Poésie ?
POESIE ? En écho à l’ami Michel CAPMAL Bran du 29 01 2013
« Où en sommes-nous avec la « Poésie » ? On pourrait dire analogiquement comme l’ami Michel Capmal (auteur de la question) : « où en sommes nous avec la vie ? »
L’Etat poétique est bien un « art de vivre » , « une manière d’être » comme l’affirme l’ami poète…
On ne saurait séparer la sève de l’être de l’arbre poétique car nous avons avec l’une et avec l’autre un « tronc commun » !…
La poésie ne peut - pas plus que l’amour ou que l’esprit- demeurer figée dans une définition, elle échappe à tout enfermement, à tout concept de limitation, à toute fixation…
Elle est par nature et par essence associée à une notion de flux et d’onde ; un souffle, un écoulement, qui ne sauraient être contenus en quelques formes que ce soit sans s’évaporer ou s’enfuir immédiatement….
La poésie semble bien, cependant, s’apparenter à ce que l’on nomme la vie, à l’anima même de la vie, à une respiration qui conjoint, en des noces subtiles, formes, couleurs, senteurs, notes musicales, rythme, sens, voyance, perception et intuition, déchiffrement et imagination, connexion, écho et résonance…
Malgré toutes les défloraisons et parmi les plus fauves et aimantes, elle demeure dans une virginité permanente, sa robe blanche flottant au vent d’un printemps perpétuel…
Plus que l’oiseau, elle en est les ailes….
La pensée qui par elle s’envole et plane, réelle ou irréelle, brasse le ciel, plume contre plume…
Nul mot forgé d’évidence ne saurait naître sans son enclume !…
La conscience poétique est conscience matricielle, effluve des origines, source originelle…
Par elle l’arbre prend racine, par elle la nuit s’allume, par elle le brasier des songes luit et étincelle…
Sa fidélité résiste à toute épreuve, à toutes ces courtises infidèles dont se pare le visage trop grimé des hommes…
Elle est, en somme, la somme de ce qui est !
Féminine, elle l’est, comme l’amande en sa mandorle, comme une promesse d’enfantement, comme un gerbe de rire fusant des yeux de l‘enfance…
Rompant la poche de ses eaux elle déverse le feu, celui qui fait l’homme, qui façonne la femme et les moule dans l’argile d’une singulière et plurielle naissance…
Elle est cette peau, cette écaille, cette écorce, cette neuve saison, ce neuvième chant, cette énième danse, ce cristal de notes, ce silence diamantin, ce déluge de sens et ces premiers matins où se déverse la vie au bassin de ce monde…
Elle est l’ocre d’importance qui épouse la mort et la pare d’un sang immortel qui transfigure la matière, lui donne visage de lumière et corps de transparence…
Elle fait de la laideur des perles de rosée accrochées au cou de la splendeur….
Elle est le puits dans le désert de vos arbres-rêves arrachés…
Elle épure les fontaines que vos parjures ont souillés…
Elle est-ce qui recouvre votre nudité d’un voile de clarté et de pureté qu’envient les cygnes sauvages et les aurores bleutées….
Elle est cette résine où le flambeau de votre volonté, les torches de vos désirs, viennent s’enflammer… Elle est cet oasis où les lettres s’assemblent comme un troupeau que la soif commune apaise et concilie…
Elle est l’orage qui gronde, la foudre qui frappe, la pluie qui érode, le torrent qui dévale, l’équinoxe qui rugit, elle est la fureur fauve qui donne sueur aux corps enspiralés dans la tourmente du jouir…
Elle fait éclater les gangues d’insuffisances, les noyaux d’obscurité, l’orgueil et toutes ses dépendances…..
Mourir ne saurait en quoi que ce soir l’inquiéter !
Elle est le refus, la rébellion, la révolte, l’indignée, l’insoumise… De toute liberté est la fiancée, la promise….
Elle a tous les visages sur le front duquel la vie, en lettre d’or, figure !
"La « poésie » où en est-on avec elle ?" Et le poète de répondre : « Quelle question ? »
Elle est la réponse qui précède toute interrogation… Sans elle nulle formulation qui ne se conjoigne au Principe, à l’Essence !…
Elle est le souffle pour qui s’apprêtent les lèvres en cosmunion…
C’est une chandelle qui offre sa flamme et son âme au consumé de la lumière……..
Et tout et dit de cet inépuisé !