Les dits du corbeau noir

CAP AU NORD (SHAMAN SONG) PARTIE 1 BRAN DU 2007/2009/2018 05 03 MARS

 

CAP au NORD

 

Bran du 05 03 2018 (reprise de textes créés en 2007 et 2009)

 

 

Ceci en vue d'un spectacle qui sera donné dans le cadre du 4è Festival Art, Etre et Nature du 01 mai au 6 mai 2018 à la galerie dite Salle des Régates au Val André 22370...  Ce spectacle est en cours de montage avec diseurs, chanteurs et musiciens bénévoles.... 

Cette avant première sera reprise et étendue lors du 6è Celtival de Brocéliande cet été, dans le cadre d'ateliers consacrés au chamanisme...

Avis aux diseurs, conteurs, chanteurs et musiciens...

( masculins et féminins...)

 

 

 

« Cap au Nord » : une formation musicale et géo-poétique, formée, improvisée, pulsativement par assonance et résonance du cœur et de l'esprit, qui entend se reconnecter à l'essentiel et à l'originel, aux vibrations premières, à la plus ancienne mémoire, aux plus anciens chants du monde ; chants, paroles, sons et musiques de souches, de racines et de sources...

 

Chants profonds, chants d'hommes et de femmes, chants de la terre pour concélébrer les lumières du ciel et la musique des sphères, cœurs faisant choeur pour l'Univers...

 

Paroles nues, de sève et de sang, de songe et de résine, paroles ruisselantes voire tonnantes, paroles d'eau et de feu, d'argile, de glace et d'écume, paroles de chair et de plume, paroles sonnantes...

 

Servir et incarner ainsi le Poème-souche, le Poème-source, son Anima et son Essence...

 

Restituer au Verbe et aux Sons leur prime émanation, chanter et jouer à l'unisson, voler avec l'oiseau, nager avec le poisson, croître comme l'arbre, rouler comme une vague, fondre comme neige, flamboyer comme la flamme, s'écouler et ruisseler, danser avec les éléments et les saisons... Reconnexion !

 

Cap au Nord...

Avec pour l'instant : Jannick Faucillon / Alexandre Proust / Bran du...

 

….....

 

 

 

 

Shaman Song : Textes et compositions Bran du

Février 2007 / Mars 2018

 

 

Shaman Song (1) :

 

L'OS...

 

Yéya Yé ya é..................

 

Il y a le vieil os,

il y a la chair, le sang et la chair, la chair sur le vieil os...

 

Yéya Yé ya é..................

 

Il y a le vieil os de pierre et la chair sur l'os ;

l'os nageant dans les eaux, l'os flottant sur la mer,

l'os rampant sur la terre, l'os volant dans les airs

L'os aussi sous l'écorce, l'os blanc de la lumière...

Le sang, le rêve, la sève, autour de l'os...

 

Yéya Yé ya é..................

 

Il y a les quatre saisons de l'os :

la chaude, la froide, la claire, la sombre...

Au centre l'os se tient ;

l'os de la Mémoire, l'os des Anciens...

L'os qui se souvient du premier monde...

Le monde qui par l'os se tient...

 

Yéya Yé ya é..................

 

Un chant dans l'os percé de trous ;

Un chant profond du plus profond venu...

Ce chant n'est pas perdu et nous le respirons,

C'est le Souffle du Grand Tout...

L'os a parlé, l'os à chanté, l'os fait danser

la lune et les étoiles et le matin revenu...

 

Yéya Yé ya é..................

 

L'os a tourné dans le Cercle

L'os tourne avec nous

Il tourne avec l'ours, avec le caribou,

Il tourne dans le ciel, il tourne sur la terre, il glisse sur la glace,

Il tourne dans l'igloo....

Il tourne pour le feu du dehors, avec le feu du dedans,

il fait bouillir le sang, il met le feu dans la tête, le feu, la danse et le chant....

 

 

Yéya Yé ya é..................

 

Cela qui avait souffle

Cela qui donna souffle à son tour

Cela était dans l'os qui chante...

Dans le vieil os des pères et des mères

pour qui nous chantons et dansons

entre le ciel et la terre....

 

 

Yéya Yé ya é..................

 

….............................................................................

 

 

 

Shaman Song (2)          Le Manteau de plumes...

 

 

Qu'on me donne mon manteau de plume

et le cuir des saisons, ma ceinture de sonnailles

et la graisse d'entendement...

Qu'on me donne le tambour de peau

et ses quatre directions,

son cœur de lune et de soleil...

 

Emmmmmm Emamm Mam Emmam Mam... Emmmmmmmmmmmmmmmm.........

 

Le feu à des choses à nous dire

et l'air, et les souffles et les sons...

Mes doigts bondissent sur la peau ;

Sur la peau rebondissent l'os et le bois...

Comme l'eau du printemps se déverse en torrent ;

de même, les paroles et les mots....

Le tambour à des choses à nous dire ;

lui qui a grande mémoire de feu et d'eau...

 

Emmmmmm Emamm Mam Emmam Mam... Emmmmmmmmmmmmmmmm.........

 

Un troupeau blanc marche dans la nuit

un rêve marche à sa tête ;

des loups courent auprès de lui...

L'herbe s'est pliée sous le vent ;

La vie, pour quelques temps,

se fige dans ce brin d'herbe

puis retrouve ses mouvements...

De nouveau circulent la sève et le sang,

passé le troupeau blanc, passé le troupeau blanc...

 

 

Emmmmmm Emamm Mam Emmam Mam... Emmmmmmmmmmmmmmmm.........

 

La glace est sans prise sur le chant de la vie ;

le chant qui glisse sur la glace et la neige ;

le chant fait d'écailles, de nageoires et porté par des ailes...

 

La mémoire souffle sur la braise du chant

et le chant fait fondre le plus dur qui est dans l'homme ;

son orgueil, son arrogance, le noir pierreux de son sang...

 

Le chant offre à l'homme la vie et sa danse...

 

Enfilez vos manteaux de plumes,

mettez des braises dans votre sang,

frottez vos pensées avec de la neige...

Cette nuit est bonne pour l'envol !

Cette nuit est bonne et propice pour l'envol !....

 

Emmmmmm Emamm Mam Emmam Mam... Emmmmmmmmmmmmmmmm.........

 

…....

 

 

Shaman Song (3) Sous les ailes de l'aigle … Avril 2007

 

 

L'Aigle, il vient sur mon épaule... plus puissant est son regard que le plus effilé des harpons...
Le monde est dans son œil comme une boule de glace ou de verre...

Du ciel il voit toute la terre, tous les mouvements de la terre...

Chaque cœur qui bat peut se taire à jamais dans ses serres...

L'Aigle connaît sa proie... L'homme ne sait ce qu'il enserre !...

 

Les pierres, je le sais, sont comptables des lunes et des soleils...

 

Quand je prends du sable dans ma main, il coule entre mes doigts.
Je retiens au moins cela, mais le vent et les ans ont plus large paume...

 

La solitude, je le sais, est un miroir que l'on ferait bien de ne pas briser (au risque de voler soi-même en mille éclats de silence.)...

 

La fumée est un coursier qui galope sur un nuage...

C'est pour cela que je reste en surface comme l'écume à la crête des vagues....

J'aime cependant les brumes, celles qui noient, qui enveloppent ;

Celles qui ressemblent à mes songes comme deux gouttes de rosée

qui se marient entre elles...

 

De tous les chemins seul celui qui circule en tes veines est le bon, tes rêves les plus fous en soulèvent parfois la poussière cristalline...

 

On sait, très rarement (avec cette fulgurance proche de l'illumination) que l'on a enfin trouvé ce que l'on cherche ; on le sait une fois la mémoire revenue, la recouvrance opérée, l'entendement premier restitué de tout ce que l'on avait perdu, ignoré ou oublié...

 

Tout germe, censé, crève son écorce, sa bâle, avant de s'élancer vers la neuve lumière...

Mais l'homme, lui, se tient, demeure, se maintient dans son enveloppe de cruauté et de mensonge... Rien de lui ne saurait naître ou renaître qu'il n'ait consenti, au préalable à offrir à la mort !...

 

Pourquoi est-ce si difficile, si impossible, à l'homme de « mourir » pour renaître ?...

 

J'ai tourné trois fois autour de la colline...

Sans boire, ni manger trois jours et trois nuits j'ai tourné

avant de pouvoir gravir le sommet et mêler mon souffle au vrai Souffle de la Vie...

(Au blanc soleil j'ai tournée et sous la lune aussi , mon ombre même semblant me déserter.)

Je sais maintenant qu'il n'est d'or, de richesse, que de lumière !...

 

J'aime prendre un simple galet dans mes mains, j'aime qu'il épouse l'arrondi de ma main, qu'il épouse la courbe de ma paume comme l'Amour qui étreint la forme qui s'offre à ses tendres caresses...

 

Mais peu savent en vérité d'où vient, d'où provient, la vraie rondeur de la pierre...

 

Marchant parmi les sables, parmi les oyats et les liserons de mer, les chardons bleus et les rosiers du chien, je sais que derrière moi ne subsistent de traces ni d'empreintes, mais qu'une place laissée pour des pas qui ne seront pas les miens...

 

Qu'importe, il me suffit de croire que j'ai pu fondre à ma façon, un peu de ce plomb qui enchâsse les rosaces des cathédrales de lumière...

 

...........................

 

Shaman Song 4 Le Grand Serpent de l'Eau Avril 2007

 

« Soit attentif à tes pensées et à tes émotions maintenant que tu connais leur vrai visage. » Blueberry de Jan Kounen

 

 

Les sables sont brûlants (le blanc dans toute sa chaleur)...

La mer est proche aussi proche que la chair sur l'os...

Ce matin le soleil s'est assis au sommet de la dune...

Ce soir il se posera sur l'horizon comme un cygne aux ailes ensanglantées...


Me voici à l’aplomb de l’œil de feu, ma chair nue à sa flamme exposée... Plus important est ce qui en moi, lentement se consume... (souvenirs et pensées)...

 

Je sais ma place, le pesant, le vivant de ma place entre la vie et la mort, entre la naissance et l’extinction...

J'épouse le plan médian de tout être et de toute chose...

 

Une pensée neuve, brillant de toutes ses vermeilles écailles ondule sur le sable, serpente entre les touffes d'herbes dressées...

Elle se déplace comme un nuage poussé par un vent léger...

Elle va de droite à gauche, de gauche à droite. Je la laisse faire ; elle sait où elle va.

Des choses se déplacent avec elle ; des mots, des images, des formes, un poème nouveau-né...

 

Tout cela s'en va, ondule, serpente vers la mer...

 

C'est une simple question de temps, d'acheminement , une question où l'espace ne cherche aucune réponse et à laquelle, pour le moment, je demeure sans échos, sans claire résonance...

je ne fais que suivre, qu'accompagner l'instant serpentiforme...

 

Cependant, j'apprends à ma main, à mon poignet, à mon avant bras, à mon épaule à imiter l'ondulation qui creuse le sable de cet instant ; peu à peu mon esprit s'empreint d'une commune ondulation, imite le mouvement ondulant...

 

Cela fait comme cela.....

 

Ô ôôô OOO ôôô OOO ôôôôôô OOOOO....

 

Je sais maintenant de la vie le mouvement, la spirale dansante et le son qui la fait danser à l'unisson de ce qui Fût, de ce qui Est et de ce qui Serra....

 

J'ai vu onduler le serpent rouge dans l'eau des origines, je l'ai vu remonter à la source sous le couvert des grands arbres, se frayant passage dans le vert émeraude des feuilles se réfléchissant dans l'onde claire...

J'étais près de lui, remontant le cours du grand lit mouvant, ayant de l'eau jusqu'à la poitrine... Avec lui je remontais comme un saumon le lit des siècles, des millénaires... Je remontais aux sources de l'Univers !...

 

J'étais jeune alors, je faisais les choses en tournant des pages blanches sans y mettre un mot, sans y verser la moindre goutte d'encre... J'allais simplement, joyeusement, dans ma barque de chair, remontant la calme rivière en compagnie, singulière, d'un Grand Serpent ondulant...

 

J'allais en faisant comme cela...

 

Ô ôôô OOO ôôô OOO ôôôôôô OOOOO....

 

Aujourd'hui, la pluie, tant attendue, la voici qui pleure en abondance.. j'ai grande envie de pleurer avec elle mais je ne puis...

Maintenant que je sais, maintenant que le savoir est sans importance, maintenant que celui-ci est devenu, par expérience, Connaissance, je fais face à la vie, je la regarde face à face et plus rien ne s'efface de ce tout ce qu'elle me dit...

 

Pourquoi n'y y-a-t-il que le ciel à se soulager du poids de nos insuffisances ?...

 

Le serpent de mon sang, de mes songes et pensées dirait :

 

« Il ne tient qu'à l'homme, à l'homme sage, de libérer ses eaux natives emprisonnées depuis des générations derrière un monumental et séculaire barrage !...

 

La vie est sans retenue... Le sais-tu ? Le sais-tu ?

 

Elle fait comme ceci et comme cela …

 

Ô ôôô OOO ôôô OOO ôôôôôô OOOOO. »...

 

.....................................................

 

 

 

Shaman Song (5) Hoo ! Hop la Hop la Houp la la ! 04 2009

 

« - Dis-moi, joli poisson, que vois tu de tes yeux ronds du monde que nous sommes ?

- Je ne vois qu vos lignes, vos harpons, vos filets, vos hameçons ; vos pillages et prédations, de mes yeux ronds, je ne vois que vos méfaits en somme !... »

 

 

Il y a très longtemps de cela, une peau trop tendue se déchira...

Un souffle mi-chaud, mi froid, entre la fente se glissa...

 

Cela parce qu'un jour, un sang nouveau, voulu battre tambour...

 

Voilà pourquoi la peau fît fendue laissant venir au jour l'Esprit de la Vie trop contenu dans une trop longue nuit...

 

Et voilà l'homme ; et l'homme voilà...

Hoo Hop là Hop la Houp la la !...

 

La fissure, l'entaille, l'interstice, c'est par là que tout est venu.

C'est par là que tout repartira, que toute avancée fera marche arrière, si vous ne recousez pas l'accroc, l'éfilochure, que vous avez fait dans l'Univers !...

 

C'est cela l'homme , l'homme c'est cela :

Hoo Hop là Hop la Houp la la !...

 

Le mot est venu par la bouche des pierres,

sur les lèvres des pierres, le mot de vie trop longtemps retenu...

Le mot que recherche un monde éperdu...

Le mot gardé intact dans le cœur des, pierres dans la fidèle mémoire des pierres qui ont tout connu de l'homme et de ses bévues...

 

C'est cela l'homme , l'homme c'est cela :

Hoo Hop là Hop la Houp la la !...

 

Ce mot, des dents blanches l'ont mastiqué,

comme un cuir épais que l'on doit adoucir...

Ce mot, il était déjà dans les branches mortes amassées pour faire un feu nouveau...

Il était comme ce rythme régulier qui bat sous votre peau et sans lequel on disparaît de la surface de la terre...

 

Souple est devenu le mot sous la langue...

Le mot roulé sur les lèvres aimantes s'est étiré jusqu'à rejoindre les sources de l'Univers... Il a fait la pensée flexible et extensible...

Le fragment du mot a retrouvé son berceau ; le fragment à retrouvé son tout... On peut entendre aujourd'hui dans son cœur son merveilleux écho....

 

Souple le mot en son langage, souple comme un roseau...

Souple comme l'homme sur la femme en leur union...

Souple comme cela qui s'épouse et s'enfante dans le don...

Souple comme mes doigts sur le tambour de peau...

 

Et vous les femmes, et vous les hommes écoutez cela :

Hoo   Hop là Hop la Houp la la !...

 

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Shaman song (6)    la Grande Bouche !

 

 

Il y avait une bouche par la grande huit cousue

Une grande bouche cousue avec les racines et les lianes du silence...

 

Ni l'ours, ni le caribou, ni le lièvre, ni les oies,

ni le phoque, ni le renard, ni le morse, ni la baleine

ni l'harfang, ni le loup, ni le narval, ni le lagopède

n'avaient à voir avec cela...

 

La bouche était dans la pierre depuis fort longtemps...

Elle s'est mise à crier cependant quand les premiers hommes frappèrent deux pierres l'une contre l'autre faisant jaillir de la pierre l'étincelle de la voix et du chant...

 

Les yeux viennent dit-on des étoiles (deux étoiles dérobées aux cieux par un esprit malin je crois!)...

 

Peut-être est-ce pour cela que les hommes ne savent pas voir, en plein jour, le grand luminaire d'amour ?...

 

Un vent fort et froid soufflai dans la caverne des hommes, mais le mot était là qui réchauffait par le son de sa voix...

 

Cependant la faim montrait ses dents...

 

« - Prenons garde que la bouche ne se referme disait les hommes faisant cercle de craintes et d'effrois...

Prenons garde que le souffle ne cesse...

Prenons garde surtout que ce mauvais rêve devienne le nôtre...

Qui sait alors ce qui arrivera ? »...

 

L'ivoire que je tiens dans ma main a connu les mers profondes.

Le temps et l'homme l'aiguise et le perce

Les marées des siècles l'ont lissé sur leur polissoir...

Le temps est un couteau affûté en permanence...

 

Il y a toujours un œil qui cherche une proie...

Le sang a faim, le sang a froid...

Dieu sait qui nous regarde de là-haut !...

Dieu sait aussi ce qui nous guette en-bas !...

 

La glace est coupante, mais un mot peut l'être tout autant...

Nous savons cela depuis la grande déchirure...

Le mot parfois coupe la langue ou les doigts...

C'est ainsi quand les êtres et les choses ne sont plus à leur place...

C'est ainsi quand la très longue nuit perdure retenant dans le monde obscure l'enfant du printemps...

 

Hé Hop la, vous, les hommes écoutez cela

Et vous, les femmes, de même entendez cela :

Houp la Houp la la !....

 

Croyez-moi, les vents ne sont que de passages ;

nous aussi ne sommes que nuage, passant !...

 

Si les pas sont parfois bien lourd dans la neige,
ce n'est pas affaire de poids... C'est un cœur que nulle joie n'allège et qui ne sait plus où il va !...

 

Le mot : c'est une voix ; laquelle choisie ses mots...

Et croyez-moi ce n'est pas n'importe quoi !...

Cela à son importance...

Ce n'est pas que du bruit, ce n'est pas comme le loup et le corbeau qui se disputent un morceau de silence !...

 

La voix murmure comme le printemps sous la glace, puis la voix jaillit ; aux feuilles et aux fleurs donnent naissance... et toute la Vie s'en suit... remise à neuf sous un haut soleil qui luit...

Inuat est l'Esprit de la Lune ; Inuat est l'Esprit du Soleil...

Les hommes ont oubliés qu'avant d'être debouts, ils étaient de boue, faits d'une argile grossière !...

 

Il faut prendre soin de ne pas mélanger le sang du ciel et le sang de la terre ; tout n'est pas appelé à se marier sauf peut-être l'os enveloppé de muscles et de chair et qui s'efforce de penser en ajoutant un peu d'esprit à la matière !...

 

S'il sait écouter les bons conseils ; les conseils avisés d'Inuat,

Si Sedna inspire ses actes et ses idées, alors le monde, l'Univers, resteront en équilibre, en équilibre sera le balancier...

 

Mais, si les animaux, les arbres et les plantes, eux, se sont bien conduits, l'homme lui à faillit !

 

La peau se découd qui avait été recousue...

Brisée est l'aiguille en os de la Mère...
Le fil trop fragile s'est rompu

et la bouche se referme de plus en plus !

 

Où cela nous mène ? Je ne sais pas !

Mais on y va, mais on y va...

Houp la Houp la la !

 

 

Sedna ou Sanna : Déesse de la Mer

 

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Shaman (7) Angakkua (se dit aussi Quaumanic)(Clairvoyance)

04 2009

 

 

Il y avait un premier cercle, parfait en son entoure, il était fait avec des os blancs de baleine... Il constituait le sanctuaire ; le lieu des prières et des invocations, le lieu de la parole sage et sereine...

 

Chaque saison à son heure l'entourait et entrait, avec lui, en « cosmunion. »...

 

Il y avait un second Cercle ;

un cercle de pensées, d'os, de sang et de chair...

 

Sous le cercle immense du jour et de de la nuit ;

il y en avait un semblable et tout petit...

C'était même lumière et même flamme ; c'était cercle d'homme et de femme...

 

C'est d'ici que la terre envoyait ses messages au ciel...

C'est d'ici que la parole fervente prenait le vent dans ses ailes...

 

Tout ce qui se passe, se formule, s'exprime, se vit et se dit, prenait ici son envol... vers l'absolu et l'infini...

 

Aujourd'hui, je sais ce que je dis :

j'ai été dans ce Cercle et, depuis, il est en moi et je suis en Lui !

 

Donnez-moi vos bras et formons la ronde ;

que tout ce qui se passe, se vit et se dit

tournoie sous la grande rotonde,

pour se conjoindre à l'absolu et à l'infini !....

 

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Shaman song (8) 05 2009 Cela qui tourne entre les doigts

 

 

« L'homme primitif possède une mémoire concrète qui reproduit fidèlement et dans les moindres détails ses impressions sensibles. » Lucien levy-Bruhl

 

 

 

Je suis sous la grande paupière de la nuit

mais, l’œil, je ne le vois pas. Je ne le vois pas, mais, je sais qu'il est là et qu'il embrasse de son regard tout le vivant de la terre...

Demain la paupière s'ouvrira

et l’œil étincellera qui fera resplendir tout le vivant de la terre...

 

 

Pour cela, la pierre tourne entre mes doigts Aya ! Aya ! Aya !

Le Kattu tourne entre mes bras Aya ! Aya ! Aya !

La lumière danse sur les eaux WHO HO HO HO HO..

 

 

Je veille sur la petite flamme, sur sa fragile lumière...

Ikuma est le nom que lui donnèrent les pères de mes pères...

Par elle, le monde se maintient debout, endroit sur envers...

 

Cette flamme ; elle est née de l'étincelle première...

On dit aussi que c'est une âme ; l'âme de l'Univers...

Nul ne peut dire le Nom, nul ne peut nommer Celui ou Cela qui tenait, entre ses paumes, les deux pierres avant de les frapper...

Mais,

Pour cela, la pierre tourne entre mes doigts Aya ! Aya ! Aya !

Le katu tourne entre mes bras Aya ! Aya ! Aya !

La lumière danse sur les eaux WHO HO HO HO HO..

 

 

Les esprits frappent avec moi sur la peau :

WHO HO HO HO HO...

Les Esprits me prêtent leurs voix :

Aya ! Aya ! Aya !...

 

Quand je danse, ils dansent avec moi...

Quand j'invoque, ils sont voix dans ma voix...

Quand je tournoie dans le Cercle, ils sont la pierre et le bois...

 

Avec eux, je suis la glace et le feu ; le gel et la flamme...

Je suis, de tous les éléments, la voix autant que l'âme...

 

Voyez, ils m'entourent comme un soleil

Ils me donnent des nageoires et ils m'offrent des ailes...
Nul flèche, nul harpon ne peut m'atteindre...

Que peut la flèche contre le vent ou le nuage ?
Que peut le harpon contre les vagues de l'océan ?

Que peut l'orgueil des hommes contre l'immensité du ciel ?

 

Mon tambour résonne à plein cœur ;

En lui chantent et dansent les frères et les sœurs...

Par lui l'Amour concélèbre ses unions...

Entendez la magie des rythmes et des sons !...

 

Sonne o mon tambour, sonne o mon qilaut...

Ramène le printemps aux rivages du long hiver...

Redonne à la terre son vert manteau, en nous tous, ravive l'espoir et le sang...

 

Offre-nous, de nouveau, cela qui fait trembler et frissonner la peau...

 

Pour cela, la pierre tourne entre mes doigts Aya ! Aya ! Aya !

Le katu tourne entre mes bras Aya ! Aya ! Aya !

La lumière danse sur les eaux WHO HO HO HO HO..

 

 

                                  Katu : bâton / Qilaut : tambour

 

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Shaman (9) Le Dernier Cercle 05 2009

 

 

Il y a celui dont la tête est comme le feu ou la glace ,

qui erre dans sa tête comme dans un brouillard épais...

 

C'est ainsi depuis que les nouveaux dieux le punissent de ne pas croire en eux et que les anciens se plaignent de ne plus être autant honorés !...

 

Il y a celui ci qui boit ses larmes et son chagrin, qui se noie dans le mauvais alcool...

Il y a celui là devenu fou à force de traquer l'ours blanc de ses rêves...

Il y a celle dont le mari est parti à la ville et qui n'est plus revenu...

Il y a sa mère, élimée comme une vieille peau qui a perdu son usage...

Il y a l'autre qui a connu les mauvais hommes et qui se meure de l'Amour qu'ils n'ont jamais su lui donner...

Il y a l'Ancien qui ne parle plus même avec les yeux...

Il y a l'Ancienne qui est partie dans le blizzard pour donner à manger au froid...

Il y a l'enfant qui a refusé de sortir vivant du ventre flasque de sa mère et que se sont âprement disputés le renard et les loups...

et il y a le shaman qui ne sait plus comment réconforter des âmes si tourmentées...

 

Neuf êtres d'os et de chair, vidés de songes et de rêves...

Neuf en tout et pour tout... C'est ce qui reste du clan de jadis...

Neuf sur une terre gelée, désolée, abandonnée...

Cela fait plusieurs lunes qu'ils n'ont pas mangé. Les réserves sont épuisées comme leur corps qui n'a plus force de se lever...

 

Les phoques ne viennent plus de ce côté de la baie, chassés par des engins à moteur...

Ils sont traqués de toute part par le fer et l'acier...

Les harpons sont rouillés comme l'espoir dans les cœurs...

 

La lune est pleine....
Le clan s'est regroupé sous elle...

Ce sont hommes et femmes agglutinés comme des animaux devant l'éminent danger, devant la mort proche...

 

Leur respiration difficile forme un halo...

De leur vie, c'est la dernière alliance, c'est le dernier anneau...

 

Ils se tiennent coude à coude, épaule contre épaule...

 

Le shaman à confié une petite flamme à la femme la plus ancienne... Celle-ci place la flamme dansante au milieu du Cercle...

 

Le shaman a entonné son chant, son rythme est celui d'une chandelle qui s'éteint... C'est celui-là que chacun a dans le sein....

 

Il rappelle l'ancien temps ; les parents, les grands parents, les arrière parents ; les sources et racines du clan...

Avec tous et toutes, il se souvient :

la Mère de toutes les mères ; les géants et les nains, le grand corbeau et la femme-baleine...

 

Il dit de chaque branche la sève et la racine...

 

Les sons circulent et forment chaîne, s'enroulent autour de la flamme qui vacille... Les sons tombent sur tous et chacun comme une fine poudreuse qui apaise et ensommeille...

 

Tout se recouvre de blanc : les corps, les pensées, les esprits, le passé et le présent et déjà le devenir...

 

Ce n'est que plus de trois mois passés que l'on s'est aperçu de leur disparition !

 

Les igloos étaient vides. Les traîneaux était là, mais on avait détaché les chiens...

 

Sur un petit promontoire neuf pierres étaient placée en rond.

Au centre, il restait une lampe à la graisse consumée...

 

Seul, à son entoure, un grand corbeau sautillait sur la glace !...

 

 

 

A SUIVRE...



05/03/2018
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