêlons ou une averse diluvienne...

 

 

C'est aussi la peur que quelqu'un chargé de sa surveillance enlève inopinément ou accidentellement la bonde, le couvercle de pierre qui bouche et obstrue le gigantesque réservoir des grandes eaux célestes ou marines...

 

 

Le « désordre » social, les fissures et dislocation des communautés humaines affectent l'Univers et compromettent les équilibres et harmonies que celui-ci s'efforce de maintenir...

 

 

Ce sont là des événements qui tous concernent la dimension cosmique du monde.... Pour éviter la survenance de telles calamités, il importe de se concilier les Forces, Energies et Lumières qui sont censées régenter tout l'Univers... d'où les cultes, cérémonies, offrandes, rites appropriés ainsi que la parfaite, la claire et maîtrisée Parole qui accompagne la pratique religieuse...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il est fortement question d'une Source Cosmique, source que l'on ne saurait approcher sans danger pour soi-même si l'on est chargé de « mensonges » ou de comportements impurs ou non véridiques...

 

Le danger et risque suprême consisterait en une «éruption » de cette source cosmique génératrice alors d'un « déluge » et d'une pluie de pierres, de feu, de cendre etc...

 

 

 

Cette Source Cosmique peut être localisée sous l'océan ou dessous Terre... Elle est situé au pied de l'Axe du Monde (l'Axis Mundi) d'où émanent et refluent toutes les eaux vives (vivifiantes) du monde...

 

L'Arbre dit cosmique s'y tiendrait également ainsi que les « étincelles vitales »...

 

Pour les Druides, seul le monde et ces étincelles vitales sont considérés comme impérissables, à la fin du monde ou d'un monde ne régneront à priori que le Feu et l'Eau... (Feu et Eau constituent la Parole ou le Souffle Inspirateur (l'Awen également) ou le Verbe créateur divin et sacré.)...

 

 

La Vie, la respiration de Vie, la gestation de Vie, la croissance de Vie, la fin de Vie, émanent et retournent à cette Source Cosmique...

Source qui est aussi l'Anima de Vie du Principe de Vie allié à l'Essence de Vie... ( Le Chaudron, le Bassin, la Vasque, la Fontaine etc...)

 

 

C'est donc la Source vivifiante de toute vitalité....

 

 

Tout rituel, toute cérémonie ou célébration, (y compris les phases initiatiques) ne sauraient s'exonérer de la présence et de l'usage de l'Eau et du Feu (sous diverses formes), ni d'un Chaudron !....

 

 

Les Sources sont honorées par les Druides et font l'objet d'offrandes et de vénérations...

 

 

La Source dite cosmique est un héritage majeur issu de la croyance Indo-Européenne en Celle-ci...

 

 

Le « monde » « détruit » serait rappelé par la Matrice sourcière originelle (comme le corps retourne à la terre (inhuma tion ou incinération qu'importe) pour constituer un nouveau terreau ou humus « fertile »....) Il s'agit là d'une forme d'alchimie spirituelle...

 

 

On comprendra alors l'image symbolique et analogique du Chaudron attribut sacré des dieux et déesses et objet de tant de quêtes initiatiques... Un Chaudron qui est un puits, une fontaine de connaissance, de science poétiques, de guérison, d'abondance de bienfaits, de morts et de renaissance, mais également d'immortalité... Rien que cela, mais tout cela !....

 

 

Le récit relatif à Taliésin relate à lui seul l'importance considérable du dit Chaudron... Un « Prince des Bardes » qui fut jadis « un Saumon dans la mer »...

 

 

Cette Source est régentée par des nombres qui sont aussi l'expression chantante, mouvante et vitalisante de l'Univers...

 

 

Elle comporte de un à neuf coudriers (noisetiers) dits de sagesse et/ou de science poétique dont les fruits pourpres nourrissent cinq saumons (animal primordial avec l'aigle) et sept fleuves dits aussi de sagesse et de sciences en naissent...

 

Tous ces nombres (impairs, car participant de la loi dynamique et transcendante d'évolution) expriment chacun une totalité plénière...

 

 

Nous sommes nous aussi des gardiens ou gardiennes de la Source sacrée et notre vigilance et croyance ne sauraient tolérer aucune présence mensongère !....

 

Le Barddas du Pays de Galles nous rappelle que les trois fléaux majeurs sont : l'orgueil, la cruauté et le            mensonge !...

 

 

A noter que dans le monde celtique le mot « oeil » a aussi le sens de « source »... Notre vision est donc elle aussi une source (entre autre de connaissance)...

 

 

A noter que Claude Sterckx fait état à propos des 5 saumons qui se nourrissent dans la source sacrée des Quatre Sages des îles du Nord du Monde (les Quatre Druides dits primordiaux éducateurs en sciences druidiques des Tuatha De Danann), la Source sacrée représentant le 5è éléments formant la Quintessence...

 

 

 

Ce qui est particulièrement à retenir dans cette étude et les documents et ouvrages sur lesquels elle s'appuie, c'est cette idée conceptuelle qui veut que dans le monde Indo-Européen (dont la civilisation celtique est issue), il y ait cette notion de « Source cosmique », Matrice sacrée et divine, Chaudron d'abondance associé aux étincelles vitales où se concélèbrent les noces du Principe et de l'Essence, de l'Eau et du Feu sous l'égide d'une alternance de Vies et de Morts, d'Obscurités et de Lumières, de cycles et de rythmes etc...

 

 

 

 

Abordant cela « métaphysiquement » et « vibratoirement »,  j'avais dans des articles et études antérieures nommé cette Source de toute vie et manifestation de vie : l'Onde-Mère ; une Onde-Mère ayant pour support une Forme-Mère émettrice et transmetteuse de l'Anima divin et sacré...

 

 

 

 

Ce sont là des conceptions essentielles qui se devraient de trouver une présence et une implication dans nos rituels et cérémonies...

 

 

 

 

Je vous laisse macérer et « manduquer » les glands précités issus de l'Arbre cosmique lui-même conjoint à la Source cosmique...