DANIELLE LANDRY JAY DESSINS ET GRAPHISMES TEXTES BRAN DU 2025 08 07 JUILLET
DANIELLE LANDRY JAY
Dessins / Graphismes
Texte d'accompagnement Bran Du Juin 2025
Notes Préalables Bran Du 03 06 2025
L'encre projetée sur le blanc de la page, sur la grève en attente de marées, est parcimonieuse, elle ne se gaspille pas mais occupe une place assignée par la danse du poignet qui lui fixe rendez-vous avec la permanence, avec la durabilité...
Comme le sculpteur sur pierre ou sur bois érode le superflu de la masse originelle, le dessinateur lui aussi épure de blancheur
ce qui n'a pas lieu d'encombrer ce qui se doit d'être ou de rester témoin de vie...
Le blanc est précieux qui nous évite de nous assombrir...
Le regard a fait choix, la vision a exclu l'indésirable soit la note qui fausserait la partition, qui entacherait le chant graphique et ferait couler l'encre au-delà de ses limites...
Ne retenir que l'Essentiel, que le squelette qui donne forme, que les axes majeurs, que les lignes de force, que la trame sur laquelle se pose une pensée secouant ses ailes...
L'Art se tient là, dévêtu et en attente de revêtements qui lui fassent un habit de lumière...
Mince est le trait dans l'épaisseur ambiante mais, précise et heureuse, est ce qui jaillit du pinceau ou de la plume...
Cela nous parle comme une envolée de colombe absorbée par le ciel... Lors, nous sommes nous aussi conviés à l'envol !...
L'ESTRAN :
L'estran, c'est là que l'Esprit chemine pieds nus à la frange des marées, dansant autour des courbes écumantes qui s'étalent sur la grève ensemencée d'arcs de cercle....
L'estran, une lisière d'eau et de sable où prend place une pensée vagabonde et transhumante aux regains et aux refrains d'enfance...
L'estran où se déposent les laisses de mer et nos pensées de même arrachées à nos profondeurs océanes...
L'estran là où une déesse enlève ses colliers de coquillages
avant que de disparaître dans un flot de brumes, de bruines et de brouillards...
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Photos 1330 :
Ecriture embroussaillée et comme jaillit du vide ou du plus profond des sables et de la terre...
Graphes originels avant même ceux tracés sur les primes parois de l'humanité...
C'est une danse ondulatoire et serpentaire en l'honneur de la verticalité, en hommage à tout ce qui se veut monter au ciel...
Traces herbeuses sur le blanc virginal, dans le berceau des enfantements indicibles mais connus des vents les plus anciens....
Le hasard maîtrise parfaitement les signes d'une partition
que l'on ne saurait déchiffrer et ce pas plus que le ruissellement des eaux, les bougonnements printaniers ou la fonte des neiges....
Un étrange alphabet que cela sorti des entrailles de l'inspiration, ordonné au-delà et par-delà ce que nous appelons l'ordre ordinairement...
Cela n'appartient pas à une civilisation, à une culture mais transcende l'art développé par l'une et par l'autre...
Les pointillés forment une chorale au sein d'un orchestre où le poignet tient lieu de chef et de baguette magique...
Les yeux , le regard, peuvent déchiffrer cela et le silence des écrits se faire entendre subtilement des oreilles de l'Univers....
Photos 1358 :
Il est un étirement de sable, des algues alanguies, des mèches,
de laisse de mer, un tracé serpentin d'ocre roux entre l'eau, le bleuté de l'eau, et un amas de pierres dispersées par les marées...
C'est un tracé singulier qui nous conte un pluriel, une unité très archaïque dépositaire d'un Tout qui s'effiloche sur la grève...
Un résumé de ce qui s'intercale entre l'océan et la terre...
Des particules élémentaires qui se font écho et résonance à travers une différence qui se veut complémentarité...
C'est la un itinéraire pour la pensée, une trajectoire entre l'infini et l'absolu...
Huit étapes pour aller du fluide au minéral, huit étapes obligées pour construire une pensée sur laquelle ruissellent et s'étalent les flots d'écume et les vagues...
Chaque élément de ce parcours constitue une piste ou encore un pèlerinage avec à chaque station l'offrande que donne l'Essence aux sens qui s'y acheminent...
Il y a au sein des épures une densité, une intensité de forme, de couleur qui font de cette itinéraire une initiation pour le cœur et son regard...
Photo 1313 :
Ce sont des fétus d'encre noire colportés par les courants
de l'air tous chargés d'une graine qu'ensemencera l'Esprit
eu terme de sa trajectoire...
Un vent d'Ouest venu d'Irlande et bien d'au-delà les pousse
vers une destination encore inconnue...
C'est une flottille, une armada qui arpente les terres, les prairies herbeuses, les versants de vallées, pour y déposer des germes de souvenance et de mémoire...
C'est un semis céleste promis aux attentes de nos jachères, de nos friches et de nos brandes...
A l'origine noire était le feu, le brasier... Noires aussi les étincelles... Noir aussi le sperme dans la matrice des potentialités...
Photo 1035 :
Il en est ainsi aux rivages armoricains, lieu sacré des joutes célestes, terrestres et océaniques...
Combats grandioses parmi l'alternance des équinoxes et des solstices...
C'est un affrontement perpétuel où l'eau défie la pierre, ou la pierre reflue les eaux...
Des vagues venues du lointain de l'horizon déferlent avec des cris de fureur mordant à pleine dents d'écume le schiste ou le granit...
Nous ne sommes pas invités en cette lice ou seulement du regard car puissant et cet antagonisme qui n'a pas eu connaissance de l'Amour...
Photos 1247 :
Cela est venu d'ailleurs, parfois de terres lointaines amené de flots en flots jusqu'au rivage qui en reçoit le dépôt...
Branches éparses écorcées, policées, os de seiche, carapace de crabes, débris de coquillages, planches arrachées à un bateau...
Chaque chose, élément, qui parsèment la plage à une histoire qu'a effacé les houles à grands flots...
Des galets ont eu pour mère une montagne, les algues éparses ont connu jadis un berceau...
Petits monticules à la surface lisse des sables humides où se reflètent comme dans un miroir le soleil et la lune...
Terre et mer se livrent à une double pénétration sans omettre celle qui va et vient dans notre cœur...