Les dits du corbeau noir

POESIE / CLAUDE MASTRE / ORA ORA / K WHITE / BRAN DU / POESIE ET RIMES 2020 LE 24 12 DECEMBRE

 

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 Photos Bran Du

 

 

 

 

POESIES

 

 

 

Claude Mastre :

 

Les lève-tôt      (Chanson)

 

Le charivari des moineaux
Dans les platanes chevelus

Un soleil neuf dans chaque rue

Prêt à lancer tous les cerceaux

Matin d’avril...
Et déjà le premier salut
La fraternité des lève-tôt
Le p'tit noir bu chez Marie Jo
L’Huma qu’on n’a pas encore lu

 

 

Puis le long des rues balayées 
Par l'arroseuse qui fait des bulles
L'odeur du pain tout chaud circule 
Dans l'odeur des trottoirs mouillés
Et le p’tit jour qui funambule
Sur son fil d'or ensoleillé
S'amuse à tout débarbouiller
Pour qu’enfin la nuit capitule...

 

 

Ce moment c’est comme un cadeau

Aussi banal qu’inattendu

Un clin d’œil du temps suspendu

Le privilège des lève-tôt Matin d’Avril...

Tous ces p’tits bonheurs minuscules

Qu’on cueille en partant au boulot

Ils t'accompagnent incognito

Tandis que la journée bascule...

 

 

...Un charivari de moineaux

Dans les platanes chevelus

En quelle année, je ne sais plus

C'était à Aix, cours Mirabeau...

D’autres folies d’oiseaux depuis

Enchantent les matins d’avril

D'autres folies d'oiseaux depuis

D’autres petits jours sur leur fil

Dansent pour conjurer la nuit.

 

 

Claude Mastre..

 

 

 

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Era Ora

 

 

 

Pierre érigée, je porte le nom sanglant des héros, petits soldats de pacotille, fiers bergers, couvreurs et autres maquignons.
Une à deux fois l'an, des élus viennent déposer une belle gerbe et faire sonner le clairon afin que nul n'oublie, mais les citoyens ont déserté depuis longtemps déjà.

 


Je trône au milieu du village, tout près de l'église, la belle affaire ! Heureusement, quelques platanes m'offrent leur ombre, des bicycles me tournent autour, et les enfants y chahutent joyeusement aux beaux jours, lorsque les parents digèrent en somnolant.

 


Comme je fais face à la salle communale, je me réjouis des dentelles blanches qui tombent en cascade sur les marches toujours proprettes.

 


Certaines nuits, d'étranges créatures me visitent : des chats plus ou moins gris, des adolescents plus ou moins pâles, et même quelques insomniaques.

 


Fut un temps, j'ai eu la chance de voir transiter des troupeaux de brebis, ânes et mulets chargés de victuailles ou de leurs propriétaires, parfois des chevaux, plus rarement.

 


Ce que j'aime par-dessus tout, c'est la vie frétillante des foires et marchés, les parasols bariolés, les odeurs qui se succèdent, toutes ces mains qui ponctuent les argumentaires, ça me rappelle un peu… ça me rappelle les bals de jadis, les guirlandes d'ampoules multicolores accrochées aux arbres, la petite scène surélevée en bois grossier où jouaient les musiciens, les étoiles dans les yeux de tous !

 


Et puis un jour, une étudiante en histoire vient ausculter de plus près avec son béret rouge vissé sur la tête pour ne pas attraper froid. Elle renifle tout en relevant les noms, ces noms qui s'effacent tout doucement, comme la mémoire, ces noms qui ne portent plus grand-chose aujourd'hui. Et derrière chaque nom, une vie, un sacrifice.
Savaient-ils qu'ils ne rentreraient plus ?
Tous ces jeunes gens, pleins de bravoure mais pas seulement, que leur a-t-on offert outre leur nom figé dans la pierre ?

 

 

 

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Poème de Kenneth White La Beauté est partout

 

La beauté est partout

même

sur le sol le plus dur

le plus rebelle

la beauté est partout

au détour d'une rue

dans les yeux

sur les lèvres

d'un inconnu

dans les lieux les plus vides

où l'espoir n'a pas de place

où seule la mort

invite le cœur

la beauté est là

elle émerge

incompréhensible

inexplicable

elle surgit unique et nue -

à nous d'apprendre

à l'accueillir

en nous

 

voir : https://www.youtube.com/watch?v=v3fYSksTrG0

 

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Toute île nous parle d'Elle....

 

 

 

Bran du Décembre 2020

 

 

 

« Elle, l'énigmatique Femme étendue dans l'espace comme une déesse alanguie sur une couche de nuages...

 

Elle, enveloppant de sa cape de deuil les fantasmagories du jour, les noces écarlates d'un soleil incendié...

 

Elle, déployant ses noires rémiges sur la blancheur d'un sein que dénudent les doigts de l'aurore...

 

 

 

 

Ailes planant au-dessus de la danse écumante des vagues, ployant ajoncs et genêts, broyant l'or jaune de leurs rêves...

 

 

 

Ailes plongeant dans l'immense comme les fous du ciel qui remontent en leur bec un morceau de chair et d'écaille encore frétillant d'abysses...

 

 

 

 

Elle, la perle rare de l'huître sauvage, la nacre rose d'un escargot de mer, le varech épandu sur les grèves, l'amante des naufrages, la poche d'encre des pieuvres, le grondement des ressacs, l'ondulation voluptueuse des grands laminaires, le cri rauque des goélands, la ronde de sang d'un faucon qui survole les falaises,

 

les mares silencieuses où se baignent les étoiles, l'amoncelé des galets qui ont mémoire des siècles et des siècles, la peau rude, dure, argentée et lisse du congre, le chenal où s'engouffre en marées les bars et les mulets, l'oscillation des oyats à la crête des dunes, la pensée insulaire qui défie l'orgueil et les prétentions du continent, la crique où se dénudent les mythes et les légendes, là où les songes brassent leurs bière d'écume, là où le granit s'habille de blanc, où la lune se revêt de l'écharpe effilée du soleil...

 

 

 

 

Là où tu apparais plus neige que la neige, plus transparente que l'eau d'une fontaine, plus rousse que l'algue rousse, plus mouvante et mystérieuse qu'une anémone de mer, plus ouverte, plus offerte que la nuit quand les doigts de l'aube affouillent ses ténèbres et que jaillit en l'aurore les feux d'un cri qui terrasse le silence...

 

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J'ai vu ta couleur d'ombre descendre pas à pas dans le calme remous des vagues et le soleil s'engouffrer avec elle, mais je n'ai rien su des noces concélébrées...

 

J'ai vu dans le ciel l'oiseau noir invectiver les nuages et apostropher les dieux, je l'ai vu comme j'ai vu ta robe océane

 

flotter au mat du crépuscule...

 

 

 

Nul n'aborde tes rivages sinon celui à qui tu as donné la clef forgée sur l'enclume des siècles...

 

Celui là sait de combien de clous en or est fait le soufflet de l'enfer...

 

 

 

Les mots ici sèchent sur les salines du temps et délivrent un sel

 

d'une pure blancheur.

 

 

 

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Manannan ; c'est lui le maître des flots et des houles, il a souhaité bon voyage à Bran et à ses vingt sept compagnons...

 

 

 

Fougueux ou calmes sont ses chevaux qui parcourent sans cesse la grande prairie émeraude... Ceux-là ne tirent pas le chariot du soleil... Ceux-là hennissent de solstice en équinoxe et d'équinoxe en solstice, la lune montée sur leur croupe...

 

 

 

Bien sage et bien généreux est le souverain des étendues marines, royaux sont ses festins au banquet des abysses....

 

 

 

Ceux-là qui sillonnent ses routes ont une étoile au cœur et ton visage comme phare si tant éblouissant !....

 

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Il fallait te déshabiller, disperser les mots aux confins de l'île, pour te recouvrir de rêves et de songes et mettre dans tes cheveux le bleu d'un chardon bleu... »

 

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Une poétique du vivre :

 

 

 

Bran du Décembre 2020

 

Rimes et proses :

 

 

 

Je ne pense pas que la poésie soit faite pour entrer de force dans un académisme conventionnel en devant se soumettre à des règles qui la contraignent dans sa respiration en lui imposant un corset qui l'étouffe littérairement...

 

 

 

Sincèrement traiter la poésie de cette façon, à quoi ça rime ?

 

 

 

La beauté de la poésie est libre, souple, flexible, ondulante, mouvante et émouvante, elle s'écoule d'une source inconnue vers un océan aux possibles et profonds entendements...

 

 

 

Elle fait fi des obstacles qui jalonnent son cours, elle se veut comme l'amour, écoulement et ruissellement sans fins ni limites...

 

 

 

Vouloir « rimer » à tout prix, c'est mettre des chaînes à ses pieds et un carcan à sa taille....

 

Cela devient un exercice purement « intellectuel» qui provoque une dérivation néfaste des sens et de l'inspiration...

 

 

 

Vivre s'exhale, s'épand, vibre... dans la prose et non en étant ponctué et jalonné du soi disant esthétisme de la rime...

 

 

 

Rimer est un dévoiement, un fourvoiement, une « dévitalisation », un asséchement du flux vital et un amusement bourré d'approximations plus ou moins chanceuses...

 

 

 

On y triche beaucoup au détriment du dire et de la formulation...

 

On accouche des mots avec un forceps et ce non sans préjudice vis-à-vis de ce que l'on a tenté d'enfanter et de mettre au monde...

 

 

 

C'est comme mettre une cravate à un pingouin, cela peut faire rire, mais c'est le seul effet positivement produit...

 

 

 

Rimer est un exercice inféodé au rationnel et à l'analytique...

 

 

 

Je suis, je me dis « poète », pour autant que je respire en connivence et en juste résonance avec la grande respiration de l'Univers, je ne mets pas de béquilles à cela qui courre vers la mer ni de prothèses à cela qui danse aux bras des étoiles......

 

 

 

 

 

Une exception notoire : la chanson

 

 

 

La rime se marie à la chanson et célèbre les noces heureuses entre les mots et la musique, elle participe donc pleinement à la musicalité de la dite chanson et ce, non sans le respect de règles strictes dans l'assonance recherchée...

 

 

 

Quoi qu'il en soit, cette pratique requière l'excellence, la rigueur et la grâce dans l'inspiration...

 

 

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02/01/2021