Les dits du corbeau noir

EQUINOXES ET SOLSTICES (BRAN DU-SEPTEMBRE 2015)

Equinoxes et Solstices....

 

Nous ne savons pas et il sera difficile d'avoir des éléments exploitables livrés par les découvertes archéologiques et les études les plus récentes et en «pointe» à ce sujet, comment les Celtes célébraient, en plus de la Samain, de la Beltaine, de la Lugnasad et d'Imbolc, ces quatre périodes de la roue annuelle appelées Equinoxes et Solstices...

 

Ce que nous savons, c'est que la «carte du ciel» et les mouvements des planètes et des astres avaient une importance certaine dans le déroulé des cérémonies chez les anciens Celtes qui ne faisaient pas n'importe quoi, n'importe comment et n'importe où et quand, en terme de tenue des rituels et des rapports au divin et au sacré.

 

Bien au contraire, les Druides étaient à juste titre réputés pour leur grande connaissance à ce niveau....

 

Cette relation «transcendant l'humain» ne pouvait s'instaurer et se vivre que dans une compréhension et une mise en résonance et correspondance de tous les facteurs et éléments mis en présence lors du cérémonial visant à participer au maintien des équilibres et de l'harmonie, entre tout être et toute chose, dans le ciel, sur la terre et dans le monde «souterrain» y compris ...

 

Le rite instauré se devait d'être à l'image de l'harmonie céleste et requérait des dispositions associés aux mouvements des astres et à la lecture et à la bonne interprétation de ceux-ci...

 

La COHERENCE, L'EQUILIBRE et L'HARMONIE représentent la Triade celtique par excellence de l'acte appelé rituel...

 

Les notions de jour faste ou néfaste sont attestées dans le calendrier de Coligny et revêtent de ce fait une importance certaine...

 

Le ciel diurne joue un rôle conséquent avec les aurores associées, mais le ciel «nocturne» aussi avec les craintes y afférent....

 

Pour revenir aux équinoxes et solstices ceux-ci ne sont pas explicitement cités comme tels dans les textes et récits à notre disposition parlant du festiaire celtique, mais ils se trouvent dans un intervalle d'environ 40 à 50 jours par rapport aux quatre grandes fêtes que l'on pourrait qualifier de «majeures» en sachant qu'Imbolc (début février ; «la lactation des brebis») est sujette à des contestations ou réserves quant à son existence et célébration.

 

Les intervalles entre ces huit étapes de la roue annuelle sont globalement :

De Samain au Solstice d'hiver de 51 jours.

Du Solstice d'hiver à Imbolc de 41 jours.

D'Imbolc à l'Equinoxe de printemps de 49 jours

De l'Equinoxe de printemps à Beltaine de 40 jours

De Beltaine au Solstice d'été de 52 jours

Du Solstice d'été à Lugnasad de 52 jours

De la Lugnasad à l'Equinoxe d'automne 40 jours

De l'Equinoxe d'automne à Samain de 40 jours....

 

L'année est considérée comme un cercle et dans ce cercle le soleil imprime ses quatre mouvements journaliers. Ce cercle annuel est divisé en deux parties, une partie dominé par le sombre et l'autre par le clair...

 

Une hypothèse voudrait que ce soit les fêtes dites majeures qui soient décalées par rapport aux équinoxes et solstices et ce pour une raison non connue et, si l'on tient compte de l'importance des levers et des couchers du soleil au solstice d'hiver et au solstice d'été, on pourrait tenir compte de cet argument pour conforter cette hypothèse, mais le début de l'année celtique est incontestablement début novembre et selon le sixième jour de la lune...soit à Samonios (qui en fait «récapitule la période d'été» et la saison dite claire ou Belle saison)....

 

(Pour rappel le calendrier gaulois dit de Coligny est luni-solaire est détermine cinq années de cycles ajustés et coordonnés entre soleil et lune.)

 

Il est à noter que le lever des Pléiades identifié depuis la fin de l'âge du bronze en Europe devait aussi être connu des Druides et avoir son importance....

 

Comment fêter alors ces solstices et ces équinoxes, si nous ne savons de façon certaine de quelle façon ils étaient concélébrer (soit par toute l'assemblée et les sacerdotes réunis soit en comités plus restreints) ?

 

Nous sommes ne l'oublions pas dans une société trifonctionnelle (organisation commune au monde indo-européen) avec la classe sacerdotale, la classe royale et guerrière et la classe des producteurs et parmi ces derniers se trouvent les artisans, mais également et sans doute plus nombreux, ceux et celles qui font ouvrage nourricier de la terre et qui élèvent le bétail dont on sait l'importance dans le monde celtique...

 

H Hubert cite «L'éminente dignité des rites agraires celtiques, mis au premier plan de la vie religieuse avec leurs mythes.»

 

Et cette dernière classe des pasteurs et agriculteurs doit pouvoir «compter» sur les druides et leur calendrier pour mener à bien leurs emblaves et autres travaux en période favorable, faste et propice et sous l'auspice généreuse, féconde et fertile des entités convoquées à cet effet lors des rituels appropriés... Il serait alors étonnant que, dans ce monde agricole et pastoral naturellement attaché et relié aux équinoxes et solstices les druides n'aient pas «marqués» ces passages et étapes de cérémonies adaptées !...

 

C'est un élément à verser peut-être à ce dossier...

 

L'art Celte nous réserve bien des «messages» et bien des «enseignements» majeurs encore à dévoiler, mais l'artisan Celte ne fait rien même dans le fonctionnel qui ne soit sans rapport et fortement éloignée d'une dimension sacrale ou divine (même dans l'objet fonctionnel!).


Il devait y avoir pour ces «gens d'art» initiés une sorte de «convention préalable» dans la réalisation d'un ouvrage, de «dédicace» ou d'intention à l'égard d'entités protectrices etc...

 

Le symbole de la roue est omniprésent dans l'art des Celtes et le char à deux roues accompagne le glorieux défunt ou la glorieuse défunte vers l'Autre Monde...

 

Cette roue qui figure aussi et «divinement» sur le chaudron de Gundestrup est souvent représentée avec ou sans un cercle intérieur en son centre, avec quatre ou huit «barreaux» lesquels pourraient, c'est une supputation, représenter les quatre ou huit fêtes annuelles cumulées avec d'autres «analogies» possibles....

 

On ne peut selon moi dissocier les équinoxes et les solstices des fêtes majeures qu'ils précèdent et suivent. Chaque équinoxe et chaque solstice récapitulent une période écoulée et amorcent, annoncent, préparent à la fête majeure qui se présente à la suite...

 

C'est dans cet esprit qui, entre deux fêtes majeures, fait un bilan d'un côté et une préparation de l'autre, que je concélèbre personnellement les équinoxes et solstices...

 

Toutefois il est fort probable que sur ces périodes très liées aux pratiques pastorales et agraires des rites plus «spécifiques» et «appropriées» aient été pratiqués en rapport avec ces activités. (Rites conséquents liés à la fécondité et à la fertilité etc...)

Tout le «folklore» européen a gardé des traces évidentes, mais plus ou moins altérées de cela...

 

(Par exemple : Il a été observé et noté que les pratiques «ancestrales» de jardinage dans l'Est de la France ; pratiques transmises de mère en fille, retranscrivent le calendrier celtique et son «festiaire» par rapport aux opérations réalisées à ces mêmes dates ou périodes...

Les feux dits de la St Jean d'été sont indéniablement les successeurs en grande partie «christianisés» du Tantad ou Solstice d'été et sont encore pratiqués en Europe et notamment en Bretagne et Normandie où ils sont réputés comme étant parmi les «plus hauts».

J'en ai compté plus de 22 dans les Côtes d'Armor l'année dernière!)

 

Chacun des huit «barreaux» de la Roue est relié au Moyeu.

Aucun barreau ne peut être séparé du Centre qui fait avancer la roue annuelle, mais tous participent de cette «avancée» en y jouant un rôle spécifique et complémentaire indispensable....

 

La Roue ne se comprend dans son «ensemble» et ne réalise son «efficience» opérative que par l'articulation intelligente et cohérente des huit barreaux qui la constituent...

 

 

 

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Qu'en dit Philippe JOUET dans son Dictionnaire de Mythologie et de Religion celtiques ? Ceci :

 

« Les fêtes irlandaises ont une dimension agraire, mais non exclusivement...

 

Les étapes des mouvements solaires sont reflétés par la mythologie...

 

(On notera une similitude également au sein des récits de la Table Ronde (la «Matière de Bretagne») où les «héros» ont une dimension solaire et réalisent leurs épreuves en suivant la «marche du soleil» (sonnocingos)

NDR

 

Des ensembles mythico-rituels complexes étaient disposés par rapport aux articulations de l'année : solstices, équinoxes et points intermédiaire.

On peut avancer que les solstices étaient des moments importants du festiaire celtique. Solstices d'été et d'hiver marquaient le centre des deux moitiés de l'année

 

On peut repérer les grandes lignes d'un ensemble mythico-rituel organisé de Samain au Solstice d'hiver et de Beltaine au Solstice d'été...

 

On peut ainsi résumer la structure d'ensemble des fêtes irlandaises sur l'année à huit membres (2 solstices, 2 équinoxes, quatre points intermédiaire). Le jour de l'Equinoxe d'automne est placé à mi chemin entre l'Equinoxe d'automne (septembre) et le solstice d'hiver. Beltaine entre l'Equinoxe de printemps et le solstice de juin.

Les fêtes sont donc organisées en fonction de l'activité diurne répartie sur quatre périodes d'environ 3 mois (Six quinzaines).

 

Chacune des deux grandes périodes de l'année avait sans doute des sous-saisons considérées aussi analogiquement comme diurnes ou nocturnes.

 

Lugnasad et Samain sont au centre de 2 trimestres de soleil déclinant l'un pré-, l'autre post-équinoxial. Imbolc et Beltaine sont aux centres respectifs de 2 trimestres d'accroissement solaire, l'un pré-, l'autre post-équinoxial....

 

53 jours : c'est l'intervalle de jours qui séparent le Solstice d'été de Lugnasad. De même pour le 1er novembre et le solstice d'hiver. Cela autorise à penser que Lugnasad et l'Equinoxe ou Samain et le Solstice d'hiver sont deux temps forts de la procédure d'investiture royale. »

 

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Il appartient à chaque sacerdote, fort de ses expériences, de ses connaissances et de la fiabilité de celles-ci, mais aussi de ses capacités à «capter l'Awen», à être inspiré par les Entités convoquées, à sentir et à percevoir les vibrations de la Farine de l'Air, à recevoir et à retransmettre les Forces, Energies et Lumières émanées du Tribann sacré, de mener au mieux, en cohérence, équilibre et harmonie le rituel dont il a la charge...

 

Pour se vivre pleinement un rituel se doit d'être compris, de cœur et d'esprit, puis incarné...

Il appartient au sacerdote d'expliquer, argument fiable à l'appui,

à tous les participants, servants et servantes, le pourquoi et le comment de chaque rituel qu'il anime avec les aides précitées...

 

Il importe également que cela fasse l'objet d'une réflexion commune en amont du rituel et au préalable, d'une préparation individuelle et communautaire.....

 

Bel Equinoxe d'automne à tous et à toutes dans la bonne joie des yeux et du cœur

 

Fraternellement Bran du



09/09/2015
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