Les dits du corbeau noir

DU FEMININ CELTIQUE (SUITE) 2018 BRAN DU 06 11 NOVEMBRE

 

 

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Oeuvre d'un peintre cherbourgeois

 

 

 

(En cadeau et pour vous faire patienter...)

 

DU FEMININ ET DE SA PLACE AU SEIN DU MONDE CELTE (Suite)

Bran du 06 11 2018



Le quatrième colloque organisé par Keltia Magazine et les Editions du Németon à Paris le 11 Novembre 2018 portera à la connaissance du public un point essentiel :

celui de la femme dans la religion, la pensée et la société celtiques.

Ceci est d’autant plus essentiel que la religion et la culture celtiques sont les seules à avoir su parfaitement harmoniser les rapports entre femmes et hommes et à avoir su conférer aux femmes leur place légitime.

Mais ce cas unique ne doit rien au hasard. Il résulte de faits religieux précis que nous examinerons. Fabien Regnier



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Réflexions Bran du

06 11 2018



Si le but, la fonction, la mission, la vocation des chercheurs et chercheuses spécialistes du monde (ou des mondes) Celtes est bien comme tout « historien » ou « archéologue » de nous restituer des pans occultés ou ignorés de notre « Mémoire » (ce qu'ils font très bien d'ailleurs en faisant appel à de nouveaux outils et à de nouvelles méthodes incluant par exemple la pluridisciplinarité) ce n'est, une fois leur ouvrage réalisé, pour les cheminants et cheminantes que nous sommes, qu'une étape sur le chemin du « savoir » lequel se doit de déboucher sur la sente de la « connaissance » ; soit sur la mise en œuvre, en entendement, en pratique, en expérience, en novation de ces données et informations afin de réinjecter la dynamique des contenus sapientiaux dans le vivant que nous sommes et celui qui anime tout ce qui nous entoure « ici et maintenant » ainsi que dans les perspectives d'un devenir évolutif... 


C'est donc de l'actualisation et de l'adaptation des sagesses et éthiques philosophiques autant que spirituelles léguées par les Grands Anciens et Anciennes détenteurs et transmetteurs de la « Pensée » celto-druidique qu'il s'agit ici afin d'apporter généreusement et objectivement le concours d'une Tradition vivante et authentiquement incarnée à l'élaboration graduelle d'un changement de paradigme de société sans lequel nous avons fortement à craindre pour l'avenir de notre communauté de destin planétaire !...

 



Entendons-nous bien, il ne s'agit en aucun cas de vouloir reconstruire une « société celtique contemporaine », mais bien de dégager, aux vues des éléments de connaissance rapportés et argumentés objectivement, par ceux et celles dont c'est le métier et la profession, des axes et des lignes de force de réflexions majeures, pertinentes, actualisables et opératives afin d'opérer dans les mentalités, les comportements et les consciences, des transformations, changements et mutations individuelles (voire plus collectives par la suite) les plus aptes à aider notre « modernité » à ne pas verser vers le chaos !...

 



Si nous sommes particulièrement demandeurs en terme de « restitution » des concepts et éléments qui composaient « l'architexture » de la société celtique, ce n'est pas pour assouvir simplement notre engouement pour l'histoire d'une société humaine dite celtique, mais bien pour fortifier et éclairer, par ces précieux apports, notre propre quête et « navigation existentielle » qui trouve là de quoi nourrir, stimuler, conforter, inspirer, éclairer sa réflexion, sa pensée et les œuvres qui en découleront...

 



Ainsi nous serons très heureux de mieux comprendre la place particulière et spécifique du « Féminin » au sein de la société celtique a ancienne et nous prendrons en effet conscience que bien des femmes appartenant aux autres sociétés antiques auraient aimé disposer de reconnaissance et de statuts semblables...



Ce n'est pas tant que ce Féminin, en terme de fonction et de statut, de rôle et de place, ait pu occuper (dans le cadre de la société trifonctionnelle) sans que cela pose problème des charges et des postes habituellement réservés aux hommes en d'autres sociétés de l'époque ; c'est à dire, pourvoir à une forme « d'égalité » avec le Masculin ce qui n'est pas négligeable en effet, mais penser cela en terme d'égalité serait des plus réducteurs si on omet toute la dimension complémentaire et symbiotique de ce Féminin !...

 



Ce qui « hante » fondamentalement la pensée celto-druidique ; c'est la cohérence, la cohésion, la concordance, la stabilité donc le bon fondement, l'ajustement, l'équilibre et l'harmonie et tout ce qui participe du vrai, du bon, du mesuré, du juste et de l'équitable...



Et ce Féminin pleinement à l'oeuvre dans les fonctions qui lui sont imparties co-participe de cette recherche, de cette instauration ou restauration, de cette nécessité impérative pour chacun, chacune et leur communauté d'appartenance...

Le principe égalitaire (et logique qui plus est) veut que, si ce féminin n'est pas digne des fonctions et rôles octroyés, il devra répondre de la même façon que le masculin de ses erreurs, excès ou dérives et sera sanctionné de même !...

 



Ce n'est pas tant dans cette étude le fait de dégager une position égalitaire certes exceptionnelle en ces périodes entre le Féminin et le Masculin, mais de comprendre également la singularité, la spécificité, des apports de ce Féminin au sein des particularismes de la dite société....



Ce qui me paraît par ailleurs le plus important dans le renforcement de nos compréhensions sur ce lointain passé, c'est surtout de voir avec clarté et pertinence tout ce que celui-ci comporte d'éléments qui sont de nature, par exemple, à donner à la Femme d'aujourd'hui des « modèles » , des « références », des exemplarités de sens et d'Essence, qui soient en réelle capacité de la doter d'outils de réflexion, d'entendement et de réalisation à partir desquels elle trouve des dynamiques existentielles qui lui conviennent et en lesquelles elle se « réalise » vraiment et, se réalisant, réinvesti les dites compréhensions et dynamiques dans l'environnement qui est le sien, transmettant alors des valeurs et une éthique qui sont l'expression par excellence de ce que l'on appelle la « Tradition » laquelle se réincarne lors dans ses dimensions mythiques, archétypales et originelles qui transcendent l'Histoire du fait de l'immortalité même de son Principe, Anima et Essence !...

 



Ce deuxième et important aspect se devrait lui aussi de faire l'objet à lui seul d'un autre débat et colloque par la suite !...



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Ce que nous dit de la Femme Celte Philippe Jouet dans son dictionnaire de la mythologie et de la religion celtique :

Et notes/commentaires Bran du :



« Il n'y a pas dans la société celtique de « grande déesse », indifférenciée, multifonctionnelle ou polymorphe... »

« La notion de « Déesse-Mère » dont on a tant abusé dans les études celtiques recouvre des réalités très diverses. »

Même si Brigid cumule au moins trois fonctions importantes (en lien avec la poésie, la médecine et la forge), elle n'est pas comme Lug une « polytechnicienne »...

Cependant notons que si le panthéon gaulois ou irlandais ne comporte que des dieux, notons que ceux-ci n'ont d'existence que par la Déesse non nommée dans le catalogue du panthéon !

Pour l'état major des Tuatha Dé Danan, nous ne trouvons en poste que des hommes, mais, ceux-ci appartiennent « aux Gens de la Déesse Dana » (idem en Pays de Galle avec les Plant Dôn.)

Ces exemples précités montrent que si un Principe à priori Masculin (non nommé d'ailleurs, très « subtilement » esquissé parfois, approché par les sages et artisans « initiés ») ordonnance « l'architexture » supposée de l'Univers et de tout ce qu'il contient et manifeste de visible ou non, il s'exprime essentiellement par les ambassades de son Essence (Féminine donc)....

(Principe et Essence sont cependant en symbiose.)...

(Dieux et déesses ne sont que des « intermédiaires », des points médians de connexion entre le ciel et la terre, mais plus rapprochés de l'entendement humain que ce qui les enveloppe eux-mêmes!)...

 

(On peut effectivement parler de polythéisme pour la société celtique, mais cette vue globalisante n'est qu'un aperçu généralisé d'une vision bien plus vaste, infinie et absolue que n'ont abordé que certains « esprits » humains en capacité sensitive, perceptive, déductive, spéculative et intelligente de le faire : les Druides, lesquels, en précurseurs de la métaphysique et de la pensée poético-scientifique et philosophique, ont été danser au son de la musique des sphères !...)



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« Pour ce qui concerne les initiatrices guerrières, elles ont un caractère d'allégorie. »..

L'allégorie est souvent assimilée à un symbole...

Elle permet de mieux faire comprendre une idée, un concept, en utilisant une histoire, des images, des métaphores pour mieux faire comprendre...

 

Les « initiatrices » ne manquent pas dans le corpus littéraire celtique et nombre de « héros » y font appel pour compléter et parfaire leurs connaissances comme pour accroître leurs dons et capacités « physiques »...

Cela signifie que l'homme est dans un état « d'incomplétude » tant qu'il ne va pas à l'encontre d'un féminin « compétent et spécialisé » afin de se doter et de recouvrir ses « parts manquantes » faisant de lui l'être de tout accomplissement véritable !...

On devrait bien mesurer cela et y réfléchir grandement à notre époque !

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Les Femmes dites « initiatrices guerrières » ou encore les « favorites » confrontent l'homme placé face à ses peurs, à ses craintes, à son ignorance, à ses maladresses, à son manque de « maîtrise », de contrôle et de discernement...

Elles enseignent les meilleures dispositions, outils, méthodes et moyens permettant pour l'homme d'acquérir les qualités que la société attend de lui pour se renforcer dans sa cohérence, ses équilibres et ses harmonies...

Elles transmettent des « Forces et des Energies » (y compris « sexuelles ») lui permettant de vaincre les épreuves et périls qu'il aura a affronter pour gagner sa réputation, son nom même, en termes de « mérite, honneur, bravoure, dignité et mémoire »...



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Il est dit dans bien des « Traditions » que ce Féminin est initié dès sa naissance (initié de naissance donc) car étant directement issu de la Matrice de toute Matrice, donc de l'Essence Féminine même et ne peut de ce fait être initié par l'homme à ce même niveau et sur ce même plan !...

(Nous sommes là au niveau cosmique dans ses dimensions les plus sacrées, divines et universelles !)

Que des initiations du Féminin par, entre autres, des hommes eux-mêmes initiés aient lieu dans le cadre de communautés traditionnelles n'est pas cependant un fait aberrant car cela se passe en effet à d'autres niveaux et plans (et principalement fonctionnels) dans l'attribution, la reconnaissance et la validation de qualifications liées à des charges et à des fonctions internes et nécessaires à la structure de la communauté …



Pas de héros véritables, d'êtres d'exceptions, sans le recours initial et même redondant au Féminin !...

 



« Les déesses (selon le modèle Indo-Européen) sont associées à la « Naissance du Monde », au destin, à la fin des cycles, à la carrière héroïque...» 

La cosmogénèse comporte donc un Féminin qui co-participe de l'enfantement du monde...

Le « Féminin » est à l'origine de tout être et toute chose créée et accompagne le « Vivant » dans son cycle et à toutes les étapes de son évolution et de sa « décroissance » et ce, selon la destinée qui échoue à chacun...

La Vie (Féminine) est bien alors la «Sage Femme» du «Vivant» (Masculin) !...

 

 

 

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L'aurore Féminine (elle aussi figure Indo-Européenne) a « traditionnellent » un amant (masculin) mortel....

Rappelons que le mot Dieu (Dervo en Gaule) est un terme sanskrit qui signifie les cieux ou le ciel...

Toutefois, il existe aussi des entités nocturnes séparées des entités diurnes par les « crépuscules » donc l'Aurore....

Le jour, naît de la longue nuit, enfanté par l'aurore...

Une aurore qui sera l'objet d'une volonté d'emprise des forces néfastes nocturnes d'où la nécessité de la délivrer comme celle, identique d'ailleurs, de délivrer la Belle saison des griffes des forces hivernales et ténébreuses...

Et c'est là, en cela, qu'intervient un « Masculin « héroïque » !

(Qui sera amplement remercier d'ailleurs après sa victoire par le Féminin hautement et voluptueusement reconnaissant !) …



Nous voyons ici que sans le Masculin aimablement et courageusement « sauveur », le Féminin demeurerait sous l'emprise de forces négatives et néfastes et ce au détriment de la vie elle-même ! Autre méditation et enseignement !...

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Le Féminin étant détenteur de la « Souveraineté », il ne saurait y avoir de roi élu sans que le Féminin ne lui ait au préalable octroyé la dite « Souveraineté » en considérant alors le postulant à la royauté comme étant digne d'assumer cette fonction...

(Le cri de la « Pierre de Souveraineté ») venant conforter ce choix.)

Le bon entendement et la stabilité de bonne et aimante relation entre la Reine et le Roi sont les garants d'un royaume prospère, si la Reine Meurt ou se sépare de son mari ou si de graves dissensions apparaissent (l'inverse vaut aussi) cela aura pour effet d'engendrer pour le royaume une décadence, un dépérissement si aucun « remède » n'est trouvé à cela !...

Nous comprenons à quel point la bonne relation entre le Féminin et le Masculin placés au sommet de la régence royale et donc de l'avenir prospère du royaume est d'une vitale importance et que les désaccords ou discordances à ce niveau auront des effets dévastateurs et destructeurs...



C'est là une invitation à faire de sorte que le dit Féminin et Masculin fassent tout ce qu'il est en leur désir, volonté et pouvoir pour rechercher ensemble l'équilibre et l'harmonie tant personnelle que conjugale et royale !...



Là aussi nous avons à retirer des enseignements non négligeables en ce qui concerne l'état fructueux ou infructueux des rapports et relations entre ces deux pôles, conséquents chacun, de l'humanité !...



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Des Femmes (Reines, Déesses...) sont dites « supérieures » aux qualités, capacités, compétences de leur « mari » ; c'est le cas des deux Mebd (figures toutes deux de la Souveraineté) et de Macha une « ancienne déesse et une héroïne mythique)...

Ce sont, (avec d'autres appellations féminines) des figures de l'Irlande Eternelle...

Cela signifie donc que l'ensemble des territoires du pays est sous le patronage et la protection d'une « personnification » Féminine qui préside à sa destinée...

C'est donc au Féminin (et aux valeurs et vertus qu'on lui prête) que l'on fait confiance pour que le pays en question bénéficie de cette haute protection, demeure prospère et en paix...

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Le grand étonnement ne vient pas tant et seulement d'une forme d'égalité entre Hommes et Femmes dans la société celtique, mais de surcroît quand on découvre un certain nombre de préséances (plus que remarquables et exceptionnelles) données au Féminin sur le Masculin sans que celui-ci ne soit dévalorisé pour autant !...

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En complément à ce qui précède :

 

Que nous dit encore Philippe Jouet de ce « Féminin celtique » :



Le rôle social de la femme varie en fonction de son statut...

Certes des femmes sont dites « libres » en Irlande, mais il leur incombe d'assumer et d'assurer le maintien de leurs droits et la défense de leurs biens...



Nous avons que des gauloises accompagnent leur mari à la guerre...

Nous avons aussi connaissance de femmes qui séparent des partis d'hommes armés en discorde et qui rétablissent « le bon agencement de leur communauté. »

Chez le peuple Celte des Galates, lorsqu'il faut décider de la guerre, l'avis des femmes est requis.



La femme joue aussi un rôle non négligeable dans les joutes verbales de fin d'année (des « batailles de mots ») dont l'enjeu réside à travers l'honneur que l'on en retire et le rang lors attribué, mais tout en sachant que cela contribue également au « bon ordre de l'univers » !...

La faiblesse physique de l'homme est comparé à celui d'une femme en couche...

Des égards et des interdits étaient attaché à la femme enceinte.

Le roi d'Uslter attire une malédiction sur le peuple des Ulates pour ne pas avoir respecté Macha alors enceinte...



Des femmes sont prédisposées à l'exercice de pratiques magiques (y compris en Gaule comme au Larzac). On parle du grand sortilège des femmes du Sud et de la puissance des fées …

L'Irlande assigne aux femmes avec prédilection la fonction de voyante et de réduction...



Si les femmes assistent au banquet de Bicriu et à bien d'autres célèbres banquets, elles ne sont pas invités ni requises au grand banquet de Tara qui est une réunion politique et royale réservée aux hommes...



L'hospitalier Mac d'Atho se confie à sa femme et suit ses conseils malgré l'avertissement de Crimthand «  Tu ne donneras pas ton secret aux femmes, secret de femmes n'est pas bien caché. »...



La séduction de la femme est la tentation du guerrier dont elle canalise et annihile la volonté...



La reine Medb (en lutte contre Cuchulain) fait intervenir l'entremise séductrice de sa fille Findabair chaque fois que sa stratégie l'exige et qu'elle doit trouver un nouvel héros pour affronter son rival !...



La nudité féminine est censée éteindre la fureur et l'ardeur du héros dont on ne maîtrise plus les forces...



Les Matres gallo-romaine ne se limitent pas aux seules fonctions génératrices...



Dans la société aristocratique celtique la renommée de la femme à marier est le pendant féminin de la gloire masculine...

La femme irlandaise est considérée à l'égale de son mari quand elle apporte une équivalence de fortune...

Le père « cède » à l'époux son « droit » sur la femme et ce dernier devra s'acquitter du « prix à payer » ; lequel sera, proportionnellement fonction des valeurs attribuées à la future épouse...



Le monde Celte connaît à la fois la femme mariée et la concubine...

Il existe jusqu'à dix formes de mariage en Irlande, y compris des unions temporaires...

La fidélité des femmes Celtes est célèbre et renommée et font le sujet et l'objet d'histoires célèbres...

On célèbre volontiers le féminin dans de nombreux récits ainsi les mères et épouses des Fianna d'Irlande font l'objet d'un long poème...



Voilà quelques indications non exhaustives d'ailleurs, mais qui permettent en effet une approche de la femme celtique.

On notera que les amours difficiles et si souvent contrariés de celle-ci atteindront un sommet littéraire époustouflant au sein des récits qui les relatent et auront un impact prodigieux auprès de toutes les cours d'Europe dont nous avons encore les magnifiques et dramatiques éclats et échos de nos jours !...

 

 

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06/11/2018
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