Les dits du corbeau noir

ETUDES ET COMMENTAIRES LES DRUIDES (SUITE ) MAGIE DU VERBE/ MORT ET SOUVENIR/ UNE BELLE ASSEMBLEE... BRAN DU 2016 17 03 MARS

Source : les Druides F Le Roux et CH J Guyonvarc'h ed Ouest France

Sont abordés ici les thèmes liés à :

La Magie du verbe, l'Incantation...

La Mort et le Souvenir...

Les Ruisseaux de la Science Druidique...

Une Belle Assemblée ou le Festin Celtique...

 

La Magie du Verbe : L'Incantation :

 

«...Mer poissonneuse,

pays plein de fruits,

jaillissements de poissons,

poissons sous la vague,

comme des nuées d'oiseaux,

mer rude !

Grêle blanche,

avec des centaines de saumons,

de larges baleines,

jaillissement de poissons,

mer poissonneuse.»

 

Le Livre des conquêtes. Incantation faite par le File (barde) Amorgen lorsqu'il débarque sur la terre d'Irlande.

 

Une pratique rituelle accompagnait l'invocation fondée sur la « magie du Verbe »...

 

Par exemple : voici un Glam Dicinn (un cri comportant une forme de malédiction à l'encontre d'une personne indigne de sa charge ou fonction (ici un roi fautif) :

Pour clamer cela efficacement, il fallait jeûner sur le lieu de la dite incantation.

On montait en troupe ordonnée au coucher du soleil vers la colline.

L'ollam (le docteur en poésie et science) accompagné d'autres dignitaires, regardait les terres du souverain pris en défaut et, tournant le dos à un buisson d'aubépine, faisait jaillir le premier chant de condamnation... Chacun des participants poursuivait et complétait ce chant à son tour étant muni d'une pierre de fronde et d'une branche d'aubépine qui, après le chant, étaient déposées aux pieds du buisson...

Si leur chant n'était pas « juste », motivé, argumenté à l'encontre du destinataire, la colline les « engloutissait » !....

 

L'incantation par le bout des os (des doigts) fut conservée par St Patrick (car elle n'impliquait pas de « sacrifices ».)

 

« Quand le poète voit un homme au loin, venant vers lui ou apparaissant, il compose aussitôt une strophe à son sujet avec le bout de ses os, ou avec son esprit, sans préparation, et c'est en même temps qu'il chante et qu'il agit. »

 

Le Teinm laegda est un autre emploi de la Parole servant à des jeux ou à des devinettes...

Il nécessite de mettre le pouce dans la bouche... De toucher un homme, un animal, ou une chose à propos desquels la question était posée. De chanter une invocation et de faire un sacrifice...

 

Il aurait existe un « nœud des druides » consistant en un sortilège entourant un lieu déterminé...

 

 

 

Notes : Tout cela tourne autour de la puissance, de la force, de l'efficience accordée à la Parole, au Verbe, au Chant ; soit à la Vibration sonore considérée comme une magie suprême car provenant du Souffle inspiré par les Entités divines et sacrées....

 

Le Verbe est à l'origine de la Création et de toute vie ; il y a donc tout pouvoir sur cette vie, sur le temps et l'espace, sur les éléments, les êtres et les choses, y compris le pouvoir de mort..

 

Il existe des objets merveilleux. Tel un vase de cristal caché sous une source veillée par des femmes du Sid mais aussi un chaudron o combien magique...

Leur particularité et singularité ; c'est qu'ils se brisent quand ils entendent des paroles mensongères et se reconstituent quand se fait entendre l'accent de la vérité....

 

C'est donc une « arme redoutable » que cette Parole, mais une arme à deux tranchants ; si elle est employée à tort, elle se retourne contre celui ou celle qui en a fait un mauvais usage !...

 

L'équité est chez les Celtes un besoin obsessionnel.... On ne peut prononcer un mauvais jugement sans s'attirer en retour de graves conséquences pour soi-même !...

 

Le « mensonge », avec la cruauté et l'orgueil sont considérés comme de véritables fléaux qui portent atteinte au « bon ordre, à la belle ordonnance » des êtres, des choses et de tout l'univers...

Ils sont donc sanctionnés à hauteur des dommages qu'ils provoquent...


….................

 

 

 

Mort, souvenir et Oubli :

 

Le souci des Celtes c'est d'assurer au trépassé la béatitude dans l'Autre Monde et sur terre, là où son corps à reçu une sépulture honorable, la perpétuation du souvenir de son nom...

(Il n'est de véritable mort pour le Celte que dans l'oubli.)

(L'inhumation et l'incinération ont été toutes deux pratiquées chez les Celtes.)

 

Le présent et le devenir sont liés au passé par un devoir de mémoire et de souvenance en égard à ceux et celles qui ont gagné l'Autre Monde...

L'adieu au défunt est entouré d'un cérémonial scrupuleux qui implique diverses phases et parmi elles l'érection d'une stèle où est gravé le nom du disparu... (Le corps est généralement lavé dans une rivière ; des lamentations s'élèvent alors que l'on fait l'éloge du défunt puis des jeux funèbres sont mis en place...)

Aux bardes de chanter régulièrement le souvenir de celui-ci...

 

Il y a eu de cruelles exécutions suite à des fautes graves et le druide était présent à celles-ci non pas pour appliquer un « châtiment » (notion étrangère à la religion celtique avec celle du péché), mais pour assurer ou rétablir le bon ordonnancement des êtres et des choses au sein d'un ordre cosmique perturbé par une action humaine allant à l'encontre des règles d'équilibre et d'harmonie et mettant en péril cet agencement et cette architecture même... (L'exclusion de tout rituel communautaire prononcée contre un individu contrevenant gravement à la cohérence entre lui et ses frères et sœurs en humanité, lui et l'harmonie de la nature et de l'univers revenait par équivalence de conséquence à une « peine de mort »)...

 

 

 

Les Ruisseaux de la Science druidique :

 

Parmi les quatorze ruisseaux de la science druidique on notera entre autres vertus et capacités :

 

L'honnêteté et la dignité...

Le travail commun et la compilation des généalogies (devoir de mémoire et de souvenir)...

Le bon jugement, le jugement équitable...

La pratique incantatoire maîtrisée et juste (l'océan de chant)

La pureté de main et de mariage...
La pureté des lèvres et de l'étude...

(Livre de Leinster)

 

 

 

Une belle assemblée :

 

C'est, par exemple, celle réunie chez le roi Conchobar (In l'exil des fils d'Uisnech) :

 

« Une fois Conchobar, fils de Fachta, roi d'Ulster, et les nobles de la Branche Rouge, allèrent à un festin chez Fieldhlim, fils de Doll, le premier conteur du roi.

Et le roi et ses gens furent joyeux et gais à consommer le festin chez le premier conteur, avec la douce musique des musiciens, avec la voie mélodieuse des bardes et des docteurs, avec les délices de l'éloquence et les anciennes légendes des sages et de ceux qui lisent les anciennes encoches faites sur les pierres et les livres avec les prédictions des druides et ceux qui dénombrent la lune et les étoiles... »

 

Tel devait se présenter nos agapes et festins fraternels si nous voulons les inscrire et les maintenir dans leur schéma et esprit traditionnel : ils impliquent :

 

Un sens aigu de l'accueil, de l'organisation, le soin de mettre chacun et chacune à sa juste place, selon son rang, sa fonction etc...

Le soin que chacun apporte à se présenter (avec sa meilleure et plus belle « vêture » et surtout celle « de l'Esprit », avec ses dons, talents, compétences, mis en partage...

Une générosité, un sens de la distribution ou redistribution....

Une attention portée à tout ce qui concoure à un bon festin...

(Choix des mets, abondance et qualité de ceux-ci...)

La notion de « don » préside à la table d'honneur !

On n'y vient pas sans sa beauté (tant interne qu'externe !)...

On laisse à la porte tout ce qui serait de nature à perturber l'assemblée (mauvaise humeur, querelle, rancune etc...)

Les druides veillent à garder l'assemblée dans la paix et la sérénité et à neutraliser les excès...

Tous les membres de l'assemblé passent ou renouvellent en quelque sorte entre eux un « contrat d'amitié »...

On veille au respect des lois, usages, coutumes...

Le spirituel conserve sa préséance sur les aspects matériels et humains...

 

Sont convoqués :le vrai, le beau, le juste, l'équitable, le prodigue...

 

Participent d'un banquet réussi :

 

Les druides, les bardes ou « filid », les musiciens, chanteurs, conteurs, les porteurs d'une Parole juste et sage qui fait souvenir des Anciens...
Un roi irréprochable...

Des guerriers à l'étoffe de héros...

Des Femmes élégantes, visionnaires et voyantes....

 

L'Esprit  (sa Parole, ses expressions et formulations) est le Grand Régisseur de la noble et digne assemblée...

Ses servantes et serviteurs, hommes et femmes consacrés (sacerdotes), hommes et femmes initiés en leur fonction et compétence, en sont les ambassadeurs et intermédiaires....

 

La joie, la réjouissance, l'embellissement des êtres et du cœur, sont de cette fête...avec la volonté et le désir, pour chacun et chacune, dans être les oeuvriers, acteurs et artisans...

 

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17/03/2016
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