Les dits du corbeau noir

PANDEMIE ACTE 8 BRAN DU 2020 04 04 AVRIL

 

 

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 Ils sont de retour !  Photos Bran du

 

 

 

 

 

Pandémie Acte 8 Bran du     le 05 Avril 2020

 

 

Envoi de Claire (« Klaer » en breton) :

 

 

https://youtu.be/gAk7aX5hksU

 

Je vous recommande grandement ce long et très précis entretien avec l'un des plus grands spécialistes en infectiologie et pandémie : le professeur Kim Woo Ju de l'Université de Guro à Séoul, lequel aborde avec une très grande clarté tous les points relatifs au coronavirus... (Les origines, la contamination, les outils et parades ; l'état de la médecine et des recherches, les prévisions, les difficultés, les tests et expériences menées, les perspectives et prévisions objectives etc...)

 

 

 

La Corée du Sud est l'un des pays qui réagit et résiste le mieux face à la pandémie... (Ses taux d'infections, de propagations, d'hospitalisations et de décès) sont relativement faibles...

 

 

Pourquoi ? Vous le saurez en vous reportant au dit entretien...

 

 

Le professeur envisage trois scénarios possible quant aux finalités de cette pandémie :

 

 

Dans le meilleur des scénarios et si tout se passe bien et notamment dans l'entente entre les pays et une meilleure discipline des populations, une échéance de fin de crise peut être envisagée fin juillet ou en août...

 

 

Deuxième possibilité : selon les hémisphères Nord et Sud, une fin possible en août dans le Nord, mais en fin d'année dans le Sud avec le risque d'une relance possible en hiver dans le Nord (comme avec les grippes dites saisonnières)...

 

 

Troisième scénario : la découverte d'un vaccin pour tous éradiquant la pandémie (ce qui demande en moyenne pour son élaboration 10 à 15 années). Cependant il pourrait s'avérer possible de le concevoir en 18 mois.)

 

 

Le professeur estime à 10 % de risque une reprise de la dite pandémie après les premières phases vécues...

 

 

Il fait part des études en cours dans le monde pour éradiquer celle-ci avec des pistes peu abordées comme celle de recueillir le sang de malades contaminés et guéris grâce à leurs anticorps en réinjectant ce plasma aux malades sérieusement atteints...

 

 

Il est aussi question du « repositionnement des médicaments ». Des médicaments efficaces pour certaines pathologies peuvent s'avérer aussi efficaces pour d'autres. C'est aujourd'hui un champ de recherche important...

 

 

Il est vrai que chaque pays agit envers sa population selon des critères liés à la culture et à l'éducation...

 

Il est démontré que l'Europe puis les Etats-Unis ont eu hélas du retard à l'allumage alors que l'Asie, forte de terribles expériences antérieures en terme de pandémie, s'est mieux adaptée aux situations avec des populations bien plus « dociles » pour suivre les instructions données...

 

 

Il évoque, en plus de la bouche et du nez, une possible contamination par les yeux (les muqueuses)... La peau et les oreilles ne sont pas concernées...

 

 

Le problème actuel des pays asiatiques contaminés, c'est le retour de leurs ressortissants partis à l'étranger...

 

 

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P.S. : une piste nouvelle est ouverte avec l'emploi du sang d'un  vers de sable appelé arénicole qui apporte une aide respiratoire non négligeable...

 

 

 

 

 

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L'heure des comptes viendra sonner !

 

 

A propos des « retards » et manques d'anticipation du gouvernement et les contradictions et incohérences constatées :

 

 

L'heure n'est pas aux polémiques stériles, mais à l'union nationale, certes, mais... A l'instar d'une quinzaine de plaintes déposées devant le la cour de justice de la République des milliers d'autres vont suivre sur le modèle par exemple de non assistance à personne en danger ou mise en péril de la vie d'autrui ou encore blessure involontaire... etc...

 

L'heure des comptes viendra sonner à la porte de la sortie de crise !...

 

 

3 médecins suivis par 1500 de leurs confrères ont déposé un recours auprès de la Commission des Requêtes... (Ces soignants reprochent au gouvernement son impréparation face à une pandémie prévisible.)...

 

 

Il y a aussi une interpellation au sujet de la maintenance du suffrage à l'élection municipale du 15 mars...

 

 

« ...Il s'agit d'abord de comprendre les mécaniques à l’œuvre, d'identifier les dysfonctionnements pour en tirer les vraies leçons.. Le temps des responsabilités viendra ensuite...

 

Pour l'heure le temps est à s'unir, à multiplier les solidarités, à multiplier les initiatives. ».. Stéphane Vernay (Ouest-France)

 

 

Lu et entendu ici et là des phrases du type :

 

 

« Nos décideurs seront jugés au pénal »...

« On n'a pas les dirigeants qu'on mérite.»...

(Régis de Castelnau - Avocat)

 

 

 

 

 

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Ce qu'il y a lieu de retenir :

 

 

« S'il y a un message à retenir de cette situation exceptionnelle c'est bien celui-ci :

C'est bien l'homme qui, en interférant de manière catastrophique dans le monde animal, fait émerger ce genre de maladie. »

Laurent Tillon (Spécialiste des chauve-souris)

 

 

« Cette pandémie est indubitablement liée à la destruction des habitats des animaux qui véhiculent de genre de micro-organismes infectieux. »...

 

 

« La biodiversité, le climat, la façon dont on vit, comptent dans l'émergence des maladies infectieuses. La recherche doit s'ouvrir à « tous ces champs. »

Jean François Guegan (Chercheur)

 

 

Il est à noter que 62 % des maladies infectieuses sont d'origine animale...

 

 

et SURTOUT :

 

 

« On a l'occasion de construire un monde meilleur »...

Hervé Stücker

 

 

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Pour se détendre et relâcher :

 

 

Un conseil de l'Ours Bleu (Erwan) :

 

Revoir le film de Coline Serreau La Belle Verte...

ou les extraits qui suivent :

 

 

https://youtu.be/1WN9bv5NVPQ

 

https://youtu.be/-1BoEb_0tzY

 

https://youtu.be/-d_4Z5qBj_M

 

 

Lire aussi sa longue lettre :

 

Un  Texte poignant de Coline Serreau qui ne mâche pas ses mots...

 

 

Dimanche 22 mars. Coline Serreau, réalisatrice de Trois hommes et un couffin, mais aussi de films visionnaires, écolos, humanistes et généreux comme  "La Belle Verte" ou "La crise".

 

 

LE MONDE QUI MARCHAIT SUR LA TÊTE EST EN TRAIN DE REMETTRE SES IDÉES A L’ENDROIT par Coline Serreau

 

 

Le gouvernement gère l'épidémie comme il peut… mais les postures guerrières sont souvent inefficaces en face des forces de la nature. Les virus sont des êtres puissants, capables de modifier notre génome, traitons-les sinon avec respect, du moins avec modestie.

 

 

Apprenons à survivre parmi eux, à s'en protéger en faisant vivre l'espèce humaine dans des conditions sanitaires optimales qui renforcent son immunité et lui donnent le pouvoir d'affronter sans dommage les microbes et virus dont nous sommes de toute façon entourés massivement, car nous vivons dans la grande soupe cosmique où tout le monde doit avoir sa place.

 

La guerre contre les virus sera toujours perdue, mais l'équilibre entre nos vies et la leur peut être gagné si nous renforçons notre système immunitaire par un mode de vie non mortifère.

 

 

 

 

 

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Dans cette crise, ce qui est stupéfiant c’est la rapidité avec laquelle l'intelligence collective et populaire se manifeste.

 

 

En quelques jours, les français ont établi des rites de remerciement massivement suivis, un des plus beaux gestes politiques que la France ait connus et qui prolonge les grèves contre la réforme des retraites et l'action des gilets jaunes en criant haut et fort qui et quoi sont importants dans nos vies.

 

 

Dans notre pays, ceux qui assurent les fonctions essentielles, celles qui font tenir debout une société sont sous-payés, méprisés. Les aides-soignantes, les infirmières et infirmiers, les médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics, le personnel des écoles, les instituteurs, les professeurs, les chercheurs, touchent des salaires de misère tandis que des jeunes crétins arrogants sont payés des millions d'euros par mois pour mettre un ballon dans un filet.

 

 

Dans notre monde le mot paysan est une insulte, mais des gens qui se nomment "exploitants agricoles" reçoivent des centaines de milliers d'euros pour faire mourir notre terre, nos corps et notre environnement tandis que l'industrie chimique prospère.

 

 

Et voilà que le petit virus remet les pendules à l'heure, voilà qu'aux fenêtres, un peuple confiné hurle son respect, son amour, sa reconnaissance pour les vrais soldats de notre époque, ceux qui sont prêts à donner leur vie pour sauver la nôtre alors que depuis des décennies les gouvernements successifs se sont acharnés à démanteler nos systèmes de santé et d'éducation, alors que les lobbies règnent en maîtres et arrosent les politiques avec le fric de la corruption.

 

 

Nous manquons d'argent pour équiper nos hôpitaux, mais bon sang, prenons l'argent où il se trouve, que les GAFA payent leurs impôts, qu'ils reversent à la société au minimum la moitié de leurs revenus. Car après tout, comment l'ont-ils gagné cet argent ?

 

Ils l'ont gagné parce qu'il y a des peuples qui forment des nations, équipées de rues, d'autoroutes, de trains, d'égouts, d'électricité, d'eau courante, d'écoles, d'hôpitaux, de stades, et j'en passe, parce que la collectivité a payé tout cela de ses deniers, et c’est grâce à toutes ces infrastructures que ces entreprises peuvent faire des profits. Donc ils doivent payer leurs impôts et rendre aux peuples ce qui leur est dû.

 

 

Il faudra probablement aussi revoir la question de la dette qui nous ruine en enrichissant les marchés financiers.    Au cours des siècles passés les rois de France ont très régulièrement décidé d'annuler la dette publique, de remettre les compteurs à zéro.

 

 

Je ne vois pas comment à la sortie de cette crise, quand les comptes en banque des petites gens seront vides, quand les entreprises ne pourront plus payer leurs employés qui ne pourront plus payer les loyers, l'électricité, le gaz, la nourriture, comment le gouvernement pourra continuer à gaspiller 90% de son budget à rembourser une dette qui ne profite qu'aux banquiers.

 

 

 

 

 

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J'espère que le peuple se lèvera et réclamera son dû, à savoir exigera que la richesse de la France, produite par le peuple soit redistribuée au peuple et non pas à la finance internationale. Et si les autres pays font aussi défaut de leur dette envers nous, il faudra relocaliser, produire de nouveau chez nous, se contenter de nos ressources, qui sont immenses, et détricoter une partie de la mondialisation qui n'a fait que nous appauvrir.

 

 

Et le peuple l'a si bien compris qu'il crie tous les soirs son respect pour ceux qui soignent, pour la fonction soignante, celle des mères, des femmes et des hommes qui font passer l'humain avant le fric.

 

 

Ne nous y trompons pas, il n'y aura pas de retour en arrière après cette crise.

 

 

Parce que malgré cette souffrance, malgré ces deuils terribles qui frappent tant de familles, malgré ce confinement dont les plus pauvres d'entre nous payent le plus lourd tribut, à savoir les jeunes, les personnes âgées isolées ou confinées dans les EHPAD, les familles nombreuses, coincés qu'ils sont en ville, souvent dans de toutes petites surfaces, malgré tout cela, le monde qui marchait sur la tête est en train de remettre ses idées à l'endroit.

 

 

Où sont les vraies valeurs ? Qu'est-ce qui est important dans nos vies ?

 

 

Vivre virtuellement ? Manger des produits issus d'une terre martyrisée et qui empoisonnent nos corps ?

 

 

Enrichir par notre travail ceux qui se prennent des bonus faramineux en gérant les licenciements ?

 

 

Encaisser la violence sociale de ceux qui n'ont eu de cesse d'appauvrir le système de soin et nous donnent maintenant des leçons de solidarité ?

 

 

Subir une médecine uniquement occupée à soigner les symptômes sans se soucier de prévention, qui bourre les gens de médicaments qui les tuent autant ou plus qu'ils ne les soignent ? Une médecine aux ordres des laboratoires pharmaceutiques ?

 

 

 

 

 

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Alors que la seule médecine valable, c’est celle qui s'occupe de l'environnement sain des humains, qui proscrit tous les poisons, même s'ils rapportent gros. Pourquoi croyez-vous que ce virus qui atteint les poumons prospère si bien ? Parce que nos poumons sont malades de la pollution et que leur faiblesse offre un magnifique garde-manger aux virus.

 

 

En agriculture, plus on cultive intensivement sur des dizaines d'hectares des plantes transformées génétiquement ou hybrides dans des terres malades, plus les prédateurs, ou pestes, les attaquent et s'en régalent, et plus il faut les arroser de pesticides pour qu'elles survivent, c’est un cercle vicieux qui ne peut mener qu'à des catastrophes.

 

 

Mais ne vous faites pas d'illusions, on traite les humains les plus humbles de la même façon que les plantes et les animaux martyrisés.

 

 

Dans les grandes métropoles du monde entier, plus les gens sont entassés, mal nourris, respirent un air vicié qui affaiblit leurs poumons, plus les virus et autres "pestes" seront à l'aise et attaqueront leur point faible : leur système respiratoire.

 

 

Cette épidémie, si l'on a l'intelligence d'en analyser l'origine et la manière de la contrer par la prévention plutôt que par le seul vaccin, pourrait faire comprendre aux politiques et surtout aux populations que seuls une alimentation et un environnement sains permettront de se défendre efficacement et à long terme contre les virus.

 

 

Le confinement a aussi des conséquences mentales et sociétales importantes pour nous tous, soudain un certain nombre de choses que nous pensions vitales se révèlent futiles. Acheter toutes sortes d'objets, de vêtements, est impossible et cette impossibilité devient un bonus : d'abord en achetant moins on devient riches.

 

 

Et comme on ne perd plus de temps en transports harassants et polluants, soudain on comprend combien ces transports nous détruisaient, combien l'entassement nous rendait agressifs, combien la haine et la méfiance dont on se blindait pour se préserver un vague espace vital, nous faisait du mal.

 

 

On prend le temps de cuisiner au lieu de se gaver de junk-food, on se parle, on s'envoie des messages qui rivalisent de créativité et d'humour.

 

 

Le télétravail se développe à toute vitesse, il permettra plus tard à un nombre croissant de gens de vivre et de travailler à la campagne, les mégapoles pourront se désengorger.

 

 

 

 

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Pour ce qui est de la culture, les peuples nous enseignent des leçons magnifiques : la culture n'est ni un vecteur de vente, ni une usine à profits, ni la propriété d'une élite qui affirme sa supériorité, la culture est ce qui nous rassemble, nous console, nous permet de vivre et de partager nos émotions avec les autres humains.

 

 

Quoi de pire qu'un confinement pour communiquer ? Et pourtant les italiens chantent aux balcons, on a vu des policiers offrir des sérénades à des villageois pour les réconforter, à Paris des rues entières organisent des concerts du soir, des lectures de poèmes, des manifestations de gratitude, c’est cela la vraie culture, la belle, la grande culture dont le monde a besoin, juste des voix qui chantent pour juguler la solitude.

 

 

C’est le contraire de la culture des officines gouvernementales qui ne se sont jamais préoccupées d'assouvir les besoins des populations, de leur offrir ce dont elles ont réellement besoin pour vivre, mais n'ont eu de cesse de conforter les élites, de mépriser toute manifestation culturelle qui plairait au bas peuple.

 

 

En ce sens, l'annulation du festival de Cannes est une super bonne nouvelle.

 

 

Après l'explosion en plein vol des Césars manipulés depuis des années par une maffia au fonctionnement opaque et antidémocratique, après les scandales des abus sexuels dans le cinéma, dont seulement une infime partie a été dévoilée, le festival de Cannes va lui aussi devoir faire des révisions déchirantes et se réinventer.

 

Ce festival de Cannes qui déconne, ou festival des connes complices d'un système rongé par la phallocratie, par la corruption de l'industrie du luxe, où l'on expose complaisamment de la chair fraîche piquée sur des échasses, pauvres femmes porte-manteaux manipulées par les marques, humiliées, angoissées à l’idée de ne pas assez plaire aux vieillards aux bras desquels elles sont accrochées comme des trophées, ce festival, mais venez-y en jeans troués et en baskets les filles, car c’est votre talent, vos qualités d'artiste qu'il faut y célébrer et non pas faire la course à qui sera la plus à poil, la plus pute !

 

 

 

 

 

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Si les manifestations si généreuses, si émouvantes des peuples confinés pouvaient avoir une influence sur le futur de la culture ce serait un beau rêve !

 

 

Pour terminer, je voudrais adresser une parole de compassion aux nombreux malades et à leurs proches, et leur dire que du fin fond de nos maisons ou appartements, enfermés que nous sommes, nous ne cessons de penser à eux et de leur souhaiter de se rétablir. Je ne suis pas croyante, les prières m'ont toujours fait rire, mais voilà que je me prends à prier pour que tous ces gens guérissent.

 

 

Cette prière ne remplacera jamais les soins de l'hôpital, le dévouement héroïque des soignants et une politique sanitaire digne de ce nom, mais c’est tout ce que je peux faire, alors je le fais, en espérant que les ondes transporteront mon message, nos messages, d'amour et d'espoir à ceux qui en ont besoin."

 

 

Coline Serreau 

 

 

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Autre Envoi de Claire (Klaer)

La vie au ralenti, journal d'un confiné (14)



Point de vue économique...



  • JEAN-MARIE HARRIBEY

 

Maître de conférences d’économie à l’Université Bordeaux IV. Pendant la première moitié de sa vie professionnelle, il a enseigné en lycée, et, pendant la seconde, à l‘Université où ses recherches portent sur la critique de l’économie politique, les concepts de valeur et de richesse, le travail, la protection sociale et le développement soutenable. Il a notamment publié La richesse, la valeur et l’inestimable, Fondements d’une critique socio-écologique de l’économie capitaliste (Les Liens qui libèrent, 2013)

 

  • 30/03/2020

 

  • 30 mars 2020, quatorzième jour de confinement

 

  •  

    ".... Camarade Gaël Giraud, permets-moi, au-delà d’un large accord sur la nécessité, après le coronavirus, de changer radicalement de direction économique, d’exprimer un désaccord sur l’analyse de la situation.

 

  • Gaël Giraud explique que la crise économique actuelle, consécutive à la pandémie, ne ressemble pas du tout à celle de « 2008 ». Cette dernière, dit-il, avait une origine financière, alors que l’actuelle se situe dans « l’économie réelle » qui s’arrête brutalement de produire ; donc choc d’offre en même temps que choc de demande puisque les revenus distribués chutent.

 

  • Pardon, mais c’est factuellement douteux, sinon faux. D’abord, un détail qui n’en est pas un : la crise dite de 2008 doit en réalité être datée de 2007. En effet, la descente aux enfers du marché immobilier états-unien s’est produite au printemps et à l’été 2007, provoquant la crise dite des subprimes, et en cascade l’effondrement bancaire, lequel a connu son point d’orgue en septembre 2008 avec la mise en faillite de Lehman Brothers. Ensuite, d’où vient cette crise financière ?

 

  • Eh bien, elle marque l’aboutissement d’une longue période de financiarisation de l’économie capitaliste parce que la classe bourgeoise mondiale pensait pouvoir pallier indéfiniment la chute de rentabilité des investissements productifs par une fuite en avant financière.

 

  • Mais la réalité était là : dans l’économie réelle, comme dit Gaël Giraud, la productivité du travail, qui commande toujours en dernier ressort la rentabilité du capital, avait amorcé dans le monde entier un ralentissement très net depuis 15 ou 20 ans selon les pays.

 

  • Quand l’exploitation du travail dans l’économie réelle ne peut être accrue suffisamment, la bulle du capital fictif éclate. C’est ce qu’il s’est passé en 2007. Quand l’exploitation du travail s’arrête pour cause de pandémie, l’économie réelle se fige. C’est ce qu’il se passe en 2020. D’ailleurs, on aurait quelque pudeur à s’affirmer écologiste tout en niant que le capitalisme mondial ne se heurte pas à la finitude de la Terre et que celle-ci ne pèse pas sur sa dynamique.

 

 

 

 

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  • Donc, une fois de plus, crise non pas conjoncturelle due à un choc « exogène », mais crise structurelle multidimensionnelle profonde.

    Mais, camarade Giraud, si nous divergeons quelque peu sur la nature de la crise, nous sommes d’accord sur la transition soutenable qu’il faudrait engager.

 

  • À partir du seul bon côté de cette pandémie : l’idée qu’il faut continuer de travailler pour satisfaire les besoins « essentiels » s’est imposée comme une évidence, ce qui signifie qu’il faut, le temps de la pandémie, abandonner les activités « non essentielles ».

 

  • C’est une avancée considérable si la crise actuelle met en débat public une définition des besoins qui serait progressivement débarrassée des normes fixées par le capitalisme productiviste et consumériste.

 

 

 

 

  • Le problème énorme est de délimiter le périmètre de ces besoins.

    Certains besoins s’imposent facilement : alimentation, logement, santé, éducation, protection, recherche… Et, surprise, arrivent en bonne place les services publics non marchands. Et donc les travailleurs qui les produisent. Dira-t-on jamais assez combien se trompent et nous trompent tous ceux qui clament que le travail effectué dans les services non marchands est financé par un prélèvement sur le secteur marchand.

 

  • Mais, d’une part, aussitôt vient en discussion la qualité de cette production : mal-bouffe industrielle ou nourriture biologique, logement passoire thermique ou logement bien isolé, santé et éducation à plusieurs vitesses ou solidarité ?

 

 

  • D’autre part, le grande interrogation porte sur les points de suspension à la fin de la liste ci-dessus : où s’arrêtent les besoins essentiels ? On n’aura pas de peine à éliminer de cette liste la publicité, les instruments de répression des mouvements sociaux comme le flash-ball, les intrants chimiques dans l’agriculture et l’industrie, le sport spectacle à coups de millions ou de milliards, la Bourse… (toujours des points de suspension…).

 

  • La discussion risque d’être plus difficile sur les produits de haute technicité : quid de la 5G ? Peut-on dissocier les avantages apportés et les dégâts causés par l'économie, par la robotisation, l’intelligence artificielle ? Comment ne pas entraver la liberté des individus de se déplacer et en finir avec le tourisme dévastateur ?

     

  • L’addiction aux produits de haute technicité et aux voyages exotiques est devenue telle qu’on ne peut se contenter de faire appel à la responsabilité individuelle car elle est désormais un problème de société.

 

  • Et il ne faut pas espérer que le marché soit capable de délivrer lui-même les clés de choix répondant à des objectifs sociaux et écologiques.

 

  • L’urgence sanitaire impliquée par la pandémie du Covid-19 a fait oublier les oukases visant à restreindre l’ampleur de l’État-providence. On aurait tort, une fois l’orage calmé, de revenir aux préceptes néolibéraux. Les problèmes collectifs ne se résolvent pas à l’échelle individuelle. Ils impliquent l’élaboration d’une planification, mais qui ne soit pas définie étatiquement et centralisée, mais en réunissant travailleurs, citoyens-consommateurs et collectivités locales à l’intérieur même des entreprises et des administrations publiques.

     

    « Tout homme s'applique à susciter chez l'autre un besoin nouveau pour le contraindre à un nouveau sacrifice, le placer dans une nouvelle dépendance et l’inciter à un nouveau mode de jouissance, donc de ruine économique. Chacun cherche à créer une puissance étrangère qui accable son prochain pour en tirer la satisfaction de son propre besoin égoïste. Ainsi, avec la masse des objets, l’empire d’autrui croît aux dépens de chacun, et tout produit nouveau devient une nouvelle source de duperie et de pillage réciproques.

    En se vidant de son humanité, l’homme à toujours besoin de plus d'argent pour s’emparer de l’autre, qui lui est hostile ; et la puissance de son argent diminue en raison inverse de l’accroissement du volume de la production, autrement dit son indigence augmente à mesure que croît le pouvoir de l'argent.

 

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    (Karl Marx, Manuscrits de 1844, dans Œuvres, Gallimard, La Pléiade, tome II, 1968)

 

 

 

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04/04/2020
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