Les dits du corbeau noir

BELLE-ILE LA BIEN NOMMEE (2023) TEXTE BRAN DU 12 05 MAI

 

 

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 Photos Bran Du

 

 

 

Bran du se met au repos du 13 au 28 MAI... D'ci là il ne sera pas en mesure de répondre à vos courriers et messages.

Rendez-vous de nouveau fin mai.

D'ici là gardez-vous dans la bonne joie des yeux et du coeur.

Bien fraternellement     Bran Du

 

Pour vous faire patienter et partager avec vous ma joie insulaire à venir je vous offre le texte ci-joint...

 

 

 

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L'Isle Belle la bien nommée.....

Bran Du               Mai 2023

 

L'état d'insularité concentre et condense la pensée là où un vaste continent la disperse....

 

Elle offre un « microcosme » à la fois paysager et humain...

 

C'est le lieu par excellence pour « enfanter », pour mettre et offrir au monde les graines et semences de ses emblaves et de ses moissons...

 

L'introspection auquel on s'adonne alors met au jour richesses et trésors...

 

C'est aussi un espace favorable à l'interpénétration des êtres et des choses, un temps exquis de complicité diverses et variées, d'entendements et d'affinités avec soi-même et ce qui l'anime de vrai, de vif, de tendre et de beau...

 

On y fait rencontre avec l'intimité de soi, on y promène des sentiments qui goûtent et se saoulent enfin à la liberté des vents et des embruns, à la forte senteur des algues et à celle du caramel estival des ajoncs...

 

On y a rendez-vous avec une sauvagerie amicale qui nous rapproche de nous-mêmes dans l'accueil et l'acceptation consciente des forces, des énergies et des lumières qui nous traversent de part en part...

 

Nous marchons par endroit sur les terres de l'Origine, de l'Elémentaire, du Primordial et nous retrouvons lors le berceau de l'humanité avant qu'elle ne dévie et se fourvoie vers les phares éblouissants et destructeurs du non-être et les séductions et emprises de « l'avoir »...

 

IL nous est donné ici de retrouver et de découvrir ce que « respirer veut dire » et ce que « vivre » signifie...

 

Il doit en être de même pour la conjugaison du verbe aimer....

 

 

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Le caractère insulaire forme, instruit, enseigne et inspire le nôtre... On apprend à son contact les contours, les frontières, les limites et ce qui nous permet de les dépasser, de les transcender...

 

Parce que nous sommes entouré d'eau nous devenons ou redevenons une sorte de fœtus relié intimement, charnellement, sensuellement, voluptueusement à la mer...

 

Ce cordon ombilical fait reliance, alliance, recouvrance et restitution avec un corps d'essentialité et une pensée symbiotique...

 

L'absence se fait présence, l'éloignement proximité, la carence fait place à la plénitude...

 

Le vase que nous sommes s'emplit d'un bouquet de couleurs, de formes, d'odeurs fortes ou délicates et trouve table d'hôtes pour se poser en compagnie de l'échange,de la rencontre, de la découverte et du partage....

 

La poésie possède son île d'élection en cet espace mouvant et émouvant qui à la fois vous découvre et vous recouvre quand le point de nudité nécessaire pour cela est souverainement atteint...

 

La poésie ; soit la vie qui se manifeste, s'exprime, s'ébat, étreint, jouit, exalte, joue, s'offre, donne, reçoit, contemple, médite, exalte, s'enflamme, ruisselle et s'écoule d'un bord à l'autre de l'âme convoquée à jouissances...

 

C'est un temps béni, un lieu consacré, pour renouer avec l'enfance du Monde, pour être invité aux noces et lunes de miel de l'Univers...

 

Chaque cap qui ourle son pourtour est un promontoire, un tremplin pour une pensée qui y déploie ses ailes...

 

Un feu céleste s'y lève et s'y noie ; aurore enfantant le jour et crépuscule le portant en terre dans la flamboyance d'un ciel se recouvrant de l'épaisse cape des deuils...

 

Les vagues y façonnent l'argile du rivage et lissent les pierres de mémoire où s'entrechoquent au rythme des roulis les temps anciens et les temps nouveaux...

 

 

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En ce royaume insulaire de Bretagne ou l'océan est roi et reine la terre, nous bénéficions d'une régence sereine qui résulte de leur concorde, de leurs ajustements permanents, de leur cohésion intime et profonde, de leur complicité tacite, de leurs joyeux ébats lesquels imprègnent le corps, le cœur, les sens et l'esprit de qui en perçoit, en ressent, en accueille les multiples, sensuelles et voluptueuses manifestations...

 

Oui, manifestement, l'Amour y fait séjour et tout ce qu'il investit de son rayonnement, de ses radiations, de ces effluves, de ces phéromones percute les volets de notre être qui se veulent lors grandement ouverts et offerts à une telle visitation...

 

La beauté se condense là, irradie à travers un champ d'asphodèles, se mire dans la transparence verte et bleu d'une crique, se teinte les joues de bruyères vagabondes...

 

Elle rééduque notre regard cerné de verre et d'acier, soulève notre urbaine paupière et fait vision de splendeur de la contemplation qui s'offre sans retenue, sans limite, sans pudeur, sans artifice à tous nos sens convoqués afin de concélébrer une révélation, une « illumination » qui vous font frissonner tout le corps et palpiter vos pensées...

 

Isle Belle la bien nommée...

 

L'alouette y chante l'été dans la verticale du ciel, l'eau coule, gambade, dans les vallons comme les agneaux de février...

L'aubépin, l'églantier, y rivalisent de blancheur pour tisser dans les haies au printemps une robe de mariée...

 

Au vol soyeux des tourterelles répond le cri rauque des faisans alors que les lièvres boxeurs rivalisent de force, de souplesse et d'endurance pour séduire et conquérir la « Belle »...

 

Ici l'attention s'impose face à toute précipitation...

 

Le temps n'étant qu'une convention humaine se plie ici à quelques distorsions, à quelques parenthèses, à quelques fantaisies...

 

Le vieux moulin s'ourle du collier fauve des ophrys, la chouette effraie y a fait son nid et hulule dans la nuit pour amadouer la lune retirée en son quartier...

 

Dans le pentu des falaises résident des grottes qui sont autant de matrices, d'antres maternelles, féminines dont la pénétration trouble et affolent tous les sens...

 

Chacune est un rappel de cette caverne où résida une prime humanité...où, un jour et sans doute davantage une nuit, une flamme lécha les parois obscures d'une humanité naissante...

 

Nous sommes là face aux mystère, face à l'énigme même de la Création... Nous y sommes empreints de l'ocre des origines. Le cœur y retrouve ses premiers balbutiements, la peau ses premières caresses, le corps ses premiers émois...

 

Existe-t-il en ce monde un autre lieu si propice, si favorable au fait d'aimer et d'être aimé ?....

 

 

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12/05/2023
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