Les dits du corbeau noir

DOSSIERS SAMAIN 2 BARDI : FANAE et CLaire BONNET ET UNE AUTRE APPROCHE DE SAMAIN BRAN DU 10/OCTOBRE 2015

NUIT DE SAMAIN 2006                                                   

Claire BONNET (La Fée du Sureau)

 

 

 

            Dans la forêt de l’ouïe et de l’entendre, dans la forêt de ma Grand-Mère l’oie, j’ai salué le rayonnant, le jaillissant et le dansant, redonnant au centuple la lumière de l’été.

 

            Trois soeurs

            au pied de six frères

            le soleil se lèvera l’an prochain

 

            La lune noire immense nous recouvrait, la bougie de l’ouest donnait l’orient aux anaons.

Deux autres feux clignotaient en secret sous les buis.

Les vides blancs des étoiles répandaient l’autre monde.

 

            Deux noms nouveaux et le feu s’enflammant à la blancheur du bouleau, au tranchant des fougères, aux jeunes peaux pleines de voeux - parfum de sauge et d’if.

Les chevreuils ont aboyé nos colères de chasseurs, un rapace a crié nos querelles et la chouette notre infinie sagesse.

 

Dans la forêt de l’ouïe et de l’entendre, dans la forêt de ma Grand-Mère l’oie, j’ai veillé non loin de trois amis à deux jambes et coeur battant, j’ai dormi aspirée, inspirée, dans un grand tuyau de troncs, blottie auprès des braises.



SAMAIN de 2015



Envoi de Virginie (Fianaé)

Clairière kan ar Vuhez



Le vent siffle et fouette le visage,
les feuilles ont revêtu leurs couleurs mordorées;
les écheveaux de laine se referment sur les corps,
la saison claire n'est plus.

Oubliée, la chaleur de Tantad,
oubliées la luxuriance de Beltaine, les moissons de Lug.
Place à la chaleur des assemblées,
Au festin de Samonios.

En ce temps hors du temps, 
vivants et trépassés se retrouvent et se frôlent.
Les habitants du Sidh se mêlent à notre monde,
Visible et invisible, la Création goûte à ces retrouvailles.

Epaulés par les moissons de la roue,
entamons la traversée hivernale.
Comme Guyon, plongeons dans les profondeurs de l'être,
car c'est de là qu'émergera notre Taliesin.

Allons, amis, ne soyons pas inquiets,
tenons fermement le gouvernail de notre existence,
entamons notre aventure intérieure,
pour émerger, grandit, à la prochaine saison claire.




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Samain – Samonios – Set sama…     Bran Du            23 10 2009

 

Ce temps « récapitule » l’été…

C’est donc une période qui interroge aussi ce que nous avons, en ce temps-là, été !

 

Avant d’entamer la difficile traversée hivernale, au seuil, aux portes, des mois noirs, nous faisons l’inventaire de notre parcours estival, du cheminement qui a été le nôtre depuis les calendes du Solstice d’Hiver jusqu’à cette fin de boucle et le commencement d’une nouvelle spirale évolutive sur et au sein de la Roue de l’Année…

 

Nous allons entrer dans les profondeurs de nous-mêmes, réaliser une « introspection », méditer sur les étranges entrelacements de l’ombre et de la lumière…

 

Samain c’est l’instant du Grand Passage, d’une marche sur cet estran que frangent la mémoire et le devenir…

 

Nous avons engrangé le blé solaire, les énergies du feu au maximum de leurs manifestations et expressions...

 

 

Ce sont là les nourritures, les substances vitales et sacrées qui permettront à notre corps et à notre esprit de progresser au quotidien parmi le froid, le pourrissement, la nudité, la désolation et les rigueurs de la dure saison…

 

Nous avons fait et parachevons les récoltes spirituelles et énergétiques grâce auxquelles nous saurons mieux lutter et affronter la plus sombre et ténébreuse des calendes de l’an…

 

Passé la nécessité de cueillir vient le temps de se recueillir !…

Et de remercier !…

Toutes nos « vitalités » sont subordonnées à ces provisions dans lesquelles elles vont puiser au fur et à mesure de leur difficile progression au sein des adversités qui se présenteront à elles…

 

On ne saurait séparer une saison d’une autre car chaque saison prépare la suivante, tisse des passerelles et des correspondances, et toutes trouvent leur unité, leur mouvement et leur conjonction au Centre même de la Roue ; Centre auquel elles sont intimement et en permanence reliées…

Pérégrinant en tout amour et en toute confiance, sur la Roue de l’Année nous sommes semblablement reliés…

 

En la charnière subtile d’une fermeture et d’une ouverture dans le déroulé cyclique des saisons se tient le « non-temps » ; un bien étrange espace et un mystérieux territoire où nos notions habituelles se dilatent, se contractent, fusionnent, échappent à nos conditionnements mentaux et sociaux pour ouvrir des brèches et des failles dans les murs conventionnels de nos conceptions usuelles…

 

Des échanges s’instaurent alors qui se révèlent ou non selon les qualités que nous avons développées pour les percevoir, selon notre perméabilité vis-à-vis de « l’Autre Monde» et de ses ambassades…

 

C’est l’instant, o combien privilégié, d’une communication entre ce qui fût, est et sera !…

Les « Anciens » nous parlent, nous contactent et nous les accueillons en étant à leur écoute. Nous leur laissons une place respectueuse et aimante au bord de l’âtre chaleureux de notre cœur…

 

Ceux et celles quoi ont été d’amour au temps de leur existence nous entretiennent et nous gratifient de leur présence sous la forme invisible mais prégnante de cet amour même, lequel, en tant qu’Essence, peut revêtir toute forme et se formuler de mille façons…

 

C’est aussi le moment de se souvenir que nous avons été « poussières d’étoile » et de restaurer en nous-mêmes ce ciel étoilé, la constellation, de nos sens éclairés par cette lumière qui est origine, commencement, fin et renouvellement…



20/10/2015
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