IRLANDE (LA PERTE DE MEMOIRE !) TEXTE 2025 BRAN DU 03 06 JUIN
Sculpture irlandaise Photos Bran Du
Irlande... 03 juin 2025 Bran Du
Anses d'écume, halos de brumes
Le ciel allume une bougie qui branle sur sa mèche...
Le jour tangue et oscille entre le blanc et le gris...
Mon regard sur cela s'embarque pour l'infini
Je suis au pays bleu et vert où jours et nuits s'enlacent
Et disparaissent dans la brèche que font, des goélands, le cri...
Le combat plus que millénaire se tient sur le rivage
Dans les criques et sur les plages...
C'est l'affrontement perpétuel entre le ciel et la terre
Avec leurs ambassades d'ombres et de lumières,
De vagues et de lames, d'embruns et de vents,
Qui vous fouettent l'âme et vous retourne le sang...
Roulement du tonnerre sur la peau du bodhran
Echos d'une mémoire ancienne
Où les héros s'affrontaient fiers et sans haine
Pour leur dignité et pour leur honneur
Avant que leur jeunesse ne se fane
Avant que la mort sur eux ne vienne...
Irlande de Jadis et extinction des mémoires
Les sids sont déserts sans Dieux pour y croire
Les mythes ne sont plus invités à la table du Vivant
« Vivre », c'est pour l'heure ne faire que semblant !
Il n'est plus de flambeaux pour lors s'enflammer
Étouffées sont les flammes vives et claires du passé...
L'herbe pourtant persiste à conter aux nuages
Les rudes épreuves de Cuchulainn en son gué
L'homme blessé seul face à toutes les adversités
L'homme debout et fier attaché à un rocher
Et par les prémices de la mort déjà visité
Luttant jusqu'au bout épuisant son courage...
Qui se souvient encore du Prince des Poètes ?
L'Esprit était son habitat et l'Anima sa demeure
Du Verbe et du Souffle, il était le digne serviteur
Mettant sa parole d'eau et de feu au service de l'Être
Aujourd'hui ne règnent que le déni et le paraître
Taliésin n'est plus et la belle Irlande se meure...
L'Irlande séduite et fécondée par le ciel
L'Irlande dont la Terre très ancienne est une Mère
Les vents y tissent des cordons invisibles
Comme les rivières bleues qui y serpentent
Les pluies y ruissellent sur ses pentes
Comme des mots devenus indicibles...
Les parmélies jaunes ou oranges, pourpres parfois
Mais aussi vertes ou noires ou bien blanches
Auréolent les pierres d'un sceau d'éternité
Le temps et l'espace aussi ont tous deux signé
Le pacte millénaire de l'antique souvenance
Quand « vivre vrai » était la règle et la loi...
L'Eau, l'Arbre et la Pierre forment une trilogie
Composite, cohérente, vive et interdépendante
Ils sont, le voile, le tissu qui recouvrent le pays
Ils courent par les chemins et sinuent par les sentes
Et colportent en tous lieux les anciens dits
Et de ceux-ci ravivent l'écoute et l'entente...
Des braises couvent encore sous l'épaisse cendre
Prêtent à rejaillir dans leur manteau de flammes
Si le corps lentement se meurt, il est encore une âme
A flamber, croître, fleurir, ruisseler et se répandre...