Les dits du corbeau noir

PAS DE DEUIL POUR LA VIE ! REFLEXIONS BRAN DU 2018 09 09 SEPTEMBRE

 

 

En prémisses d'automne.

Bran du      09 09 2018

 

 

Je ne sais pourquoi, à l'aube de mes soixante dix années, de voir certaines scènes de films, m'embue les yeux, me fait monter à l’œil des larmes en formation qui humidifient mes paupières et troublent autant mon cœur, mon corps, mes pensées que mon visage...

 

Est-ce l'âge qui s'avance vers l'ultime échéance et, en cette âge, une faculté à libérer de trop vives émotions plus retenues peut-être en des âges plus jeunes... Peut-être ! En fait, je ne sais...

 

 

C'est ainsi et je le constate assez souvent quand la scène qui se déroule sous mes yeux se charge de sentiments humains non feints et d'une puissante densité émotionnelle qui me bouleverse, me traverse de part en part et fait monter en moi une vague qui me submerge d'une forme de compassion et d'empathie qui me rend solidaire de l'état d'humanité quand celui-ci retrouve alors sa dignité et toutes ses valeurs...

 

 

 

Je me suis souventes fois demandé pourquoi, dans le bilan ponctuel d'une vie, les événements douloureux que nous avons eu à traverser (plus ou moins péniblement) surpassent et même effacent plus exactement, dans l'album mental des souvenirs, les images heureuses et joyeuses que nous avons aussi rencontrées et vécues dans une densité de cœur et de sens tout aussi égale si ce n'est parfois supérieure ?...

 

 

Ce constat fort inique au demeurant est amplement partagé par mes semblables et je ne saurais m’exonérer de pratiquer en moi-même et pour moi-même, une telle criante injustice...

 

 

Les souffrances passées auraient-elles prédominance et primauté sur les joies si vite estompées et implacablement oubliées ?

 

 

Pourquoi cela, pourquoi cette tendance à ne retenir que le fâcheux, que le blessant, que le dolent de l'existence ? Pourquoi laisser, entretenir, cultiver, amplifier, en notre cœur cette épine que l'on a aussi au pied, mais qui, elle au moins, s'enlève et ne saurait demeurer ?

 

 

Il en serait donc ainsi pour notre nature humaine que demeurent en nous des maux sans cesse prolongés et que disparaissent des joies qui furent bien réelles au demeurant, mais qui ne font pas, en terme de souvenance, le poids face à celui écrasant, redondant et engraissé des turpitudes entretenues à leur détriment et à celui de notre équilibre psychique et affectif ainsi fortement ébranlé !...

 

 

L'équité, la justice, impliquent l'existence d'une balance à deux plateaux et celui d'un curseur chargé de ramener ceux-ci à une proportion les mettant au moins à égalité...

 

 

Peines et chagrins rédhibitoires et exacerbés jettent les félicités jadis souvent « concélébrées » dans les oubliettes de notre conscience et de nos pensées et cela est indigne de nos facultés ; de nos sens comme de notre intelligence si mal employés et dévoyés...

 

 

Pourquoi agissons-nous communément ainsi (et de ce fait, de ce commun, j'en suis) ?

Avons-nous si tant besoin de nous plaindre, de nous faire plaindre, de s'apitoyer, de collecter des rancœurs vis-à-vis bien souvent de sentiments, à priori, trahis, contrariés, falsifiés ou abusés ?

 

 

Pourquoi cette tendance à voir le verre à moitié vide plutôt qu'a moitié plein ?

 

 

La réflexion est ici d'importance, à savoir avec quel fardeau nous entendons continuer à cheminer dans la vie, avec quel type de force, de lumière et d'énergie, avec quel degré de confiance ou de défiance pour progresser, stagner ou reculer, régresser ou encore éviter de nous enfoncer en de profondes et obscures impasses ?

 

Il n'est pas possible (ou alors par une sorte de tendance suicidaire plus ou moins identifiée) d'aller « calmement », sereinement, paisiblement, au-devant des jours et des nuits que la vie encore nous concède, si nous devons être intimement porteurs d'autant de pesanteurs qui ont plus à voir avec la haine qu'avec l'amour, avec la peur qu'avec le désir volontaire d'être de nouveau une « présence au monde » qui souhaite faire à ce monde le « présent » qu'est et demeure notre vie !...

 

 

Mémoriser à outrance les souvenances douloureuses de nos périples antérieurs ne peut nous disposer à retrouver une saine disponibilité, une certaine et lucide «virginité», une innocence éclairée, à partir desquelles la rencontre, le partage, l'échange, la découverte peuvent de nouveau déployer le surprenant, l’inattendu et le bienvenue débarrassés des défiances et des reliquats négatifs antérieurs...

 

 

Je ne dis pas qu'il ne faille pas tirer leçon de nos mésaventures, je propose de considérer que le « souffrant » de celles-ci ne soit pas de nature à oblitérer systématiquement toute nouvelle expérience qui se propose d'être vécue sans « épée de Damoclès suspendue au-dessus de la tête » !...

 

 

Comment pouvons nous espérer (si espoir il y a) avoir de nouveau rendez-vous avec l'amour si nous conservons en nous, en allant à son devant, tout un fatras de défiances, de haines, de rancœurs, de projections faites de remémorations alimentant le doute et la crainte et prêtes, au moindre signe abusivement « interprété », à recouvrir, à déformer et à détruire tout postulat de potentialité nouvelle et inédite ?...

 

 

Mission impossible si on se complaît dans cette quasi nostalgie de la souffrance, seul état qui semble bien, les faits examinés, être celui que l'on entretient avec le plus de fâcheuses complaisances et d'absolue ambiguïté !...

 

Si les souvenirs apparaissent comme étant les ultimes bagages que l'on fait et que l'on revisite avant que de s'envoler ou de naviguer vers d'Autres Mondes, ne serait-il pas souhaitable qu'ils fussent agréables, bienfaisants et heureux ?

 

 

Alors qu'est-ce qui nous empêche de cultiver ceux-ci, d'en faire l'inventaire, d'en revisionner les images, de se substantiver de leur douces émanations soit d'une réalité chargée d'émotions bienveillantes, d'une tendre et émouvante réminiscence qui a droit et devoir de ne pas être injustement et, ajoutons-le, « stupidement » oubliée ?...

 

 

Notre vie n'est pas, n'a pas été, cet « enfer » que nous disons avoir sans cesse incarné, elle a été aussi semée de milliers de « petits bonheurs » qu'il n'y a pas lieu de recouvrir comme fosses, tombes ou souvenirs à enterrer...

 

 

La vie ne porte pas le deuil que nous voulons lui faire porter !...

 

 

Même la mort qui parfois nous endeuille ne saurait mettre de suaire sur nos bonheurs trépassés !...



09/09/2018
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