Les dits du corbeau noir

DOSSIER CORSE 12 POLITIQUE CORSE (APPROCHE) 2018 BRAN DU 03 06JUIN

DOSSIER CORSE 12 : De la POLITIQUE

 

(Pour rappel : Politis au sens ancien : c'est la recherche permanente, libre et responsable, des bons rapports , des meilleurs relations possibles, entre les hommes et les femmes dans la citée des hommes et des femmes...)

 



Informations partielles mais utiles à connaître :

 



Extrait du discours de Michel Rocard sur la Corse ( 08 2000) :

« Jacobins, ne tuez pas la paix... »



« Le droit de résistance à l'oppression est même l'un des droits fondamentaux de l'homme et du citoyen car il y a eu oppression et il en reste de forte trace.

 

Il y a une révolte Corse on ne peut espérer la traiter sans la comprendre.

 

Il faudrait quand même se rappeler que lorsque Louis XV acheta les droits de suzeraineté sur la Corse à la République de Gène il fallut une guerre pour prendre possession de notre nouveau domaine. La France y perdit plus d'hommes que pendant la guerre d'Algérie.


Il faudrait tout de même se rappeler que la Corse est restée « gouvernement militaire » jusque tard dans le XIXè siècle avec tout ce que cela implique en termes de légalité républicaine !...

 

Il faudrait de même se rappeler que pendant la guerre 14-18, on a mobilisé en Corse ce qu'on a jamais osé faire sur le continent jusqu'au père de six enfants ! Que, de ce fait, à la fin de l'année 1919 il n'y avait plus d'hommes valides pour reprendre les exploitations agricoles.

Les « tout jeune » n'ont pas eu le temps de recevoir la transmission de savoir faire c'est ainsi qu'ils sont devenus postiers ou douaniers, que c'est donc à ce moment là que la Corse devient une économie assistée ce qu'elle n'était pas auparavant.

(De cette période date aussi les blagues déplacées sur la pseudo « paresse Corse »)...



D'autre part le droit successoral Corse traditionnel était fort différent de celui du continent. C'est ainsi que les « métropolitains » si j'ose dire, Corses ou non Corses, se sont injustement appropriés bien des terres ancestrales.

(Les terres de pacage étaient collectives et bien des agriculteurs ou éleveurs n'avaient pas de « droit de propriété ».)



Compte tenu d'une situation (qui faisait de la Corse la région la plus pauvre de France en 1950 ce qui est d'ailleurs encore le cas de nos jours N.D.R) le gouvernement français créa une société (la SOMIVAC) chargée de mettre la Corse en valeur et pour cela de remembrer et de défricher la terre, d'apporter l'irrigation, de tracer des chemins et des routes, afin de revendre ces lotissements aux agriculteurs Corses. Mais des 400 lots ainsi réalisés seuls 10 % sont proposés aux Corses, 90 % sont alloués aux Pieds noirs de retour d'Algérie !

C'est là une incitation à la guerre civile (un concept de colonialisme)...

 

L'Etat s'était aussi engagé a favoriser le transport entre la Corse et le continent ce qui sera fait pour le transport des personnes, mais non pour celui des marchandises surtaxées pour les produits Corses partant vers le continent !

Tout cela entraînant une mort économique...

 

Il suffit de savoir qu'une oppression particulière a grandement affaiblie l'économie Corse.
Lorsque l'Histoire à un tel visage, il fat soit beaucoup d'inconscience soit beaucoup d'indécence pour dire seulement aux corses :

«  - Assez crié maintenant, soyez calmes et respectez les lois de la république. Vous bénéficierez alors pleinement de leur générosité. »

De cette application uniforme et loyale, les Corses n'ont guère vue trace dans leur longue Histoire.

 

Certes il y a la part Corse dans ce gâchis, elle n'est pas mince : violence, clanisme, corruption... Naturellement, il fallait sanctionner mais on ne l'a pas fait assez.

 

Mais il faut tout autant comprendre comment ce système se pérennise.
Ici, l'Histoire débouche sur la sociologie.

 

C'est une évidence mondiale que toute société auto-suffisante est beaucoup plus résistante à toute corruption que toute société assistée. Or la Corse l'est largement par le fait de la France depuis bien des décennies.

« Mieux vaut une différence reconnue qu'une fausse uniformité répressive. »



Avec l'absence d'une véritable justice foncière dans un univers culturel où la légalité et l'équité étaient aussi peu apparentes, il n'est guère surprenant que des clans se soient organisés, violence et loi du silence comprises, pour contrôler à tout prix les processus électoraux et les flux financiers qu'ils induisent.

 

Voilà le gâchis dont il faut maintenant sortir.

 

Les trois quarts des Corses, qui n'en peuvent plus de la violence,

(2791 attentas revendiqués entre 1975 et 1982 N D R) s'appuient désespérément sur l'Etat central malgré sa longue impéritie.

 

Un dernier quart, qui s'est décrit comme autonomiste il n'y a pas si longtemps, comme nationaliste aujourd'hui, n'a pas renoncé à voir enfin traitées correctement les lourdes spécificités de la situation Corse.

Ils sont prêts à chercher des solutions négociées et le disent comme à renoncer à la violence. De ce fait quelques centaines de desperados les ont quittés pour sombrer dans la violence pure.

Ils n'obéissent plus à leur commandement.

 

Comment en vouloir aux représentants élus de ces mouvements ?

C'est au contraire leur honneur et la garantie de sérieux de leur choix. »

 

Michel Rocard,ancien Premier Ministre et député européen

Le Monde Jeudi 31 août 2000



Les constats sont là qui ne sauraient déboucher sur des actions de répression ou de nouvelles oppressions car il s'agit enfin et surtout de comprendre les mécanismes qui amènent un peuple à user voir abuser de la violence comme dernier recours...

De cette « compréhension » résulte les mises en résolution efficaces, adaptées et pertinentes.

NDR



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« Toute mon adolescence, j'ai rêvé que ma trace soit porteuse de paix... Je ne pense pas avoir manqué à ce vœu. Je fus un combattant de la paix.

N'étant la violence des hommes, la nature étant si belle, la vie aurait toutes ses chances d'être merveilleuse si nous savions y créer l'harmonie. Ce fut l'effort de mon parcours. »

 

 

« J'irai dormir en Corse. »         Michel Rocard 2014


(Il repose dans le cimetière du village de Monticellu en Balagne)

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« … Rien non plus ne nous fera renoncer à ce pourquoi nous nous sommes battus, générations et après générations, et qui adviendra, parce que conforme au droit, à la justice, et à l’Histoire : permettre au peuple corse d’être lui-même »     Gilles Simeoni

 

 

 

Quelques dates :

 

Etat non exhaustif

 



 

Vers 12 000 estimation de l'arrivée des premiers hommes en Corse (en provenance de l'Italie ou de la Sardaigne)

 

Moins 6750 Première présence attestée : la Dame dite de Bonifacio...

 

Moins 5500 Premiers vestiges d'une civilisation néolithique

 

Moins 1200 Des peuples Ligures s'installent au Sud de l'Île...

 

Moins 900 arrivée des Ibères (Sans doute des Celtes?)

 

Moins 400 arrivée des Etrusques sur la côte orientale

 

Moins 259 les Romains en Corse pendant 9 siècles...

 

En 533 les byzantins sont maîtres de l'île

 

En 550 arrivent les Ostrogoths puis retour des Byzantins

 

En 725 la Corse est envahie par les Lombards

 

Puis ce seront les invasions Sarrasines qui n'abandonneront leurs raids qu'en 1014...

 

1077 administration de l'île par les Pisans via le Vatican

 

1195 les Génois s'installent et sont en 1284 les nouveaux maîtres de l'île

 

1729  insurrection nationale des Corses

 

1732 défaite des génois...

 

1358 misère et révoltes populaires Corses

 

1404 Conquête de l'île par les Aragonais

 

1500 révoltes diverses

 

1507 Razzia des Turcs

 

1528 La peste et des raids meurtriers

 

1530 110 tours de guets édifiées par les génois...

 

1532 Attaque de la Corse par une flotte turco-française

 

La Corse devient française jusqu'en 1559

 

1562 La Corse de nouveau sous tutelle génoise

 

1580 la peste de nouveau

 

1734 Victoire sur les génois de Hyacinthe Paoli promu généralissime

 

30 01 1735 L'indépendance de l'île est proclamée

 

1736 Théodore de Neurhoff est proclamé Roi des Corses

 

1737 des troupes génoises massacrent femmes et enfants à Aléria

 

1738 Intervention française puis défaite de ceux-ci en 1741

 

1751 : nouvelle proclamation de l'indépendance de la Corse.

 

1755 Le Royaume de Corse est créé par Pascal Paoli

 

(Celui-ci prend aussi des mesures contre la vendetta qui fait en moyenne 9000 victimes pas an.)

 

1762 Adoption de la Tête de Maure avec bandeau comme armes officielles de la Corse (symbole à priori en provenance de l'Espagne aragonaise en lutte contre les khalifats arabes !)

(L'hymne "religieux"  Dio Vi Salvi Regina deviendra peu après le chant National Corse.)

 

Création d'une flotte Corse.

 

1768 Traité entre la France et Gène : la Corse est cédée « provisoirement » à la France. (sous conditions donc, mais non respectées d'ailleurs.)

 

P Paoli déclare la guerre à la France...

 

1769 les troupes de Paoli sont vaincues. La France reprend la Corse. Exode de Paoli en Angleterre.

 

1789 la Corse est annexée définitivement par la France. Paoli revient en Corse après un détour triomphal en Europe.

 

1793 Paoli est déclaré Traître à la Nation...(Il considère que la Convention est dévoyée et qu'elle s'est détournée de ses principes fondateurs inspirés de sa pensée.)

(Napoléon contribuera à provoquer cet exil et prendra des mesures contre les derniers résistants Corses.)

 

1794 Paoli fait appel à l'Angleterre qui répond à celui-ci. Royaume Anglo-Corse éphémère... Reprise des hostilités...

 

1796 Paoli repart en exil en Angleterre et y meurt.

 

1800 Napoléon « maître » de la cessation de la rébellion Corse.

 



 

Si l'on saute aux temps modernes :

 



 

la Corse sera particulièrement saignée par la guerre 14-18 et perdra une partie importante de sa population masculine...

 

 

La Corse jouera un rôle fort important lors de la dernière guerre elle sera le « premier morceau libéré de la France »...

 

 

1950 : la Corse est le département le plus pauvre de toute la France.

1959 : L'Union du Peuple Corse est créée. Début du "régionalisme" Corse.

1962 : arrivées des « pieds noirs » en France et en Corse rapatriés d'Algérie (20 000 en Corse)... 90 % des terres remembrées et aménagées par la SOMIVAC en Corse leur sont allouées.

1967 : Création de l'ARC Action Régionaliste Corse

1970 : le « Riacquistu » : Mouvement culturel, social, politique. La Corse (comme en Bretagne) ne rougit plus de son « identité  spécifique », se restitue ses propres valeurs. Le chant, la musique, la poésie sont vecteur de cette é »recouvrance patrimoniale »

 

1975 : drame d'Aléria un commando Corse contre une exploitation de colons rapatriés (deux morts).

 

1976 : création du F L N C Front de Libération de la Corse.

 

1977 : Création de UPC Union du peuple Corse

 

1979 : nombreuses répressions, arrestations, nombreux procès...

 

1982 Première Assemblée Régionale Corse élu au suffrage universel direct.

 

1991 : Pouvoirs accrus pour l'Assemblée Corse.

 

Février 1998 : Assassinat du préfet Erignac. La Corse manifeste contre une telle violence et refuse celle-ci.

 

2001 Nouveau statut pour la Corse ( Processus dit de Matignon)

 

Décembre 2015 : Election d'élus à la Collectivité Territoriale Corse nouvellement constituée.

 

Le Président du Conseil de l'Exécutif Corse est Gilles Siméoni.

 

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 A Noter en terme de langue Corse :

 

 

98 % des écoles maternelles enseignent le Corse ; Il y a aussi des classes bilingues.... Environ 50 % de la population Corse comprend ou parle le Corse... (En 1974 le statut de langue régionale est accordé à la langue Corse. )

 

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Rappel de Gilles Simeoni à Manuel Valls Premier Ministre en visite en Corse en 2016 :

Discours de Manuel Vals. Nous étions le 23 septembre 2011 :


« L’insularité, plus la culture, l’histoire, la langue corse sont des atouts. L’idée d’autonomie politique plus avancée ne doit faire peur à personne.(…)

Je ne suis pas hostile à des évolutions qui permettent au fond à la culture, à l’identité et à la capacité de préparer l’avenir des Corses, de s’épanouir.
Je pense que la France ne doit pas avoir peur de la Corse.

 

 

On peut être Corse, Français et républicain avec son identité, sa langue, qui est une belle langue, sa culture qui doit être préservée.

 

La Corse est une île, avec son histoire.

Elle peut se doter d’institutions encore plus décentralisées, plus autonomes.

D’ailleurs, d’une manière générale, la France doit évoluer dans ce sens, au lieu de se re-centraliser. La France doit faire confiance.

 

Appliquons la loi de 2002, allons jusqu’au bout des possibilités qu’elle donne, mais ouvrons aussi le débat, car s’il y a consensus dans le cadre d’une réforme institutionnelle voire constitutionnelle, la Corse doit pouvoir prendre toute sa place.


La Corse est une île avec des revendications, le mot autonomie ne doit pas faire peur . »

 

Manuel Valls, Premier Ministre, en visite en Corse en 2016 et qui semble bien prendre de plus en plus de distance vis-à-vis de ses propos antérieurs et de sa proximité de pensée avec Michel Rocard !.... NDR

 

 

Notes : Bran du Juin 2018



Les débats en cours (difficiles) entre l'Etat français et les élus Corses portent principalement (entre autres revendications) sur des moyens institutionnels adaptés, sur les perspectives économiques (autonomie financière), politiques (émancipation) et sociales, sur la langue Corse, sur le foncier, sur le statut de résident, sur les compétences fiscales et la fiscalité du patrimoine, sur le type d'intercommunalité souhaité par la Corse, sur l'inscription de la Corse dans la Constitution française, sur l'amnistie des prisonniers Corses...



L'Histoire « chaotique » se poursuit et l'on peut continuer de se demander de façon très réaliste et objective s'il y a encore en France des restes applicables de la Constitution revendiquant le droit des peuples à s'administrer « démocratiquement » et dans le respect de justes lois, dans la pratique naturelle de leur langue et de leur culture, eux-mêmes, sans qu'un pouvoir Jacobin inquisiteur, extrêmement conservateur et répressif continue d'apposer sur eux, avec rigueur et rigidité extrême, sa chape centralisatrice exacerbée ? 

 

En politique, comme en toute action humaine, si les peurs, la défiance et l'ignorance prévalent sur le juste et légitime désir armé d'une ferme et lucide volonté d'oeuvrer vers des résolutions adaptées et efficientes, il ne saurait y avoir aucun aboutissement satisfaisant pour l'ensemble des parties concernées. NDR



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Réflexion personnelle :

 

 

L'étude de l'Histoire Corse est une suite interminable de conquêtes et d'appropriations en provenance de mondes extérieurs à l'insularité intrinsèque du peuple Corse... Ce dont il a énormément souffert et dont il paye encore aujourd'hui de dramatiques résultantes...

 



 

Comment est-il possible après tant d'envahissements de concevoir une « identité » Corse alors que par les vicissitudes mêmes de l'Histoire nous sommes face à d'inévitables et d'énormes brassages de populations en provenance de multiples origines, cultures, croyances... (Premiers chasseurs-cueilleurs-pêcheurs, Peuples dit de la mer, (Torréens) peuples du Néolithique, peuples de la période Mégalithique, Ligures, Ibères et ou Celtibères, Etrusques, Romains, Byzantins, Ostrogoths, Lombards, Incursions sarrasines, Pisans, Génois, Aragonais, Turcs, Francais, Anglais...)

 

Autant de métissages à divers niveaux....

 

Sur qui, sur quoi, comment, peut se fonder alors une recherche pertinente et authentique d'identité constitutive de facteurs et de vecteurs d'Union pour la population Corse en quête légitime et salutaire d'ailleurs de convergence et d'entendement supérieurs à toutes divisions et divergences émanant du religieux, de l'idéologique et du politique ?

 



 

Peut-être sur son état «d'insularité » qui peut-être partagé par tous et par toutes...

 

Peut-être en s'appuyant sur une laïcité garante des apaisements et des pacifications religieuses...

 

Peut-être sur un rapport à une mémoire non nostalgique, mais forte de tant de luttes et de combats pour une Liberté chérie, qui devient, du fait de cette aspiration majeure et continuelle, constitutive d'une conscience pleinement ouverte sur la nécessité d'un devenir commun plus juste, plus équitable, plus solidaire, plus tolérant, plus « symbiotique », plus écologique, plus philosophique, plus « libre »,  plus équilibré et harmonieux, plus « sacré » et « spirituel», mais tout autant plus lucide, claire et « responsable » en faisant l'économie des conflits idéologiques constituées de « formes et de matières » détachées de tout Esprit, de toute Essence, de tout Principe et de tout Anima de portée réellement et dignement "Humaniste", Naturelle, Terrestre, Cosmique et Universelle...

 

Bran du Mai/Juin 2018

Modeste contribution aux réflexions en cours et ce sans vouloir offusquer qui que ce soit par maladresse, approximation ou inexactitude involontaires !...

 



03/06/2018
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