Les dits du corbeau noir

J'AI VU.... CONTE BARDIQUE BRAN DU 2025 28 01 JANVIER

 

 

 

 

 

Reprise 19 20 20 724.JPG

 

 

J'ai Vu.....

Ne me demandez pas comment j'ai vu ni pourquoi j'ai vu...

Je l'ignore en grande partie moi-même...

 

C'était sur le tertre de Toul Goadic, ce grand landier où affleure l'échine des dragons...

 

Dans une vasque creusée dans le granit par des mains inconnues s'agitaient et semblaient danser deux serpents entrelacés ; l'un était le serpent de l'eau et l'autre le serpent de feu et tous deux formaient comme une sphère mouvante se tenant à mi hauteur des cornouillers et des épines noires...

 

Je fus comme captivé ou aspiré par cette vision et mes pensées elles aussi furent happées par cette étrangeté de nature magique assurément...

 

Cette boule ignée et fluide à la fois s'éleva dans les nuées m'emportant avec elle sans que je n'en ressentisse de dommages...

 

Nous survolâmes ainsi des crêtes et des forets, des lacs et des contrées inconnues de moi....

 

Je ne sais combien de temps cela dura, quelques secondes peut-être mais ayant semblance d'éternité...

 

Je me retrouvais lors assis au-dessus d'une falaise prolongée par un cap s'enfonçant dans l'océan... Un soleil s'y noyait et j'assistais au naufrage...

 

C'est lors de cette parousie solaire qu'elle vînt s'asseoir près de moi... Dans une de ses mains, elle tenait une branche de pommier fleurie ; une saie de lin blanc ceinturait sa taille et descendait jusqu'à ses pieds... A chacune de ses oreilles pendait un rubis aussi rouge que ses lèvres... Ses cheveux blonds ondulaient sur sa poitrine et recouvraient ses seins ronds et fermes...

 

Elle se mit à fredonner un chant qui peu à peu prit de l'ampleur et dont je ne connaissais la langue ni les tonalités mais cela passait d'une sorte de berceuse à une forme d'invocation...

 

Le ciel nocturne semblait réagir par de ponctuels éclats à cette voix mélodieuse et puissante...

Puis le silence se fît...

 

Elle se leva, mit la branche de pommier sur mon torse puis disparut aussi invisiblement qu'elle était venue...

 

Un cheval se mit à hennir non loin de moi. J'allais vers lui et montais à cru sur son encolure m'accrochant à sa crinière longue et épaisse...

 

A ma grande surprise et non sans frayeur, je le vis se diriger vers la falaise puis se jeter dans le vide...

 

Pendant un temps indéterminable, nous avons survolé les vagues et les houles, éclaboussés d'écume blanche et rousse...

 

Puis nous revîmes sur le tertre de l'apparition où je fus déposé entre fougères et bruyères...

 

Aujourd'hui, je reste encore « secoué » par cette aventure exceptionnelle autant que mystérieuse dont j'ignore la signification, le pourquoi de sa survenance, j'ai le cerveau torturé par des questions qui demeurent sans réponses....

Et pourtant...

J'ai vu cela, j'ai vécu cela, tout mon être a épousé cela, corporellement, charnellement...

 

Ce n'est donc ni un rêve, ni un songe, ni un état prodigué par le vin ou par une drogue, c'est une réalité indéniable, irréfutable...

 

J'ai planté en cet automne la branche de pommier, à sa floraison printanière, j'écouterais chaque bourgeon s'ouvrir et peut-être me délivreront-ils un message ou chanteront-ils ce que ma mémoire n'a pu ni su retenir !...

 

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Reprise 19 20 20 724.JPG



28/01/2025
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