Les dits du corbeau noir

Celte Parole Etude

Dans le cadre de la conférence à venir sur la Parole des Celtes et la fonction bardique

 

Celte Parole :                Etude   Bran du   06 03 2013

Ce que l’on attend de la Parole, de ce qu’elle institue ou restaure, de ce qu’elle met ou remet au monde qui participe à la cohésion de celui-ci ; à sa maintenance ; à son renouvellement, à sa « régénération » on le demande à celui qui la porte, la promulgue, la redistribue, à celui ou celle qui l’incarne de façon ajustée et adéquate….

Parce que la Parole doit être dispensatrice d’équilibre et d’harmonie, de justice, de vérité, d’entendement, l’homme ou la femme qui en font emploi et usage doivent répondre de ces critères, de ces promesses, de ces attentes, de ces valeurs….

Relevant des plus hautes instances originelles, la Parole sacre et consacre… Sa pratique avant que d’être profane releva d’une communauté d’initiés, d’une confrérie souveraine conscientes de « servir la vie » et de ne point la desservir… Parce qu’elle avait pouvoir de transformation, de création, d’animation, la Parole fût considérée comme « magique » par les prêtres et prêtresses des  temps anciens qui avaient en charge la bienvenue des nouveaux temps et le maintien des équilibres et harmonies entre les êtres et eux-mêmes, les êtres et leur environnement visible et invisible, céleste et terrestre, obscurs et lumineux, passés et à venir…

La Parole est VIE, elle est l’Anima de la VIE, elle à pouvoir et puissance de vie et elle agit sur ce qui peut atteindre à la VIE de la VIE, à sa pérennisation et à son évolution…

Parce qu’elle est née du silence et qu’elle à jaillit peu à peu « ordonnée », assemblée,  du sein du chaos, elle est l’origine, le fondement, l’assise du monde  de l’univers, de la création… Elle a valeur "d’essentialité" et d’enfantement…

Une Mère l’a portée dans son ventre avant même d’enfanter les Dieux car le Verbe est né en ses entrailles, y a déposer son Germe de Lumière…. Elle est, cette Parole, d’abord le premier cri venu en ce monde ; un cri habitant une forme ambassadrice de vie…

Sa filiation est féminine, matricielle… Elle a été des premiers bouillonnements montés à la surface mouvante du  Chaudron…

Parce qu’on la dit vivante et animée, elle se conçoit dans l’oralité ; une oralité qui surpasse la chose morte, fixée et figée qu’est l’écriture certes connue, mais d’un emploi très subalterne, limité et réservé…

La Tradition à le sens de « transmettre » et cette transmission est confiée à l’oralité et aux capacités mémorielles et d’entendement de celui qui reçoit la Parole de l’autre et le Verbe des Origines en dépôt… A charge pour lui ou pour elle d’assurer le relais sans nuire à la Parole Première tout en enrichissant l’héritage reçue de sa propre pensée, de sa propre présence au monde…

La Parole obéit au Fond qui l’a enfantée et ce Fond donne forme… Parce que ce Fond est Essence et Principe de tout ; d’un tout à la fois présent, passé et devenir, son servant ou sa servante ont fonction de rappeler cette relation, de l’incarner et de ne pas la pervertir ni l’inverser au détriment et au préjudice de la création toute entière…

La Parole est vectrice de connaissance, de savoir, de science, de compréhension… Elle se doit d’être vraie, habile, subtile, raffinée, maîtrisée… Elle ne peut colporter ni  l’erreur, ni l’approximation sous peine de déshonneur et de honte pour celui qui la profère et de graves conséquences pour la vie elle-même dans tous ses aspects…

Elle est un mortier dans l’assemblage de ce qui construit et élève la vie… Elle est le « lian », le « lien » qui met en rapport une chose et son contraire afin que de cette relation naisse une transcendance opérative, objective et efficace qui sera, qui se veut, un accroissement de vie qualitatif et quantitatif…

La Parole est bien un pont, une passerelle, entre la mémoire et le devenir…

Parce que la Parole est essentiellement Souffle, respiration et inspiration, elle est le moteur et la dynamique du vivant qu‘elle articule et agence avec juste mesure et dans un esprit de concordance…

C’est ainsi qu’elle navigue depuis les premiers temps sur l’océan tempétueux de la mort et de l’oubli…

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La Parole est née du silence comme le jour est né de la nuit…

Elle a été langage des dieux avant que de devenir celui des êtres… Elle est, de ce fait, autant divine que sacrée…

Avant que d’être composée de mots et assemblée, elle fut, en sa prime nudité, force, énergie, puissance et lumière…

Ce en quoi et par quoi elle a été formée demeure à jamais car ce qui fût, est et sera dans et par le Souffle Incréé…

Elle repose dans le Chaudron de Ceridwenn et ce depuis que celui-ci a été posé sur le trépied du monde…

Connaissance, savoir et recherche; voici les trois pieds du Chaudron…

La Parole est mémoire et la mémoire initie le devenir. Ce qui est à venir puise en son histoire !…

Il est dit que le dit fut Essence et Esprit et ce dès que des lèvres prirent Parole…

L’Awen ; c’est le flux du ciel quand la mort en la vague se replie…

La poésie, c’est la respiration première, celle qui fut dans les poumons mêmes de l’origine…

La corde se brise quand le doigt sonne faux !…

Bouclier est le druide dans le combat des mots…
S’ordonne le chaos quand les dragons sont conciliés !…
Quand les branches ploient sous les fruits de l’été, c’est que la graine de la Parole à germé selon la Loi…

Noble et digne est la Parole en vérité
Quand les mots sont des piliers ;
Ceux de la voûte étoilée, ceux qui soutiennent la course du soleil…
Ainsi s’entendent et se comprennent la terre et le ciel
Et tout ce qui respire entre eux…

 

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Parole Celte  II           Etude   Bran du   06 03 2013

La Parole est Vie, la Parole est vivante…

Elle est à l’origine, elle est fondement et création…

Elle sort du chaos pour maîtriser celui-ci, l’agencer, l’ordonner et servir la loi « alchimique » d’évolution…

Elle est donc « sacrée », « divine », « spirituelle »…  et « magique »…

Elle a pouvoir et réelle puissance de transformation, d’interaction, d’enfantement…

Présidant à l’instauration et au maintien de tout équilibre et de toute harmonie, elle est garante de la pérennisation de la vie, de tout le vivant, de toute matière susceptible d’évoluer…

Elle est liée au Chaudron, à la Matrice est donc reliée à la Mère…

Elle est née du Souffle, inspiré, Incréé… En cela et par cela elle est Force, Energie et Lumière…  Elle est « alchimique »  et procède « du Grand Oeuvre »…

Du bon ou mauvais usage et emploi de la Parole résulte des effets, des conséquences, positives ou négatives pour tout l’univers visible ou non…
Le bon usage est don car relève d’une offrande et d’un remerciement et d’une conscience avisée et avivée de servir ce qui fût, est et sera de la meilleure façon et avec la meilleure pensée…

C’est donc un Art que la Parole qui demande une connaissance, des pratiques, des expériences, des enseignements, des initiations et surtout la plus parfaite maîtrise possible soit « un véritable travail de forge »…
Il s’agit de Servir le Verbe en son Souffle et de bien surveiller le Chaudron  de Ceridwenn! …

Vie et Parole sont étroitement associées, interdépendantes, appelées à se conjoindre, à s’enfanter mutuellement, à se conjuguer, pour le meilleur en évitant le pire…

La Parole est « jugement » parce qu’elle se veut Parole de Vérité en assonance ajustée avec les Sons créateurs et premiers…  Elle ne peut « dissoner »  pas plus qu’elle ne peut « sonner faux » car il en résulterait des conséquences fâcheuses et néfastes… (La perversion de la juste Parole est « ruine pour la société »…) (Le bon entretien du monde éloigne les fléaux du royaume, le mauvais service entraîne la décadence.)                        La honte et le déshonneur sanctionne les manquements à cette éthique de vie et plus gravement encore celui qui est parjure à ses propres engagements et serments…                    Il y a « honneur » et « bonheur » à servir la vie et déshonneur à lui porter atteinte…   

Est juste ce qui est vrai et qui maintient un équilibre, une réelle harmonie…Ce qui participe de la bonne marche de l’univers… Cette conception se doit d’être régulièrement rénovée, régénérée, actualisée en ses formes et respectée en son fond… D’où les rituels où la Parole à Grande et juste place au sein du silence matriciel…

Le servant ou la servante de la Parole sont au service de ces conceptions, en incarnent les Principes et l’Essence et en transmettent les « lois », la « belle ordonnance »…

L’ollamh est le docteur en poésie, il a atteint la plénitude de sa fonction. Il est maître des sept couleurs et des trois airs pour le druide harpiste et barde… Il est par sa Parole porteur de paix et d’entendement, le conciliateur, le médiateur entre toute dualité, tout plan, tout règne… Il a charge d’enseignement et de transmission en fidélité à sa Parole donnée et à sa Parole offerte…

Il a pleine conscience de sa fonction et des hautes exigences qu’elle implique en terme de réalité, de justesse, de vérité et donc d’authenticité…  Il fait sage usage et bel emploi de cela qu’il a reçu en dépôt des Anciens afin de le redistribuer, de le restituer augmenté qualitativement des apports de sa propre existence et pensée…

Il sait que le mot peut-être baume ou poison. Il sait l’acte et ses conséquences…

Il a dans ses fonctions l’obligation de maintenir toute chose en cohésion y compris la   société des hommes, sa communauté d’appartenance… Il a pour cela forgé des outils qui tendent à maintenir les « puissants » dans le cadre qui leur est imparti pour régenter harmonieusement une royauté et un royaume avec l’appui, le soutien et l’adoubement de leur « Souveraine »… (Pas de royauté sans l’aval du féminin et de la Pierre du cri.) La louange, le blâme et la satire, le « geis », sont ou des encouragements pour l’une ou des contraintes et sanctions pour les autres…
Mais cela demande une déontologie dans cet exercice qui ne doit pas se tromper ou être perverti…    

La Parole est véritablement et fondamentalement  « voyante et dérobeuse de feu » ;           elle à pouvoir de divination et de prédiction… Elle est visionnaire… et donc éminemment poétique et bardique !

La Parole est onde, fluide, vibration, elle interfère avec toutes les formes, à pouvoir, sur elles de « pénétration » voir de « fécondation »…

Elle peut être « armée » et s’adresse lors plus spécifiquement à la classe guerrière et à celui qui préside à celle-ci  ; Ogme ou Ogmios ; le « Dieu lieur » , le Parleur, l’Inventeur de l’Ecriture oghamique, le Maître de l’éloquence en l’honneur de qui se tiennent les « joutes oratoires » de Samain ou de Beltaine . Le Dieu qui préside aux aspects « nocturnes » et magiques du dit et de l’écrit… Celui qui inspire le chant de courage et de bravoure sur le champ des batailles…

Elle est dite aussi  « Parole de Feu » ; un feu qui peut autant rassembler, guider, réchauffer, nourrir que détruire et incendier…. C’est lors un fluide dangereux dont la flamme peut aussi se retourner contre celui qui la allumée, si cela n’a pas été fait à bon escient, en juste connaissance et en de bonnes, justifiées et véritables intentions…






06/03/2013
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