Les dits du corbeau noir

MON "ARMORICAINE" DE BRETAGNE TEXTE N°02 BRAN DU (2020 04 04 AVRIL)

 

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OUESSANT (SUITE) PHOTOS BRAN DU

 

 

 

 

 

Mon « Armoricaine » de Bretagne (suite) Bran du le 04 04 2020

 

A Carmen et Yoska

 

 

« Et cependant et toutefois, toujours la lueur des astres sur le désastre de l'homme ! » Bran du

 

 

 

Prendre dans ses doigts une feuille de chêne, en suivre les contours, les creux et les pleins, l’oscillation répétée de la bordure qui rappelle celle des baies et des caps d'une cartographie côtière ou le motif effiloché d'une jupe de sauvageonne...

 

 

La sente douanière qui ourle la houle émeraude est faite de hauteurs et de creusements, de montés et de descentes, de bosses et d'ornières qui sont autant d'approfondissements qui portent à élévation...

 

 

C'est aussi l'art de se tenir en équilibre en chevauchant, de ses cuisses et de ses songes, l'échine schisteuse de la Vouivre !...

 

 

Dans la vallée encaissée du Gouet, la rivière a fait son lit parsemé d’oreillers et de polochons de gré façonnés par des millénaires d'érosions diverses et variées...

 

 

C'est un chaos étrangement et subtilement ordonné, une architecture fluidique qui malgré l'agencement quelque peu disparate dans lequel il se présente révèle un ordre très ancien inspiré de celui de l'Univers lui-même...

 

En fait tout y est à sa plus jutes place, tout ou presque car l'homme y cherche encore la sienne !...

 

 

Nous ne savons plus (nous avons su pourtant, jadis...) prendre assise sur une ronde pierre et cesser toute agitation (mentale y compris), pour laisser la vie s'écouler de part et d'autre de notre posture silencieuse, de notre écoute attentive, en nous laissant infuser et perfuser de part en part par les vibrations et énergies du lieux...  

 

 

Qui ne connaît, n'a connu cette transfusion subtile et délicieuse, ne saurait rien dire de la nature du sang qui lors sen va au cœur...

 

 

 

 

 

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Qui sait vraiment, qui a éprouvé en sa chair, le fait que certains tumultes torrentueux nous conduisent au méditatif silence qui baigne les aubes et les crépuscules de ce qui Fût, Est et Sera ?...

 

 

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Terre et mer, grèves et landiers, paluds et clairières, criques et forêts, abers et rivières... voilà les tabliers, le « devantier », de tes splendides ouvrages journaliers o Bretagne...

 

 

Le Mané Gwen, les Monts d'Arrée, St Michel de Brasparts, le Roc Trevezel... Autant de Mamelons d'herbes rases et de rocailles qui allaitent le corps, le cœur et l'esprit de celui-ci ou de celle-là qui cherche fruit pour ses lèvres et sève pour sa soif d'essentialité...

 

 

Gravir, ascensionner ; c'est la l'invitation coutumière de ces territoires herbeux et rocailleux dont la nudité paysagère est propice, favorable, à toute recouvrance fondamentale...

 

 

Pourquoi ce charnel sentiment de bien-être, ces caresses

voluptueuses de la pensée, ici et non ailleurs ?

L'apanage des « hauts-lieux » dirait Marie Madeleine Day (La Nature et sa Symbolique), sans doute, certainement...

 

 

Quelque chose qui relève du matriciel, du maternel, qui fait écho à des notions de berceau et de renaissances perpétuelles et spirituelles...

 

 

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Sont des «  noces de pierre » orphelines de fiancés !...

 

Sont des forges éteintes et des soufflets crevés...

 

Sont des cimetières de rêves naufragés...

 

Sont des grèves, par vos pas, désertées...

 

Sont des poèmes, en vous, inachevés...

 

Et tant de braises qui veillent, qui patientent, sous la cendre !...

 

 

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Marine et forestière, Armor et Argoat, ainsi tu es mon « Armoricaine » de Bretagne... Ainsi tu conjugues, tu harmonises l'horizontal et le vertical, les plaines étales et océanes et les grandes ramures qui se dressent vers le ciel...

 

Tout cela pour nous mener aux intersections, au carrefour, à la croisée de l'Etre....

 

 

Mais, qui ne sait se fondre ne sait rien des forges de l'Amour !...

 

 

Qui encore pour comprendre que la vague du silence est un chant pour les yeux !...

 

 

Quels frissonnements, quels délicieux vertiges, si la peau n'absorbe pas la sueur du soleil, si elle n'est pas poreuse à la chair des saisons ?...

 

 

Sais-tu que la fleur du houx à une bouche d'épines ?

Que les nervures d'une feuille sont aussi l'architecture du vivant ?

 

Que schistes et granits ont prière de lichens et de parmélies ?...

 

 

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« Je me suis assise sur l'autel de la légende, sur le perron de Merlin, sur la table des oracles, sur la pierre de souveraineté, sans foudroiement pour autant si ce n'est, et soudainement, cette montée de sève dans les sept étages de mon être, dans l'arbre de mes os, dans l'ossature de mes songes, dans la charpente de ma chair. »...


…///...

 

 

 

 

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Toute saison à son poème ou sa chanson ; tout hiver à sa pelisse de givre et de neige, tout automne sa fourrure fauve, sa bogue de châtaigne, tout été son grillon et tout printemps sa robe de mariée...

 

 

Tu y ajoutes, O mon « Armoricaine» de Bretagne une cinquième saison ; une corbeille de quintessence qui est semences pour nos moissons...

 

 

Ici aussi la mort s'en vient au rivage des ans, mais elle reflue aussi vers des abysses de sel qui la baptise au nom du « tout vivant » !...

 

 

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Qui a offert à la lune sa bague d'argent ? Quel amant sans gîte ni fortune, mais fougueux en son sang...

 

 

Passé la voûte de fougères, l'arche de lierre et de mousse, l'arcane des ronces enchevêtrées, ce qui était ne sera plus le même ; le feu aura fait son office et l'eau aura opéré son sacrement...

 

 

Lors, trouver l'anfractuosité dans la muraille des habitudes, dans la chair des conditionnements...

 

 

Pour un éclat de quartz bleu...

 

 

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C'est ici un offertoire, un autel drapé de blanche écume, ourlé de merisier et de sureau, une nappe brodée d'ajoncs et de genêts, pour le joyeux, le jubilatoire office d'une pensée nue et vagabonde...

 

 

 

Lors, non plus seulement le corps, mais l'Essence...

 

Non plus l'odorat, mais la substance...

 

Non plus le temps, l'espace et le nombre,

mais l'instance et la présence du chiffre d'or...

 

Non plus la destinée, la projection d'avenir

mais le retour aux origines...

 

Non plus le sang, mais le flux et le fluide...

 

Non plus le nom, mais le sacre de l'innomé,

les noces élémentaires, le souffle de l'essentiel,

le chaudron d'abondance et l'amour avant le premier baiser..

 

Non la main, non la paume, mais l'écume parmi les flots...

 

Non les seins ou les hanches, mais l'étreinte des nuages sur le Roc Trévezel quand le soleil renverse la nuque de la lune et que s'enfantent les étoiles...

 

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A tout cela, nul corps ne saurait « cosmunier » plus habillé qu'un brin d'herbe...

 

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Chaque galet à son message :

 

 

Toute plage se découvre que se veut recouverte de la robe d'Emeraude...

 

Certains mots ne sont de glace que pour mieux fondre au soleil...

 

Réapprendre à nos yeux la splendeur d'une transparence...

 

Qui fait danser les pierres prend son âme dans ses bras...

 

Vivre : C'est écrire à la craie blanche un poème d'amour sur le noir du tableau...

 

On peut se perdre en quelques instants, mais on a toute la vie pour se retrouver...

 

 

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Les terres nues me fascinent comme me fascinent les grèves et les marais....

 

J'aime sinuer entre les fougères et les bruyères, entre les ajoncs et les genêts, entre le jaune et le pourpre, entre le ciel et la terre, entre l'ancré et le mobile, entre monts et collines, entre l'ouvert et l'offert, entre le diurne et le nocturne, entre l'ombre et la lumière...

 

 

Ces terres abritent et couvent une présence sans nom et sans visage, ce par quoi le vrai monde prend figures...

 

 

L'homme ici s'efface et se tient dans un dépouillement ultime...

 

 

Lors, cette totale mise à nue donne chair à son esprit...

 

 

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Je sens en moi

 

le schiste et le granit

 

l'odeur estivale des ajoncs

 

et celle des chèvrefeuilles...

 

 

Je suis la rosée sur la toile tissée de l'aurore...

 

Je suis le chant de l'aube qui se veut chanter...

 

Je suis l'air frais qui ondoie la campagne...

 

Je suis le soleil par des chevaux tirés...

 

Je suis le serpent aux rêves délovés...

 

Je suis un vif reflet au miroir vermeil des écailles...

 

Je suis l'enfant, de joie, éclaboussé...

 

Je suis la brume qui aide à dévoiler...

 

Je suis la mort qui se veut respirer...

 

Je suis la source d'un rire à ruisseler...

 

Je suis l'averse qui pleure de pleurer...

 

Je suis cela que je ne saurais nommer ;

 

le silence dans son silence drapé...

 

 

 

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Fintan, Tuan Mac Cairill, Taliésin, Merlin...

Tous, Bardes de la primordialité, tous Voyants au delà de l'horizon ; tous Dérobeurs de feu, Fomenteurs de houles blanches, Alchimistes de l'Esprit, Passeurs et Pontonniers d'espérance, Tisonniers du devenir...

Je vous salue et mêle mon souffle au vôtre...

 

 

Et Toi, Brighid, la Rayonnante, l'Irradiée de splendeurs, la Toute Etincelante, l'Eclat de toute beauté, inspire ton enfant, qu'il grandisse et se fortifie sur ton sein...

 

 

 

 

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04/04/2020
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