Les dits du corbeau noir

Pen ar bed... Texte/photos   Bran Du                      Mars 2022

(Pointe de Crozon)

Fougue, furie et fureur au bout du monde occidental

Là au Ponant du monde, face à l'Iroise émeraude

Le sel, les vents, la rage marine, mordent à pleines dents

dans le schiste et le granit d'un rivage obstiné alors que le schiste s'effrite sous les coups de boutoir de millénaires rageurs...

Tempête sur la côte, le ciel tout emmêlé de bruines et de crachins... Des oiseaux y perdent leur orientation, des ailes de cormoran se fracassent sur les rochers...

Les maisons de pêcheurs de crabes et de crevettes se ramassent sous leur toit d'ardoises grises et bleues comme le ciel changeant d'Armorique...

De grandes gerbes d'écume lèchent la peau du ciel...

Les jardins suspendus d'arméries, de silènes et de giroflées sont battus, flagellés sous les bourrasques lourdes de pluies...

Ici l'amour y est guerrier et fait éclater le sang roux et noir de la terre... Etreintes titanesques, prémices d'une fin des mondes ou d'une nouvelle genèse... qui sait ?

Mais, et surtout, être là, présent parmi la Présence, transi de froid mais enflammé de l'intérieur... sentir dans sa poitrine flamboyer le brûlot du cœur et la pensée devenir braises...

Etre le témoin transfiguré de « Cela qui Fût, Est et Sera » au-delà et par-delà toute projection humaine...

Se sentir plus vivant que jamais... Vigoureusement fouetté certes, mais caressé d'évidences...

Avoir lors la chair du visage pétri, érodée comme les grèves ou déferlent des rouleaux en forme de bélier au front saturé de blancheur...

Lors le coeur épouse le bruit sourd des ressacs qui affouillent les antres marines aux orgasmes démentiels...

Oui, se sentir lors plus vivant que jamais....

Pénétré, pénétrant et jouir d'un feu écumant de vie...

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