KENNETH WHITE HOMMAGE 2025 AVEC M CAPMAL. B BOISSON. F P ROBIN...05 01 JANVIER
KENETH WHITE
Hommage rendu au Géo-poète dans la revue Le Goéland avec entre autres nos amis Michel Capmal, Bernard Boisson, François Paul Robin....
Nous ne disposons que de peu de « penseurs » ou « poètes » qui soient capables à la fois de faire une critique acérée et pertinente de notre société tout en ouvrant des voies et des pistes qui lui tournent résolument le dos soit d'écrivains qui proposent et invitent à la réflexion individuelle de façon sensible et intelligente sans être coercitifs et dont les connaissances et expériences incarnent un autre regard, une autre vision sur le monde et de nouveaux rapports, de nouvelles relations avec lui...
On peut citer Sylvain Tesson ou encore Pierre Rabhi ou Aurélien Barreau pour exemple mais Kenneth White occupe une place de précurseur lui qui m'a ouvert à mon adolescence ainsi qu'à Gilbert Aubert des espaces inconnus, stimulants et foisonnants...
Certains nous ont hélas quitter, mais ils continuent par leurs œuvres à alimenter notre pensée, à nous dynamiser, à accompagner en substance notre aventure existentielle....
Héritiers de ce legs précieux il nous appartient de continuer à le faire connaître et à la mettre à disposition des cœurs et des esprits ouverts aux sentiments et intelligences qu nous procurent l'Univers et la Nature....
A noter que tous nous proposent un « retour à la Terre », une « reprise de contact avec Elle »...
L'hommage qui suit est particulièrement « nourrissier » et démontre qu'une œuvre s'incarne et se prolonge aussi dans ceux et celles qui la découvrent et en irriguent la leur...
Ce sont des écritures en marge de la médiocrité ambiante, elles font ourlet à l'Univers et ont pour franges le ressac des flots au bout des caps celtiques... Nous sommes avec elles en bordure de « l'essentiel » sans lequel il n'y aurait pas de tissage du Vivant...
Un reproche cependant. Il fut un temps, celui de la revue Artus par exemple d'Hervé et de Claudine Glot du Centre Arthurien où Kenneth, dans le plus pur langage bardique contemporain qui soit, à fait l'éloge de la littérature et de la poésie celtique.... (Comme l'avait fait André Breton dans « Braises au trépied de Keridwen » ou comme envisageait de la faire avant sa mort Victor Segalen en voulant écrire les « Immémoriaux Bretons »)...
Kenneth n'était certes pas un homme des compromissions toutefois et face à des institutions et quelques personnages très peu au fait du monde Celte mais ayant quelques néfastes et funestes influences, il a renoncé à s'investir davantage en ce domaine jugé sulfureux et nauséabond par certains.... Ce jour là la « médiocrité » et la bêtise se sont imposées au génie !....
Il est vrai aussi que Kenneth à toujours farouchement défendu ses œuvres et sa notoriété ainsi que sa fondation géopoétique.
Rappelons que Kenneth a été un « initié » comme Taliésin (le prince des bardes et poètes) avant lui sur les rivages du Nord de l'Ecosse (lieu d'initiation celtique par excellence.)
Initié en effet dès ses premiers arpentages écossais et maritimes de son enfance...
Initié de même sur la route bleue du Labrador...
Initié encore sur le chemin du Nord Profond japonais de Bascho...
Initié à la Terre, à l'Air, au Vent, à la Glace, au blanc dénouement extrême... De là il ne pouvait devenir qu'un homme des « commencements » et du « renouveau ».....Ce qu'il a été et ce à quoi il éveille et invite...
La Dernière « demeure » de Kenneth, c'est sa maison bretonne appelée Gwenved soit le Monde Blanc de la Tradition Celtique en gallois et pour lui « Le Chant de la Vie portée à sa plus haute intensité.» C'est aussi en ce lieu le promontoire de son œuvre...
Bonne lecture Bran Du Janvier 2025
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Les photos qui accompagnent cet article sont de Muriel Lemaître... Elles ont "l'épure" et la respiration nécessaire à cela....
Le Goéland Poésie Mélanges pour Kenneth White
Revue de Poésie N° 3 Automne 2024 « Nouvelles Traces »
extraits nouvellestraces@gmail.com
« ...Kenneth fut pour beaucoup d'entre nous un de ces « vivants piliers » sur lesquels nous avons pu nous appuyer, pour nous conforter dans notre saisie du monde ou pour ouvrir les chemins qui y conduisent.
Il a aidé nombre d'entre nous à rechercher des compagnons sur le chemin de l'essentiel : le poème du monde.» Jean Paul Loubes (Rédacteur de la revue)
« J'ai vu aussi les glands tarder
leurs pousses rouges
dans le sol dur
et l'écorce de bouleaux blancs
fut pour moi plus que tous les livres. »
Kenneth White
« La civilisation est un refus de la terre , par ce refus, elle escamote les fondements mêmes de l'existence...De là, parmi un ramassis de fabrications, sa pauvreté existentielle...
La poésie, c'est la plénitude existentielle. »
K White « En toute candeur »
Sa présence manifestait pour nous, pour moi, le flambeau d'une toujours possible vraie vie, que les poètes et eux seuls peut-être, savent nommer, même lorsque c'est pour en accuser l'absence.
Sa parole éveillait, éveille toujours, le désir d'une présence au monde et d'une intelligence vitale, aussi précieuse que rare.
George AMAR
A noter aussi ces propos du même auteur :
La logique triadique (ou chacune des trois branches est buissonnante et buissonnière) à une vertu précieuse : elle déjoue les dualismes qui infestent la pensée « occidentale » depuis des temps immémoriaux, en tout domaine et sous toutes formes.
Le logos (source du langage et de la langue) partie vivante d'un corps, qui danse dans l'espace.
« Etre avec la terre, rien qu'avec la terre... Connaître le monde débarrassé de la fiction, du bavardage, des commentaires. »
K White (Le Passage Extérieur)
« Un monde... C'est ce qui émerge en rapport avec l'esprit de la terre... Pour qu'il y ait un monde au sens plein du mot ; un espace commun appelant à une vie dense et intense il faut que le rapport soit de la part de tous sensible, subtil et intelligent. »
K White
La géopoétique privilégie la vocation spatiale de la pensée qui, s'ouvrant sur le dehors et l'environnement, unit l'homme concrètement, affectivement et symboliquement aux lieux, à la Nature....
Tendre à se fondre dans une nature qui a fait ses preuves depuis des milliards d'années est bien la marque d'une conscience évolutionnaire...
Se conformer aux lois du vivant incluant au premier chef l'univers végétal... Doit devenir l'impératif du développement humain, si le but reste bien sûr de s'en sortir.
« Mettre en concordance les impératifs humains avec les invariants et les déterminants qui nous ont précédé et qui sont les seuls garants de notre continuité....
l’Éthique représente en partie une philosophie évolutive et en partie une création judicieuse de l'homme lequel se doit dès lors de la réinventer incessamment.
Il s'agit de se mettre en phase avec le monde...
« Agir ainsi c'est essayer de développer un cadre permettant à l'humanité de s'unir avec un sacré réinventé et soutenir la civilisation mondiale que nous allons créer au fil du temps. »
Stuart A Kauffman (Réinventer le Sacré)
« Un monde à part... Ce monde-ci, tel que l'on peut le vivre l'esprit désencombré. »
K White
Reformer et élargir le cercle, en raffermir les fondements pour en déployer l'horizon. En forte résonance avec le poiën originel.
Michel Capmal
Poiën : nom latin formé à partir du terme « paganus » qui signifie
« paysan du village ou civil » et qui provient lui-même du mot « pagus » qui signifie « village ». Il signifie principalement sans religion....
Relatif à une religion polythéiste (par opposition au christianisme, à l'islam, au judaïsme). Dieux, rites Païens (paganisme)
Il y a chez Kenneth de nombreuses références à la société celtique dont ceci :
« ...Une Occitanie celtique, dans un territoire celto-occitan, ce qui, anthropologiquement, culturellement, donne un mélange volatile, parfois explosif, et ici et là, lumineux. »
K White (la Grande Promenade Cévenole)
Il y a des sites qui portent la tension de notre éveil à ses confins.
Certains de ces territoires paraissent encore imprimés par une virginité issue du cosmos selon le pouvoir des règnes minéral et organiques à résonner en nous.
….Il y a quelque chose qui est de l'ordre du ressaisissement existentiel quand nous sommes frappés par de telles perceptions.
…..Nous a manquer la cohésion de la sensibilité humaine avec l'essence des lieux...
….Quel que soit l'identité du cycle, c'est par ses cycles qu'un écosystème « respire » et que l'humain respire le monde et est respiré par le monde...
Ce semble par cette transe de tous les cycles qui nous traverse que nous nous présentons réanimés par l'essence poétique de la terre...
Nous ne sommes pour ainsi dire pas reliés à la Nature mais seulement aux idées que nous nous en faisons.
La « libre évolution » est une vision ouverte. La géo-poétique m'apparaît judicieuse par sa prospective de l'humain en libre évolution couplée à une Nature rendue à Elle-même...
Bernard BOISSON
« L'inspiration à la terre n'est pas réductible à une expérience personnelle et accidentelle à quelques individus mais elle revient en l’occurrence telle une conscience universelle s'exprimant sans cesse sous différentes formes, en tous lieux, en tous temps. »
K White
« La « culture » est une valeur de vie. » K White
Une éthique de réalisation de soi repose sur la notion d'accroissement de vie.
Pour K White « le chaman est à la fois un « homme-médecine » et un homme capable de vivre (et d'exprimer) la vie totale. »
Il s'agit de retrouver un certain sens de la terre, un certain sens du fondamental, et de la perception fraîche du monde tels que semblent les avoir connus les premiers hommes.
Des moments d'éternité où le poète se sent coïncider jouissivement avec le monde.
« Un paysage mental où les mots montaient lentement du paysage amoureusement contemplé. »
Michèle DUCLOS
« La réalité étant pleine / Pleine jusqu'au centre. »
William Carlos Williams
De la géopoètique :
« La recherche d'un langage capable d'exprimer cette autre manière d'être au monde, mais en précisant d'entrée qu'il est question ici d'un rapport à la terre (Energies / Rythmes / Formes), non pas d'un assujettissement à la Nature. »
« Un espace de culture, de pensée, de vie, en un mot : un monde. »
« Un monde bien compris, émerge du contact entre l'esprit et la terre. »
« Quand le contact est sensible, intelligent, subtil, on a un monde au sens plein du mot, quand le contact est stupide et brutal, on n'a plus de monde, plus de culture, seulement, et de plus en plus, une accumulation de l'immonde. »
« J'en suis arrivé à l'idée que c'est la terre même, cette planète étrange et belle, assez rare apparemment dans l'espace galactique, sur laquelle nous essayons tous, mal la plupart du temps, de vivre. »
Il s'agit d'un mouvement qui concerne la manière même dont l'homme fonde son existence sur terre.
« Ce monde ci m'est une provocation. Contre lui j'affirme mon propre monde, qui est le monde réel...
Le poésie est l'affirmation de la réalité. »
Ecrire un poème qui corresponde à toute la plénitude complexe du réel.
(Une conception de la vie dégagée enfin des idéologies, des mythes et des religions.)
K White
Le projet géopoétique correspond à ce désir de redonner au monde et à l'être un sens fort et opératoire en restant résolument terrestre...
L'ouvert :
Une refonte de la culture autrement que sur les mythes et les religions, désigne une façon de cheminer dans le monde dans une relation subtile, profonde, départie de tous les clichés, de tout ce qui peut constituer un voile de la perception que l'on a du dehors.
Avec K White, cheminons.....
Nathalie PLET
« Ne pas rigidifier le savoir.»
La puissance du lieu réel conjuguée à celle du lieu indicible (le vide) qui seul fait advenir une révolution radicale du regard et donne accès à l'essentiel...
Danielle LAUDRIN
Il y a des ingénieurs du chaos à la manœuvre....
Tout cela qui courts désormais au plus formidable détraquage humain jamais observé planétairement....
En chaque chose, outre l'humour, il faut avoir le courage de vouloir...
Ecrire comme le vent voyage....
Francis DONSKOï
« Voyager, c'est aller de définition en définition vers le non défini. » K White
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