Les dits du corbeau noir

DES DRUIDES BRETONS (SUITE 3) ENQUETE ET MEMOIRE DE CLARA ROCHE. COMMENTAIRES BRAN DU 06 06 JUIN

 

 

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 Théodore Hersart de la Villemarqué

Auteur du Barzaz Breiz Initiateur de la Gorsedd de Bretagne

 

 

 

 

ENQUETES SUR « Les DRUIDES en BRETAGNE            (Clara Roche) Suite 3....

 

 

Iolo Morganwg (3 Lignée druidique du XVIIIème siècle)

 

Enfin, c'est à Londres en 1792 que Iolo Morganwg (Edward William de son vrai nom), maçon gallois, va lancer son propre mouvement druidique afin d'assurer la préservation de la langue et de la culture galloise, donc celtique. Avec des sociétés savantes, littéraires et culturelles galloises., il fonde la première Gorsedd de l'Île de Bretagne, (la Gorsedd en breton signifie assemblée)...

 

AU : « Je pense qu'il était très intéressé par les textes médiévaux, la langue ancienne, la poésie et il a cherché une origine à tout ça. »

 

DI « Iolo Morgan est dissident du Druid Order... enfin on sait pas trop, c'est compliqué comme histoire. »

 

Ce groupe druidique n'est pas cultuel et spirituel comme celui de John Toland, ce n'est pas non plus un courant mutualiste comme celui d'Henry Hurle. C'est un mouvement culturel . Nous retrouverons dans certains courants contemporains cette tendance culturelle et le militantisme pour la préservation de la culture celtique...

 

LE : « C'est pas spirituel, c'est pas panthéiste, c'est pas religieux, c'est pas mutualiste, c'est culturel. Il veut sauvegarder à la fois la langue, la mythologie, etc »

 

Il se trouve que c'est à la Gorsedd de l'Île de Bretagne qu'il y aurait eu les premiers rituels et les premières cérémonies instaurés et écrits, et cela tient sûrement au fait que Iolo Morganwg est l'auteur de la Prière du Druide, un élément majeur de la rituélie au XVIIIème siècle, encore récitée aujourd'hui.

Son œuvre principale fut le Barddas, une compilation de la théologie et de la tradition bardique et druidique antique, dont il a réussit à convaincre du caractère authentique... Il aurait prouvé qu'une grande partie de ce livre ne fut que le fruit de l'imagination de Iolo Morganwg, et qu'il serait impossible de dater l'intégralité des textes d'une date antérieure au XVIIIème siècle. Une fois encore le problème de la véracité des faits historiques fait défaut à ceux qui portent ce personnage comme une figure de proue...

 

 

Note Bran du :

 

Il est fort regrettable que l'on n'est pas rapproché la « Prière du Druide » de Iolo Morganwg de son modèle qui se tient dans un manuscrit ancien et dont le récit s'appelle « le Dialogue des Deux Sages » qui présente exactement la même structure de déclinaison et qui, à l'évidence apparaît bien comme la source inspiratrice de la dite prière !!!

 

Iolo a disposé de ces documents anciens, on peut, peut-être, lui reprocher des « inventions personnelles », mais il n'en demeure pas moins que c'est une sorte de génie bardique !

 

Un même procès a été fait à Théodore Hersart de la Villemarqué pour son Barzaz Breiz et à James Macpherson pour Ossian !!!

 

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LE : « Moi, le fait que William fasse un truc culturel, ça ne me dérange pas, mais les druides bretons eux, font croire aujourd'hui que le druidisme a été inventé au XVIIIème siècle. Le Barddas a peut-être existé, mais c'est pas un manuscrit druidique, les spécialistes disent qu'il peut pas dater autant. On sait qu'Edward Williams est un faussaire ! ! il y a des choses chouettes dans ce qu'il a inventé, mais, il faut croire que ce qu'il a écrit il le tient des druides antiques, et ça c'est archi faux ! C'est lui qui a presque codifié le cérémonial druidique, et tous les autres essaient de l'imiter. »

 

Note BD : Il serait plus que souhaitable de se référer à l'ouvrage très pertinent de Philippe JOUET : Triades, Bardes et Druides dans l'Histoire et l'Imaginaire. Etude sur le renouveau celtique.

Label Ln5 éditeur

En tant que barde, je veux bien être un « faussaire » à ce niveau là !

 

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AU : « C'est la valeur de sa théorie qui est importante, et si c'est vraiment lui qui l'a fait, c'est un génie ! A partir de ses écrits on va écrire un bouquin qui s'appelle le Barddas, qui est à la base des constitutions des Gorsedd. A partir de ce bouquin va se créer tout le décorum, le cérémonial de la Gorsedd. John Toland, c'est bien gentil, mais il n'y a aucune régalia qui rappelle John Toland en rituel. Tout ce qui existe, même à L'OBOD (Collège des Druides), est basé sur Iolo Morganwg ! C'est lui qui a presque codifié le cérémonial druidique, et tous les autres essaient de l'imiter. »

 

Ainsi les arguments des uns et des autres ont pour objectif de légitimer historiquement et idéologiquement la lignée dans laquelle ils s'inscrivent, et de discréditer celle des autres. Dans ce dernier exemple, les enquêtés s'inscrivant dans la lignée de Iolo Morganwg ne peuvent que défendre la légitimité de cette lignée, à l'aide d'arguments idéologiques et pratiques, louant « la valeur de sa théorie » face à l'accusation de supercherie.. De plus, si le Barddas est considéré comme le fruit du plagiat, alors les rituels effectués aujourd'hui et la constitution même des Gorsedd perdent leur bien fondé en ce qu'ils reposent sur les textes répertoriés dans le livre. Affirmer alors que seul Iolo Morganws est à la base de la rituélie, c'est reporter le débat sur l'absence de consignes à propos des rituels venant des autres lignées, et leur lancer le discrédit...

 

 

 

 

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La question de l'honnêteté est primordiale dans ce débat entre les druides. Il s'agit là d'être honnête vis-à-vis de la Tradition, de ne pas mentir sur les origines, et de chercher ces dernières avec assiduité et rigueur, la valorisation de sa propre lignée passe par la dévalorisation de celle des autres druides, et les arguments idéologiques et historiques fusent. La véracité et la supériorité postulée d'une lignée donne aux druides un sentiment d'ancrage historique et identitaire fort et supposé fondé.

Une fois encore, tous les enquêtés reconnaissent l'existence de ces trois lignées et les considèrent, bien que de manière très inégale, en tant que mouvements druidiques influençant les mouvements contemporains.

 

 

Note BD : Est-il par ailleurs inconcevable de considérer que le druide et le barde sont tous deux des « très connaissants » mais aussi des « très voyants » ; c'est-à-dire que leur fonction inclue une capacité bien développée de voyance, de perception, d'inspiration, de prophétie... Ne sont-ils pas à leurs façons connus aussi comme des « visionnaires » ? Les textes mythologiques irlandais et gallois font souvent état de cette qualité qui leur est grandement attribuée !... Cela expliquerait le véritable « génie » de ces trois grands auteurs...

 

Nonobstant le terme de « faussaire » attribué assez arbitrairement d'ailleurs à Iolo, Théodore Hersart ou James (voir ci-dessus), il est tout de même notoire que ces auteurs et leurs ouvrages ont eu un succès et une influence considérable !....

 

Voir l'ouvrage par exemple de Donatien Laurent (Chercheur au CNRS et historien) « Aux Sources du Barzaz Breiz ». La Mémoire d'un Peuple. Ce chercheur a retrouvé les carnets de collectage de Théodore Hersart de la Villemarqué, carnets dont on contestait l'existence même!!!

 

Il n'y a a pas eu un seul poète « romantique » renommé qui ne se soit pas inspiré de l’œuvre de J Macpherson : Ossian ; lequel ouvrage figurait au chevet de Napoléon comme le Barzaz Breiz auprès de celui de Georges Sand !...

 

La trilogie des hommes qui au XVIIIeme siècle (et chacun à sa manière et selon ses conceptions)ont remis les druides à l'honneur mérite en effet notre respect, notre gratitude et notre reconnaissance... Plutôt que de les opposer ou de nier leur réalité et existence au service de la Tradition ne pouvons nous pas considérer chez l'un son apport en terme d'humanisme, d'altruiste, de mutualité, chez l'autre la dimension culturelle, la protection et la défense du patrimoine celtique, chez l'autre encore la dimension cultuelle, son génie bardique etc... ?

 

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LE : « Aujourd'hui, un druide régulier devra pouvoir se référer à l'une de ces trois lignées. »

 

DI : « Tout le monde vient de ces lignées là, que ce soit Henry Hurle, John Toland ou Iolo Morganwg ! »

 

TH : « A ma connaissance la quasi-totalité des groupes druidiques français suivent la voie telle que l'on faite les trois druides Francs-maçons »...

 

Notes BD : à ma connaissance et à celle des spécialistes de ce sujet, il n'est ni attesté ni prouvé que ces trois hommes étaient tous Franc-Maçons et certainement pas John Toland qui était un « antiquaire » soit un historien entouré de francs-maçons, mais non franc-maçon lui-même ! Son époque la qualifié du titre de « libre penseur », terme inventé pour le désigner...

Cela devrait nous inciter à être nous aussi des « libres penseurs » !!!

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Les différentes perceptions du XVIIIème siècle en tant que renaissance ou naissance, de recommencement ou commencement, de départ ou de refondation du druidisme nous informent largement sur la manière dont les druides s'ancrent historiquement dans les lignées druidiques, dans une histoire et dans l'Histoire, dont les éléments épars servent le fondement et la justification des pratiques actuelles. Ainsi, la dé »finition que les enquêtes apposent à l'objet d'étude permet de comprendre leurs différentes utilisations et positions vis à vis de l'histoire de la tradition des druides.

 

Notes BD : Si les druides sont effectivement considérés comme le Monde Celte en général « an-historique » et relevant certes d'une mémoire mais d'une mémoire mythique et archétypale, on se devrait de relativiser le poids de l'Histoire dans les divergences et oppositions que nous constatons !!!

 

Nous sommes, je le pense sincèrement, tous et toutes, des Fils et des Filles de « l'Awen » qui se préoccupe nullement d'historicité !!!

 

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Photo Pierre Laborde

 

 

 

 

L' importance de la généalogie :

 

Si nous ne comptions que trois grands collèges druidiques au XVIIIème siècle en Angleterre, un phénomène de multiplication rapide s'est emparé du mouvement druidique depuis. Il est cependant difficile de dénombrer l'ensemble des groupes. En effet, nous devons distinguer les collèges dépendant de plus grands collèges, comme c'est le cas pour la Gorsedd de Bretagne, es collèges divisés en plusieurs clairières, les collèges, les collèges indépendants mais se référant à une des trois lignées, et enfin les collèges réellement indépendants. Les enquêtés estiment de manière très inégale le nombre total de groupes en France, en Bretagne et en Europe....

 

Notes BD : On peut estimer pour l'Europe une fourchette probable entre 200 et 250 groupements à mon avis. (Une clairière peut être constituée de seulement 3 ou 4 personnes!)

 

AC : « En 1980, il n'y avait plus que la Gorsedd. Après la guerre, à partir des années 1950, ça n'a pas arrêté de se multiplier car comme il y a beaucoup de querelles, les gens veulent être à la tête d'un groupe, il y a un problème d'égo. Résultat, il y a des scissions. Moi je ne sais plus quoi en penser. Aujourd'hui il y a autant de façons de pratiquer la tradition qu'il y a de groupes. Au départ in est d'accord il y a trois courants, le culturel, le mutualiste et le cultuel, et après il y a toutes les variantes, toutes les possibilités ; ceux qui sont culturels et mutualistes ; ceux qui sont mutualistes et cultuels, etc... Moi, je me sens héritier du courant cultuel. Je ne suis pas dans le courant mutualiste, ça m’intéresse pas et le courant qui serait purement culturel ne m’intéresse pas non plus. Disons un peu de culturel et beaucoup de cultuel. »

 

 

(Note BD : En Bretagne, on ne peut dire que seule la Gorsedd existait encore en 1980 car ce serait oublier la « Kredenn » et les premières « Comardia » ainsi que le « Collège druidique de la Forêt des Chênes de Brocéliande » créé en 1950 et bien d'autres.)

(La date de 1980 est sans doute une erreur de frappe ou de retranscription car cette affirmation erronée est elle-même en contradiction avec la phrase qui suit.)

 

Tous les druides interrogés font partie de collèges inscrits dans une des trois lignées, c'est-à-dire qu'ils se sentent en accord avec une philosophie, une spiritualité, une conception et une histoire du druidisme spécifique à un des trois courants du XVIIIème siècle. Certains s'inscrivent même dans une généalogie directe, se posant comme les héritiers d'une tradition, d'une culture, en ce que leur collège à des représentants connus depuis le XVIIIème siècle. C'est notamment le cas de la Gorsedd de Bretagne, qui est une branche de la Gorsedd de galles. Une telle filiation directe dans une généalogie très ancienne et de toute évidence légitimée et reconnue par les pairs, même ceux qui ne s'inscrivent pas dans la même lignée.

Plus un groupe est ancien, moins il aura à prouver son bien-fondé et moins il devra rechercher la reconnaissance des autres druides.

 

« L'existence d'une société dont le cœur est formé par un réseau de vieilles familles et notamment un puissant facteur de stratification sociale et de définition de la structure sociale de maintes communautés. » Elias N et Scotson

 

C'est en 1899 que la Breuriez Breizh, prototype de la Gorsedd de Bretagne, a été fondé par Hersart de la Villemarqué, un philosophe folkloriste, à la suite d'un voyage au Pays de Galles. Il s'agit donc de la branche bretonne de la Gorsedd de Galles.

 

 

 

 

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Notes Bran du :

Pour avoir assisté en plus de 40 ans à divers rituels regroupant divers «obédiences » druidiques (une bonne quarantaine au moins de rassemblements), il ressort qu'il y a suffisamment de bases d'entendements mutuels et de convergences de compréhensions majeures pour bien les vivre et y co-participer...

 

Ces regroupements de divers collèges et clairières autour d'un rituel sont depuis les années 2000 en très nette progression et traversent les frontières de l'Europe et d'ailleurs. Ils réduisent de ce fait et de plus en plus les frontières « idéologiques.» Dont acte !

 

A noter aussi qu'ayant co-participé à des rituels accueillant des représentants avérés d'autres tradition (Brahmanes, Shaman Amérindien, Francs-Maçons etc...) ceux-ci se sont parfaitement intégrés au rituel jusqu'à con-célébrer celui-ci avec nous pour certains et sans que cela ne provoque le moindre parasitage, bien au contraire !

 

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LE : « Aujourd'hui encore, le grand druide de la Gorsedd de Bretagne considère que Villemarqué est le premier grand druide de Bretagne. La Gorsedd va être le premier collège druidique en France, donc breton ; c'est en ça que je les respecte beaucoup, c'est le canal historique. Sans eux on serait pas là. »

 

Note BD :

Le premier collège dit Gaulois sera le fait du druide Philéas Lebesgue (lui même intronisé Druide au sein de la Gorsedd de Bretagne car il parlait le breton) qui créera dans les années 30 son propre collège lequel inspirera à son tour le druide Bod Koad (Paul Bouchet) que créera dans la même période le Collège des Druides, Bardes et Ovates des Gaules (CDG)..

On ne saurait mésestimé le rôle considérable tenu par le CDG pour la diffusion de la pensée druidique. A son apogée ce collège disposait de 27 clairières en France et il a tenu un rôle majeur dans la diffusion de la pensée druidique au Québec et au Brésil...

De nombreux collèges sont issus du CDG...

 

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AU : La Gorsedd de Bretagne est la plus ancienne de Bretagne, elle descend de la Gorsedd de Galles. La Gorsedd est créée nominalement en 1899 à Cardiff avec fondation en 1900. Il n'y a rien avant. La Villemarqué » est parfaitement légitime, on ne peut pas le renier puisque qu'on se réclame de là ! D'ailleurs sans lui, les druides n'existeraient pas !

 

Notes BD : C'est tenir vraiment faire peu de cas et tenir peu de compte de la puissance et de la permanence de l'Esprit, de l'Awen qu'une telle affirmation réduisant l'existence du druidisme à un canal historique !!!

 

L'engouement expansif de nos contemporains pour notre Tradition relève bien davantage de l'immense œuvre universitaire, littéraire, artistique et des travaux, recherches et études publiés par nombre de chercheurs et d'archéologues ces 30 dernières années que de la connaissance par ceux-ci des lignées historiques !!!

 

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Cette postérité de la Gorsedd de Bretagne, le fait qu'il s'agisse du premier collège druidique sur le continent assoit de fait l'authenticité et la pertinence des pratiques au sein de ce collège vis à vis des autres. La position de pouvoir et d 'autorité de la Gorsedd est d'ailleurs peu discutée par les druides n'en faisant pas partie.

Un pouvoir selon Willaime, (sociologue des religions) peut être reconnu et donc légitimé de trois manières : « de façon rationnelle légale, de façon charismatique ou de façon traditionnelle. »

 

La Gorsedd de Bretagne répondant à ces trois critères est par conséquent reconnue par les druides, et le grand druide à une légitimité, un pouvoir et des devoirs certifiés par sa position dans une généalogie ancienne.

 

AU : « La tradition, c'est la Gorsedd de galles. La Tradition de Iolo Morganwg, tu la perds pas en quittant la Gorsedd, mais tu peux pas la conférer. L'initiation ne peut être faite que par le grand barde de Cornouailles ou le grand druide de Bretagne ! Il y en a qui sont auto-proclamés, moi, j'ai été élu. Je suis le sixième, j'ai une histoire avant ! J'appartiens à un groupe, je ne peux pas dire et faire n'importe quoi, je suis obligé de tenir compte des avis ? Par exemple, je vais jamais insulter la reine (d'Angleterre) pour des raisons évidentes, elle est membre de la Gorsedd de Galles, fraternellement je peux rien dire. »

 

AC : «  A la Gorsedd, il y a quand même l'archidruide (le grand druide de la Gorsedd de Galles), ils en dépendent tous ! »

 

Si la Gorsedd est effectivement le « canal historique » de la tradition druidique en Bretagne, et de manière plus globale sur le continent, il n'en reste pas moins que d'autres grands collèges druidiques bénéficient d'une reconnaissance conférée par un lien fort avec un des trois collèges du XVIIIème siècle, même s'il ne s'agit pas d'une filiation directe. Il peut, en effet, s'agir de scissions, comme c'est le cas pour la Kredenn Geltiek créée en 1936 par trois druides issus de la Gorsedd de Bretagne.

 

AU : « La Kredenn s'est créée en réaction à la Gorsedd qu'elle considérait trop respectueuse des autorités ecclésiastiques de l'époque, ce qui était sûrement vrai. »

 

 

 

Notes Bran du : On ne saurait en douter quand la Gorsedd compte à l'époque dans ses rangs un aumônier catholique à son service et quand on se rend d'abord à la messe avant de célébrer un rituel « païen » !

 

De la même manière le collège Kredenn Geltiek Hollvedel a été crée suite à une scission de la Kredenn Geltiek et à la mort du grand druide dans les années 1990. Aujourd'hui, la Kredenn Geltiek est constituée de trois clairières différentes :

 

(Ialos ar Mor, Maen Loar et Ialos Ar C'hoat) qui se réunissent pour les huit fêtes de l'année et pour des ateliers ponctuels.. Wi...est donc le grand druide de la clairière Ialos ar Mor.

 

Wi : « Il y a eu des batailles, des scissions, de la concurrence, mais tous les protagonistes sont maintenant morts. Certains se réclament de ci ou de ça sans justification. »...

 

Ce collège druidique découlant d'une scission avec la Gorsedd de Bretagne a, de fait, la filiation avec la Gorsedd de Galles. Cela n'exclut pas de recevoir les autres lignées classiques, comme celle du Druid Order par exemple. La Kredenn Geltiek se voudrait aujourd'hui être le « conservatoire » des lignées du XVIIIème siècle, ce qui est perçu par certains comme une aberration, et par d'autres comme la preuve de la légitimité accrue de ce collège.

 

 

 

 

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Gorsedd de Bretagne

 

 

 

Note BD :

Pour la petite histoire une scission importante au sein de la Kredenn Geltiek donnera naissance à la Comardia laquelle connaîtra de même deux autres scissions, mais donnera aussi naissance à des clairières!..

 

Il est d'usage et de tradition que les druides ou druidesses initiés dans un collège réellement initiatique et dépositaire de diverses lignées (y compris autres que celle issue de la Gorsedd ou des lignés « historiques ») reçoivent en « dépôt » sacré les filiations diverses regroupées dans le collège qui les initie et dont les druides initiateurs sont eux-mêmes dépositaires...

 

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La reconnaissance d'une filiation ancienne peut également passer par l'appartenance à un grand collège se réclament issu d'une des transformations des lignées du XVIIIème siècle.

 

C'est notamment le cas de l'OBOD (Order of Bards Ovates and Druids) , créé en 1964 en Angleterre et attestant d'un lien direct avec le Druid Order, ligné de John Toland. Il ne s'agit pas d'une branche du Druid Order comme la Gorsedd bretonne est une branche de la Gorsedd Galloise, mais l'OBOD est portant reconnu comme un des plus grands collèges druidiques existants, comptant le plus de membres aujourd'hui dans beaucoup de pays.

 

AC : « Je suis le premier. Aujourd'hui il y a OBOD France, qui a plusieurs dizaines de membres, mais moi, j'appartiens à l'OBOD D'Angleterre. Le grossissement date d'il y a quinze ans à peu près. Je suis resté longtemps le seul et je n'avais pas envie de me mettre à la tête d'une association, pas sous l'étiquette OBOD. Je suis pas encarté de manière ou d'une autre, je n'avais pas envie de devenir le grand druide de l'OBOD France. L'OBOD, c'était mon histoire a moi quoi. Maintenant ,l'OBOD doit être présent dans 17 pays et il y a 22000 abonnés aux cours dispensés. »

 

AU : « Le Druid Order n'a à mon avis pas de descendant à l'heure actuelle parce qu'il y a eu des scissions. Évidemment, si je dis ça je vais entrer dans une polémique ininterrompue avec des gens qui se pensent descendre du Druid Order. Mais non, pas en ligne droite, sûrement pas. La seule tradition qui continue en droite ligne c'est les Gorsedd, il y a eu des scissions, mais il y a toujours eu une branche vivante.

 

Note Bran du :

L'OBOD est issu en effet du Druid Order sur une réaction justifiée de Ross Nichols évincés de la présidence par un scrutin interne malhonnête à l'origine de cette scission...

...

Il y a eu des liens importants entre Ross Nichols (initiateur de son successeur Philipp Carr Gomm) et Paul Bouchet (Druide Bod Koad du CDG). Ceux-ci se sont rencontrés plusieurs fois en Angleterre et en France et ont échangés notamment sur leurs pratiques respectives.

 

 

 

 

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Ross Nichols (Druide Nuinn) créateur en 1964 de l'OBOD

 

 

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Ainsi, l'appartenance à des groupes reconnus, par filiation directe, par scission ou par filiation indirecte peut faire l'objet d'une preuve tangible de la légitimité d'un collège. De la même manière, le fait de pouvoir retracer l'historique et la généalogie des grands druides d'un collège jusqu'aux lignées du XVIIIème siècle assure une antériorité et une reconnaissance historique...

 

Notes : Bran du

Les collèges ou ordres cités ici sont dits collèges ou ordres initiatiques et reconnus valablement comme tels....

 

Cela à son importance car chaque druide initié en leur sein recevra en dépôt, lors de son initiation, les filiations dont le collège et dans son ensemble dépositaire via les druides qui le constituent et qui eux-mêmes ont reçu ce même dépôt lors de leur propre initiation.

 

Ce dépôt peut avoir de multiples provenances et chaque druide peut avoir reçu plusieurs dépôts d'origine différente selon ses passages dans divers collèges...

 

Un exemple : entré au CDG en 1981, je fus initié au bout d'un certain temps Barde par Jacques Gestalder druide Cernunnos lui même initié Druide au sein du CDG par Paul Bouchet (druide Bod Koad).

 

Lors de mon initiation à la fonction d'eubage au sein du CDG, je reçu cette investiture à la fois par Jacques Gestalder, par Michel Raoult et par Jean Thos eux mêmes dépositaires de diverses lignées, Gorsedd y compris...

 

Lors de mon initiation au druidicat par Odaccos (Yvan Lozarc'h) à la Commardia en présence d'autres druides d'autres provenances que la dite Commardia, je recevais de même une transmission de filiations. Ce qui fait que je pourrais aujourd'hui revendiquer si j'en avais le besoin un dépôt de multiples provenances... Mias ce n'est pas cela qui me fait druide de corps, de cœur, de pensée, d'actes et d'âme !...

 

C'est dire aussi la complexité de tout cela s'il y avait une nécessité de justifier d'une légitimité, d'une origine, d'une identité...!!!

En effet, certains de ses actes ont été retranscrits et conservés dans les archives du collège concerné, mais pas par tous...

 

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Certains druides ne faisant pas partie d'un collège druidique, ou n'étant pas affiliés à une des trois lignées du XVIIIème siècle peuvent toutefois, dans de rares cas, faire l'objet d'une reconnaissance par d'autres druides. Les enquêtés ne partagent pas sur ce sujet le même avis.

 

TH : « Il y a trois lignées, je m'inscris plutôt dans celle de Toland. Mais on peut très bien être druide sans se référer à ces trois lignées ! Une personne initiée en Irlande selon la tradition barde/ovate/druide comme étant trois voies druidiques différentes avec les sept degrés, elle bien meilleure barde que n'importe qui d'autre. C'est la pratique en elle-même qui détermine si on est plus que le titre.

Dans ce cas là, je dis, « viens ritualiser et montre-moi qui tu es, si je te reconnais comme druide parce que ce que tu dis est porteur de sens », c'est pas une question de diplôme de filiation, c'est une question pratique. Même dans quelque chose qui devrait être alternatif et plus ancien et plus traditionnel que cette culture du diplôme, on reste dessus. »

 

On remarque donc que si la filiation à une des trois lignées du XVIIIème siècle en Angleterre n'est pas nécessaire pour reconnaître un druide selon cet enquêté, l'appartenance et l'initiation par un groupe où la tradition druidique existe encore semble primordiale. En effet, il existe beaucoup de druides en Irlande qui ne trouvent pas leurs origines dans les mouvements anglais du XVIIIème siècle, mais qui, pour autant, sont reconnus de la plupart des druides comme étant leurs pairs.

 

La question de l'appartenance à un collège druidique défini et reconnu peut également sembler secondaire, accessoire pour certains druides, la primauté étant la spiritualité et la cohérence entre l'esprit et les actes, en somme « une forme de foi qui n'a nul besoin d'ancrage historique » (J L Brunaux)

 

EM : « Je me réfère à l'Esprit fondateur de cette croyance, c'est-à-dire à la source spirituelle même de cette Tradition, de cette mémoire. S'il n'y avait pas eu l'Esprit, il n'y aurait pas eu ces trois lignées ni les Sources auprès desquelles elles ont puisé. Vaut mieux s'adresser à la Source qu'aux bassins successifs. Les disparités sont liées à une horizontalité de conceptions, et si on oublie la transcendance spirituelle verticale, on se fourvoie dans la matérialité et dans la condition humaine avec tout ce qu'elle comporte.

 

Les conceptions et les perceptions de chacun sont différentes, certains vont accentuer leur communauté autour des aspects purement spirituels et religieux, d'autres vont peu à peu s'éloigner de ces dimensions pour aller vers un humanisme. L'esprit qui préside à ma pensée et à mes actes est autant spirituel qu'humaniste, pour moi, il n'y a pas de clivage ? J'ai suivi des collèges qui s'inscrivent dans une lignée, mais moi, j'irais dans une perception totalement universelle de l'Esprit.

Ma druidité est mon tremplin vers l'Universel, je ferais bondir mes amis druides en disant ça ! »

 

Si la question de la filiation est sujette à de nombreux débats et constitue l'argument majeur de reconnaissance ou de distinction entre les druides, c'est notamment parce qu'il n'existe pas d'entité unifiante.

 

 

 

 

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Notes BD :

 

Légitimité, Filiation, Origine, Généalogie, Appartenance, Identité.... Certes, mais...

 

La reconnaissance, l'identification véritable de la fonction druidique ne relève-t-elle pas d'autres critères et peut-être davantage encore de l'attitude et des comportements comme de l'Anima du druide lui-même et ce, aux yeux de ses pairs et de ceux et de celles qu'il accompagne dans leur cheminement ainsi que dans la qualité de sa transmission de la Tradition y compris vis-à-vis du monde extérieur à celle-ci ?

 

Est-il cohérent, sonne-t-il « juste », est-il « accordé », ses actes sont ils conformes à sa pensée et à ses enseignements ?

 

Ceux ci sont-ils en adéquation avec les fondamentaux de la pensée druidique telle qu'elle peut- être globalement validée ?

 

Recherche-t-il avant tout la restauration ou l'instauration des équilibres et de l'harmonie, est-il bon conciliateur et médiateur, favorise-t-il l'osmose, la concorde, l'entendement, la libre et volontaire convergence ?

 

S'inscrit-il dans une démarche de nature symbiotique ?

Est-il véritablement et authentiquement porteur de sagesses, de connaissances, de maîtrises, de nuances et de tolérances, de qualités pédagogiques et médiatrices, d'éthique et de valeurs conformes à ce que l'on est en droit d'attendre d'un druide digne de ce nom ?

 

Y a-t-il des distorsions entre une parole donnée, des préceptes enseignés et les actes qui s'en suivent ?

 

 

Il me semble que l'on devrait trouver toutes ces qualités en chaque druide et druidesse et qu'à défaut de celles-ci, nous soyons encore condamnés aux dissidences, scissions, divergences, mésententes diverses et variés, aux oppositions conflictuelles et bien souvent stériles et même quasi infantiles et surtout égotiques qui plus est, lesquelles n'ont jamais cessé d'être fortement préjudiciables au vrai visage qui devrait être celui de la Tradition via ceux et celles qui la portent en eux et la servent de leur mieux...

 

Les postulants et postulantes au cheminement druidique (de plus en plus nombreux) ne viennent-ils à notre rencontre que pour s'assurer qu'ils s'inscrivent bien dans une filiation légitime ?

 

Pour en avoir reçu et accueillit un bon nombre d'entre eux, je n'ai jamais entendu dans nos échanges et entretiens préliminaires une seule fois une question portant sur cette préoccupation !!!

 

Les motivations exprimées et argumentés qui explicitent leur démarche sont aux antipodes de la question de légitimité...

 

Les nombreuses personnes que j'ai reçu ne m'ont jamais demandé  de justifier de ma légitimité et je n'ai jamais eu à le faire !

 

Ces querelles à propos d'origine et d'historicité ne sont pas constitutives des démarches et quêtes entreprises auprès de notre Tradition par la nouvelle génération de postulants au druidisme qui n'ont aucun souci de cela qou très très exceptionnellement car cela ne détermine pas leurs choix, leurs attentes, leurs aspirations immédiates et leur adhésion !...

 

Cela n'empêchera pas de devoir leur apprendre par la suite l'art du discernement entre ce qui sonne juste et ce qui sonne faux !...

 

Et pour ce qui est de leur ignorance ou de leur naïveté, nous aurons à leur apporter les connaissances et méthodes nécessaires pour lutter contre cela en leur procurant et en leur enseignant les « outils » à cet effet !....(Des outils faits à leur main et à leur cœur !)...

 

Nous disposons de bien plus de convergences et surtout spirituelles que nous le croyons, mais tous ces conflits assez absurdes vis-à-vis du fond plus que de la ou des formes en général ne sont en fait que des freins matériels vis-à-vis de notre évolution spirituelle et c'est grandement manquer à notre Tradition que de la réduire trop souvent dans son expression à ces champs conflictuels récurrents et rédhibitoires hélas !

 

Il y a de quoi dérouter bien des personnes qui se tournent vers nous et découvrent peu à peu tous ces antagonismes et toutes ces contradictions entre pensées et actions !!!

 

Les temps actuels ne sont certainement pas de nature à ce que l'on n'y exerce pas la plénitude éclairée de notre fonction druidique !

Il y a des urgences à ce que nous accompagnions avec sagesse, modération et maîtrise exemplaire cette société en déliquescence dans tous les domaines ce qui implique que nous sachions au préalable rétablir ou de restaurer les équilibres et les harmonies qui nous font défauts en nous-mêmes d'abord puis entre nous ensuite puis autour de nous etc...

 

 

 

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N'y a-t-il pas une priorité bien supérieure qui transcenderait au jour d'aujourd'hui toute ces discussions complexes et infinies qui mobilisent des énergies qui seraient bien mieux employées en s'investissant dans les enjeux fondamentaux auxquels notre société est douloureusement confrontée ?

 

Nous avons et devons avoir valeur en effet d'exemplarité, de véracité, de discernement et d'authenticité dans un siècle de mensonges, de confusions, de peurs suralimentées, d'incertitudes en tout domaine, de manipulations éhontées, d'inégalités inacceptables, d'iniquités notoires, de conflits volontairement exacerbés, de désacralisation du Vivant et des multiples prédations opérées envers Celui-ci etc...

 

Le réel sentiment d'Unité se devrait de se manifester ainsi à travers nos fonctions car unité il y a et ce depuis toujours entre Esprit et Matière pour autant que cette dernière soit clairement régentée par le premier en reconnaissant sa sage et efficiente préséance sur tout être et sur toute chose !...

 

A toute cette problématique de recherche d'entendement et de ce qui s'y oppose, il n'y a pas et ne saurait y avoir de solution matérielle ; une résolution adaptée et efficace ne peut résider que dans une transcendance spirituelle !...

 

Somme-nous capables d'incarner en dignité, symbiotiquement et exemplairement et sans chamailleries notre fonction druidique ? Je dis oui, absolument !

 

///...

 

AC :  « C'est assez problématique. C'est pas une Eglise, il n'y a pas d'autorité supérieure, il n'y a pas de Pape. »

 

Pourtant un besoin d'ancrage historique et d'une filiation à une des trois, lignées est exprimé par la grande majorité des druides enquêtés. Ne pas s'insérer dans une généalogie, directe ou pas, est perçu par certains comme une hérésie.

 

DI : « C'est impossible ! La maison mère est au Pays de Galles. Tout le monde en dérive (C'est le cas de le dire ! NDR) même si on ne reconnaît pas le néo-druidisme, c'est un mouvement dans le temps. Les druides, on va savoir par qui ils ont été initiés, on aura toujours un responsable, un grand druide que tout le monde connaîtra. Ceux qui ont été initiés et confirmés dans leur formation, on les reconnaît. Un druide que je ne connais pas, je vais aller voir son profit Facebook, je vais savoir avec qui il est amis, on a un réseau pour ça ! On tient pas un registre, il faut faire confiance aux autres druides ! »

 

Finalement, la filiation à une des trois lignées du XVIIIème siècle confère à la fois une assise historique, de la légitimité et une reconnaissance certaine par les autres druides. Cela permet également de s'insérer dans une généalogie de druides, et ainsi de faire partie d'un tout que l'on peut difficilement remettre en question. Il devient alors presque impossible d'être perçu comme un imposteur tant les faits convergent vers une position de pouvoir valide et authentique -du moins on peut être jugé comme un imposteur, mais avec le titre de druide.)

 

LE : «  Par exemple, mon ami là, je ne conteste pas son nom de druide, je n'en ai pas le droit. Il a une lignée du Pays de Galles, mais ça ne veut pas dire qu'on n'est pas un crétin. »

 

L'utilisation de réseaux entre les druides afin de déterminer si un individu est effectivement recevable et reconnaissable en tant que druide peut-être une manière de légitimer un nouveau collège ou un individu n'étant affilié à aucune lignée. Pour autant, cette reconnaissance maintiendra les groupes historiques aux places les plus légitimes, et par conséquent attestera d'une moindre légitimité pour les nouveaux groupes ou pour les individus, n'étant pas affiliés aux collèges créés au XVIIIème siècle.

 

Ainsi « il est clair que les épithètes anciennes et nouvelles appliquées à des formations sociales attirent l'attention sur d'autres différences : l'ancienneté de la présence dans les lieux et le temps depuis lequel leurs membres se connaissent. Mais il est peut-être moins clair qu'elles mettent aussi en évidence des différences spécifiques dans la structure des groupes et que ces différences structurelles jouent un rôle dans leur hiérarchisation .» Elias N et J Scotson

 

La filiation à de grandes lignées antérieures et la recherche des origines historiques est un des arguments principaux pour se distinguer des autres druides et autres collèges.

La valeur d'un groupe repose d'ailleurs en priorité sur une distinction historique et structurelle, et puisque la différence de filiation historique implique des différence structurelles, alors la valeur d'un groupe repose en premier lieu sur une distinction historique avec les avec les autres collèges druidiques.

« Ce n'est pas par hasard que chaque groupe tend à reconnaître ses valeurs propres dans ce qui fait sa valeur, c'est-à-dire dans la dernière différence qui est aussi, bien souvent, la dernière conquête, dans l'écart structurel et génétique qui le définit en propre. » P Bourdieu

 

(SOS : existe-t-il un manuel de sociologie pour les nuls ? NDR)

 

Certains groupes druidiques, dans une volonté excessive de trouver des origines et une filiation ancienne, vont jusqu'à prétendre faire partie d'une lignée qui n'a jamais cessée d'exister depuis l'Antiquité. Ils essaient, à ce titre, d'êtres fidèles aux pratiques, de recréer la trinité des prêtes/juges/éducateurs car les druides seraient les « maîtres spirituels au cœur des fonctionnements sociaux.» (Ibid)

 

Ces individus animent de toute évidence le débat sur la disparition vu précédemment, à l'aide d'arguments historiques souvent peu fondés. Ils constituent un sujet de critique voire de sarcasme pour les druides trouvant leur filiation dans une des trois lignées du XVIIème siècle.

 

AU : « Il y a un courant complètement aux antipodes , c'est les reconstructionnistes, qui reconstituent des temple Gaulois. Si on reconstruit à l'identique, est-ce que tu égorges un bœuf ? Qui vont être les cadavres que tu vas mettre là ? Faut aller jusqu'au bout, c'est grave ! »

 

Note BD : J'ai eu l'occasion avec d'autres amis druides dont certains « enquêtés » de concélébrer des cérémonies dans un temple gaulois reconstitué en Bretagne...

 

Aucun « sacrifice animal » n'y a été effectué, la notion même de sacrifice « qui rend sacré » faisant que c'est l'offrande de notre présence, de notre ferveur, de notre amour qui participe directement d'une offrande sacrificatoire qui n'a besoin d'aucun autres type de sacrifice.

 

Quitte à concélébrer que ce soit alors dans un « haut lieu » ou encore dans un « lieu de mémoire » dont le caractère sacré est évident, mais cela n'exclut pas pour autant un sanctuaire « reconstitué » à l'identique et réalisé avec esprit et avec cœur dans ce but et dont l'architecture obéissant elle même à des dimensions sacrées convoque les sens et l'Essence à une participation au sein d'un champ vibratoire en corrélation étroite de Fond et de Formes avec l'esprit des « Origines » et ce dans un cadre fidèlement reconstitué qui ajoute une « plus valus » certaine et qui ne saurait rien « retrancher » à la qualité des cérémonies qui s'y tiennent bien au contraire !...

 

 

Certains propos pulsatifs se devraient d'être mesurés ou au moins d'être au fait de la réalité de ces rituels dans un sanctuaire méticuleusement reconstitué. Avant que de s'emporter stupidement et de jeter des discrédits sur des situations que l'on ignore on ferait bien de se confronter à la réalité des faits, des situations et des intentions... La gravité du propos n'est pas là où on le situe !

On pourrait attendre bien mieux d'un grand druide en terme d'objectivité !

 

///...

 

TH : « Je sais que certains proclament que leur groupe ne s'est jamais arrêté, qu'il est issu du tout début, à mon avis c'est de la connerie. C'est certainement important pour certains de se donner une légitimité de continuité. Finalement qu'est-ce que c'est qu'une tradition ? C'est quelque chose de nouveau qui a perduré dans le temps. Donc pour assurer un vernis de cohérence traditionnelle et de légitimité, on dit qu'on est des héritiers directs du druidisme tel qu'il était pratiqué à l'époque. Je suis pas sûr que ça ait de l'importance, car on le pratiquera pas comme on le pratiquait il y a 2000ans. Ce qui compte, c'est le sens. »

 

LE : « Mais on fait pas croire aux gens qu'on fait un druidisme qui nous vient d'il y a vingt cinq siècles ! Ça n'est pas possible ! C'est déjà n'importe quoi dans les lignées directes... Il y a des druides qui prétendent qu'ils ont la lignée de Vercingétorix hein ! Il y en a un dans le Massif central, il est de la famille de Vercingétorix ! »

 

 

 

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Photo Pierre Laborde

 

 

 

Note : Bran du

 

Il est encore regrettable que l'on généralise quelque peu, qu'on surdimensionne une situation totalement unique, exceptionnelle et isolée et qui est le fait d'un individu singulièrement « dérangé » et en mal de médiatisation comme il en existe un certain nombre de nos jours...

 

Les mouvements druidiques sont parasités il est vrai par des charlatans qui se réfèrent à eux et qui sont en quête de fric et de sexe. Ceux-ci sont des prédateurs à la recherche de personnes naïves, ignorantes et ou angoissées qui sont victimes hélas de leurs agissements.   Cela participe aussi hélas à une défiguration de la Tradition...

 

AC : « Je pars du principe que la Tradition est orale car elle doit s'adapter à l'ère du temps, et l'ère du temps, c'est plus, et l'ère du temps c'est ce que l'on vit en Gaule. Comme disait mon ancienne druidesse, si on vivait à l'ère de nos ancêtres, les têtes de nos ennemies orneraient nos voitures, donc on ne le fait pas. »

 

Qu'il s'agisse du besoin de reconnaissance et de légitimité, de l'inscription dans une lignée historique (du XVIIIè siecle voire antique), du besoin d'une filiation qui guide les pratiques, les druides sont tous à la recherche d'origines. Finalement, le besoin de savoir ce qu'il s'est passé avant eux, le besoin de reconstruire l'histoire, est commun à tous. Un titre commun est partagé par les prêtres antiques, les magiciens médiévaux, les penseurs romantiques et les enquêtés : druide. C'est là un prétexte suffisant pour partir à la recherche de l'information historique, authentique, honnête et vérace. »

 

 

 

Appartenir à un territoire...

 

Le retour aux origines peut de toute évidence résider dans un travail de recherche historique, en ce qu'une tradition est située dans le temps. Seulement toute tradition est également située dans l'espace et caractérisée donc par une langue, une toponymie, une culture b(et donc des coutumes), une géologie, une faune et une flore particulières, etc … L'étude de la tradition druidique nécessite donc conséquemment le retour à l'espace dans lequel cette tradition s'est développée et se développe encore. Le sentiment d'appartenir à un certain espace et l'étude de celui-ci sont-ils nécessaires pour être druides ? En quoi est-ce porteur de sens pour les druides ? Le retour aux origines et la quête identitaire sont intrinsèquement liés, et nous verrons que de telles questions supposent la recherche d'un ancrage géographique et culturel spécifique à travers l'exemple de la Bretagne.

 

 

Une question identitaire...

 

Les individus, d'un bout à l'autre de l'Occident, sont réduits aux mêmes envies, aux mêmes besoins, conscients d'être façonnés par des faiseurs de tendance et des communicants qui s'approprient nos goûts et nos désirs.

 

L'individualité et les particularités censées distinguer un individu d'un autre nous échappent, t nous devenons alors interchangeables et vivons un mode de vie standardisé. Ajoutons à cela la facilité de la connexion à tous les oins du globe, la diffusion d'une culture de masse imposée et l'oubli de l'existence d'une culture locale et préexistante à la mondialisation : voilà les principales raisons du besoin croissant que les individus ont de se distinguer les uns des autres par leur identité (naturelle et construite). La quête identitaire va de pair avec la recherche d'authenticité, la recherche de sens dans un monde plus local, plus simple à appréhender, à une échelle plus abordable. « C'est en tout cas la recherche d'un manque qui touche l'identité, et qui entraîne une réaction de retranchement vers des origines reconstruites, vers des racines, une communauté, et le désir de redresser le monde. » R Liogier.

 

La quête des origines, qui a guidé le travail de tous les druides pendant leur initiation et aujourd'hui encore, s'inscrit de toute évidence dans le même processus que la détermination d'une identité qui leur serait propre, ou du moins plus appropriée que celle proposée par l'homogénéisation sociétale. D'ailleurs il existe

une interdépendance flagrante entre ces deux éléments (quête des origines et détermination identitaire), qui s'induisent et se font évoluer l'un l'autre.

Ainsi la revendication d'une identité Celte prédomine chez les druides enquêtés et fait foi d'une identification géographique et et historique à un peuple antique et pré-chrétien.

La langue est souvent un vecteur par lequel il est possible d'avoir une assise celtique, donc de s'inscrire dans une généalogie Celte.

 

DI : « Il faut rester Celtes ! Quand vous avez cette histoire-là pour toute la langue, que vous regardez pour les noms des villages, des personnes, des lieux, ça vous donne une identité qui fait que vous avez quelque chose en lien avec la terre sur laquelle vous posez les pieds. »

 

La plupart des druides se réclament également d'une identité païenne, terme qui fait largement débat entre eux. En effet, pour faire partie de certains collèges druidiques, il faut déclarer sa foi païenne, là où la foi chrétienne peut être, dans d'autres collèges, partie intégrante du celtisme. Certains collèges sont également tolérants vis-à-vis de l'appartenance religieuse des druides et des druidisants.

De plus, le terme « païen » fait lui même débat entre les druides, en ce qu'il peut être perçu comme le contraire de chrétien, comme une insulte, comme une attribution hasardeuse d'un terme ancien, comme le signe d'une appartenance communautaire, etc...

 

 

 

 

 

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Note Bran du :

 

On doit a Michel Raoult, un druide auteur des Sociétés Druidiques Contemporaines, une étude comparative pertinente et documentée autant qu'argumentée sur les entières incompatibilités entre le monde druidique et le monde chrétien ; ce dernier ayant tout fait et continuant de tout faire pour faire disparaître totalement le premier...

 

Je ne sais vraiment pas comment on peut au cours d'un même rituel concélébré et officier en tant que chrétien et druide ? C'est-à-dire servir équitablement et avec cohésion et cohérence deux égrégores à la fois et qui sont totalement antinomiques l'un par rapport à l'autre … Ou alors en tricotant un bien étrange et disparate patchwork qui n'est plus du druidisme ni pour autant une cérémonie chrétienne ! ?

 

Il y a fort à parier qu'une telle et très hypothétique synthèse portée par des émissions et des réceptions relevant d'une Tradition et d'une autre aura bien de la difficulté à trouver une « fréquence » commune et compatible entre émetteur et récepteurs souhaités !...

 

On sait déjà qu'il faut bien peu dans une cérémonie pour que des parasitage s'instaurent et rendent les connexions recherchées difficiles ou impossibles !!!

 

Cela demande alors de monter directement vers « l'Universel » détenu dans ces deux traditions en faisant l'impasse de leurs fondements et de leurs spécificités à chacune ainsi que des « institutions » qui sont censées les préserver de toute dérive théologique et doctrinale !...

 

Cela revient et pourquoi pas à créer une nouvelle spiritualité « hybride » avec des pratiques religieuses y afférents !!!

 

Mission quasi impossible à mon avis et non souhaitable au sein de la mouvance druidisante car s'ajoutant à une confusion déjà bien en place et accroissant largement les antagonismes notoires qui y règnent !...

 

Se rattacher en tant que Chrétien au monachisme celtique est compréhensible quand à l'histoire mouvementé d'ailleurs de celui-ci, mais, par pitié, cessons de considérer que ce monachisme a été construit par des druides convertis au christianisme et ce dernier animé et influencé par eux !... C'est une fable sympathique peut-être, mais démontée par de nombreux chercheurs accrédités dans cette recherche....

 

Ces moines irlandais ou gallois ont été et se sont voulus en fait plus chrétiens que ceux de Rome qu'ils interpellaient d'ailleurs par leur zèle intransigeant et en se voulant incarner sans « dérive » la parole christique originelle...

 

Certains de ces chrétiens dont l'histoire a retenu le nom (comme l'irlandais Jean Scot Erigène par exemple, philosophe et théologien, qui a vécu au IXème siècle) ont été des contestataires obstinés de certains points de doctrine théologique censés ne jamais être critiqués. Il encourra plusieurs fois la foudre de certains conciles locaux.

Cela lui vaudra d'être désigné comme hérétique ! (Ses œuvres seront censurées par l'Eglise.)

 

Ce monachisme contestataire ne relève pas de doctrines et de théologie druidique. Il sera combattu et éradiqué par Rome définitivement au Xème siècle. Le dernier bastion de résistance se tiendra dans l’abbaye de Landévenéc en Bretagne qui abandonnera ses usages et coutumes pour rejoindre la règle monastique « commune ».

 

Des Eglises chrétiennes relevant de ce monachisme reverront bien plus tard le jour en Angleterre puis en France et se perpétuent encore de nos jours comme à St Dolay dans le Morbihan...

 

Ce sont là des querelles entre chrétiens qui ne nous concernent pas...

Point final !.....

 

Par ailleurs si nous devons aux copistes chrétiens, gallois et irlandais, (et merci à eux) la retranscription du corpus littéraire et mythologique oral encore détenus et transmis par les bardes de cette époque, ce n'est pas parce qu'il étaient éminemment chrétiens, mais surtout parce qu'ils étaient d'abord irlandais et gallois et fortement attachés à leur mémoire et à leur patrimoine en tant que tel !

 

On ne sera donc pas étonnés que des censures chrétiennes aient été appliquées et qu'un recouvrement par un vernis chrétien plus ou moins épais ait été apposé sur leurs retranscriptions !....

(Cependant, tout ce qui relevait d'informations notamment liées aux pratiques religieuses, au sacerdoce druidique etc... disparaîtra.)...

 

 

A SUIVRE...

 

 

 

 

 

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07/06/2020
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