Les dits du corbeau noir

KENNETH WHITE LES CYGNES SAUVAGES EXTRAITS ET NOTES 2019 BRAN DU 22 10 2019

 

 

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Oeuvre de Mathurin Meheut au Japon

 

 

 

 

 

Kenneth White Les Cygnes sauvages... Le mot et le reste éditeur

Lecture, extraits et notes, textes et haïku Bran du 22 10 2019



« Toutes ces choses devaient être approchées et appréciées...dans un état d'esprit libre, léger et sans complications... » « Dans le regard attentif que la poésie portait à la beauté des choses simples et ordinaires » (Kâfu)

 

« La robe de plumes célestes bouge en harmonie avec le vent. »

 



L'auteur nous offre comme à son accoutumé un « récit de voyages et de séjours » géo-poétique sur les traces du « prince des Haïku » : le poète Basho qui, au Japon, en un dernier et éreintant voyage, suivra la vieille route du Nord... Kenneth White, à sa suite, parcourera les mêmes sentes (des espaces pour un esprit semblable) et visitera l'un de ses ermitages....

 

Bashô : l'ouvrage de référence : « La Sente étroite du bout du monde » ou encore « Sur le chemin étroit du Nord profond. »

«... Le Nord profond, plein de saumons et de baleines...

Les cygnes sauvages arrivent de Sibérie pour y hiverner... Ici pour dire « mourir » on dit aller dans la montagne... ce sont des territoires chamaniques »...

 

« Foulant d'un pas vif

le givre du pont

je rends grâce au monde. » Bashô

 

 

 

 

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« Le « demi-tour » comme si le progrès était allé suffisamment loin et que maintenant il soit temps de retrouver et de cultiver ce qui avait été perdu. » K.W.

« On se demande si l'humanité ne pourrait pas s'arrêter tout simplement pendant quelques temps et jeter un coup d’œil autour d'elle et dire, d'accord, il est temps de refaire le cercle.

Mais où est l'humanité ?
Où sont les êtres humains ?
 » K.W.



« Quelle chance le monde a-t-il dans toute cette foire de furie furieuse ? »...  K White



« Suivre les voies et les lois d'une grande migration mentale. »...

« Renouveler mon allégeance à la vie. »...

 

L'invitation : « Vivre un champ de correspondances. »...  «L'attirance des champs magnétiques. »...

 

« Chercher le « lieu » et la « formule » (selon Rimbaud), reste l'acte primordial. »

 

« Le « moi » n'est qu'une métaphore ; c'est-à-dire un moyen de se rendre d'un lieu à un autre. »...

 

« Voyager ; c'est ouvrir un espace pour l'esprit. » K.W.

 



Parlant du peuple des « Aïnou »... (Lointains ancêtres des japonais et premiers habitants.) Les « aïnou » ( les hommes, les humains...)



« ...Il y a quelque chose dans la culture aïnoue qui m'attire beaucoup...

Cette relation intime avec les saumons, les ours, les baleines, les oies et les cygnes / Avec l'os et la pierre... »

 

« ...Leur tête étoit nue et chez deux ou trois seulement entourée d'un bandeau de peau d'ours... Touts avoient des bottes de peau de loup marin avec un pied à la chinoise très artistiquement travaillé...Les manières de ces habitants etoient graves, nobles et très effectueuses... les cabanes de ces insulaires sont bâties avec intelligence, toutes les précautions y sont prises contre le froid, elles sont en bois revêtües d'écorce de bouleau. »

Le « voyage » de La Pérouse (A propos des « Aïnou »)...

 

Daisetsuzan (Le Mont de la Grande neige ; montagne et lieu sacré des Haïnou (la Maison des Esprits.)...



 

 

 

 

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« J'aime vivre dans un pays de l'esprit...» K W



« Sur le lac vide

ce matin du monde

les cygnes sauvages »

K White

 



A propos du poète errant Bashô :

 

« La maison de Bashô où est-elle ? Dans l'esprit, mais oui, dans l'esprit. »... « L'essentiel est, au Japon, dans l'esprit. »...



La poésie de Bashô pouvait constituer une « voie » en soi tout comme le voyage qui était considéré comme un exercice de contemplation digne de respect par le bouddhisme...

(un complément à la méditation assise (zazen) …

 

L'idée du voyage zen ou disons du voyage méditatif (tabi : voyager sans but et sans raison) (wouider et bouiner en langue gallèse) « se laisser aller avec les feuilles et le vent », de dériver, sans attaches.

 

Cela impliquait de vivre dans le vent et le beau. C'est à dire avec le sens de la beauté éphémère et de « porter dans son cœur le mouvement du ciel. » tout en jouissant du monde, en étant capable de le considérer comme étant intéressant, beau et radieux...

 

Prendre la route pouvait être une source « d'apaisement »... K W

 

Bashô fit des « classements dans la pratique du haïku » lors des rencontres poétiques et des enseignements ou conseils donnés :

les « maîtres-mots » : « céleste », « terrestre », « humain »... (L'allusion spirituelle était appréciée)....

Bashô introduisit une nouvelle profondeur à cette pratique considérée presque comme un « amusement »...

 

Plus tard, Seisensui avança cinq concepts nouveaux en plus de l'abandon de la règle des dix-sept syllabes (5-7-5) et du mot indicateur de la saison : la liberté / l'expression des émotions / le naturel / la force / la lumière... en plus de la maintenance de « wabi » : la solitude, la simplicité et « sabi » le sens du temps qui passe dans les choses...

 

Bashô, poète-voyageur aux pieds endoloris, étudia le zen, en retira beaucoup ; mais il ne se fit jamais moine, il connaissait et pratiquait l'esprit dit du bouddhisme zen...

Il ne voulait se plier à aucune discipline imposée Trop homme de mouvement pour cela trop désireux de rester « un homme du vent et des nuages »... K W

 

 

 

 

 

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K White prête à Bashô : Un sens de l'impermanence, du caractère transitoire de toutes choses, une conscience fluctuante de l'identité personnelle et une perception claire des choses de la nature...

C'était une voie poétique profondément enracinée dans l'esprit et dans le réel qu'il suivait et propageait (semer les « graines » du haïku) plutôt que la pure voie du Bouddha...  K W



Pendant que Bashô cheminait parmi les monts (un large chapeau sur la tête, un bâton à la main, des sandales aux pieds, vêtu d'un kamiko, sorte de manteau fait avec du papier et les yeux posés sur l'horizon...) dans le vent d'automne, l'air « sentait la neige » (Il composa une louange à la neige) et il rencontrait les ascètes errants les Yamabushi...

Leur texte sacré était le texte naturel : « Le bruit du vent dans la cime des arbres, le grondement des vagues, sont des voies sacrées. » Un authentique « esprit des hauteurs »... K W

La sensation d'être dans « un autre monde » dira Bashô...



Sur l'itinéraire du Nord, des haïku de Bashô sont inscrits sur des rochers... Des poèmes qui « restent dans la bouche et dans l'esprit des hommes »... K W



Kai-ôi (le livre des coquillages) est le premier ouvrage de Bashô...



« Premiers accents poétiques

du nord profond

chant du repiquage » Basho

 

 

 

 

 

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Du Shintô :



« Le sanctuaire shintô, le shintô. On est là avec le sol primordial du Japon... une religion sans dogme, sans système métaphysique, sans code moral, seulement un champ d'énergie vive gouverné par le soleil (« respirez l'esprit du soleil. ») et un monde mytho-poétique dans lequel les rôles principaux sont joués par la mer, le vent, la tempête, le tonnerre, l'éclair, la pluie, les rochers et les arbres...

 

Que le shintô soit devenu par la suite une religion nationale et nationaliste à tout a voir avec la politique et rien à voir avec ses énergies et ses vues premières qui sont en rapport avec quelque chose de bien plus fondamental. » K White

 



Autres propos de K White :

 

« C'était au temps où les esprits circulaient dans le monde »...

 

« Ecouter le silence, regarder la lumière...»

 

« S'immerger dans l'énergie et le rythme et la lumière de tout cela...»

 

« Se laisser attirer par les champs magnétiques en des « mondes à part » qui sont les lieux d'émergence des poèmes du monde... »

 

« Il se peut que la poésie du voyage ait eu son origine dans le désir de faire des offrandes propitiatoires aux « esprits de la route.»...

 

« Je pensais au passage du Nord-Est ; je parle de celui de l'esprit ? Combien de penseurs et de poètes le franchissent ? »

 



K White parlant de la plaine de Musashi : « La plaine de Musashi ses roseaux... Son étrange nudité et sa sauvage beauté... L'esprit de la plaine Les derniers refuges de l'âme... »



« Seul avec

un vieux corbeau

en pays inconnu. » K White



« Tout ce que j'entends, c'est un corbeau, krââ, krââ, krââ dans le ciel éblouissant. Et c'est ça que j'aime. » K White



«Un corbeau perché

sur une branche nue

crépuscule d'automne. » Bashô

 

 

 

 

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23/10/2019
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