ECHANGES ENTRE YVAN LEBRETON ET BRAN DU AUTRE MONDE / SURNATURE/ CROYANCES OU NON ETC 2025 26 04
Photos Bran Du
Puissent nos pensées être aussi légères et portées comme portent les ailes du papillon...
Yvan Lebreton : Y a-t-il un autre monde, ou une surnature ?
Vision matérialiste :
Les sens nous renseignent sur la réalité qui nous entoure : voir, entendre, toucher, sentir, goûter. Les philosophes matérialistes estiment que tout est matière, et que la pensée elle-même est issue de la matérialité du cerveau, aidée bien sûr par la culture qui donne un accès privilégié au monde.
Très vite, les philosophes ont compris qu’il y avait des limites à nos sens et qu’une partie de la réalité nous échappait. Les instruments de plus en plus sophistiqués ouvrent nos connaissances à ce que nos sens ne peuvent percevoir : microscope et télescope renseignent sur l’infiniment petit et l’infiniment grand. Pascal a pu évoquer l’homme perdu entre deux infinis.
La question de la mort se règle sur le principe de la disparition sans reste et sans au-delà : la matière vivante se dégrade et retourne à la matière inerte, nourrissant la terre et les animalcules.
Vision idéaliste, spirituelle et religieuse :
Le monde visible n’est pas le tout de la réalité. L’esprit et l’âme débordent le cadre de la matière sensible. Une question philosophique centrale se pose : pourquoi y a-t-il quelque chose – l’univers – plutôt que rien ? En découle un certain nombre de réponses. S’il n’y a pas d’effet sans cause, il convient de rechercher quelle peut être la cause antérieure à l’existence de l’univers. Cette cause a été appelée de façons diverses, simplifions en nommant cette origine : Dieu !
Cette divinité créatrice du ciel et de la terre et de toutes choses existantes s’est exprimée par une volonté, un projet, une action, une Création. Il revient à l’homme, à des théologiens, puis à des institutions (religions) de décrypter cette volonté divine, ce projet divin, et de les traduire en mots et en actes pour les populations. D’innombrables livres, de siècle en siècle, ont donné corps à des analyses, des hiérarchies de valeurs, et même des conflits de valeurs entre le Bien et le Mal.
La souffrance, commune à l’humanité, interpelle tout un chacun, on en a déduit qu’elle était une des formes du mal. La violence, particulièrement, a été attribuée l’une des polarités du sacré : le Mal (Satan, le Diable, Belzébuth…). L’amour et la joie relevaient de l’accord des hommes avec le Bien (Dieu)…
Dans cette perspective spiritualiste, la mort est transfigurée, elle n’est plus cette tragédie irrémédiable, elle n’est plus cette perte définitive de la forme et de la conscience ! La plupart des religions ouvrent un au-delà de la mort : une autre vie est possible, annoncée, indexée sur la qualité de la vie terrestre sur le plan moral ( rétribution ultime : paradis ou enfer).
Les humains sont saisis entre deux orientations majeures que sont le Bien et le Mal.
Les institutions religieuses sont chargées d’apporter une aide aux foules perdues souvent entre des aspirations contradictoires (altruisme et amour / égoïsme et domination d’autrui).
Des textes fondateurs et d’infinis commentaires sont pris en charge par un clergé, mais aussi par les familles pour guider enfants et adultes vers la vie bonne… et, dans le meilleur des cas, vers le paradis.
Les aides spirituelles supérieures sont multiples : masculines et féminines, actives depuis leur monde au-delà de nos sens, et entièrement désireuses de nous venir en aide ; la prière et le juste comportement ouvrent le chemin vers le paradis. Mais il y a la dualité dans le monde spirituel : Lucifer, Satan, eux aussi sont actifs et cherchent – non sans succès – à entraîner les hommes loin de Dieu et de l’amour ! Certains se livrent à d’autres prières, d’autres célébrations atroces qu’on range sous le vocable sulfureux de « satanisme ». Il y a dans cet au-delà spirituel une hiérarchie des êtres : pour la chrétienté, saints et saintes, la Vierge Marie, Jésus et Jésus-Christ (le Fils), Dieu (le Père), et l’étrange Saint-Esprit défini comme le dialogue harmonieux entre le Père et le Fils ; il y a les anges, les archanges et d’autres statuts hiérarchisés plus moins baroques…
La crise spirituelle en Occident
L’Église s’effondre, ayant trahi avec constance l’idéal des Évangiles, ayant abaissé la spiritualité en politique et domination sur les populations, ayant pratiqué toutes les formes de violences (notamment avec des pratiques sexuelles qu’elle condamne elle-même, jusqu’à la pédo-criminalité).
Elle s’effondre sous la rigueur des sciences qui viennent battre en brèche la pensée magique qui anime le discours chrétien : passage de la Mer Rouge par Moïse, miracles de Jésus, apparitions de la Vierge Marie, résurrection de Lazare, de Jésus… L’obscurantisme de l’Église est combattu par la philosophie et par les sciences.
L’ancienne soumission aux dogmes est remplacée par le culte de la liberté individuelle (au risque d’entrer en errance morale, psychologique et spirituelle).
L’Église se meurt, mais le besoin de spiritualité demeure !
Toutes les propositions spirituelles circulent désormais, sont à portée de quelques clics, se mettent en concurrence, comme il se doit dans un monde où tout est « marchandisé ». L’éventail des propositions est immense : thérapies diverses par le son, la respiration, l’acupuncture, la psychanalyse, le chamanisme, la cohérence neuro-cardiaque, le nettoyage cellulaire en 21 jours (…) côtoient la lithothérapie (pierres magiques), sans parler des marabouts et des gourous souvent manipulateurs.
Les traditions spirituelles exotiques semblent plus prometteuses que 2000 ans de chrétienté (l’Extrême-Orient et les Indiens des Amériques ont plus d’attraits que jamais ; il n’est pas jusqu’à l’islam – y compris dans sa forme la plus extrémiste et totalitaire – qui séduit les Occidentaux orphelins de la chrétienté).
Tout devient possible ! Tous les discours sont mis en équivalence comme sur un étal de supermarché de la spiritualité ! Chacun fait son choix, fait ses expériences, s’enchante des merveilleuses promesses énoncées, et se désole amèrement des échecs dans la réalité de sa vie…
Question essentielle : d’où vient cet attrait universel pour « l’autre monde » ?
[Remarque : disons d’emblée qu’il y a des matérialistes qui assument dignement leur position athée ! Ils sont capables des plus hautes vertus, de la morale la plus respectable, de la conduite la plus admirable ! Parfois plus exemplaires que bien des partisans de tels dieux ou telles déesses.]
Le besoin de croire provient de la nature même de l’homme : ce qu’il ne comprend pas, il le transforme en langage, en discours à visée explicative. Les « récits étiologiques » (contes et légendes, mythes) ont pour but essentiel de donner du sens au mystère, de répondre là où justement il n’y a pas de réponse évidente.
Il faut imaginer les hommes archaïques saisis de craintes multiples face aux puissantes manifestations de la nature : tonnerre, éclairs, tremblement de terre, éruptions volcaniques, inondations, chaleur extrême et froid extrême, éclipses, et la mort...
Crainte, étonnement, respect devant la puissance des phénomènes, oui, mais aussi admiration devant la beauté, sidération devant la puissance génésique de la nature qui perpétue la vie, et donc celle des femmes. Toutes ces manifestations sont interprétées, formalisées, formulées, sont humanisées pour entrer dans une forme intelligible pour l’esprit humain : ces puissances deviennent des « Puissances » élémentaires, des Dieux et Déesses. Certains parmi les hommes et les femmes se sentent investis d’une capacité inouïe : entrer en contact avec les divinités pour en recevoir des messages, et les transmettre aux humains…
Il faut à la fois admirer, respecter, se réjouir, d’une part, mais parfois aussi, d’autre part, se prémunir, se protéger des colères de ces Puissances. Chamans, chamanes, prêtre, gourou, imam, prêcheurs de toutes espèces s’empresseront de jouer les intermédiaires entre les deux mondes…
Résumons : ce que l’humanité ne peut comprendre est traduit en mots et discours pour échapper à l’anomie, à l’absurde, à la peur, à la terreur de la mort. Pour vaincre cette dernière, il faut développer un patient travail d’imagination et de mise en ordre du discours ! Il s’agit de porter secours à la détresse de la collectivité humaine, de lui donner sens et cohérence et cohésion, quitte à élaborer des mythes fabuleux.
Ces discours apaisants, lénifiants, rassurants sont ardemment désirés par tous les humains : les malheurs de cette terre, de cette « vallée de larmes » trouveront juste réparation, juste rédemption, juste rétribution (enfer ou paradis) dans l’au-delà… L’au-delà structure l’ici-bas, la politique n’est pas déliée de ces discours…
La réalité ne suffit pas à l’humanité, c’est pourquoi elle invente, crée, ouvre sans cesse des perspectives, des utopies bientôt réduites à des dystopies appelant à de nouvelles utopies… ou à des retrouvailles avec des traditions anciennes venues des 4 coins du monde…
Autre hypothèse qui est mienne (sans doute a-t-elle été énoncée par ailleurs) :
Comment la croyance se construit-elle chez les humains ? On vient de voir que les hommes primitifs ont été conduits à des discours religieux parce qu’ils vivaient dans un monde incompréhensible, terrifiant, et cependant capable de les maintenir en vie.
Je propose l’idée que l’aptitude à la foi, à la croyance, à l’acceptation de Dieux et Déesse se joue dès la naissance de l’enfant. Le passage du monde aquatique intra-utérin au monde aérien et sec est un traumatisme originel, une sorte d’expulsion hors du paradis féminin.
La néoténie du nourrisson (le fait de n’être pas achevé à la naissance, d’être absolument dépendant pour sa survie, tout en ayant un cerveau développé) est le terreau de l’aptitude à la croyance.
Que sont les parents, pour le nourrisson, sinon des puissances immenses aux pouvoirs qui lui échappent totalement ? A-t-il faim, froid et peur, voici une déesse qui vient le nourrir, le réchauffer et le réconforter : c’est la déesse-mère toute-puissante qui intervient !
N’est-il pas secouru, ou avec retard ? C’est la mauvaise déesse-mère toute-puissante, la marâtre et la sorcière des contes ! Il en va de même pour le père dont la force protège et la grosse voix gronde et terrifie !
Dans les toutes premières années, le père et la mère incarnent des puissances divines totales, ayant entre leurs mains la vie et la mort, le bon et le mauvais, le Bien et le Mal. Le cadre est prêt pour accueillir la future religion…
A peine l’enfant a-t-il pris un peu d’autonomie, il constate que ses parents eux-mêmes obéissent à plus grands qu’eux : des dieux et déesses qui dominent la cité et lui donnent sens et organisation ! L’enfant devine que ses parents sont comme des enfants face à ces dieux et déesses : ils en ont peur, et ils les aiment, ils les supplient et font des offrandes, des prières, des cérémonies propitiatoires. Et, bien sûr, tout un monde de langage, de discours, d’images, de représentations mentales et concrètes enveloppe l’enfant et ses parents dans une croyance commune !
Actualité de la quête spirituelle :
Le retour du religieux, la renaissance de la spiritualité, le renouvellement ou la reprise des discours sur le divin, sur la divinité de l’Homme (scandaleuse pour certains esprits), toute cette effervescence autour de la détresse humaine rencontre l’ardente Espérance humaine d’être un jour comblée, et si possible dès cette vie actuelle, grâce au marché de la spiritualité et du développement personnel !
Sommes-nous capables de sortir des illusions de l’enfance, de l’illusion si prégnante d’une rédemption, d’un total accomplissement de soi sur cette terre ? La crédulité des humains est immense, à la mesure même de leur détresse et de leurs souffrances.
Et les discours en réponse ne manquent pas, plus ou moins élaborés, plus ou moins savants, plus ou moins convaincants (ou persuasifs). La souffrance et l’Espérance sont souvent soumises à un jeu parfois pervers : des illuminés, ou des manipulateurs, des orateurs charmeurs, des trafiquants de spiritualités frelatées font leur commerce de cette crédulité…
Il faudrait faire une liste des fabuleuses propositions, faites ici et là et ailleurs, en matière de réalisation de soi grâce aux puissances cachées – pas pour tout le monde – de l’univers.
C’est tout à fait extraordinaire de créativité en matière discursive ! Vous en savez autant que moi – ou même plus – sur ce sujet : certains connaissent ce que des scientifiques ignorent tout à fait. Premier exemple : ils savent que plusieurs humanités se sont succédé, d’abord composées d’énergie pure, puis de plus en plus dense, de plus en plus matérielle et pesante, ce n’est qu’un exemple parmi mille autres. En voici un autre, donné avec le plus grand sérieux par Patrick Drouot, physicien : pour guérir d’une maladie du corps, il faut prendre une poignée de lumière et colmater les déchirures du corps éthérique ou astral, et vous voilà guéri… Pas sûr que ça marche à tous les coups. D’ailleurs, dans les discours éthérés des thérapeutes mystiques, il y a trois forces : l’énergie cosmique, la personne « canal » par qui passe l’énergie cosmique, et le patient, la personne qui souffre et qui espère tant la guérison. Si le rituel ne donne pas satisfaction, ce ne peut être la faute de la Conscience universelle, ni celle du « canal » toujours pur, mais c’est la responsabilité du patient qui ne sait pas « lâcher-prise », qui n’est pas assez pur, qui s’accroche à son logiciel pathologique… mais qui aura à rémunérer l’intervention de la Conscience universelle selon le tarif du canal professionnel.
Être écartelé (ne pas confondre avec Eckart Tolle, le mystique allemand contemporain).
Pour ma part, je suis capable de me réclamer tantôt d’une forme d’esprit matérialiste, tantôt d’une forme de mysticisme. Tantôt plein de suspicion à l’égard des discours en roue libre sur les pouvoirs mirobolants de la pensée, tantôt, à l’inverse, sur le caractère borné de la pensée positiviste et scientiste.
Je sens en moi une sensibilité très grande à la beauté du monde vivant, à la beauté du cosmos, et cette beauté me conduit « aux confins du sacré, ou du divin ». Je n’hésite pas à rendre grâce à l’« Inconnu » qui a ordonné le monde et produit une sidérante beauté en toute chose. Je prie avec des mots, et sans mots ; je m’incline devant un arbre remarquable et lui rends hommage pour sa force et sa beauté, pour sa vertu qui traverse les années et même les siècles. Il m’arrive, en arrivant en forêt, de saluer le « petit peuple gris », tout en me demandant à quel esprit de superstition je me rallie…
Toutes ces expressions de gratitude et de ferveur (que je mets dans mes textes) ont une visée liée à la souffrance et à l’Espérance. La maladie m’a accompagné toute ma vie, permettant quand même une certaine liberté ; mais je n’arrive pas à séparer spiritualité accomplie, vécue et santé du corps. Je me sens un peu, parfois, comme Job (j’exagère, bien sûr) : je m’efforce au bien, à la purification, à l’élévation, et aucune consolation ni aucune guérison ne me viennent ! Je constate même mon élévation vibratoire, révélée par le pendule, et, concomitamment, l’aggravation de ma maladie (BPCO, broncho-pneumopathie chronique obstructive) !
Mais alors, et si tous les discours mirobolants qui déploient leurs fastes et leurs mirages n’étaient que l’habillage de nos espérances, de nos rêves, de notre besoin d’être rassurés, comme des enfants qui attendent des Puissance parentales un hypothétique secours partiel, en partie illusoire ou imaginaire, donc décevant ?!...
Deux figures de style majeures de la rhétorique sont à l’œuvre dans la pensée humaine : la métaphore (proche de la comparaison) et l’hyperbole. La phrase de la Genèse prononcée par le serpent les coagule habilement : « Vous serez comme des dieux ! », dit le séducteur des origines. Comparaison (« Vous serez comme »), et hyperbole (« des dieux »). L’hyperbole réussit dans l’imaginaire la métamorphose de la réalité, elle fait mine de créer une sur-vie pour embellir la vie qui, je le répète, ne suffit pas aux hommes. Et parmi les hyperboles, il y a la création d’un monde au-delà des hommes et des femmes, le monde des déesses et des dieux, figures de nos craintes et de nos espérances les plus archaïques…
Conclusion ponctuelle, momentanée, en évolution constante :
Pour avoir été souvent berné par les séductions du langage et des discours tant religieux que spirituels, j’ai conçu une méfiance à leur égard, d’autant plus que j’ai pu constater leur insuffisance à se traduire positivement dans le concret du quotidien…
Je demeure écartelé, avec des moments de positivisme critique, et, à d’autres moments, emporté par un élan d’amour pour le monde qui réclame une divinité à remercier…
Je sais un peu, aussi, que science et spiritualité ont jeté entre elles des passerelles, que peu à peu les sciences convergent avec des discours spirituels de hautes et très anciennes traditions. C’est évidemment très important et même essentiel ! De nouvelles promesses, de nouvelles Espérances en perspective pour l’humanité en déshérence !
Très fraternellement ! ou : naturellement vôtre !
Yvan
Notes Bran Du :
La « croyance », le fait de croire ,semble bien inhérent à l'humain pour des raisons primitives liées à son environnement d'alors prodigue en craintes et appréhensions de l'inconnu et des forces colossales qui s'expriment avec violence et dont il ne sait la provenance mais qu'il subi et qu'il s'efforce d'amadouer et d'apaiser comme il le peut...
De nos jours bien des appréhensions et interrogations majeures qui ont circuler au sein de la Préhistoire ont trouver une réponse « rationnelle » a priori satisfaisante mais le champ des inconnus demeure encore conséquent...
Cela n'a pas pour autant diminuer le catalogue des peurs lequel s'est vu amplement complété par d'autres sources de craintes et l'état actuel de la planète et de son devenir de plus en plus incertain alimente grandement le besoin inextinguible de « croire » en un « autre monde » tournant le dos à une humanité en perdition, en déclin et globalement défaillante pour honorer la vie et la préserver...
Faute de « certitudes » et de connaissances avérées et amplement validées pouvant répondre clairement à nos interpellations majeures sur les questions essentielles liées à notre existence et à son prolongement éventuel après la mort, nous avons recours, à défaut d'une foi de charbonnier apte à déplacer les montagnes, à l'imagination celle-ci se fondant alors sur nos conceptions propres en ces domaines...
Nous ne pouvons en effet que supputer, faire des hypothèses plus ou moins fondées, consolidées et étayées par des argumentaires lucidement et objectivement conçus qui conviennent à nos sens, à nos perceptions, à notre imaginaire et à notre intelligence...
Nous pouvons « partager » et «échanger sur nos conceptions personnelles et c'est souhaitable de le faire mais nous ne saurions imposer par tous moyens nos idées sur des sujets à aborder avec modestie et sage humilité...
A propos Bran Du Le 10 /11 04 2025
Il nous faut accepter, accueillir l'idée qui veut que nous soyons en tant qu'être humain « limités » et que nos facultés, capacités sensitives et intellectuelles doivent reconnaître ces limitations...
Pourquoi « l'existence » plutôt que le rien ? La question philosophique par « excellence » se pose en effet...
Peut-être que, comme dans la pensée japonaise ou chinoise, c'est dans le vide du vase que se dépose le bouquet fleuri et épanoui de la plénitude et que c'est dans la nuit la plus profonde et infinie que jaillit l'aurore, son soleil et ses lumières...
Réfléchir à une telle interpellation se heurte à nos contingences biologiques, à des barrières, à des cloisonnements et à des formatages mémorisés de notre pensée laquelle nous constitue et produit nos compétences, notre « identité », notre personnalité, ce qui n'est pas « sans masque » vis-à-vis de la réalité...
La question fondamentale ici posée porte sur nos croyances notamment dans le domaine du religieux et de la spiritualité et de la réalité probante et même avérée de nos conceptions sur ces sujets délicats et « pointus »...
Il s'avère cependant que la dite croyance impliquerait une « foi » qui ne demanderait pas de se justifier, de faire l'objet de preuves de sa « réalité », une foi « aveugle » en quelque sorte sur laquelle on ne se soucierait pas de faire toute la lumière !....
Mais devons-nous concevoir que c'est la « Matière » qui subordonnerait l'existence de l'Esprit ? Je ne peux personnellement l'imaginer...
Je donne, il est vrai, préséance de l'Esprit sur toute Matière et je pense que c'est par l'Esprit, et l'Esprit seulement, que nous pouvons prétendre (humblement mais allégrement aussi) pénétrer et explorer le continent le plus méconnu de nous-mêmes....
Je doute que l'on puisse parler ici de « certitude » et pour ma part, ayant quelques croyances au sein de la Tradition que je sers en tant que sacerdote, je ferais plutôt état de « celtitudes » cohérentes, lucides, stimulantes et séduisantes, ouvertes, pouvant se « discuter » voir être remises en cause...
Quoi qu'il en soit la « réalité » ne se borne pas au visible, au clairement perceptible, elle existe au-delà et par-delà notre vision, par delà le toucher, le palpable...
Ainsi les « ondes » qui se propagent partout, que l'on ne voit pas mais dont on connaît parfaitement l'existence, leurs emplois et leurs manifestations incontestables et leur existence scientifiquement prouvée...ont l'observation fait appel à des outils et à des techniques sophistiquées... (Dont la physique quantique...)
(A savoir que l'étude métaphysique et l'étude physique se rapprochent l'une de l'autre.)...
Tout étant « vibration » on peut alors comprendre et accepter l'idée que dans ce cadre existe ce qui ne semble pas exister...
Pour certains, l'être humain (et peut-être pas seulement) serait doté d'une « Ame », soit un Principe, une Essence, un Anima qui participe selon notre croyance, nos désirs, notre volonté, nos entendements intimes et notre profonde compréhension, et donc nos conceptions fondamentales, à la Spiritualisation de la Matière humaine, corporelle et charnelle qui est la nôtre...
Cela pourrait constituer, si on le conçoit, un but, une finalité existentielle en prévision d'un au-delà supputé avoir pour vecteur et facteur la dite « Âme » et sa fusion ou union avec son émanation première (Matrice de toutes les matrices, Sein de tous les seins, « Chaudron » de tous les chaudrons » et « porteuse des informations obtenues au temps de l'expérience humaine et susceptibles d'alimenter une sorte de « banque informative de l'Univers » et de son « Evolution »...
Bien entendu, ce qui précède peut n'être qu'une hypothèse parmi d'autres et demeure sans prétention et ne saurait en aucun cas vouloir s'imposer...
Pour ma « position » actuelle elle se trouve être à ma « convenance » pour sa part de « lumière » sans mésestimer pour autant les ombres qui peuvent entourer cela...
« Cela » me permet du moins d'aborder sereinement mon terminal existentiel et se trouve en adéquation de sens et d'Essence avec la Tradition qui est la mienne et les propositions de réflexions qu'elle ouvre et propose à mon entendement et à ma validation...
On demandait à Theilard de Chardin (un homme scientifique mais aussi hautement spirituel) ce qu'il pensait des « phénomènes inexpliqués », de ce qu'on qualifiait assez péjorativement de « science-fiction.» Sa réponse fut celle-ci :
« O vous savez, seul ce qui est fantastique à des chances d'être vrai ! »
Fort de ceci et validant cette réponse, le fait de croire dans la possibilité qu'il existerait « d'autres mondes » » que le nôtre, que ceux-ci sont parfois censés border le nôtre, que des portails ou vortex permettraient de passer d'un monde, d'un univers à l'autre, est parfaitement envisageable et concevable... Nous ne serions donc pas le « seul extraordinaire miracle » d'une « Création » dans le Grand Univers... Il n' y a donc pas lieu d'évacuer systématiquement de telles idées... D'où ma formule préférée : Tout est possible »....
Cette formulation n'est pas pour autant dénouée d'une étude rigoureuse, d'analyses rationnelles voir cartésiennes concomitantes avec les vertus de l'imaginaire et du poétique...
Ce qui est pour moi une évidence c'est que ce qui nourrit et explore ce propos se doit d'être et de demeurer une affaire totalement individuelle, personnelle, qui se respecte en tant que telle dès qu'elle ne cherche pas à s'imposer aux autres...
« L’écartèlement » entre le besoin de « croire » et celui de trouver dans la « réalité » des éléments confortants cette croyance est totalement recevable et compréhensif mais sensiblement et intellectuellement difficile à vivre comme toute dualité et opposition exemptes de transcendance ou de conciliation...
La « réalité » n'étant pas Tout, il nous est demandé de « composer » avec elle en ouvrant notre réflexion à d'autres possibilités ce qui implique de se « faire confiance » en tant que « producteur d'idées », d'éviter la censure automatique, mais également de confronter sans antagonisme les « oppositions », les aspects contraires et ce sans exacerbération...
(L'enjeu salutaire selon moi et la Tradition que je sers (sur mon cœur comme elle me sert sur le sien) étant d'instaurer ou de restaurer les équilibres et les harmonies qui nous font si grand défaut !)
C'est là sans doute l'exercice « majeur » qui nous est proposé dans notre existence soumise à bien des turbulences et excès lesquels sont les pires ennemis de tout équilibre...
Toute « évolution », d'un individu comme d'une société humaine, ne peut se concevoir positivement que sous réserve des dits équilibres et harmonies sujets de notre épanouissement et accomplissement humain...
Il est sain, souhaitable voir recommandé de se préoccuper ici-bas de ce que peut être, pourrait être, une « espérance » mise en œuvre en « l'Autre Monde »...
Se confronter ici bas sereinement à la « mort », est un « viatique » pour incarner au mieux le « bon vivant » que nous sommes ou pouvons devenir...
Nos interrogations les plus fondamentales (le sens de l'existence, la vie après la mort, le visible et l'invisible...) ne sauraient connaître qu'une réponse ou amorce ou approche de réponse : celle que nous concevons personnellement en dehors de toute contrainte, de tout formatage idéologique, en toute liberté, responsabilité et conscience...
Bien fraternellement
Bran Du