Les dits du corbeau noir

LA MESSAGERE DU SID BARDI 2017 BRAN DU 10 10 OCTOBRE

 

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ODILON REDON

 

 

 

La Messagère du Sid                Bran du          10 10 2017

 

 

 

...Depuis des nuits et des nuits, j'errais dans le marécage de mes pensées enveloppées d'une brume épaisse et de relents nauséabonds...

 

 

Je m'enfonçais ainsi dans les ténèbres m'éloignant de plus en plus de l'antique lumière qui jadis rayonnait en mon coeur...

 

 

J'arpentais la vase fangeuse d'une nostalgie qui me collait à la peau comme une sangsue ne voulant lâcher prise ; j'avais en moi ce harpon figé dans ma chair et qui me traversait, me perçait de part en part...

 

 

Grand était mon épuisement à tourner sur moi-même jusqu'au vertige, jusqu'au vomissement...

 

 

J'étais désemparé, désorienté, sans étoile ni boussole, livré à des tourbillons intérieurs qui m'aspiraient irrémédiablement vers le fond le plus obscure de mon être...

 

 

Je plongeai dans l'abyssal abîme de la désespérance amené à ce point de non retour où conduit la plus grande et terrible lucidité qui soit...

 

 

Cela parce que l'Amour était nié, rejeté, banni, expulsé par le déni d'engagement et de responsabilité, violenté par l'hypocrisie et le mensonge réunis, défiguré par l'orgueil et le paraître, assassiné par des égoïsmes démesurés, anéanti par des peurs alimentées par l'ignorance et la petitesse, le manque d'audace et de courage, la méfiance et la défiance, enseveli sous de faux prétexte et des arguments fallacieux, jeté à la poubelle par le renoncement, l'abandon, le délaissement, l'involonté à assumer les exigences de ses vraies aspirations, enterré par de l'humain demeuré dans une médiocrité et des illusions entretenues ou dans une arrogance exacerbée... Tout cela résultant d'une déresponsabilisation totale, plénière, face au vrai, au juste, au bon, au généreux, au concordant, au cohérent et au beau...

 

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Chaque jour mes paupières se faisaient plus lourdes, plus pesantes semblant vouloir se fermer afin de rejoindre et de prolonger indéfiniment mes nuits...

 

 

Je n'avais plus la force et l'énergie me permettant de garder les yeux ouverts devant la bêtise et l'absurdité de ce monde humain fait de vaines agitations, de précipitations annonçant un futur déluge, d'asservissements, de servitudes, de soumissions concédés à l'inacceptable, à l'indignité, à la veulerie, à la tromperie généralisée, au formatage de la marchandisation outrancière et dévitalisante....

 

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Terrible errance que celle où l'on s'égare dans le labyrinthe de ses pensées s'assombrissant un peu plus à chaque tour, à chaque ronde...

 

 

Je me sentais lors complètement perdu ; perdu pour la Vie, pour la Joie, pour les printemps de l'Amour...

 

 

Je n'avais pas besoin de devancer la mort car celle-ci s'avançait en moi, conquérait mes derniers territoires lesquels n'offraient plus de résistance à cet enveloppement morbide et funèbre de tout mon être....

 

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Ecroulé sur moi-même, appesanti par des songes qui me faisaient glisser inéluctablement dans un néant déserté de phares et d'étoiles, je sombrais comme sombre le navire au cœur de la tempête, de ses rages et de ses fureurs...

 

 

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C'est alors que j'entendis une voix, un murmure de voix, qui me disait, me répétait : « Le jour se lève qui est éternité.» « Le jour se lève qui est éternité.»...

 

 

Une musique extrêmement sereine enveloppait de son rythme calme et apaisant la formule scandée par une femme que je ne pouvais voir, mais que j'entendais distinctement et qui posait sur toutes mes plaies ouvertes un baume de douceur et de tendresse...

 

 

Devant moi, sur un tapis de mousse, se tenait une lueur bleue et or entourant une branche de pommier comportant trois fruits, deux qui brillaient comme le soleil et l'autre, comme l'azur...

 

 

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«  - Viens, suis moi, disait la voix... Une barque nous attend sur le rivage et une île au loin de celui-ci ; une île enchanteresse, sans mort ni maladie, sans vieillesse...

C'est l'île de Jeunesse, le Celte paradis...

Tous les arbres y portent fruits qui sont force et énergie pour vaincre toute faiblesse...

Il y a cent musiques qui bercent chaque nuit et un choeur de femmes dont les chants sans cesse glorifient l'éternelle Vie ; une vie de volupté et de délice que l'on goûte à chacune des heures qui ici s'éternisent dans l'instant de magie...

 

 

Viens, quitte là ta souffrante demeure, tu es l'élu de mon cœur, j'ai préparé pour toi la couche de douceur, le lit de tendresse et de caresse, je serais le lait que parfument des fleurs pour rassasier tes lèvres et ta bouche...

 

 

Mais sache que cet amour qui t'invite dans le velours de son nid sera pour toi sans retour car il plonge et glisse dans l'infini de ce qui fut, est et sera, et ce, pour toujours...

 

 

Tu seras, avec moi, avec la beauté même, lumière dans la Lumière, clarté parmi l'aura de toute clarté, ruissellement de la Source qui ruisselle, écoulement des rivières de l'Esprit...

 

 

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A la pointe de Penmarc'h, là où finissent de l'Occident, les terres, au lendemain du festin de la Samain, des habitants ont vu, de leurs yeux vu, un corbeau et un cygne voler côté à côte, reliés tous deux au niveau de leur cou par une cordelette d'or rouge...

 

 

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Photo Bran du



10/10/2017
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