Les Rubans du Voeu Shaman Song III Bran du mai 2015
Les Rubans du Vœu Shaman Song III Bran du Mai 2015
J'ai couvert la pierre de l'étoffe de sang...
J'ai enroulé la pierre dans les bandelettes du vœu...
Le vent prend mon voeu dans son souffle
et l'emporte vers les cieux
Comme flamme s'élevant dans le feu...
Flottez, flottez, mes beaux rubans d'offrande ;
Allez porter ma demande jusqu'à la demeure des dieux...
Mon vœu, je l'ai découpé en longues bandes ;
rouges, blanches, roses et bleues
afin qu'elles attirent les yeux
de qui sait voir la ferveur qui quémande
le bienfaisant et le bienveillant
et qui le fait de son mieux...
Cela qui me lie, je le lie aussi
Et les liens sont de vent ;
Et les liens sont de sang,
de corps et d'esprit...
Le tambour frappe aux portes du soleil ;
aux portiques de la lune
et jaillissent les étoiles
qui sont étincelles de lumière...
Le monde danse dans le cercle de bouleau
et tourne le troupeau de rennes sur la peau de l'univers...
Cela qui mène à force dans mes signes...
Nombreux sont ceux là qui arment ma poitrine...
Armure et cuirasse pour celui qui combat
L'esprit malfaisant qui guette chaque pas...
Mes pieds aussi frappent la terre
et le cœur s'ébranle
qui cherche son chemin
entre le sombre et le clair...
Mon peuple « joue » avec moi ;
Je vais et je tourne en ses luttes et ses danses...
Il accompagne mes visions et ma transe
Et prolongent, en écho, mon sang et ma voix...
J'ai parure de noce
et je proclame l'alliance...
J'ai épouse aux larges hanches ;
au duvet de cygne dessus le torse...
Mon corps, avec elle, s'élance à la suite de mon esprit...
Dans le monde céleste nos volontés se fiancent
Elle est ma femme, je suis son mari,
survolant le monde, en confiance...
Sur mon écorce, j'ai fait encoche...
Neuf traits, pas un de plus...
Volant parmi les nues, mes neuf flèches, je décoche...
A mes épaules pendent les serpents de cuir...
Je chante les paupières fermées...
Je rentre sans crainte dans la grande nuit...
Mon battoir frappe plus fort,
Ouvre les deux battants de la mort
Et s'engouffre avec ma sueur et mes cris...
Et la mort recule devant ma force de vie...
Le tonnerre roule sur mes épaules...
Et les bruits en cascade se déversent à mon seuil...
Il sème la frayeur mon troupeau de sonnailles
Qui se fraye passage dans le monde hostile...
J'ai offert le lait blanc de la jument
Au noir gardien des ombres...
Mon arc est bandé droit vers l'inconnu
Et j'ai flèche de courage
et pensée est ma fronde...
L'ours à mes côtés se dresse et gronde...
Et j'ai force d'ancêtres qui bouillonne sous mes tempes...
L'ours ; j'ai levé sans faillir ma hache sur sa tête...
Et mon serment est de glace qui ne fond au soleil...
Mon tambour n'est point fait de la peau d'une jeune fille...
L'interdit, je ne le transgresse pas...
Nul monde par moi ne s'écroule...
Il n'est pas né l'animal qui me dévorera !...
Comme s'en reviennent les oies sauvages
J'aurai printemps de fleurs au courant de mes âges...
Mais le temps aussi viendra de restituer ma vie
à toutes celles que j'ai pris et c'est là bonne loi !...
Percé sera mon tambour devenu silencieux,
et emmuré mon manteau dans la grotte de l'oubli...
Mais le vent parfois, soufflant dans la taïga,
redonnera chants aux accents de ma voix...
De ruse et de séduction sont faits les mots...
Mais « tromper la mort » est bonne duperie !
De renverser le sort, j'ai fait le pari,
y engageant, il est vrai, le gras de ma peau !...
L'Esprit m'a parlé, venu à ma rencontre...
Il m'a donné un sac et des mots en forme de graine..
Il m'a dit...
Chante et bat le rythme
Que naisse le poème !....
C'est pour Lui que je sème les semences !...
Chance à tous, chance à chacun ! Et vive reconnaissance !...