Les dits du corbeau noir

LA CREATION ARTISTIQUE PAR CHRISTIAN TUAL 2018 BRAN DU 14 11 NOVEMBRE

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Oeuvre gravée de Christian Tual lequel a fait sa formation de graveur auprès de Xaxier de Langlais et Carmello de la Pinta... Les oeuvres de Christian Tual qui suivent sont des illustrations du légendaire de Bretagne et d'Irlande.

 

 

 

 

La création artistique par Christian Tual

(Support de conférence sur ce sujet) Réflexion et étude Novembre 2018

 

 

Je suis très heureux de pouvoir publier avec son accord cette très belle réflexion sur le thème de la création rédigée par mon ami Christian Tual (peintre, graveur, musicien, photographe, conférencier, professeur d'arts plastiques et écrivain....)

 

Je n'ai rien à ajouter à ses sages propos qui éclairent le sujet de très belle façon et qui explorent, approfondissent et

élargissent tout autant les différents sens donné à celui-ci...


C'est là une belle écriture qui puise dans de belles pensées qui invitent tous et chacun à se vouloir pleinement « créateur de vie, acteur du vivant »...

 

Le mot lui-même ouvre un éventail assez conséquent de réalisations parcourues et évoquées par l'auteur qui a une belle maîtrise de son sujet...

 

Christian Tual sait de quoi il parle, il fait expérience régulière et quasi quotidienne de « l’œuvre créatrice » et en enseigne les arcanes majeurs depuis de très nombreuses années...

(Voir en fin de cette étude les stages proposés par lui en 2019 ; stages qui rencontrent un très mérité et légitime succès chaque année.)

 

Ce n'est pas seulement une belle et érudite rédaction étayée de citations choisies et pertinentes pour illustrer le propos, c'est un appel jaillit du fond du cœur qui propose de mettre la Création au cœur même du battant et du frémissant de la Vie...

 

 

Bonne lecture... Bran du       Novembre 2018

 

 

 

 

 

 

 

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Les domaines de la création sont innombrables et son champ d’action touche à toutes les activités humaines : la cuisine,

le jardinage, le bricolage, les métiers, le monde de l’entreprise, de l’économie, des techniques, de l’informatique et du numérique, le monde littéraire, architectural, territorial, stratégique, scientifique, mathématique, social, organisationnel, pratique ) etc. Il n’est pas nécessaire d’être un artiste pour être créatif !

 

Il n’y a qu’à regarder le nombre incroyable des brevets d’invention déposés chaque année dans le monde, ne serait-ce qu’en France ! Il en existe des milliers et bon nombre d’entreprises innovent mais certains particuliers sont également créatifs et innovants. Qu’ont-ils de plus que nous ?

 

 

Pourquoi l’homme se sent-il porté à créer ? Quand parle-ton de création ?

 

Nous sommes tous potentiellement des créateurs qui parfois s’ignorent… Chacun de nous dispose de la faculté et de la liberté de créer mais nous n’y croyons pas vraiment. Henri Miller affirmait « qu’il ne se passe pas de jours que nous ne menions à l’abattoir les plus purs de nos élans. »

La faculté de créer est pourtant l’un des plus beaux cadeaux que la vie nous ait donné.

 

Pierre Reverdy disait « que le propre de l’homme est son inexplicable besoin de merveilleux. »

 

Pourtant, nous sommes souvent passifs et attendons que les autorités nous dictent notre conduite et nous disent quoi faire, comment nous comporter. Nous vivons bien souvent notre vie par procuration, à travers les people. Nous avons tous le pouvoir merveilleux de faire jaillir la vie et d’y participer.

Oscar Milosz affirmait : « Ce n’est pas ce qui vient à nous, mais bien ce qui vient de nous qui est la vie véritable. Être, c’est créer et non recevoir la vie. »

 

 

Devenir créatif, c’est avant tout reprendre sa vie en mains, devenir « acteur » et ne pas se contenter d’être un spectateur. C’est se vouer de tout son possible à tout ce qui est possible. La vie demande notre participation, elle nous demande de nous impliquer, d’entrer dans la danse ou sur le terrain de jeu, au lieu de rester des regardeurs extérieurs qui restent sur la touche.

Sommes-nous d’accord pour être ouverts à la vie, aux autres, aux situations qui se présentent à nous ?

 

 

 

L’inconnu nous désarçonne, il nous effraie. Pourtant, quelle chance d’être surpris ! Si l’imprévu frappe à notre porte, c’est justement pour nous inviter à réagir. Écoutons ce que nous dit Rainer Maria Rilke : « Nous devons accepter notre existence aussi complètement qu’il est possible. Tout, même l’inconcevable, doit devenir possible. Au fond, le seul courage qui nous est demandé est de faire face à l’étrange, au merveilleux, à l’inexplicable que nous rencontrons. »

 

 

 

 

 

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La notion de créativité est apparue récemment puisque l’académie française l’a adoubé en 1970 « comme synonyme d’inventivité. »

 

Définition : La créativité pourrait être considérée comme la capacité et le pouvoir qu’a un individu d’imaginer et de réaliser quelque chose de nouveau, ou de trouver des solutions originales aux problèmes d’adaptation auxquels chaque être humain est confronté. Une société qui se contente de copier, sans innover, risque de se refermer sur elle-même.

Nous ne pouvons pas nous contenter de répéter sous peine de nous enfermer dans la prison des habitudes.

 

Bien que souvent associée à l’art et à la littérature, la créativité est une part essentielle de l’innovation. Quel que soit notre domaine d’activité, nous pouvons être créatif et sommes invité à l’être.

 

L’acte créatif peut être considéré comme le fruit d’une volonté de puiser des informations provenant de la mémoire (logique ou irrationnelle) et de les réorganiser de manière nouvelle, poussé par l’imagination, l’instinct, l’inspiration, les émotions fortes ou tout autre moyen qui pousse le créateur « en dehors des sentiers battus .

 

 

L’acte créatif est aussi qualifié « d’œuvre de l’esprit » et est protégé par les lois sur la propriété intellectuelle.

De nombreuses qualités de l’enfance - telles que l’imagination, la spontanéité, la sensibilité – sont fréquemment associées aux conditions qui favorisent la créativité.

C’est la raison pour laquelle de nombreux créateurs ont pris comme modèles les enfants et les fous. (ex. Dubuffet).

 

 

Il n’y a toutefois véritable créativité que s’il y a mise en application pratique, la réalisation d’une œuvre.

C’est seulement alors qu’on peut parler d’acte créatif et non de simple imagination. L’acte créatif reste très mystérieux

et trouble même souvent les personnes créatrices.

 

 

Cette remarque nous amène à nous poser une nouvelle question : Qu’est ce que l’inspiration et d’où vient-elle ?

 

 

C’est un peu court d’affirmer qu’une inspiration est une idée qui vient du plus profond de nous ou que parfois, quelqu’un ou quelque chose peut inspirer une nouvelle idée.

Selon Platon, « l’inspiration serait un état de conscience particulier, dans lequel se trouve mis entre parenthèses la petite personne, au profit d’une puissance qui la dépasse. »

 

Le poète doit sentir ce souffle de l’Esprit le traverser sans quoi il ne pourra rien créer de grande valeur. « Le poète est chose légère, ailée, sacrée et il ne peut créer sans inspiration, sans être hors de lui et perdre l’usage de la raison. » affirme encore Platon. S’il le faisait, il n’obtiendrait tout au plus que le produit d’un peu de talent, mais c’est tout.

 

 

Ce n’est pas l’élément humain qui est essentiel , ce n’est pas ce que le poète met de lui qui fera la valeur d’un poème, mais, au contraire, c’est ce qui le dépasse, l’élément supérieur et irrationnel qui le traverse. C’est comme si l’artiste, tant que dure l’inspiration, était au fond seulement un canal, un instrument.

 

Rimbaud disait : « JE est un autre » comme pour s’étonner de cet autre moi-même

 

 

que je ne connaissais pas et qui est capable de créer quelque chose qui n’a jamais existé. Et Gauguin de dire : « Ce que je cherche avant tout, c’est un coin de moi-même encore inconnu. »

 

C’est très mystérieux de se découvrir « autre » et parfois, plus grand, plus riche, plus profond qu’on se l’imaginait…

D’où cela vient-il ? Nous sortons là du domaine de la rationalité pour entrer dans un domaine que l’on qualifie de « mystérieux » faute de pouvoir le qualifier. Dans la littérature classique, on parle de l’inspiration comme du « baiser des muses ».

 

 

 

 

 

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Alors c’est quoi créer ?

 

C’est faire quelque chose qui est différent à chaque fois et qui échappe à la répétition. C’est un mouvement, une mise en mouvement qui fait passer de l’état de spectateur (passif) à celui d’acteur (actif).

 

Pour moi, la création, c’est quelque chose qui part de l’intérieur, du cœur et pas seulement de la tête.

Il y a d’abord les impressions, les sensations et ce que l’on ressent.

Et c’est parce que cela nous touche ou nous bouleverse que nous sommes appelés à exprimer.

 

 

IN = inspiration. Ex= expiration, expression.

Sans inspiration, sans impressions, il ne peut y avoir de création.

 

« Toute création part de l’intérieur et non de l’extérieur » affirme Kandinsky l’un des fondateurs de la peinture moderne.

 

Nous avons ce pouvoir merveilleux de faire jaillir, de créer la vie, d’y participer. C’est précisément la fonction de l’ART de faire naître, de faire advenir.

 

« C’est ma main qui me montre ce que j’ai dans mon esprit » disait Picasso. La main sait mieux que le cerveau. Et Soulages : « C’est ce que je fais qui m’apprend ce que je cherche. »

 

Manifester, faire avec la main, exprimer ce qui est au fond de soi par le geste et le corps.

 

Une oeuvre véritable nous invite à méditer sur plus vaste que soi afin de retrouver le sens caché de la vie que nous avons perdu :

 

« Voir le monde dans un grain de sable

Et le paradis dans une fleur sauvage

Tenir l'infini dans le creux de sa main

Et l'éternité dans une heure. » William Blake.

 

 

 

On associe souvent l’acte de création à l’art parce qu’un artiste est « un faiseur d’œuvres », un créateur. On parle alors de « création artistique ». On parle de la puissance créatrice de Picasso, du génie créateur de Léonard de Vinci, de Mozart ou de Victor Hugo.

 

 

 

 

 

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Le mot « création » a également une connotation théologique très marquée.

Pour beaucoup, la Création est envisagée comme un acte absolu, Création ex nihilo, qui à partir du néant, crée le Tout, l’Univers.

 

Dans cette conception, la Création ne partirait de rien et ne serait déterminée par quoi que ce soit. Le créateur resterait transcendant à sa création placée en dehors de lui.

 

Pour les Grecs, la Nature est immortelle et Platon pensait que le créateur serait une sorte de démiurge qui met en forme le cosmos selon des rapports idéaux dont le secret réside dans les nombres. Ce qui tendrait à dire que le geste de la Création serait une mise en forme d’une Matière qui préexiste.

 

On parle ici plutôt de manifestation car s’il y a bien une création, celle-ci n’est pas un commencement absolu, elle ne part pas de rien.

 

De ces deux interprétations de la création, seule la seconde a quelque chose à voir avec le travail de l’artiste.

 

En effet, l’artiste ne crée pas à partir de rien : il met en forme un matériau qui préexiste à son action, il taille la pierre, il sculpte le bois, il organise des sons, des formes, des couleurs, il met en forme les mots…

 

En créant, l’artiste s’élève et se rapproche de l’acte de création dans l’Univers : il n’y a pas de fossé absolu entre l’artiste universel qu’est la Nature et l’artiste humain. Cela ne veut pas dire qu’ils opèrent de la même manière : dans la création humaine, le sujet se distingue de l’objet.

(l’artiste est distinct du marbre qu’il sculpte, de la feuille blanche sur laquelle il dessine.)

 

La Forme, il la trouve dans son propre esprit alors que dans la nature, la rose s’épanouit d’elle-même. La nature est un artiste intérieur tandis que l’homme est un artiste extérieur à son objet. Par ailleurs, la nature ne fait jamais rien au hasard, ni en vain.

 

 

 

 

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Je vais essayer maintenant d’aborder la création artistique et d’en dégager les points principaux :

 

 

I - Tout d’abord, on parle de création lorsqu’on évoque une innovation.

 

On parle de création lorsque surgit à travers l’œuvre, quelque chose de neuf. Un créateur, c’est d’abord quelqu’un qui innove, qui apporte du nouveau à ce qui existe. Un créateur ne peut pas se contenter de copier, de représenter, il présente une œuvre originale. Nul ne peut créer s’il copie quelque chose qui existe déjà. Créer, c’est faire preuve d’originalité, c’est la marque d’un travail singulier.

 

La création est toujours une aventure dans la mesure où l’on découvre à chaque pas, quelque chose qui se révèle à nous et que nous ne connaissions pas.

 

Pour entrer dans un processus de création, il est nécessaire de renoncer à nos vieux modes de fonctionnement.

 

 

 

Donc créer, c’est initier, c’est commencer, c’est ouvrir de nouvelles possibilités, de nouvelles potentialités, de nouvelles perspectives.

C’est apporter du nouveau par rapport à l’existant. Ce « nouveau », ce « jamais-vu, ce « jamais entendu », nous ouvre vers un ailleurs en créant un espace totalement nouveau, encore inconnu pour nous jusque-là.

 

Un artiste met au monde, il « accouche » d’une œuvre, il montre un nouveau chemin. Créer, ce n’est pas fabriquer, imiter ou reproduire car la fabrication, c’est la répétition. Créer c’est aller vers l’inconnu, le nouveau, l’impensable, l’inimaginable.

 

 

Cela suppose de renoncer au déjà-vu, au déjà connu, aux habitudes, à ses acquis. Pour créer, il est souhaitable de renoncer au savoir et au vouloir.

Se taire, laisser la place, tout comme le paysan laisse agir la puissance de vie, une fois la terre préparée et labourée pour recevoir les semailles et enfanter la récolte.

 

 

Une véritable œuvre d’art possède une vie intérieure qui exerce à l’extérieur, de par son rayonnement, une force d’attraction.

« Puisez dans vos propres capacités ; n’imitez jamais. » Emerson.

 

 

II - La création repose également sur un fondement : elle n’est fondée que dans la mesure où elle pose les bases d’une construction, d’une réalisation qui n’existait pas auparavant.

 

La création peut s’entendre également comme une fondation.

Si je crée une école de peinture ou de poésie, cela signifie que je pose les pierres d’un édifice qui n’existait pas jusqu’à présent. La création-fondation pose de nouveaux fondements, de nouvelles règles.

 

On peut donc créer en donnant une impulsion initiale qui ne demandera ensuite qu’à germer, en ouvrant de nouvelles pistes qui seront imitées ensuite, en inventant de nouvelles règles, en initiant de nouveaux possibles ou bien, dans son sens le plus pur, en donnant la vie.

 

Par sa création, l’artiste fonde une nouvelle manière de voir et d’écouter. C’est ainsi qu’il nous séduit et nous enseigne. Corot, Manet, Monet, en se dégageant de la peinture académique ont montré qu’il n’y avait pas qu’une seule manière de peindre, que la beauté classique ne pouvait à elle seule inclure toute l’idée de beauté.

 

Avec sa musique, Mozart a fondé un nouveau style de musique en apportant certaines tonalités qui étaient encore jusque là inexplorées.

Il a ouvert de nouveaux horizons, il a marqué à jamais la musique européenne de son empreinte et ouvert de nouveaux champs de découverte pour Beethoven, Schubert ou Brahms.

 

 

 

 

 

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III- Une œuvre d’art nous renvoie vers l’origine.

L’œuvre d’art nous place souvent en face de quelque chose qui était enfoui en nous et que l’on avait oublié ou que l’on voulait oublier.

Elle nous interpelle, parfois elle nous dérange.…

L’originalité d’une œuvre, c’est aussi ce qui renvoie vers une origine.

On peut faire création, non pas en faisant sensation, mais plutôt en permettant un rappel de ce qui était enfoui et que l’on voulait oublier ou de ce que l’artiste lui-même voulait oublier.

 

 

Chacun sait que les saisons ont leur musicalité propre. Verlaine en nous parlant des sanglots longs des violons de l’automne et Vivaldi en composant les quatre saisons n’ont fait que nous le rappeler. l’automne est une saison aux tons chauds et orangés, une saison qui incite à la nostalgie. Verlaine et Vivaldi deviennent créateurs en nous permettant de réentendre ce qui résonne en nous mais que nous avons perdu l’habitude d’entendre. Ils font œuvre de création en rendant audible ce qui nous était devenu inaudible.

 

 

IV- Créer, c’est le contraire de la destruction .

 

Détruire, c’est obliger à recommencer ou simplement interdire tout commencement par le découragement que la destruction produit. En revanche, une création initie, elle ouvre.

Une création fait naître en nous quelque chose qui est digne de naître, qui nous élève.

Car le contraire de la création, c’est la destruction ou la stagnation. Détruire, c’est rabaisser alors que créer, c’est élever. La création s’oppose à la destruction.

 

Il n’y a rien de plus terrible que d’attenter au pouvoir créatif de l’humain. Dans ce domaine, l’éducation joue un rôle essentiel.

Réduire les disciplines artistiques (musique, dessin, peinture, travaux manuels…) à des activités récréatives et secondaires, voire inutiles, est révélateur de l’ignorance de l’importance de ces disciplines dans le développement d’un être humain.

 

Regardez comment on vole l’imaginaire des enfants en leur vendant une enfance de gadgets qu’ils ne peuvent que détruire ! On les hypnotise face à la dictature des écrans de toutes sortes. « L’art est du domaine de l’imaginaire et nous a été donné comme contrepoint au monde matériel. De nos jours, nous vivons le triomphe de l’utilitaire : plus l’homme possède, plus il croit être heureux. C’est donc tout naturellement que l’on est arrivé à se persuader que l’art, et donc son apprentissage à l’école, ne servait à rien. Sans l’art, l’homme est certes efficace, mais au fond, il n’est guère meilleur qu’un chimpanzé se servant d’une pierre pour casser une noix. Or l’intelligence humaine naît du baiser des muses. »

Nicolas Harnoncourt.

 

 

Avons-nous oublié que lorsqu’on ne peut plus inventer, que l’on n’a plus accès à l’imaginaire, alors on ne peut que détruire ? Car c’est la même pulsion de vie qui nous pousse à construire ou à détruire. À chaque instant, c’est le choix que la vie nous propose : «  C’est comme tu veux, tu as le choix de construire un enfer ou un paradis ! »

 

 

 

V- Une véritable création donne à voir, elle nous fait vivre des moments inoubliables et magiques.

 

 

L’artiste ouvre quelque chose en nous lorsqu’il nous permet de voir ou d’entendre ce que nous n’aurions sans doute ni vu ni entendu par nous-mêmes. Une véritable création donne à voir, à entendre, à comprendre, à ressentir, à éprouver. L’acte créateur n’est grand que lorsqu’il nous touche et nous émeut, c’est-à-dire lorsqu’il nous remet en mouvement, dans le courant de la vie.

 

 

La création peut faire émerger dans notre être, non seulement du plaisir ou du bien-être, mais aussi des moments inoubliables, des instants magiques.

 

Homère et Molière nous parlent encore parce que la grandeur de leur travail a traversé le temps et continue à créer des émotions en nous.

 

Pour cela, l’œuvre doit être vivante. C’est la vie et le mouvement que l’artiste impulse dans son œuvre qui fait qu’elle devient une création. Il faut que l’on puisse y croire, y adhérer. L’œuvre d’art n’est pas sans esprit, elle a sa cohérence interne.

 

 

 

« Je vous dois la vérité en peinture et je vous la dirai. » s’écriait déjà Cézanne.

La vérité que cherche Cézanne n’a plus grand-chose à voir avec la ressemblance géographique. Ce n’est pas l’apparence de la Sainte -Victoire qu’il cherche à représenter mais à « recréer » la Sainte- Victoire à partir de ce qu’il perçoit d’elle.

 

Ce qu’il suggère par les moyens de la peinture donne à voir, à ressentir aux spectateurs qui sont libres ensuite de s’approprier la peinture…

Cézanne ne peignait pas l’extérieur des choses. Il peignait disait-il, « pour rendre réel ce qu’il voyait. »

En nous faisant voir au-delà de l’apparence, en faisant apparaître, l’invisible, le caché, l’occulté, il fait œuvre de création. En le révélant à nos yeux, en le mettant un instant « en lumière », il nous permet de découvrir ou de redécouvrir ce que nous ne voyions plus, ce qui nous restait caché.

 

Le sujet devient secondaire et c’est le traitement de la toile, les moyens plastiques mis en œuvre qui deviennent le propos du peintre… Cézanne cherche à nous faire sentir au-delà du visible les forces en gestation à l’œuvre dans la nature.

 

 

 

 

 

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VI- Créer, c’est aussi léguer et nul ne commence véritablement quelque chose si, lorsqu’il initie, il ne veut pas transmettre ni léguer. Une création est un don et un legs. Michel-Ange croyait au rôle mystique de l’artiste. Par son art, il cherchait à nous élever en nous renvoyant à un commencement, à celui de la Création du monde. Il véhicule par les sens, une idée et une forme qui va nous marquer, pénétrer nos mémoires et notre sensibilité pour nous permettre de ré habiter le monde.

 

 

On parle de la manière d’un artiste ou encore de son écriture ou de son style.

 

Il existe une manière propre à J.S. Bach, une manière de Beethoven, une manière de Vélasquez. Chaque grand artiste grâce aux formes nouvelles qu’il crée, ouvre une nouvelle page de l’art qu’il lègue aux générations suivantes qui s’en inspireront.

 

 

 

VII- La création est beaucoup plus qu’une récréation :

 

A l’heure où les œuvres d’art sont devenues des objets de consommation et de spéculation cotés en bourse, à l’heure de la reproduction technique d’œuvres en série à des milliers d’exemplaires, peut-on toujours parler de création ?

 

L’art n’est-il pas plutôt devenu récréation, lieu de divertissement souvent destiné à nous divertir et nous faire oublier notre quotidien ?

 

Si notre société a connu de considérables progrès sur le plan technologique et scientifique, a emmagasiné des monceaux de richesses et de profits, a-t-elle évolué au niveau de l’être ?

 

« Panem et circenses » (du pain et des jeux), expression utilisée dans la Rome antique pour s’attirer la bienveillance populaire, reste un mode de gouvernance toujours d’actualité.

On sait trop bien que l’endormissement des consciences, l’inertie et la division, sont des armes efficaces pour régner.

 

 

 

VIII- La création ouvre un espace de liberté.

 

On ne peut pas créer sans un espace de liberté. On a jamais vu quelqu'un créer avec un fusil mitrailleur dans le dos et on sait trop bien ce que les régimes totalitaires et les dictatures font des artistes et des têtes pensantes…

 

 

 

 

 

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Il y a des arts qui détruisent afin de mieux créer.

Par exemple, pour s’instaurer, le Dadaïsme a remis en cause l’idée d’un lien intrinsèque entre art et beauté. Tristan Tzara a même décliné l’idée d’une œuvre qui pouvait être laide.

 

Avec son œuvre « Olympia », Manet a voulu détruire l’idée de beauté classique que nous imposaient les peintres pompiers conditionnés par la censure morale, politique et artistique de leur époque. Cependant, cette destruction fut une création car elle ouvrait un nouvel espace de liberté, une nouvelle façon de voir et d’envisager l’art et la peinture.

 

L’art est un lieu de création car il est souvent le lieu d’expressions nouvelles qui dérangent, informent, troublent, ouvrent l’esprit.

Le créateur est celui qui nous enseigne, nous renseigne, nous apprend et nous éduque d’une certaine manière. Il semble que la modernité assigne de plus en plus ce rôle aux artistes parce qu’elle ne croit plus à la religion et que notre société manque de plus en plus de repères.

 

On demande donc implicitement aux artistes et aux créateurs, d’inventer une nouvelle culture, de nous donner de nouveaux repères.

 

Goethe en Allemagne, Victor Hugo en France, Hemingway aux USA, Byron en Angleterre ont été à certains moments

« ces grands hommes » qui ont créé une culture. On parle de la langue de Shakespeare, du français de Molière, etc.

 

A certains moments de l’histoire, la liberté d’expression, de parole ou d’acte a été représentative de celle de tout un peuple. L’artiste devient alors une sorte de figure de représentation du peuple. Il ouvre de nouvelles possibilités.

 

Par sa création, l’artiste ne crée pas du « fermé » mais de « l’ouvert ». Or, il n’y a que ce qui est ouvert qui peut ouvrir ! Par ce qu’il invente ou découvre, un artiste créateur ouvre de nouveaux horizons aux autres.

 

 

Lorsque je commence à entrer dans le mouvement de la création, j’ouvre une porte, je crée un nouveau possible.

En accomplissant son art, l’artiste commence quelque chose,

il met au jour une œuvre, il ouvre un chemin…

 

Bruegel nous ouvre le regard sur les paysages blanchis par la neige que nous n’aurions peut-être pas pu voir si nous n’avions pas contemplé et apprécié les superbes paysages enneigés de l’artiste.

 

 

L’œuvre intensifie le présent en nous le présentant sous un autre jour, sous un autre angle pour nous le rendre plus visible ou plus audible. C’est une sorte de dévoilement pour nous ouvrir les yeux sur une réalité qui était occultée.

 

« La peinture et la sculpture aident les gens à voir à quel point le monde dans lequel nous vivons est merveilleux » Henri Moore. Le plus difficile en apparence est de rentrer en contact avec cette part de nous-mêmes qui aspire à la liberté, qui cherche à respirer, à s’épanouir et à s’exprimer.

 

L’art nous montre ce qu’il y a de plus digne de montrer en nous lorsqu’il construit des passerelles ou des ponts propres à nous conduire vers d’autres mondes qui nous étaient jusqu’à présent fermés.

 

 

En ce sens, un artiste créateur est un médiateur, un « passeur » qui selon la belle expression de Paul Klee, « rend visible l’invisible. »

 

 

 

IX- Créer c’est donner la vie.

 

L’art permet à l’artiste de vivre et parfois même de survivre.

Son art lui permet souvent de mieux supporter la vie, d’oublier ses tourments, de rendre le monde plus habitable, plus respirable. J’écoute cette musique parce qu’elle m’apaise.

Elle m’apaise parce qu’elle me permet d’oublier le tumulte de l’existence, de calmer mon mal-être. Une œuvre crée car elle redonne vie à l’artiste. L’œuvre est vitale pour lui et recrée sa vie en ce qu’elle lui permet de la supporter.

 

Proust disait que la vraie vie est littérature, que la vie véritable se trouve dans l’art. L’art est créateur car il permet à ce qui crée, c’est à dire la vie, de se maintenir, de ne pas sombrer.

En donnant vie à la vie, l’art permet de la supporter mais aussi de la contempler.

 

En donnant la vie, la création enfante de l’art à n’en plus finir en ce sens qu’elle inspire sans cesse, des sentiments, des émotions, des envies de créer. Elle engendre de multiples enfants. Elle insuffle en nous des élans de vie, des envies de créer et d’engendrer. L’art enfante de la vie car il enchante nos vies !

 

Il nous fait entrevoir que le monde est infiniment plus vaste que ce que nous imaginons ou même que la science nous laisse penser.

 

En faisant être pleinement la vie, l’art nous permet de nous découvrir nous-mêmes et d’habiter le monde dans toute son ampleur.

 

 

Le monde se dévoile, il se nomme, devient audible et regardable grâce à la création. L’art fait entendre les silences, fait voir les creux et les obscurités, nous fait descendre dans nos cavernes intérieures, celles au fond desquelles se dissimule le monde tel qu’il est ou tel que nous aimerions qu’il soit. J’aime bien cette expression de Merleau-Ponty : « le monde est ourlé d’invisible. »

 

 

 

 

 

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X- Créer, c’est répondre à l’élan créateur par un geste de création et passer de l ‘avoir à l’être.

 

Il n’y a pas de progrès collectif en art dans la mesure où ce sont toujours les mêmes vérités éternelles que l’homme recherche. Mais il peut y avoir progrès individuel dans la mesure où notre regard s’élargit progressivement pour finir par atteindre, peut-être, et grâce au contact avec les créateurs qui nous ont enrichis, une expression porteuse de vie. Nous sommes faits de tout ce que nous voyons, ressentons, éprouvons, vivons, traversons, de tout ce à quoi nous renonçons et ce que nous surmontons. 

 

Chaque créateur doit affronter la solitude, les doutes, les risques que toute création comporte. Il existe un défi à relever, celui du geste créateur qui doit donner du sens, tenter une percée à travers l’obscurité du temps. L’artiste en ce sens est une sorte de combattant qui lutte d’abord contre lui-même pour, comme dans les arts martiaux, opposer le moins de résistance possible et épouser les rythmes, les gestes et la direction qui s’imposent à lui. Il se confronte aux pigments, aux matières et aux couleurs pour faire naître des formes qui seront signifiantes .

 

La peinture peut aussi avoir parfois un rôle social, exercer une influence sur les mentalités. " Le rôle social du peintre ? Montrer la beauté du monde pour inciter les hommes à le protéger et éviter qu’il ne se défasse." dit Martial Raysse.


De nos jours, l’image, anagramme de magie, a été tellement manipulée et banalisée qu’elle engendre rejet et indifférence. Nous sommes devenus des voyeurs, nous avons perdu toute vision véritable. !

 

Prétendre que les arts plastiques relèvent du discours, du concept et donc de l’intellect me parait insensé. La peinture ne devrait pas servir un discours politique ou une idéologie, elle devrait nous parler du monde du rêve, de l’aspiration éternelle de l’homme à se trouver. De nos jours, la cérébralité envahit tout l’espace au détriment des ressentis, des émotions dont on se méfie. Nous nous sommes coupés de l’Être.

 

 

 

 

 

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XI- Créer, c’est un don, une offrande, une transmission et un acte d’amour.

 

Je pense ici aux « Offrandes » d’Alfred Manessier qui nous a laissé, à travers son œuvre, un message d’amour et d’espérance. L’artiste nous montre ce qu’il a vu et entendu, ce lien essentiel qui relie l’homme à la création et à la Vie et il nous transmet cette vision pour qu’à notre tour, nous voyions. Cette transmission fait des artistes, des « passeurs », des « ponts » .

 

 

Ainsi, une œuvre d’art véritable en nous ouvrant les yeux, va nous remettre au monde ! Faire éclore, faire émerger ce qui est digne de naître, c’est le propre de l’acte créateur. Beaucoup d’artistes, tels Van Gogh, Cézanne, Matisse et bien d’autres, en témoignent.

 

Matisse ne crée pas à partir d’un vide ou d’une idée, mais à partir de son amour pour les formes, les couleurs, la vie.… « C’est en ce sens, il me semble, que l’on peut dire que l’art imite la nature : par le caractère de vie que confère à l’œuvre d’art un travail créateur. Alors l’œuvre apparaîtra aussi féconde, et douée de ce même frémissement intérieur, de cette même beauté resplendissante, que possèdent aussi les œuvres de la nature. Il y faut un grand amour, capable d’inspirer et de soutenir cet effort continu vers la vérité, cette générosité tout ensemble et ce dépouillement profond qu’implique la genèse de toute œuvre d’art. Mais l’amour n’est-il pas à l’origine de toute création ? » Matisse.

 

Et Van Gogh dans une de ses lettres à Théo : « Il n’y a rien de plus artistique que d’aimer les autres. »

 

 

 

XII- La création nous sort de l’enfermement.

 

Qui de nous n’a ressenti à un moment de sa vie d’être enfermé dans un système, dans un processus dont il n’est pas maître ? Et cela nous étouffe ! Nous aimerions bien pouvoir sortir de cette sensation d’enfermement, d’asphyxie pour respirer plus librement et ne plus subir, mais nous ne savons pas comment faire.…

 

Depuis des années, nous vivons une crise morale, éthique, politique, économique, sociale, familiale, spirituelle etc.

 

Avons-nous été créés pour subir et être spectateurs ou bien pour être acteurs de nos vies ? Sommes- nous déterminés ou bien disposons-nous d’un libre arbitre, d’une faculté qui nous permette d’en sortir ?

Il me semble que cette question essentielle nous place face à l’acte créateur car la création, c’est précisément « ce qui évite de tourner en rond ».

 

 

Imaginez-vous un monde où chacun prendrait soin de la vie pour ré enchanter le monde et pour l’habiter de manière poétique ? Je pense ici à François Garagnon, écrivain et fondateur des « ré-enchanteurs associés » qui par l’intermédiaire de sa maison d’édition Monte-Cristo s’est donné pour mission de ré-enchanter le monde. !

Nous avons ce pouvoir merveilleux de faire jaillir, de créer la vie, d’y participer.

Or, c’est précisément la fonction de l’ART de « faire naître, de faire advenir ».

 

Ce pouvoir de ré enchantement du monde, de poétiser le monde, n’est ce pas une des plus belles marques de l’acte de création ? On ne peut pas vivre uniquement dans le monde rationnel de l’avoir, pour toujours plus de profit et de rentabilité, pour le PIB et le PNB. Nous étouffons, nous nous asphyxions, nous avons besoin d’une autre manière de vivre, de respirer, d’être au monde.

 

 

Nous avons besoin d’être ! Et pour être, il faut être vivant, c’est à dire sortir de la passivité dans laquelle nous plonge la société de consommation pour devenir acteur, actif ! Cela veut dire ne plus subir mais prendre sa vie en mains, l’inventer, la renouveler, la créer !

 

Cela veut dire se redresser, se mettre debout et se mettre en marche pour entrer dans un mouvement, le mouvement créateur. Il n’y a que grâce à cette dimension poétique et artistique que nous pourrons ré habiter le monde, c’est à dire le rendre supportable, respirable !

 

 

La création ne se fait pas sans notre participation. Elle demande notre adhésion, notre enthousiasme, la mise à disposition de nos « outils, » mais elle demande aussi notre humilité car ce n’est pas nous tous seuls qui sommes « créateurs. » 

 

Nous sommes coparticipants, nous sommes accompagnants, mais « cela » ne peut se faire à travers nous que lorsque nous nous abandonnons à la puissance de vie, qui seule, est capable d’enfanter.

 

 

 

 

 

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Pour résumer :

 

- Nous avons vu que créer, ce n’est pas imiter,

reproduire fabriquer (ouvrier, artisan, artiste)

 

 

- Créer, c’est aller vers l’inconnu

le nouveau

l’impensable

L’inimaginable

C’est une prospective de l’ignoré.

 

 

-Créer, c’est renoncer au savoir

au déjà-vu, au déjà entendu

au déjà connu

aux habitudes

à ses acquis

 

-Nous avons vu que nous sommes libres de choisir d’être créateur ou destructeur. Nous sommes donc responsables de ce que nous émettons, de ce que nous sommes.

(Nous sommes tour à tour émetteurs et récepteurs).

 

 

 

Quelles sont les conditions requises pour être créateur ?

 

 

1) Le propre de l’être, c’est de faire être, c’est de créer.

 

Il existe de multiples façons de créer.

La création n’est pas un phénomène historique ou biblique mais un phénomène constant dans la vie aussi bien dans l’infiniment grand

(ex. les étoiles, les galaxies) que sur terre (ex. les cycles des saisons, la reproduction des êtres vivants) et que dans l’infiniment petit

( ex. le renouvellement des cellules et leur division).

 

 

Nous avons à prolonger l’oeuvre de création chaque jour. Cela nous demande de la confiance, de la foi dans la vie, dans la puissance de croissance et de germination contenue dans l’être humain. (ex. le paysan et la terre, le semeur et les fruits de la récolte).

 

 

2) Jouer, c’est créer.

 

Tous les mammifères font l’apprentissage de la vie par le jeu (ex. oursons, tigrons, etc., les enfants aussi). L’enfant qui joue se crée mais l’enfant qui ne peut plus jouer, ne peut plus créer et son développement en est perturbé.

 

Dessiner, peindre, c’est pour l’enfant et pour l’adulte prendre conscience de son pouvoir créateur. C’est un jeu. L’homme joue sa vie dans l’acte créateur. Le jeu, c’est la construction du « je ». « JE » est un autre, disait Rimbaud…. C’est pourquoi pour créer,il est souhaitable de redevenir enfant et non pas infantile ! Et alors, on se découvre infiniment plus vaste et plus riche que l’on imaginait.

L’ancien monde meurt, un nouveau monde surgit : c’est ça la création, un nouveau monde !

 

 

 

 

3) Prendre le risque, accepter l’incertitude, oser.

 

Un créateur ne peut être sûr. On ne sait pas ce qui va se passer, chaque acte créateur est une aventure. On ne sait jamais au départ, on ne sait qu’à l’arrivée. Et ça, ça nous fait peur, car il n’y a rien qui nous effraie plus que l’inconnu ! Nous sommes des êtres d’habitude et nous voulons toujours tout contrôler, tout maîtriser mais ce n’est pas possible…

Cela demande de l’humilité : s’ouvrir, se laisser traverser par la force de vie et s’y abandonner, lâcher prise et ne plus vouloir retenir les choses.

La seule chose dont on soit sûr, c’est qu’on va mourir. On ne peut retenir l’eau qui coule avec ses mains, empêcher la vie de se renouveler sans cesse, on ne peut pas arrêter la roue de tourner. La création est une victoire de la vie sur la mort, de la lumière sur l’obscurité.

 

Qu’est ce que la culture ? « C’est toutes les entreprises de l’homme pour échapper à la mort. » disait Malraux.

 

Par ailleurs, étant donné que la création est une aventure, il faut prendre le risque de sortir des sentiers battus, le risque de se tromper et même de se casser la figure. Mais qu’importe ? La vie est mouvement et la mort, c’est la stagnation. Nous devons oser nous risquer. Si les petits mammifères ne se risquaient jamais en dehors de leurs tanières, ils ne pourraient pas grandir, se développer et découvrir le monde.

 

« Oser » est l’un des maître-mots de la création.

 

 

4) Fuir l’habitude, la routine, la répétition qui engendre la banalité.

La banalité engendre l’ennui et le vulgaire. Ce qui éclaire le chemin de la création, c’est l’inouï, le jamais vu, le jamais entendu, l’ignoré, l’impensable. « Si je crée c’est parce que j’ignore ce que je vais faire, sinon à quoi bon le faire ? » disait Picasso.

 

 

 

 

 

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5) Transformer, ne pas être fataliste.

Ne pas accepter l’inacceptable mais essayer de transformer les situations en agissant de l’intérieur. Il est impossible de changer les autres mais il est toujours possible de se transformer soi-même.

Lorsqu’un ouvrage semble perdu, au lieu de le jeter ou de le détruire, il est beaucoup plus enrichissant d’essayer de le transformer. Le résultat est parfois stupéfiant et même parfois supérieur à l’original.

 

 

6) Trouver ses racines, être uni en soi-même, croire en soi, en ses possibilités, en ses racines.

C’est incroyable de voir combien de personnes sont découragées, voire dans l’auto-punition, l’auto-destruction et manquent de confiance en elles mêmes. J’ai pu le vérifier personnellement dans mes stages depuis des années…

Attendre la moisson et ne pas se décourager. Attendre la germination qui ne manquera pas d’arriver et surmonter le dualisme qui est en nous (découragement/espoir, Mort/vie, etc.).

 

Il faut que notre oeuvre devienne comme le rythme de notre respiration : Inspir/expir, Inspiration/expression… On exprime ce qu’on imprime.

 

Il ne faut pas désespérer. Je n’existe pas pour moi. Ce que j’ai reçu, j’ai le devoir de le rendre, de le donner, de le restituer. « A pleines mains, j’ai reçu, à pleines mains, je donne. » disait Le Corbusier.

C’est notre responsabilité et notre devoir d’humain.

Donner sa vie : un créateur, c’est quelqu’un qui donne sa vie.

 

 

7) Rentrer dans la joie que procure le don de soi, de partager, d’exprimer ce qui n’a jamais existé, de faire surgir de la beauté. La joie naît de la tâche créatrice qui ouvre une brèche là où il y a de l’enfermement, de la souffrance, de la rétention.

 

Nous devrions nous efforcer chaque jour de cultiver notre faculté d’émerveillement pour mettre de l’extra dans l’ordinaire. Tout un programme !

Einstein prétendait « qu’un homme qui n’est plus capable de s’émerveiller, est comme un homme mort. »

 

 

 

En conclusion, je dirai que dans la création artistique, l'ouvrage est créateur dans un sens très élevé car l’œuvre émerge au fur et à mesure qu’elle est créée. L’artiste découvre l’œuvre en la faisant, il la voit apparaître sous ses yeux au fur et à mesure de l’avancement de sa création !

 

Car il ne la conçoit pas au préalable comme un ingénieur conçoit un objet technique au moyen de concepts liés à une utilité finale.

Un objet technique est sans surprise alors qu’une œuvre d’art est un émerveillement y compris aux yeux de son auteur. Au fond, l’artiste n’a tout au plus au début qu’une vision floue, encore incomplète de ce que sera l’œuvre, elle prend forme sous sa plume ou sous ses coups de pinceaux. Elle se révèle à lui à travers l’acte de création.

 

La création demande donc notre participation et notre investissement. C’est un vrai ouvrage et pas seulement un ouvrage extérieur mais aussi un ouvrage sur soi.

 

 

Si nous voyions la vie humaine sous un angle artistique, nous comprendrions que nous sommes tous créateurs de notre propre existence et qu’il existe donc aussi un art de vivre !

 

En montrant l’invisible, en donnant à voir et à entendre, la création ouvre l’homme à lui-même. Elle lui redonne l’espoir, l’envie de créer, de vivre. Elle le sort de son enfermement pour l’inviter et l’inciter à aller au-delà de lui-même pour mieux se connaître, pour mieux se rencontrer, mieux être et mieux vivre.

 

 

(Avec mes remerciements et toute ma gratitude pour tous les penseurs, les philosophes et les artistes qui nous ont précédé, nous ont ouvert le chemin et nourri notre réflexion.

Pour écrire ces notes, je me suis largement inspiré de leurs parcours, de leurs réflexions et de leur expérience. Merci à eux pour ce legs et cette transmission...)

 

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Stages de peinture « Le point dans la peinture » 

avec Christian TUAL.  Printemps et été 2019.



A partir d’un point, d’un centre, d’un noyau, d’un germe, la vie se déploie…  Un point ? C’est tout !

 

« Le point est l’élément premier de la peinture, il est l’image première de toute expression picturale. » Kandinsky.

Depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, on trouve des points tout au long de l’histoire de l’art et dans tous les arts. Durant ce stage, nous allons nous interroger sur la place du point dans la peinture.

 

Qu’est-ce que le point ? Joue-t-il un rôle dans la composition ? Qu’est ce qu’un point de fuite ? Un point focal ? Pourquoi tant d’artistes ont-ils utilisé le point et de quelle manière ? Qui sont ces artistes et quels sont les principaux courants qui ont utilisé le point en peinture ?

 

Accordez-vous une semaine pour peindre dans la nature.

Une belle opportunité pour vous "retrouver", vous ressourcer et donner libre cours à votre besoin de couleurs et d'expression tout en étant accompagné et guidé chaque jour avec des pistes de réflexion et des parcours de création.

 

Pour 2019, j'ai le grand plaisir de vous proposer deux stages de peinture et de créativité en Bretagne, à l'Ile Blanche - Locquirec 29241 :


- du 16 au 21 mai 2019

 

- du 8 au 13 juillet 2019

 

Ce lieu est magnifiquement situé, dans un espace naturel privilégié propice au ressourcement et à la création.

Vous trouverez toutes les informations nécessaires pour vous inscrire dans la pièce jointe ainsi qu'un bulletin d'inscription à imprimer.

 

Attention : vous devez vous inscrire au plus tard avant fin février 2019 pour être certain d'avoir un hébergement à l'île blanche.

2019 est une année qui compte pour moi car ce sera la vingtième année que j'anime des ateliers et des stages.

Non pas "pour passer le temps" mais pour partager avec passion l'expérience de la création et tout ce qu'elle peut nous apporter comme fécondité dans nos vies. D'où ce thème :

"le point dans la peinture". Non pas un point final mais une invitation à "faire le point"comme un nouveau point de départ, un point de convergence, un point d'élan vers l'avenir...

dans ce nouveau lieu de stage à l'île Blanche.

 

 

Si vous êtes intéressé(e) par ce stage, vous pouvez le faire connaitre en transférant ce mail à vos amis et à vos contacts.

Espérant avoir la joie de vous retrouver pour l'un de ces stages, je vous envoie mes pensées les meilleures.

 

 

Christian TUAL

06 20 33 23 41

1 bis, rue des Tennis - 22430 ERQUY

www.christiantual.com

 

 

 

 

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14/11/2018
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