Les dits du corbeau noir

L'Epée d'Amour (bardisme) bran du mars 2012

L’EPEE d’AMOUR                                              Bran du        18 mars 2012

Traçant, dans la mouvance du jour, le Tribann sacré, de part et d’autre du vide où il se tenait ; s’inscrivant en totalité dans le Haut Triangle du Verbe manifesté ; protégé en ses flancs et côtés par la Longue main du plus puissant des Dieux, il donna existence plénière à cette chaire de sang et de songe qui emplissait ses contours…

Issue du chaos primitif, sa pensée ne pouvait, pour l’heure, s’agencer, s’ordonner, se structurer selon les lois qui président à tout enfantement…

Non visités, à ce stade, par l’Essence, ces sens attendaient de trouver leur plein usage…

Pour le « dehors », il n’était pas encore… Pour ce qui était du « dedans » ; la graine, lentement, s’acheminait vers la tige et le plant…

Une évidence cependant : Dans l’inconscience du nid dormait l’embryon d’or !…

Dans l’horizon encore indifférencié, nappé de brouillard, de rosée et de brume, un chemin se profilait, séculairement tracé… Le fait de mettre ses pas dans cette énigmatique direction s‘avéra une source immédiate de sa révélation…

Etrange portulan que cet espace blanc dont seul l’imaginaire pouvait, pour l’heure, concevoir la trajectoire, l’itinéraire, l’accueil pour l’impétrant…

Il avait vu les signes ; ceux de la terre et ceux du ciel ; il répondait maintenant à leurs appels…

Son cœur battait au milieu de la grande résonnance… Sa peau faisait écho, aux enveloppantes vibrations, à leur mystérieuse  provenance…

Combien de temps était-il demeuré au seuil, en lisière d’un breuil dont l’écrin sertissait une clairière, une voûte dansante de clartés et de feuilles ?…

Désir et volonté ne sont qu’impuissance quand l’Esprit n’est pas disposé à l’aimante pénétration…

Nécessaires sont les prémices à toute union…

Cependant, la porte était bien là, taillée dans l’écorce des siècles, armoriées de plumes et d’écailles, ciselée dans le cuir des Mémoires ancestrales, enluminée de nacres serpentiformes…

Un Arbre, Gardien Vénérable, se tenait devant lui, en bon géant…  Il lui fallut, fraternellement, échanger de branche à bras, la sève et le sang pour que toute la ramure sylvestre s’ouvrit sur l’azur d’un étang resplendissant…

Introduit , fémininement, en une enchanteresse dimension, il ne portait encore de nom, mais s’avançait assurément vers son ultime recouvrance… Tout n’était qu’ébauche, tout n’était qu’épure…

Ce qui prenait peu à peu figure offrait enfin son vrai visage…   Passeur il était devenu se convoyant vers un nouveau rivage…  Par conscience éclairée, il menait sa grande traversée… Le troupeau de ses ombres cherchait son berger de lumière…

Il sut alors que toute sortie de la caverne débouchait sur la mer !…

Le silence se tenait sous le porche de ses lèvres, ses pensées accumulées fondaient sur la branche de ses longs hivers comme une neige amoureuse d’un rai printanier…

La Parole résidait pour l’heure sous le gris de la cendre mais, quelque chose, en sa forge enténébrée, cherchait sa respiration et son souffle… (Il avait compris que, sans l’heureuse conjonction des « Trois », tout feu s’étouffe !)…

Vint le moment indicible du franchissement (ce que l’on appelle le Passage) et qui, de la vie, vous offre un nouveau versant…

Il eut, en l’instant, plus de trois mille ans d’âge mais sa joie fut celle d’un enfant découvrant le monde aux bras de ses parents…

Tout était là, réunit, se tenant à sa juste place… Au-dessus, au-dessous, par devant, par derrière, autour et alentour…

Avec, fichée dans la mémoire de la Pierre, verticale dans la splendeur du jour, l’Epée d’Amour !…



22/03/2012
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