LA DIAGONALE DES PLUIES BARDI BRAN DU 2016 27 09 SEPT
La Diagonale des pluies... Samain 1991 et 2016 Bran du En Cotentin et en Bretagne
A L'approche de la Samain 2016....
J'ai été dans la diagonale des pluies...
J'ai marché sans courber l'échine, sous la cascade du ciel...
Déluge d'eau sur mon visage en paix...
Ruissellement de l'instant sur le lac de mes yeux...
Par la route grise, sous les nuages sombres, j'ai été comme on va au devant de ce qui vient à notre rencontre... Le pas est alerte qui marche dans sa joie...
Je vais tremper la soif de mes lèvres dans la fontaine de Novembre ; J'ai branche de chênes dans la main et chanson plaisante que rythme mon cœur...
Je vais dans la diagonale des pluies avec, sous la dense ramure de mon être, le chant d'un oiseau bleu...
Demain sera une autre ronde, un nouveau cercle de vie...
L'année, en son automne, récapitule ses saisons...
La terre a fait moisson de graines, de semences, à profusion...
Je fais emblave de lumière, au seuil de la très longue nuit....
En chemin m'accompagne le chant rouge des sorbiers dont chaque grappe récapitule l'été engrangé au bout de leurs branches...
Je vais dans la transversale des pluies ; par la pluie, mouillé, je vais, passager de mes songes, mes pas allongeant mon rêve d'infini...
Je vais comme une enfant rieur recherchant les mares, sautant dans les flaques éclaboussées de son rire...
Je cherche la source qui ruissellera sur la margelle de mon être, dans la paume de mes mains ; je cherche cet écoulement limpide qui délavera mon âme des boues accumulées par mes peurs du lendemain...
Je marche, paisible, enjoué, sous l'aimante ondée qui s'écoule sur mes tempes, sur mes joues, sur mes boues, par elle, essuyée...
Grande est ma soif de pureté, et si généreuse, si « soignante » la coupe déversée....
Mon corps, plus que mon corps, est cette course d'eau vive, qui délave de ses ondes, la lourde poussière des chemins...
J'ai mésange tapie dans les mousses de mon cœur...
Senteurs sont les prairies, senteurs sont les forêts...
Tout est flacon d'ivresse, la vie n'est plus qu'un suave parfum...
La vie soudain ; la vie est une Femme...
Et j'ai désir vrai et j'ai désir fiévreux, de l'onction de son âme...
Odeurs d'humus et de terreaux ; puissante odeur de terre...
Le houx me couvre de ses vitraux de lumière...
Odeurs de moisissures, odeurs de champignons...
Autant de formes et de couleurs à naître sur la poitrine moirée de la Mère...
Dire l'ode de la pluie se déversant sur l'arcane des branches ; la moiteur qui enveloppe les laies assombries...
Dite ce goutte à goutte qui perle de l'émeraude collier du silence ; ces milliards d'années dégoulinant des feuilles...
La mémoire me revient de l'oeuf des origines quand flottait sur les eaux un bel embryon d'or...
Il l'a trouvé, Merlin, l'oursin de quintessence, affouillant les buissons de ses rêves, la futaie de ses songes...
L'eau ; l'eau du ciel et l'eau de la terre ; toutes font œuvre de recouvrance... Je découvre ce qu'elles recouvrent, de profond et de très haut...
Beauté accessible à la seule caresse des yeux, au calme souffle du cœur...
Rentrer alors comme un chien trempé jusqu'à l'os et offrir sa nudité à la chaleur des flammes qui dansent dans le foyer...
Se poser enfin et sommeiller accompagné d'une musique d'Irlande...