Les dits du corbeau noir

Ouvrage et photo Bran du

BARDI de la « Rénovation » Bran du 17 08 2021

« Il est venu trois fois neuf oiseaux blancs avec des chaînes d'or rouge. Leur chant à fait retentir sur les murs de Tara une musique merveilleuse telle qu'il n'y aura plus ni tristesse, ni crainte, ni chagrin, ni angoisse, ni absence de divertissements... »

La Veillée de Fingen...

(Annonces de la Fée Rothniàm « La Roue de Splendeur » à propos d'un nouveau règne à venir.)

Le Saumon, celui-là est de grande mémoire aux flux de l'océan...

C'est lui l'Ancien de tous les Anciens... L'Aigle n'est venu qu'en second après lui... Flux et reflux dans la mémoire des hommes aussi...

Certaines nuits me viennent des écailles sur la peau !...

« L'Inspiration que je chante me vient des profondeurs. »

(Taliésin)

Je suis né de la mer... La 9ième vague m'a enfanté...

J'ai serpenté le long du rivage des mondes...

Des cygnes blancs au loin, dans leurs plumes de lumière...

Trois cormorans remontent des abysses du temps...

Merlin, jadis cherchait en ces lieux l’œuf de serpent-marin...

L'homme à la tonsure, celui-là avait la croix mordante...

Il voulait faire du loup un chien léchant la crosse de son bois...

Oui, mais voilà, Merlin n'est pas de cette loi qui fait de l'homme un esclave pour l'homme de foi autant sourd qu'aveugle !...

Visions me visitent et songes de même...

Je vois au-delà du regard, par-delà l'horizon que scrutent mes yeux :

Noirs sont les nuages qui s'amoncellent... et épais le brouillard qui nimbe les cœurs...

Ne sont plus les feux sur la colline...

Triste est le printemps sans la danse des feuilles....

Il n'est plus d'agneaux dans le pré...

Le rouge émoi ne vient plus troubler le rêve des jeunes filles...

Il n'est plus d'eau à venir sur les lèvres de ceux et celles qui ont soif véritable... On a fait rouler des pierres sur les lèvres de la source...

Plus de pommes au pommier...

Tant d'humus dans l'attente des semences...

Tant de terres sans labours ni moissons...

Toujours plus noirs sont les jours qui s'étendent au-delà de l'hiver...

L'homme cherche désespérément la femme et la femme cherche désespérément l'homme, tous deux en quête de convergence d'entendements... Année de deuil pour les noces et fiançailles...

Ceux-là et celles-là ne savent plus le bon ajustement entre ce qui Fût, ce qui Est et ce qui Sera...

L'orgueilleuse régence des hommes a oublié la juste mesure... L'avarice marche au bras de la jalousie...

Le mensonge est un constant apprentissage...

La vérité est clouée sur les portes du non accueil.......

Où est-tu, en quelle clairière, en quelle crique sauvage, en quelle fleur éclose, en quelle main ouverte, en quelle promesse enfin tenue, en quels rires d'enfants, o Aife, si belle, si plaisante, si radiante et si rayonnante ?...

J'ai là, au creuset de mon cœur larges sillons pour tes graines... Fais en moi germer ton ensemencement d'Amour...

Portes, veux-tu ta flamme au foyer de ma vie...et que pétille lors le brasier d'étincelles afin que soit la danse rougeoyante de ce qui s'en va, flamboyant, dans la félicité du ciel...

J'irai le chant de ma vie finissant, j'irai l'écume des jours aux lèvres, la sève des nuits perlant de mes songes arbustifs, j'irai la rousse résine s'écoulant de mon tronc éclaté, j'irai en la résidence d'Achab Alba (le Champ des Pommes), en la Plaine des Pommes d'Emain Ablach, en la grande Pommeraie de Joie, j'irai étoile au cœur dans la Quintessence plénière de l'Insula Avallonis, j'irai allégé de corps et de chair, illuminé et rayonnant d'esprit...

Fintan aux genoux blancs, Tuan mac Cairil, illustre navigateur, Bran le grand coursier des mers, accueillez de la vie l'humble et fidèle serviteur...

J'ai hâte, O Ferchertne, de dialoguer avec toi, de tisser le lin de la sagesse et de recoudre la toile des origines...

Le ciel se charge d'ombres menaçantes, le soleil se noie dans un bain de sang, La lune est sans enfants de lumières, sans femme l'implorant...

O vous à la parole de miel, aux géantes mains d'Amour, a la saie étincelante, incantez à l'aurore, incantez au crépuscule, incantez dans la ronde des saisons, incantez à l'oreille de l'hiver...

Insufflez le breuvage de vie, la liqueur du don, l'élixir de l'offrande, l'ambroisie de la bonté et de la bienveillance...

L'alauda (*) monte et se hisse, droite, verticale, sous la voûte du ciel...

Je m'élève avec elle, mon chant me porte comme des ailes...

J'ai breuvage d'azur, je suis enrobé par la Farine de l'Air...

Le vent est mon chant, le vent est mon chant....

Ma vie est soleil, ma vie est soleil...

Et j'ai rosée d'aurore sur les feuilles de mon être...

Plus sage est sanglier que ne l'est le cerf...

Plus sage est le cerf que ne l'est le faucon...

Plus sage est le faucon que ne le sont l'aigle ou le corbeau...

Plus sage encore est le saumon que ne le sont l'aigle, le corbeau, le sanglier ou le cerf...

C'est lui le plus Ancien du Monde, le Merle lui-même l'écoute et prend conseil auprès de lui...

Fintan, c'est lui qui recoud par sa parole de pierre les fils rompus de la Grande Mémoire, lui qui a connu les cinq conquêtes, les cinq peuplements, de l'Irlande, lui qui a traversé le Déluge et l'envahissement des terres...

Protégé dans l'antre matricielle de la Terre, dans le tronc moussu et creux d'un grand chêne... Il a vu débarquer les gens de Partholon, Césair et sa tribu de femmes toutes décimées par une terrible épidémie. Les Nemed ont suivi puis les Fir Bolg associés aux Fomoire (des démons nocturnes) combattus victorieusement par les Thuata De Danann sous l'autorité suprême et royale de Lug et enfin les nouveaux arrivants : les Goidels...

Celui-là sait d'où nous venons et toutes les circonvolutions du grand serpent qu'est le temps... Il ne compte plus les tours qu'on fait la roue dans les grandes prairies de l'espace...

Fintan Mac Bôchra auquel succédera Tuan Mac Cairil, lui aussi recoudra l'étoffe du passé afin que nous ayons encore et toujours couverture de rêves et de songes...

Par eux, nous savons les pères et les fils, les mères et les filles, la graine des plantes, la semence des arbres et les semailles humaines...

Nous savons qui à porté le soc dans le labour des siècles...

Qui a tiré au puits l'eau jouvencelle de la Vie...

Qui a creusé la première ornière d'un cheminement terrestre...

Qui, enfin, à tracé à la craie, sur la poitrine de Mère, le premier Cercle d'Amour....

Math et Gwydion, Aranrod, la Roue d'Argent, Lleu et Dylan les jumeaux divins, Yspaddaden le Géant et Olwen aux rayons d'or... Ceux-là et celles-la aussi sont les Anciens et Anciennes du monde... Chacune et chacun employés à faire naître une étoile dans le ciel...

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Il me faut parfois marcher sur les éclats d'un cœur brisé par la douleur...

Mes forces de vie se sont retirées au plus loin de mes rivages et il n'est plus de bandeau d'écume à ceinturer mon large front...

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Triomphant, il est vrai, le Grand Artisan, lors du second combat en la Plaine des Piliers...

Les corneilles sautent d'un cadavre à l'autre...

La pluie lave les lances couvertes de sang...

Balor a perdu son œil unique et avec lui la vie...

Bres, le roi vaincu, a négocié la sienne et livre à Lug les grands, fertiles et féconds secrets de la terre, l'art de semer et de moissonner...

Redistribuées sont les richesses, à part égale et pesée...

L'équilibre et l'harmonie chantent de concert sur la branche reverdie de la Belle Saison...

Tambourins et sonnailles s'épandent dans la cour du Royaume rénové...

Joutes et clameurs sous l'oriflamme de lumière...

Ce ne sont que courses effrénées de chars, que lancers de pierres par-dessus les murailles, que jeux d'adresse et d'agilité...

Tous et toutes à terrasser les ombres, à remettre l'If, le Frêne et le Chêne dans leurs racines, à reprendre sève dans l'aubier de la renaissance...

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Celui-là ne tremble pas, celui-là pour lequel la pierre a crié...

Celui-là souverain en royauté...

C'est lui l'élu de la Reine, de la grâce souveraine...

Belle régence, juste et mesurée...

Les branches croulent dans les vergers...

Les agneaux gambadent dans les prés...

Abondance de biens, abondance des récoltes...

Le lait coule aux robustes mamelles gonflées de printemps et d'été...

Le soleil pousse les vifs troupeaux sur les pentes de septembre...

La bière jaillit des tonneaux et la joie est immense...

Chacun à sa place, chacun à son rang, acclame l'éloquence...

Il n'est ici d'habit que vêture d'Esprit...

La Vie, la Vie, la Vie est recouvrance !

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