Les dits du corbeau noir

EN BROCELIANDE (SUITE) IMPREGNATIONS POUR UN PARCOURS EMOTIONNEL 2018 BD 17 07 JUILLET

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 Photo BRAN DU

 

 

 

 

BROCELIANDE

Eléments d'imprégnation pour un parcours émotionnel, sensible et géopoétique...

 

 

Collectage Bran du

 

 

« L'humanité reviendra à la forêt et renaîtra d'elle. Elle s'ouvrira aux vieux mythes, aux envoûtements de l'arbre, faute de quoi...

L'homme imaginant est un homme de confluent et de synthèse. Il connaît la valeur des legs, avec son poids de tourbe, ses grincements d'aubier, son noyau légendaire et son Graal. Il éventre la terre et l'étoile et saisit toute la force des sèves sidérales. »

 

« L'histoire, la légende et le vertige du monde.

Trois portes qui permettent d'entrer dans le cycle et le royaume de Brocéliande. »

Philippe Le Guillou (in Arthus)(Brocéliande)

 

 

« Certaines terres sont plus particulièrement imprégnées de sacré. Elles mettent plus directement l'univers et l'homme en relation, l'homme et l'invisible, l'homme et l'Autre-Monde. Ces terres sont des « lieux de passage ». G Le Scouezec (Bretagne Terre sacrée)

 

 

« ...Ce nom de Brocéliande que je me répétais à voix basse, séparant les syllabes, créant un motif musical d'où jaillissaient toutes les jouissances de l'imaginaire, du cœur, des sens...

J'avais aussitôt reconnu le mot magique, le « maître-mot » qui guide sur toutes les routes d'un pays sans nom que nous aimons spontanément, sans le connaître, puisqu'il est le pays de la féerie. »

Maurcie Brion (académicien) (In les Vaines Montagnes) 

 

 

St Jean aux confins des landes (de Brocéliande) : Jacky Ealet :

« Lieu magique où semble se dérouler l'affrontement entre l'éternité et l'illumination fugace de l'instant. »

 

 

« La vallée de l'Aff et le Pont du secret, la vallée de Lancelot et Guenièvre, doivent rester ce qu'ils ont toujours été ; le lieu de la ferveur et de l'amour. »

« Et quand je touche en moi l'homme le plus profond, le soleil et la pluie craquent parmi les branches. » Charles Le Quintrec

 

 

 

 

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« Se mélanger aux branches et aux brandes ; le geste du primitif qui s'allie à la terre, l'embrasse...

Etre ; c'est-à-dire se fondre, aspirer à la grande paix végétale, la paix verte aux chaleureux relents d'humus. Tenir l'alliance de l'arbre et de la terre...

Oui, c'est cela sans doute qui m'a fait renaître à moi-même...

Ici, en Brocéliande. Je viens chercher ma remembranche. »

 

Vivre, ce doit être quelque chose comme cela...

 

Je voudrai être aussi nu que le hêtre que j'ai croisé tout à l'heure et qui s'est moqué de moi...

 

Le jour viendra. J'irai. Je prendrai la barque du passeur.

 

Je continue. Je marche, marche et remarche... j'aime. J'aime tout ce qui fermente et qui bout. Ici, je me réinvente. J'ai perdu mon nom. Ici, quelque chose me dit que je vais le retrouver.

 

Je vais, de ne plus m'appartenir, je me réinvente...

 

Je survivais en des demeures closes quand il eu fallu courir aux fontaines et aux sources...

 

J'erre à la recherche du sacré. Et ce sont des dieux charnels que je hèle par toutes les lèvres autour de mes dents, par tous les poumons de ma poitrine...

 

Ce que nous sommes : des êtres inachevés...

 

Viviane ; je vais à toi dénudé, tel qu'étaient les miens au crépuscule de cette trop longue nuit...

 

C'est aux beuveries éternisées jusqu'à l'aube que je cours...

 

Je m'en retourne aux dieux de mon clan...

 

Je viens chercher cette brûlure qui consuma Tristan et Ysolde , un pays tout à la fois de sagesse et de passion...

 

Je viens chercher ma recouvrance...

 

 

(Et Viviane s'en vînt comme un matin d'aubépine.)

 

 

Thierry Gwigourel

 

 

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« Entrez en vous-mêmes et sondez les profondeurs où votre vie prend sa source. »

R M Rilke

 

« Les mégalithes de Brocéliande sont d'abord l'oeuvre des populations néolithiques animées d'une foi intense. Elles bâtissaient les allées couvertes et les tertres funéraires en l'honneur de leurs disparus. Elles élevaient menhirs et alignements en hommage propriatoire aux dieux de la nature qui régissaient le cycle des saisons, auquel ces communautés d'agriculteurs étaient le plus sensible.

 

Leur message encore voilé de mystère, traduit l'interrogation de l'homme face à son destin, l'insolite question et, en ces lieux arthuriens, l'éterne quête du Graal.

Pierres de légendes, enrichies au cours des siècles d'une foule de traditions populaires, elles s'affirment enfin comme le réceptacle naturel des âmes des héros de la Table Ronde.
Plus que toutes autres, elles méritent notre respect et notre affection. »
Jacques Briard in Arthus

 

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« Le seul, l'unique sanctuaire celtique, c'est la forêt dense et vivante qui à l'aube de l'Histoire couvrait d'immenses étendues de l'Europe du Nord et de l'Ouest.

Notre Brocéliande est l'ultime lambeau de cette antique splendeur.

 

Le vrai principe divin est l'arbre « symbole et support du sacré » et la forêt n'est pas autre chose qu'une répétition et une multiplication de l'arbre cosmique. »

 

« Le Celte authentique respecte l'arbre et vénère la forêt.

Toute forêt celtique, quelle qu'elle soit et où qu'elle soit, est en principe un sanctuaire. C'est le Németon. L'arbre est support et symbole du savoir druidique qui est ipso-facto, l'expression du sacré et et du moyen de l'appréhender. »

 

« Daur Blada ; c'est le nom de la harpe du Dagda le dieu bon, elle signifie chêne des deux endroits mais aussi harmonie.

Uaithne « bois, pilier, jonction, accord, concordance.. .»

Darbe ou Dairbre est la résidence du Druide Mog Ruith (Le Serviteur à la Roue). Le sens est « forêt » ou « buisson de chênes ».

 

Duili Fedha ; ce sont les « éléments du bois » nom des ogam gravés sur le bois (généralement le bois d'if) par le barde qui en apprenait le maniement au cours de sa 10è année d'étude...

Il y a en Irlande autant de d'arbres cosmiques que de provinces.

Les racines de l'arbre cosmique atteignent la terre la plus profonde et les cimes touchent le ciel..

C'est le bois lui-même qui par essence profonde est porteur du symbolisme sacré car tout ce qui est sacré s'exprime par le bois ou est en relation avec lui.
Les familles des lettres ogamiques sont des « bois » et les « simulacra » gaulois sont aussi en bois.

L'arbre réalise la relation cosmique du ciel et de la terre et les fruits qu'il produit (pommes, glands,noix et noisettes, baies...) sont dispensateurs de science et de savoir.

Les principaux arbres cités dans les textes sont : Chêne, If, bouleau, coudrier, sorbier, tremble, frêne, pommier...

Par définition, toute forêt est sacrée...

Le bois est l'élément essentiel de la civilisation celtique en tant que support de la science magique (Ogam gravés sur le bois) et lieu sacré sous la forme de la forêt. »

 

CH J Guyonvarc'h (L'Arbre et la forêt celtique)(les Druides)

 

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Le voyage vers l'absolu Gwenc'hlan le Scouezec

Histoire et légende de la Bretagne mystérieuse. Extraits :

 

« ...L'univers ordinaire s'arrête là où s'émousse l'acuité de nos sensations, mais certains individus – ou nous tous parfois – peuvent voir brusquement le champ de leur perception s'élargir, et l'au-delà venir à eux...

Une évolution continuelle anime le cosmos ; le changement y est de règle... C'est la mutation perpétuelle des formes... le monde des celtes comporte de nombreux exemples de cette magie des métamorphoses..

...Ce qui importe donc au plus haut point, pour notre tradition, c'est d'acquérir la puissance nécessaire pour vaincre tous les enchantements du monde, en somme, le pouvoir de se transformer, sans risque d'être transformé par les autres...

La métamorphose majeure n'est-elle pas la mort ?...

 

Nous atteignons ici au cœur de l'Univers des Celtes qu'ils soient d'Irlande ou des deux Bretagnes...

Ces grands voyageurs, en effet, ont plié leur vie spirituelle à l'image de leurs explorations lointaines. Ils ont fait un voyage vers l'absolu, et ils ont vu l'absolu dans la domination de soi...

 

...Le cœur de la Bretagne reste un jardin caché, aux portes closes.

N'y entre pas qui veut ; pour y pénétrer, il faut connaître les chemins secrets qui y mènent, les clefs qui ouvrent les serrures magiques...

Où se trouvent-t-il donc ?

 

Mais quelque part en Brocéliande car c'est là le haut lieu de nos traditions. C'est le domaine de Viviane la fée... Le chemin de la source merveilleuse n'est pas si aisé à trouver que bien des gens se soient égarés en le cherchant (ce serait aujourd'hui difficile ne pas pas trouver Barenton ! NDR)

 

Pour nous, Breton, Celtes, ce lieu est un symbole, celui de cette puissance créatrice qui est la nôtre et qui, à plusieurs reprises, a infusé son souffle à la littérature européenne.

Cette source cachée est l’emblème de notre personnalité, de notre originalité.

Mais pour qui n'a pas reçu l'initiation celtique, ce sont là de vertigineux horizons...

Celui qui voudra connaître les cheminements mystérieux où se plaît l'esprit des Celtes découvrira peut-être le secret de leurs errances et les portes qui mènent à leurs univers multiples et multiformes. »

 

« ...Bien des aventures des chevaliers se sont déroulées sous ces frondaisons, lors de la queste sacrée...

Les héros de la table Ronde sont morts. Merlin est endormi dans une prison d'air. Le roi Arthur, grièvement blessé à Camlan, a été conduit par les fées dans l'île mythique d'Avalon..

 

...Le jour et l'heure sont marqués où le héros prédestiné saura trouver en Brocéliande les chemins secrets qui conduisent au chevet de Merlin.

Il l'éveillera de son sommeil, et l'enchanteur, reprenant ses sens, fera résonner trois fois sa harpe d'or ; ce sera le signal du retour d'Arthur...

 

Telles sont les grandes légendes dont la forêt autour de Paimpont, est le lieu traditionnel... Il est vrai que ces bois possèdent un fort caractère d'étrangeté. L'abondance des eaux vives et dormantes y fait souvent flotter un brouillard léger, que l'on voit courir sur les crêtes rocheuses ou se faufiler entre les grands pins.

Si vous avez la chance de vous promener alors dans les sentiers, sachez que vous tenez l'une des clefs du mystère. Peut-être saurez-vous découvrir les autres. Dans ce cas un monde enchanté s'animera soudain devant vos yeux et les choses mues par l'antique magie des Celtes, connaîtront mille métamorphoses.

 

Car telle était la croyance fondamentale des Druides et de leurs disciples : rien n'est stable ici bas, mais out change, tout se transforme et tout peut prendre l'aspect de tout. »

 

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« Brocéliande n'existe pas dans la cartographie administrative.

C'est une forêt que l'on porte en soi et dont on espère toujours la rencontre...

 

« Forêt du rêve et de l'enchantement » aurait dit Albert Samain. Forêt réelle pourtant où se perdre parmi les roches affleurantes, les landes désertes, les futaies de chêne et la présence des eaux.

 

Comme dans un de ces entrelacs vertigineux dont les Celtes marquèrent leurs œuvres, se mêlent à Brocéliande les fils de la nature, de l'histoire et de la légende ; ils s'unissent, se répondent et s'interpénètrent pour recomposer sans cesse la fascination d'un univers forestier d'arbres et d'armures...

 

Notre imaginaire et les rouages de nos rêves s'enracinent dans un paysage.

A Brocéliande, la légende s'ancre dans la roche, les eaux et l'arbre.

Les paysages sont ici investis du rêve des hommes. La fascination ne relève pas de la seule obscurité forestière. Elle naît d'êtres merveilleux qui furent peut-être divinités avant d'être héros de roman, et qui peuplent les ombrages depuis des temps immémoriaux...

Ainsi, Merlin ; l'âme de la forêt, l'intercesseur entre l'homme et la nature, l'humain et le surnaturel. »

Claudine Glot

 

« L'arbre ; c'est du temps qui n'en finit pas de s'incarner. »

E Guillevic

 

« Nous croyons à la forêt, à l'initiation et à ses lois sacrées. »

In revue Arthus : Brocéliande ou l'obscure des forêts...

 

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La Forêt qui me regarde (Gilles Durand) extraits

 

En forêt, le regard renversé, escaladant de rameau en rameau l'échelle verticale, ne peut être qu'intériorisé...

Litanie obsédante des futaies.

Eclairage mordoré et verdâtre du vitrail épais des aiguilles de pin.

Forêt, sanctuaire, németon de nos ancêtres Celtes...

 

Brocéliande, la tête et la mère de toutes nos forêts gauloises. Aussi bien les saints forestiers n'ont-ils fait que prendre le relais des Druides...

 

La patience... C'est le grand secret de l'âme ; la forêt est patience parce que le rythme de son temps est à l'échelle des longues durées...

Le détour des sentiers fuit la précipitation de nos civilisations folles.

Le sentier enroule et déroule sa liane comme un lent caprice du temps en un immense ralenti, loin des routes rectilignes, loin des vacarmes sacrilèges, loin de la puanteur civilisée...

 

Pour tout cela nous avons besoin de la forêt, témoignage d'un vent, d'un monde autre, appel révolutionnaire à tous les mondes possibles...

Afin de ressusciter en nous les révoltes verticales de l'âme...

Forêt des mousses, des sources, des résines, des bais rouges et noires, expérience ici-bas ; expérience du tout autre là, à notre porte, mais avons-nous la sagesse de laisser notre porte s'ouvrir assez près d'elle ?

 

Etre dans le temps inouï des chênes et des fayards. Bois sacré. Seuls temples intacts, non construit de main d'homme, qui se dressent sur les ruines de nos cités désenchantées et de nos Eglises désaffectées. »

 

 

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« Vous trouverez plus de choses dans les forêts que dans les livres, les arbres, les pierres, vous apprendront ce que les maîtres ne sauraient vous enseigner. Pensez-vous que vous ne puissiez sucer le miel de la pierre, l'huile du rocher le plus dur ? »

Bernard de Clairvaux

 

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« Les arbres connaissent mieux le cœur des hommes que les hommes ne connaissent le cœur des arbres. » Maurice Druon

 

 

« On entend le bruit nombreux des feuilles partout... Comme un feu qui prend... Des branches clignent. Le silence épie et il passe des odeurs si pénétrantes qu'on oublie qu'il y en ait d'autres et qu'elles semblent l'odeur même de la vie. »

Léon Paul Fargue

 

 

« Il y a une odeur de vert qui tressaille dans un grand bruit d'écorce et de fauve saison.

Maintenant prends liberté de milliers d'arbres défunts pour un seul arbre regardé perpendiculairement au ciel. »

« Que t'ai-je appris sinon que tu étais, toi, de pleines sources possédées. » Jeanne Maillet

 

 

« Mon arbre est vert et bleu, chêne ou hêtre ou bouleau, mon arbre de sagesse ou de science, mon totem, mon autel, mon île et mon sanctuaire. » Hervé Nordawel

 

 

« C'est l'arbre qui, au-delà de lui-même sonde les deux profondeurs extrêmes du ciel et de la terre et dont le tronc est passage entre deux mondes. » Branwenn

 

 

« Je monte dans la forêt... j'ai l'âge des pins, j'ai l'âge des chênes...

Au cœur du monde, le chant du monde. » Daniel Biga

 

 

« Les marées folles s'effeuillent, la femme se nomme, flamboie. Les arbres de la danse envoûtent notre couple qui hurle l'alliance.

Tu fis de moi ce jeune arbre feuillée de silence, écume de forêts, axe de la saison. » Marie Lise Corneille

 

 

« Etre à la fois arbre et oiseau, filer au loin et que le monde entier soir racine...

Le regard de l'amour est aussi précis que le rayon de soleil qui vient toucher l'arbre...

Il ouvre les yeux vers l'universel et en même temps nous apprend qu'un seul être contient le monde.

Il cherche la connaissance et rencontre le sublime...

Et cependant l'opacité d'une seule feuille pour arrêter sa lumière....
Etre à la fois moi-même et cette feuille prise dans le vent et cet oiseau au ciel.
 » Anne Philippe

 

 

« Lorsqu'elle fut touchée par l'amour la roche prit beauté...

L'instant d'après naquit la source. » Audrey Bernard

 

 

« A quelle fontaine faut-il boire pour guérir le corps collectif du mal des ardents ?...

Rejoins-moi, bien aimé, dans la rose et l'étoile et dans la terre ardente où je trouve ma clef. Rejoins-moi dans le feu derrière les sept voiles et dans le mouvement perpétuel du blé.

Des changements de règne arrivent à minuit. Moi, j'enfante la clef des nombres inconnus.

La paix soit avec moi, je lève l'interdit, je lève l'interdit, je passe la frontière. » Angèle Vannier (Solstice)

 

 

« Les rocs, la danse est en eux quand bon leur semble... C'est la flamme en eux du noyau de la braise. » Guillevic (Spère)

 

« Les profondeurs ; nous les cherchons. Est-ce les tiennes ? Les nôtres ont pouvoir de flammes...

Noces pour la lumière, pour tout le noir caché. La terre pour la fête tremble de tout donner. Tout se touche et s'affine, arrive dans le chant.

L'étendue se rassemble autour de notre vœu. La lumière est donnée pour écouter le chant.

Merci pour nos journées qui ont la dimension de la terre livrée aux profondeurs des noces. » Guillevic (Carnac)

 

 

 

 

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Zodiaque de la forêt : Cypris

 

« Nous sommes à l'automne de la forêt. Cette rousseur en nous, c'est la couleur de la brûlure... Le vent avive la métamorphose... Alors apparaît, comme une identité secrète, le feu invisible.

La forêt qui exalte tant et tant la vibration verte n'est-elle pas le creuset occulte du rouge ?

De quel pays cette gigantesque étendue sombre et compacte se fait-elle frontière ?

Quel monde, hostile ou protecteur, s'enracine ici ?

 

Toutes les petites feuilles frissonnent, la forêt ondule et dans cet immense bruissement parle doucement, à tout instant, de la mutation.

Des sonorités ruisselantes, des senteurs humides, des voix mordorées narrent une aventure de crapauds et de grenouilles, de marais et d'humus, de serpents et d'insectes, d'écorce et de mousse, et nous entretiennent de ce mystère terraqué qui nous porte.

 

Elles parlent d'un réservoir psychique où la fraîcheur est à jamais enclose, d'un territoire de l'humide et du fécond, gardé par des êtres qui filent comme les ombres, des fées et des elfes...

 

Là, dans l'invisible les racines enchevêtrées distillent les songes de demain...

La forêt continue sa croissance silencieuse. »

 

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« Qui étais-je ?

Faon dans la forêt ? Truite dans le lac ? Loup dans la clairière ?

Nous serons les ré-inventeurs de la Celtie ; de la Celtie-Mère.

Ici, en Keltia, je réapprends la vie simple, le cycle des saisons, la bonté du feu...

Sur le grand pavois du don... Dresse-toi ma vie...

C'est l'aurore et je suis dedans... Royaume d'immanences...

Et voici que je communie au soleil. » Xavier Grall

 

 

« Tel regard de la terre, met au monde des buissons vivifiants au point le plus enflammé. Et nous réciproquement.

Nous n'aurons plus à, « civiliser » nos dieux, nous les fêterons seulement au plus près ; leur logis étant dans une flamme ; notre flamme sédentaire. » René Char

 

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« ...Le mot sauvage vient étymologiquement du latin silvaticus « qui habite dans la forêt ».

L'homme sauvage est donc celui qui concentre en lui la plupart des valeurs de la forêt médiévale. Cet homme des bois ; c'est le sylvain, l'hôte sylvestre.

 

La forêt celtique... est un lieu d'abandon à des forces suspectes qui s'appellent divination, poésie et amour.

La plongée dans la forêt est un voyage de l'inconscient, dans la peur et la nuit de notre nature. »

Philippe Walter : Les taureaux furieux de Brocéliande.

 

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« ...Nous avons aujourd'hui quelques tendances à oublier l'éminente dignité de nos sens comme moyens de connaissance du monde...

La forêt : elle est le lieu spirituel de l'intimité avec soi-même...

 

Quand un culte a été célébré depuis longtemps dans un lieu... L'esprit d'oraison en a imprégné les pierres... Et il y flotte à jamais ce quelque chose d'apaisant et de subtil que l'on pourrait nommer le parfum de dieu...

 

Il y a dans la forêt une formidable charge de rêve...

Elle transfigure les êtres qui leur sont par nature accordés...

La forêt ; matrice ruisselante de vie...

 

Devrais-je l'appeler Mère pour cette sensation « d'enveloppement » qu'elle me donne, dès que j'avance en elle ?

 

L'âme a fait élection d'un paysage et de l'action qu'il propose, mais par le jeu des affinités profondes qui ont présidé à son choix elle en reçoit des impulsions et s'y modèle. »

 

« Des hommes ainsi ont fait alliance avec un élément, avec un de ces paysages essentiels que propose la nature...

Vous et moi avons fait retour à l'un des paysages élémentaires de notre origine. Ainsi l'idée ancienne qu'à chacun répond dans le monde, une pierre dure, une fleur, une couleur, une étoile... J'ajoute un paysage mental... Un jour vient coïncider avec celui-ci un paysage réel...

 

 

Bertrand d'Astorg (Le Mythe de la Dame à la Licorne) extraits

 

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« Pourquoi n'atteindrais-je pas à une connivence intelligente avec la terre, ne suis-je pas fait moi-même en partie de feuilles et de terreau ? Les affinités que je ressens pour les feuilles agitées de l'aulne et du peuplier me coupent presque le souffle. »

Journal De D H Thoreau

 

 

 

 

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« Je poserai ma pensée sur la frange des arbres, très doucement pour ne pas déranger l'ordonnance du monde. Petit à petit montera le choeur de toutes les choses pour lesquelles je suis. » Béatrice Kad

 

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« Créateur mon frère... sagesse, force, beauté, amour...

Il faut être capable de les danser, de les chanter et de les rire, afin qu'amour danse libéré sur le rythme simple qui exprime avec sagesse et force l'unité...

 

Créateur, mon frère, les senteurs de l'humus à ton cœur ne sont pas étrangères...

Créateur, mon frère, la terre, ta Mère, t'offre par son végétal qui se décompose, un énorme bouquet de mort aux senteurs de vie...

 

Créateur, mon frère, fais de ta vie une danse et un rire dédié à la lumière.
Danse et ris pour qu'en toi vibre l'un...

 

Créateur, mon frère, va dans la forêt, cherche une clairière, et lorsque tu l'auras trouvée, danse, chante et ris. Rend hommage à l'immense par ton chant, ton rire et ta danse. »

 

Daniel Pons : le Fou et le Créateur.

 

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En compagnie de St John Perse :

 

« Des terres neuves par là-bas, dans un très beau parfum d'humus et de feuillages...
Les vents sentent les feux sur d'invisibles seuils...

Qu'on m'enseigne le ton d'une modulation nouvelle...

Nous cherchons dans l'amende et l'ovule et le noyau d'espèces nouvelles, au foyer de la force l'étincelle même de son cri.

Soleil à naître !

 

Et déjà d'autres forces s'irritent sous nos pas au pur solstice de la pierre.

Car c'est de l'homme qu'il s'agit et de son renouement.
Et la terre avec nous, et la feuille.

La force vive et l'idée neuve rafraîchiront votre couche de vivant, repris au dieu votre visage, au feu des forges votre éclat ?

Nous connaîtrons encore la terre ouverte par l'amour, la terre mouvante sous l'amour et mon cri de vivant sur la chaussée des hommes.

La terre donne son sel. Recours à l'immense et libre course...

 

Les temps vont revenir qui ramèneront les rythmes des saisons.
Les nuits vont ramener l'eau vive aux tertres de la terre.
Eclate ô sève non sevrée !

Oui les temps reviendront qui lèvent l'interdit sur la face de la terre.

 

L'aventure est immense et nous y pourvoirons.
C'est là, ce soir, le fait de l'homme.
Je sais, j'ai vu. La Vie remonte vers ces sources.
 »

 

 

 

 

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17/07/2018