Les dits du corbeau noir

EN QUOI SUIS-JE DRUIDE OU BAN-DRUI ET POURQUOI ? PARTIE 2 2024 BRAN DU 01 03 MARS

 

 

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En quoi je suis Druide ou Ban Drui et pourquoi ?

(Propos non exhaustifs)...

La fonction druidique : validation, authenticité, exemplarité, ambiguïté, falsification ou usurpation....

 

Tout d'abord replaçons cela à sa plus juste place...

 

Cette fonctionnalité s'insère dans une Tradition millénaire et qui dit Tradition implique de fait la notion de « Transmission » soit le fait de transmettre d'individu à individu et de génération en génération, à travers le temps et l'espace donc, un dépôt, un legs, un héritage, un patrimoine spirituel, philosophique, culturel, social....qui est le fondement conceptuel même de la dite Tradition... Une Tradition d'ailleurs non figée mais apte aux évolutions comme l'Univers lui-même....

 

Premier point : il n'a pas existé aux temps anciens d'institution druidique et encore moins d'église druidique. On peut seulement évoquer ce qui pourrait s'apparenter à une « confrérie » ce qui n'exclut pas au sein de celle-ci diverses structurations et diverses fonctionnalités.....Et, dans certaines circonstances, une nécessaire hiérarchie basée sur des compétences, capacités et facultés avérées....

 

Deuxième point :

Cette transmission de « druide en druide (selon le modèle traditionnel de passation et d'octroi de la fonctionnalité sacerdotale) a cessé rendu impossible par le poids des interdits et des sanctions opérés tant par le christianisme que par l'empire romain.....

 

Pour les données « historiques » que nous possédons, la « confrérie druidique » privée de ses fonctions et de ses prérogatives, ne pouvant librement les exercer, se serait éteinte de fait...et ce pour l'ensemble des territoires Celtes nonobstant l'Irlande qui résistera plusieurs siècles( et sans doute une partie du Pays de l'Ecosse et le Nord de l'Ecosse qui demeurera le lieu des instructions et des formations majeures et un dépôt patrimonial conséquent.)

 

L'éradication progressive et hélas efficace de la fonction druidique liée à sa « corporation » n'est pas contestable, toutefois, c'est par le bardisme ( les « Filid » en Irlande) qu'une part non négligeable des récits et mythes celtiques perdurera, oralement, puis sera portée par écrit (de façon christianisée et censurée souvent mais pas totalement)...

 

Le bardisme connaîtra ses heures de gloire mais glissera peu à peu vers une dévalorisation réduisant considérablement sa fonctionnalité et les contenus de celle-ci...

Les Filid cependant préserveront l'Anima de la Tradition...

 

Il semble cependant que des « écoles bardiques » aient existé au sein desquelles la Tradition est pu être transmise...

 

Mais peut-on les considérer comme étant des « Druides » ? Certes, ils « transmettent » le précieux dépôt mythologique , symbolique, analogique et archétypal mais leur fonction ne se réduit-elle pas à cela en n'ayant plus l'exercice plénier du sacerdoce ?

 

Il serait vain de rechercher à ses époque au sein du monachisme celtique une fonctionnalité druidique qui s'y serait agrégée. Nous sommes là dans un univers institutionnel chrétien dont nous savons les très fortes incompatibilités avec le monde druidique...

 

Alors ! ? Qu'en est-il d'une transmission ininterrompue de la fonction druidique dans tous ses aspects sacerdotaux depuis l'Antiquité ?

 

A l'époque de la conquête romaine nous ne connaissons qu'un seul nom de druide évoqué alors....puis le nom de druide disparaît peu à peu des textes en Gaule...

 

Il est possible qu'une transmission plus ou moins édulcorée de la Tradition perdure pour en trouver encore la trace chez Rabelais et chez Shakespeare... Et pour une part parmi les compagnons tailleurs de pierre et les chapiteaux romans....

 

Il est donc difficile d'évoquer une extinction totale mais en terme de corporation « druidique » les chances d'une survie très partielle sont plus minces...

 

Une « corporation druidique » peut-elle renaître de ses cendres comme le phénix il semble bien que oui car c'est ce qui se passe au XVIIIè siècle en en 1717 avec John Toland et ses amis Antiquaires soit historiens puis avec Henry Hurle puis avec Edward Williams dit Iolo Morganwg et ainsi de suite jusqu'à nos jours....

Ce cernier « résurgent » est très porté sur le rite et il met en place des rituels et des cérémonies qui seront repris puis qui évolueront de diverses façons...

 

 

Il faut surtout rappelé ici qu'une Tradition est d'abord véhiculée, en dehors de l'histoire des Femmes et des Hommes, par son Souffle, par son Esprit, par ses Respirations, par son Verbe ou Logos et pour ce qui nous concerne par l'AWWEN... Et par ceux et celles qui se veulent animés et inspirés par les Forces, Energies et Lumières qui en sont les expressions et manifestations en ce Monde (et en l'Autre) ! …

 

Notre Tradition est « anhistorique » et ne saurait être enfermée et enclose dans une historicité souvent suspecte !....

 

Alors ! ? L'Etat des lieux et des questionnements qui s'imposent :

 

Qu'en est-il de nos jours ?

 

Qu'en est-il de la fonction sacerdotale druidique ?

 

Qu'en est-il de la réalité de la dite fonction ?

 

Qu'en est-il réellement de « l'authenticité » fonctionnelle avérée ou non et de sa reconnaissance ?

 

Qu'en est-il du véritable service de la Tradition et des dérives constatées ?

 

Qu'elles réponses apportées à ses dérives et au discrédit qu'elles entraînent vis-à-vis du monde extérieur ?

 

Comment lutter contre une disqualification et une dévalorisation de la fonction elle-même colportées par des supports falsificateurs et une vulgarisation extrême et par des pratiques à l'opposé de l'esprit traditionnel et du respect de celui-ci ?

 

Comment aider des frères et des sœurs de bonne volonté qui se posent eux-mêmes la question de leur « validation » fonctionnelle ?

 

Sur quelles bases fondamentales, sur quels critères recevables, sur quels éléments traditionnels, sur quels « justificatifs » accréditer ou non une fonction druidique revendiquée... ?

 

Certes on n'est « druide » que dans la mesure où nos frères et sœurs en druidité nous reconnaissent comme tels, mais sur quelles bases et sur quels fondements le font-ils ?

 

Une situation complexe o combien !

 

Dont nous sommes en grande partie responsables !

 

La grande disparité de critères d'attribution et d'accès à la fonction druidique sont à l'origine d'un encadrement très disparâtre quant à sa qualité fonctionnelle et de ce que chacun et chacune sont légitimement en droit d'attendre d'un Druide ou d'une Ban Drui... « digne » de cette fonctionnalité...

 

Le sérieux et bien fondé côtoient le n'importe quoi et le n'importe comment ainsi chez certains anglos-saxons et leur prolongement en France la fonction s'acquière au bout de deux ou trois ans de lecture assidue des fascicules de « formation » publiés et quelques camps annuels de regroupement et on n'ose même pas parler d'initiation à la fonction tant celle-ci est « dérisoire » voire inexistante !....

 

Un autre groupement druidique issu de l'autre côté du Chanel considère et ce, sans aucun scrupule et en toute inconscience des actes et de leurs effets toxiques et nocifs, qu'il n'y a pas lieu de se soumettre à une quelconque formalité pour être druide si on en a le simple désir.

On peut ainsi acheter un drap blanc, découper un cercle au milieu, y passer la tête et c'est bon le druide nouveau ou la Ban Drui nouvelle est arrivé qui fera ce que bon lui semble et de la façon que cela lui semble sans avoir à en référer à personne et ce, dans la plus grande confusion qui soit et en mélangeant toutes les Traditions possibles au sein de rituels bricolés qui ne sauraient former le moindre égrégore ? ! …

 

On ne saurait donc mieux faire pour dévaloriser et discréditer totalement la fonction sacerdotale druidique !....

 

Est-ce malvenu que de rappeler que cette fonction nécessitait dans la société celtique ancienne pas moins de vingt ans d'études permanentes avant même que de la mettre en pratique !!!

 

Est-ce malvenu que de rappeler l'ampleur des disciplines et des connaissances à acquérir et de leur « maîtrise » avant que de se voir confié l'accompagnement d'une communauté humaine et des individus qui la composent ?

 

Il est vrai que l'usurpation volontaire voire indirecte de la fonction bardique faisait l'objet à son époque des railleries et des moqueries (o combien justifiées) de Taliésin le Prince des Bardes qui n'hésitait pas à secouer fortement le « panier à crabes » !

 

De même pour les druides anciens qui s'exposaient à de très lourds « retour de bâton » en dévoyant leur propre fonction !

 

Si cela était encore de nos jours il y aurait un vaste, un grand et très « naturel » « nettoyage » au sein de la druidité...

 

Sans devoir attendre les vingts années d'études, il est devenu courant et constant de faire « monter » au druidicat des postulants et postulantes au bout de 5, 6 ou 7ans d'assiduité et de fidélité à une communauté druidique....

 

Personnellement ayant attendu 24 ans pour franchir le pas et constatant combien il me faut encore, sans cesse et toujours améliorer, enrichir et conforter ma fonction sacerdotale en prenant donc conscience des carences qui peuvent encore subsister dans tel ou tel domaine assez « spécialisé », j'ai un peu de mal à croire que l'on puisse acquérir en un temps aussi réduit l'ensemble des capacités et facultés fonctionnelles réellement requises et véritablement incarnées...

 

Mais, toutefois, il est « possible » que certains frères et sœurs soient particulièrement visités par l'Awen pour progresser plus « rapidement » que d'autres....

 

Jadis il y avait une transition d'études et de pratiques pour un vate ou pour un barde aspirant au sacerdoce et cela s'appelait l'eubage, une fonction qui avait le mérite de préparer et de former spécifiquement à la fonction (étude plus poussée sur la Tradition, étude des sacrements, étude sur l'initiation, la tenue et l'animation des rituels etc...Et cela était grandement bénéfique pour tous et pour toutes comme je m'en suis rendu compte moi-même....

 

Il est regrettable que cet « usage intermédiaire » ne soit plus pratiqué....

 

Il est regrettable tout autant si ce n'est davantage qu'un Druide ou supposé Druide qui a fait Druide ou Ban Drui un de ses frères ou une de ses sœurs confère réellement et traditionnellement ce titre à celui ou à celle-ci et que l'on ne peut nier ce fait ni l'invalider !

 

Et maintenant le sujet qui « fâche » : l'auto-proclamation...

 

Une grande nébuleuse entoure souvent la question légitimenent posée à un druide de savoir, de connaître, qui, où, comment, lors de quels événement et en présence de qui, il ou elle a été fait druide.

Au Collège des Druides, Bardes et Ovates des Gaules (dit le C.D. G) lors de notre « intronisation » on signait d'une goutte de notre sang un registre attestant de cela et on recevait un document officiel et signé du conseil des druides l'attestant...

 

C'est aussi un usage en voie de grande disparition qui éviterait bien des « obscurités » !.....

 

Les passages éphémères effectués entre divers collèges suite à mésentente, exclusion, scission etc... n'ont pas arrangé les choses ! ...

 

La question se pose également quand à l'état réel de « druidité » donné à une communauté qui revendique d'autres obédiences et qui tentent de rendre compatible ce qui ne saurait l'être !

 

Que vaut la transmission et la passation druidique dans ce « cadre » ?

 

La question de l'origine et de la provenance d'une commuunauté se voulant "druidique" se pose ainsi que de celle de ses fondateurs et ou fondatrices !...

 

Rappelons que la plus importante scission survenue au sein de la Gorsedd de Bretagne relevait des partisans d'un druidisme résolument païen sans compromission avec l'institution chrétienne encore présente ou représentée alors au sein de la Gorsedd !

 

Il est fort difficile de suivre au sein de tant de diverticules parfois assez nébuleux ce qui relève ou non d'une « Véritable lignée initiatique druidique » transmise au sein d'une communauté druidique depuis la fondation de celle-ci et dont les fondateurs étaient eux-mêmes dépositaires d'autres lignées antérieures reçues lors de leur initiation au sacerdoce...

 

Ce qui constituait véritablement les fondements même d'une Tradition se perpétuant ainsi et dans le respect éthique et spirituel que cela implique et impose... et ce, qui plus est, en faisant l'économie des graves problématiques qui se posent à nous aujourd'hui du fait d'une diaspora druidique hétéroclite se gérant selon ses propres « normes » en considérant ou non ce qui précède...

 

D'où la question prépondérante et très interpellative que vaut l'encadrement de la diaspora druidique aujourd'hui et pour demain ?

 

Car les enjeux les plus majeurs qui soient se présentent dès maintenant à nous, des enjeux « planétaires » !

 

L'état de nos « nations » est tel et le dramatique spectacle du monde qui s'agite avec violences et turbulences sous nos yeux que cela a pour effet (au moins positif celui-là) d'interpeller les consciences de nombre de nos contemporains et l'on assiste depuis assez récemment à un éveil et à une maturation des consciences tournés vers la quête positive, objective et claire de l'essentialité existentielle, du sens à donné à sa vie ETC...

 

C'est cela qui amène un certain nombre de nos semblables à se tourner vers nous dans l'espérance d'y trouver réponse à leurs légitimes questions...et ce dans le respect de leur libre arbitre et de leur libre critique et en trouvant auprès de nous un sens véritable de l'accueil, de l'écoute, de l'attention et de la considération...

 

Mais que vont-ils trouver en notre sein qui corresponde à leurs attentes, à leurs besoins s'ils n'ont pas en face d'eux des druides et des Ban Drui qui incarnent véritablement leur entière fonctionnalité laquelle étant de nature à les accompagner efficacement et dans le respect des fondamentaux de notre Tradition ?

 

Nous ne pouvons revenir sur un passé où ce qui a été fait est fait ce qui aura malheureusement encore des conséquences néfastes qui viendront ternir les pures lumières de notre Tradition...

 

C'est donc le présent qui importe et à partir de lui notre devenir...

 

Ce que nous pouvons au moins faire :

 

Il nous appartient (et j'insiste sur cela) d'apprendre d'abord à tous et à toutes le discernement entre ce qui « sonne juste » et ce qui est désaccordé, dissonant, discordant... Comme il nous appartient d'informer (disons au moins de mettre en garde) sur des dérives préjudiciables duement constatées ici ou là...

 

De revoir, de reconsidérer à l'aune de notre Tradition elle-même

ce qui concoure ou non à la servir de notre mieux, de servir au mieux ceux et celles qui marchent en son sein et ceux et celles qui viennent à sa rencontre

 

Voici de quoi nourrir le débat à venir au sein du sacerdoce druidique lors des secondes Assises de la druidité d'avril 2024...

 

 

Bien fraternellement      Bran Du

 

 

 

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01/03/2024