Les dits du corbeau noir

Promenade printanière en Brocéliande 12 04 2015 Bran du

Printemps en Brocéliande       12 04 2015           Bran du

 

"...J'y allais en rêvant

Rêveur j'en revins,

Et ce rêve

Rêveur me tient."

Robert Wace 12è siècle

 

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Photographies Bran du

 

Cette promenade fluidique et buissonnière est agrémentée de réflexions et de citations extraites du Livre d'Alexander Lauterwasser : Images Sonores de l'Eau ou "La musique créatrice de l'Univers"

(Ed Médicis)

"L'eau, matrice de vie est, par nature, capable de se structurer ou de se conformer en globules englobants, en germes natifs, de tout ce qui existe, a existé et existera.

Les Traditions le disent en image aussi. Les scientifiques désormais le découvrent avec émerveillement."  Pierre Jean Garel

 

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Des fées et de la cause !          Bran du         avril 2015

 

Le Rauco serpente dans le Val sans Retour ; son débit est encore vif bien que les pluies ne l'alimentent plus depuis plus d'une semaine...

 

Le printemps ourle son cours ruisselant de broderies faites de blanches anémones et le chant dentelé des pinsons accompagne la fluide mélodie...

 

C'est jour "soleillant" en Brocéliande ; la lumière glisse sur la surface des ondes et projette sur elle toute la voûte céleste et forestière...

 

"Le soleil brille par le chant de louange né de la vérité."...

Rig Veda

 

Une seule question à me poser avant que de pénétrer et d'être pénétré :

"Serais-je vrai dans le coeur de ce monde ?"...

(Pénètre : a aussi le sens que propose les oiseleurs* : le fait d'être ou de naître en paix !) ...

* Oiseleur : qui pratique la langue des oiseaux !

 

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Fidèle parmi les fidèles, je suis de retour dans le Val d'Amour !...

 

Quelques spécimens d'humanité, enjoués en leur pas, heureux en leurs rires, arpentent les sous-bois enveloppés dans la douce fraîcheur matinale...

 

Le coucou affirme son règne et son territoire, les pigeons et tourterelles rivalisent d'appels amoureux...

 

Le colza couvre d'une vêture jaune le pentu de la vallée et dans l'air teinté de bleu les abeilles et bourdons sont en quête de calices nouvellement éclos...

 

Les merisiers rivalisent de blancheur alors que fleurissent les chênes et les noires épines des prunelliers...

 

Je me suis offert trois jours d'immersion, de plongée dans la chambre des mémoires, d'explorations sensibles et géo-poétiques dans les dédales et les circonvolutions minérales et arbustives...

 

Je chemine dans le souvenir d'actes de naissance rédigés sur le perron des bardes, sculptés dans le schiste pourpré des rivières, imprimés sur la tapisserie d'or des landiers ; gravés, en profondeur, en élévation, sur l'écorce noueuse ou lisse des Arbre-Maîtres...

 

Cela qui fut et demeure (de mes heure natives et amoureuses), m'accompagne dans le lacis des ondes et l'enchevêtrement des houx et des pins...

 

Il est bon et doux de reprendre pieds dans l'humus accumulé des saisons, dans le limon des berges sanguines, dans le lit creusés par les flots de l'Amour, dans l'alcôve mille fois revisitée par les songes de Viviane, de Merlin et de Morgane...

 

En cette aube radieuse le Val est un immense château de verre propice à bien des sortilèges, à bien des épopées...

 

Revenant de ce merveilleux et enchanteur séjour en la Chambre d'Amour, je dépose, pour vous, en chambre de partage, en corbeille d'amitié, quelques bourgeons, feuilles, fleurs et fruits, de l'Arbre de Haute Vie :...

 

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"Elle fut là, soudain, parmi le léger bruissement des feuilles juvéniles, dans le frissonnement des ondes voluptueuses...

Celle que l'on appelle "Fée", et qui fut aussi ma marraine, se mouvait, gracieuse, à peine perceptible en ses déplacements aériens, virevoltant avec des ailes de papillon...

 

Une palpitation inhabituelle se mit à rythmer mon coeur ; ceci du fait d'une attention soutenue vis-à-vis d'une présence "invisible", mais cependant bien réelle et attestée par la conjonction de "signes" manifestant son existence...

 

Perception et intuition aux aguets, je sus qu'elle était, en cet instant "animé", le voile qui recouvrait, de sa bienfaisance, de son extrême générosité, la chevelure ramifiée de la forêt...

 

Quelques diamants échappés de sa couronne tombèrent dans l'eau du ruisseau projetant mille éclats lumineux à la surface du monde...

 

Je ne la nommais point sachant que "Le nom qui se laisse nommer n'est pas le Nom éternel" ; selon l'enseignement de Lao Tseu...

 

Lors, simplement, intensément, j'ai fermé les yeux, pour boire à sa lumière !....

 

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...Les cascades chantantes ponctuent, de chute en chute, la partition serpentine égrainant, de sons" jouvenciels", l'écoulement du temps...

Fraîcheur et limpidité, clarté et luminosité, bonds alertes et jaillissements, recouvrement ou contournement, vivacité et obstination, farandoles et cavalcades, ainsi l'eau allant son cours et, l'être, ses amours...

 

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Appuyé sur la crosse de mon bâton de houx et penché sur le ruban ondin qui se délie sans fin dans l'écoulement primesautier, je me demande si, en mes veines et artères, il n'en serait pas de même ; s'il n'y aurait pas une équivalence secrète et mystérieuse avec ce sang qui m'irrigue en tout point et procure à mon corps son énergie, sa vivacité, sa vitalité retrouvée ?...

 

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"Lorsque les ondes sonores se croisèrent, l'eau et le vent naquirent et, jouant ensemble, commencèrent à tisser le corps nébuleux du monde."

Schneider

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Parmi les lignes mélodiques qui ondulent en surface des flots demeure une partition immuable, mais souple et fluctuante, une trame sonore et vibratoire originelle reliée à l'Origine sacré du Son... (A une Vibration ou Sonorité Mère ; une Mère dont les filles gardent, par "initiation" et filiation matricielle, les gammes et les tons soit un ensemble de notes et de compositions qu'elles chanteront à leur façon et ce, sans jamais perdre l'air initial !)...

 

Cette "partition" ne serait-elle pas comme le dit Novalis : "L'infinie musique créatrice du cosmos". ?

 

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Ici, les lèvres retrouvent le chant qui fut déposé sur elles quand l'Amour scella son voeux par un baiser ardent...

 

"Nous ne sommes que bouche.

Qui chante le coeur lointain,

demeure vierge au sein de toute chose."

 

"Le chant est existence,

l'Etre-là qui ne chante pas,

n'est pas encore là,

il est encore à venir." E M Rilke

 

Mes lèvres sont comme parvis et seuil...

Ruche d'abeilles est le poème...

De miel est le soleil et soleil est ma bouche

qui accouche de la terre et du ciel...

 

Je sais le fruit sur l'arbre et la main qui le cueille...

Ce qui s'offre et se donne mérite bon accueil...

 

Accorde, à ta vie, sa racine et sa souche

afin que soit ramifié l'ombre à la lumière

Et que l'oiseau du jour puisse y chanter d'aurore en crépuscule...

 

Que s'élève en tes fourches printanières

la clameur que soulèvent les vagues

dans l'océan du dire....

L'estran attend la barque de tes chants et ceux-là ne veulent

mourir !...

 

Tu n'as qu'une parole, d'écume et de sel,

de sève et de pulpe, de saisons alternées...

Coulent les ans, ruissellent les années...

Le monde est blanc où s'ouvre ton estuaire !...

 

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Quelques extraits de lectures partagées :

 

"Jeux de nuages – jeux de la nature extrêmement poétique -

elle est un instrument musical dont les sons, en plus des touches des cordes les plus hautes, sont en nous."

Novalis

 

"Un seul espace suffit à tous les êtres : l'espace intérieur du monde.

Les oiseaux volent en nous traversant en silence.

Oh ! Qui veut croître, je le vois à l'extérieur,

en moi, pousse l'arbre."

E M Rilke ( Expose aux monts du coeur)

 

"Si toutes les formes de la nature sont à envisager comme des correspondances sonores, des espaces de résonance, alors le plus sensible des phénomènes du cosmos : la conscience, devrait-il faire exception ?"

"La conscience n'est-elle pas finalement l'organe de résonance, le support de la réponse ?"

 

"Peut-être est-ce un signe d'entente réussie et de résonance intérieure heureuse lorsque nous avons une inspiration, quand une idée nous vient, qu'une lumière jaillit."...

Il s'agit d'être " Entièrement présent et d'être prêt à me laisser interpeller, émouvoir et mouvoir..."

Alexander Lauterwasser

 

"Tout le créé à le statut de résonance du Son créateur. En tant que corps, il est corps de résonance, de même que comme esprit capable de savoir il en est écho."

HG Nicklaus

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"Oh nature !

Oh âme humaine !

Comme vous êtes proches les uns des autres, par-delà toutes paroles !

Oui, pas le moindre atome ne se meut ou bien vit dans la matière qu'il ne soit le reflet pressenti en Dieu."

Hermann Melville (Moby Dick)

 

"Inimaginables sont les poésies.

Elles n'existent pas sans nous

n'importe où depuis, n'importe où derrières elles

sont là pour l'éternité;

Le poète trouve le poème..."

Jan Skacel

 

"Je t'ai créé à un sens ; c'est voir mon visage dans le miroir de ton esprit et mon amour dans ton coeur." Pensée Soufi

 

"L'Esprit dort dans la pierre,

respire dans la plante,

rêve dans l'animal

et s'éveille dans l'homme." Inde Ancienne

 

"Créée à la source des choses et semblable à elle, l'âme humaine est complice de la Création."

F W Schelling

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"Dans toutes les anciennes cosmogonies, le pont sonore correspond au concept d'extension de la Parole et s'enracine dans toute énergie chantante qui créa le monde comme première manifestation d'une pensée.

En effet, le son de la vibration primordiale se sacrifiait lui-même pour "s'expanser" progressivement en une spirale rythmée et croissante de vibrations toujours plus hautes et plus spécifiques et se pétrifier et prendre chair."

Marius Schneider (Au sujet de l'évolution cosmique par la parole et le son.)

 

"L'acte unique et absolu de l'auto-affirmation en Dieu – l'acte de son éternelle création – est signifiée en tant que Parole exprimée de Dieu, le Logos, qui est en même temps Dieu." Schelling

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Je cherche la "résonance" ;

cette vibration originelle qui fait de moi une harpe ;

un arc-en-ciel sonore et son éventail de Lumières....

 

J'écoute et j'entends...

Je perçois et je sens...

En ma paroi intérieure vibre l'essentiel en écho...

 

Cela qui fait vibrer et frissonner ma peau

m'est entendement, subtil et profond...

A cela qui appelle tout mon corps répond...

Lors, l'eau et la braise se marient de consort...

 

Cela ; c'est ce qui apporte l'étincelle en ma forge

et met des fers aux sabots des nuages...

 

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"Et ceux qui sont ivres ne sentent que trop bien ces délices supra-terrestres de manière d'écoulement en nous, des mouvements de cette eau originelle qui est en nous."

Novalis

 

"Et ainsi s'écoule toujours dans l'obscurité souterraine le flux sacré, ses sons étincellent parfois des profondeurs."

Hermann Hesse

 

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Ecoulement parmi les espaliers de l'espace de cela qui fut du ciel, des nuées, des nuages et des pluies et qui s'en revient, en ambassade de vie, irriguer les terres où se dessèche l'âme humaine, en ces sables d'orgueil où les coeurs se désertifient!...

 

Chemin d'éveil

où s'ouvre la fleur de conscience

pénétrée de lumière....

 

"Le devenir évolutif du monde s'accomplit pour ainsi dire comme la "perception et la conscientisation du Créateur Lui-même."

"Le souffle ; le précurseur muet de toute la portée des mots."

Nicklaus

 

"La totalité du monde actuel n'est-il pas comme un écho des sons primitifs...
L'ensemble des formes et des êtres de la nature seraient, au sens le plus profond, des corps de résonance, à chaque fois pénétrés et accordés, à un certain moment de ces sons, à une tonalité, à un intervalle, à une note, à une parole, un motif, une mélodie
?"

 

"Au sein d'un fluide – l'eau si hautement réceptive et influençable – mu par des oscillations, (des vibrations sonores par exemple) il se produit toujours des flux internes et leurs interfaces, et des ondes de surface.

Tous deux, flux et ondes, sont à considérer comme les phénomènes de base de tous les processus morphogénétiques..."

 

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"Le monde fluide rend possible une pénétration réciproque et une superposition d'impulsions des mouvements les plus divers.

A partir de cette trame, modèles et structures peuvent se complexifier en configuration supérieures. Celles-ci adoptent alors une forme clairement ébauchée et stable à la suite d'un processus progressif d'écoulement, de solidification et de cristallisation."

 

"La création du monde s'accomplit à partir de forces et d'images primordiales comme une transition progressive. Sons et rythmes se constituent les uns après les autres en mélodies, en chants et en musique dont les relations d'ordre et d'intervalles affectent les harmonies cachées de la structure interne de "l'âme du monde".

 

"Quelle force créative qui était là pouvait engendrer de l'abîme, du "chaos", cette merveille façonnée avec art, le "cosmos" nommé ainsi par les anciens grecs ("Cosmos" à le sens d'ordre et de parure...)

Une force réelle enjambant ce fossé entre l'éternité et le temps – ressentie comme une réalité vierge se divisant et se séparant depuis l'origine- a du descendre dans les abysses informes et obscurs tout en étant expérimentale.

Une réalité capable de toucher, saisir et mouvoir les âmes, en se voulant toujours elle ; même dans l'amorphe et en se dérobant à toute volonté de se matérialiser. Cette réalité agissante est le Son.

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Qui sait s'il n'existe pas en tant qu'organisme une clef cachée par comprendre le monde d'une façon innée."

Alexander Lauterwasser

 

"L'irruption de la lumière déchirant les ténèbres, la naissance du jour, a du être accompagné d'un cri, de la première articulation de la voix."

"Une pulsion vivante...

L'océan primordial liquide n'est pas une créature, mais l'expression d'un devenir et d'une "naissance" absolus, médium d'un flux mouvant ; image d'un germe cosmique embryonnaire en tant que pulsion vivante..." Schneider

 

"Eau se réfère à onde, à oscillation.

L'océan primordial fait penser à une mer sonore, à une profusion animée et ruisselante pleine de formes potentielles bruissantes, mugissantes, menaçantes...

Ce qui est décisif lors de la création de l'antériorité du son, c'est que les soi-disant Eaux primitives ne sont pas réellement de l'eau, mais sont à comprendre comme les rythmes acoustiques du Verbe...
Le bruissement est antérieur à l'eau, le bourdonnement volcanique plus vieux que le feu.
"

"L'espace originel est un corps de résonance illimité."

Nicklaus

 

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Ecoulement – solidification et cristallisation...

N'en est-il pas de même pour la pensée ?

Les mots ont été forgés sur l'enclume des âges...

Chaque peuple eu sa forge et chaque lettre son forgeron et son marteau...

Eau et braise furent conviées aux noces d'entendement...

 

L'Alchimie à un Maître ; le Maître de tous les alchimistes et l'Univers fut son creuset...

 

Lance est le mot ou bien épée...

L'âme effile et affine la lame pour pourfendre la peur et l'igorance...

 

Ce pays de lacs et d'étangs, de rus sauvageons est aussi Pays de Forge...

Pays fondamental ou fondre et forger le "mental" parmi les éléments...

Fusion et effusion : enlacement primordial ; la Geste d'Union...

 

Des nodules de fer en nos profondeurs ; minerai à l'état brut...

Qu'ils soient soumis à la flamme ardente, à l'eau bouillonnante ;

Que soit le feu liquide, le rouge en fusion...

Et par magie d'Amour que soit la transmutation

du coeur comme de la matière...

 

Ténèbres craignez les forgerons de la Lumière !...

 

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La beauté, la simple et éblouissante beauté, la femme en sa nudité l'exprime, la manifeste, comme une fresque mouvante et émouvante faite d'ombres et de lumières, de reliefs et de contours, de pleins et de déliés...

Fluidique le corps de l'amour ; fluidique et serpentaire....

C'est ainsi que la Femme est rivière...
Heureux le saumon qui retrouve l'embouchure !...

 

Le Rauco déroule son parchemin d'or et d'argent dans le creux des vallons ; écriture étrange, signes pour compagnons, ogams de lumière...

Le regard donne à voir, mais qui procure la vision ?

 

L'alphabet, ici, ne relève pas d'une convention humaine...

On ne saurait lire que du bout des doigts du coeur...

 

L'oeil est appelé à toucher, à caresser, à attoucher....

Tous les sens lors font lecture...

 

Et le mot se fait épure, ébauche et esquisse...

 

Les lèvres seules déchiffrent la partition d'ajoncs et de bruyère...

 

Un poème en efface un autre qui lui-même se recompose...

 

Le poème est un frémissement de chair...

 

Le poète navigue sur la feuille que les flots emportent vers le vertigineux estuaire...

 

Brocéliande devient Avalon !

 

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15/04/2015
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