Les dits du corbeau noir

LES OISEAUX DE RHIANNON TEXTE BRAN DU 2025 29 01 JANVIER

 

 

 

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Les Oiseaux de Rhianon... Texte bardique

Bran du 30 01 2025

 

 

 

C'était l'hiver dans le bois de Mériadon, le sol était gelé par endroits, la sente était boueuse et glissante, l'eau débordait de partout, le ciel était couvert et le vent calmé après les fortes pluies de l'automne et de début décembre...

 

A part le crissement de certains arbres croissant et se frottant écorce contre écorce et la cascade et cavalcade des eaux gonflées au point de submerger leurs berges, il régnait un étrange silence dans le sous-bois sujet à une sorte d'endormissement et d'engourdissement inhabituel...

 

Les animaux familiers des lieux semblaient demeurer terrés dans leur tanière, l'humidité faisait reluire les scolopendres qui colonisaient le fond de la vallée...

 

Je marchais, botté comme il se doit et mon bâton de houx à la main. J'approchais maintenant de la clairière élue par nos très lointains ancêtres, consacrées par le geste, la parole et l'offrande et

manifestée spirituellement par l'élévation de trois menhirs dont un de grande taille et un autre couché au sol....

 

Comment expliquer, faire comprendre et partager cette nette impression d'être passé d'un monde à un autre, d'avoir franchit l'anneau circulaire qui enceint ce lieu et le protège....

 

Comment ne pas être saisit d'émotion à ressentir en soi le passage du profane au sacré, l'enjambement physique et psychique d'un seuil au-delà duquel le monde est « différent » ou encore « plus que monde » ?...

 

Essayer lors d'imaginer les pensées qui mirent en œuvre cet acte de foi et d'espérance.

 

Pour le « comment » la réponse est plus simple que pour le pourquoi: ils savaient, ils avaient appris des pères de leur père, des maîtres enseignants et sages qui accompagnaient les hommes et femmes des villages alentour...

 

Ils savaient du ciel et de l'univers les grands rouages, ils connaissaient les cycles et leurs lois, la mise en correspondance avec tout le « Vivant de la Vie », ils savaient et pratiquaient la mesure et le nombre, l'axe et la direction, le centre et sa périphérie, l'équilibre et l'harmonie, la danse des planètes et la chorégraphie des étoiles, la ronde des saisons, la fin et le recommencement, la vie et la mort... Tout cela n'était pas un secret pour eux......

 

Ils en avaient une claire compréhension validée par le cœur et la sensibilité et l'intelligence de leur esprit...

 

Ils incarnaient une Tradition avec laquelle ils faisaient « peuple » et qui donnait à ce « peuple » toute sa cohérence et toute ses cohésions, sa stabilité, ses fondations et ses assises, ses convergences et entendements majeurs et pour tout dire sa Force, son Energie et sa Lumière...

 

 

Je m'asseyais sur la haute pierre jetée à bas par l'obscurantisme religieux du Moyen-Age imposant une vérité unique et dogmatique aux populations terrorisées par le goupillon de la peur, de la punition extrême et de la menace...

 

Ils avaient choisi ce lieu dégagé, bordé par un ruisseau chantant, protégé des grands vents par les chênes et les hêtres surplombant l'espace et ce lieu les avait accueillit de toutes ses branches ouvertes comme des bras bienveillants et bienfaisants...

 

Oublié ce corps fatigué et malade appuyé sur la mémoire encore vivante de ce qui Fût, Est et Sera....

 

Fraîches et rajeunies se font mes pensées qui flottent dans cette brise légère qui tourne et retourne en spirale autour de moi....

 

J'ai mis le mental « hors service » car il n'a pas lieu de l'exercer bien au contraire... Je glisse avec délectation dans le royaume de l'émotion et du rêve et des colorations de ce dernier...

 

IL y a au-dessus de moi une dominante de bleus et de verts entrecroisés, une sorte de rivière céleste qui inverse sans cesse son courant et dont les mouvances s’interpénètrent comme fusionnent les aimants dans la chorégraphie de l'Amour...

 

Au gris du minéral répond un rose, (différentes teintes de rose), comme en affiche parfois le ciel à l'aurore ou au crépuscule provoquant une sorte d'incendie de douceur, de beauté et de splendeur...

 

C'est alors que j'ai entendu leur chant formant un pur et parfait accord, une sorte de synthèse condensée de trois notes n'en formant plus qu'une inconnue de mes oreilles...

 

Un long et puissant frémissement me parcourra le dos et mes mains se mirent à trembler doucement.... Ce fut comme une perfusion délicieuse, comme si mon sang s'était changé en musique irriguant tout mon corps...

 

 

Puis tout redevint comme avant mon entrée dans ce Cercle et je repris le chemin du retour accompagné par une mélodie intérieure...

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29/01/2025
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