Les dits du corbeau noir

ONDES ET LUMIERES (Partie A et B)

Bran du Octobre 2018

Parcours poético-géographique le long du chaos du Gouet (22)

« Cristaliser les formes fluides de la pensée spirituelle. »

Paulhan

Comment ne pas être fasciné par le jeux mouvant et émouvant, calme ou vigoureux, des ondes courantes pénétrées de lumières dansantes ?...

La force, la vigueur, la volonté obstinée des eaux qui s'en veulent retrouver l'immense brassage océanique avant de retourner aux sources célestes de leur existence...

Une fascination et, qui plus est, un émerveillement en effet face à ce ruissellement incessant, impétueux ou serein, qui rythme les paysages à travers lesquels s'écoule les flots et les fluides enchanteurs porteurs de cette eau vive qui vivifie tout sur son passage, désaltère et abreuve ce qui a soif de vie...

J'aime longer ou remonter ces rus dans l'écoute attentionnée d'une rivière chantante, remonter ou redescendre ce grand courant qui sillonne les campagnes et les plaines, qui enlace toute vie qui le borde, qui prend, dans les courbes de ses danses ondulatoires et serpentines, tout ce qui se plaît à « ondoyer » avec lui...

En ce grand lit fluctuant se couchent et s'épousent, les ondes du ciel et les ondes de la terre, qui toutes deux enfantent la beauté du monde, et déposent celle-ci comme un limon fertile dans le cœur et la pensée de chacun et de tous...

Cette pensée lors se fait ondine, déesse aux seins nus et à la chevelure d'or et d'argent, corps souple, mouvant et émouvant au sourire d'arc-en-ciel...

Du fluidique écoulement émane une radiation rythmée qui se propage dans les espaces déserts de l'homme et en fait rejaillir la vie donnant aux semences enfouies l'impulse et le désir de la fleur et du fruit...

Tant de couleurs brassées et embrassées qui voguent en miroir du ciel et qui se diluent puis se reforment au sein d'une constante alchimie qui pour le poète constitue autant de phases aboutissant en leur déroulé, lent ou vif selon le processus en cours, à un or spirituel et philosophique...

Ce sont là des veines, des artères qui sillonnent et irriguent le grand corps matriciel et qui animent ce grand corps d'un sang limpide et transparent dans lequel s'infiltre et se propage les vertus heureuses de la Lumière...

Lors laissez vos yeux se porter sur ces ondes ; laissez votre cœur et vos pensées y naviguer...