Les dits du corbeau noir

GWENN HOUEDRY PRESENTATION ET BLOG PROJET ET EX D'ARTICLES 2022 29 12 DECEMBRE

 

 

 

 

IMG_0871 (1).JPG

Féerie en or, blanc et bleu    Phptos Bran Du

 

 

Association La Piste Rue du Tram 35520 La Mezière

06 26 94 33 97          gwennla-piste.fr

 

 

Gwenn Houedry m'a contacté pendant l'automne et nous avons de nombreux échanges depuis.


Elle m'a fait découvrir les articles qu'elle publie régulièrement sur son blog «  LA PISTE » et qui abordent bien des sujets « existentiels » soit des questions, interrogations et interpellations qui touchent profondément l'humain que nous sommes, l'homme et la femme que nous nous efforçons d'être....

 

Ses articles puisent dans le Vivant même de la Vie et ce sans détours et avec franchise. Ils se basent sur ses propres expériences et sur les rencontres réalisées (professionnelles ou non)...

 

Et cela « sonne juste » et nous ne pouvons pas ne pas nous sentir concernés par les situations et état d'être qu'elle évoque dans un langage sans ambages aussi Vivant que le Vivant qu'elle met en scène afin de mieux le comprendre, l'étudier, l'analyser....

 

Comprendre est en effet l'un des objectifs majeurs de cette enquête sur les comportements et attitudes humaines face aux épreuves de l'existence et ce de l'enfance à l'âge adulte...

 

Dans le texte qui suit elle présente elle-même son itinéraire, ses jalons, son parcours, ses envies...

Et pour faire connaissance de ses écrits, je joins à la suite trois articles récents de son blog :

 

Etre en Conscience...

La Quête d'Exactitude/ Etre « juste »...

L'accueil.... Les carences de celui-ci....

 

Gwennn propose la création d'un groupe en quête d'alternatives...

Si cela vous séduit n'hésitez pas à la contacter à ce sujet...

 

 

IMG_0875.JPG

 

 

Gwenn Houedry

 

Jusqu’à il y a 3 ans, toute ma vie a été orientée sur l’entrepreneuriat. En mai 2018, après de lourdes insomnies, j’ai entamé une pratique méditative intense. J’ai après quelques mois eu une sorte de montée de conscience. Est-ce que la pratique méditative ou était-ce juste écrit ? Je ne sais pas. Dans cette « montée », il s’est passé beaucoup de choses en moi.

 

J’ai découvert que la stratégie et l’aspect technique de l’entrepreneuriat n’avaient aucune importance. Ce qui comptait était l’alignement intérieur et c’était toute une aventure d’y travailler.

J’ai découvert que la réussite d’une entreprise, c’est bien, mais finalement, c’est la découverte de soi le plus kiffant.

J’ai découvert que dans mon hypersensibilité, il y avait une grande puissance. Mais que mes croyances, mes injonctions intérieures (dont j’ignorais tout) m’empêchaient de m’y connecter et surtout de l’exploiter, de la mettre au service.

J’ai compris aussi que tout était système et énergie. Que tout était expérience, et que la seule question finalement, était de savoir si on choisissait de mettre de la conscience sur nos expériences, ou pas. Et donc de libérer l’énergie de nos blessures. Et que pris comme ça, une fois qu’on a capté les règles du jeu, la vie devient carrément plus intéressante, plus excitante, et plus créative…

 

Mon parcours

J’ai fait du droit, j’ai vécu en Guinée, en Islande, au Danemark, et mon parcours salarié à été compliqué. J’étais hors cadre. Je ne suis jamais restée très longtemps quelque part.

Je suis indépendante depuis 2011.

L’entrepreneuriat a été pour moi un vrai chemin de traverse. Je n’aurais jamais rien découvert sur moi sans entreprendre. Sans me confronter. Sans être confortée aussi à ce point, par mes clients, par les gens que j’impacte, comme nous le faisons tous quand nous nous proposons d’aider les autres. Et c’est chouette, toute cette énergie qui circule entre nous et les autres dans l’entrepreneuriat…

 

Mon envie

Aider à libérer l’énergie, autoriser, déminer les croyances, les injonctions intérieures, se sentir en conscience, se sentir vivant.

Ce qui signifie peu ou prou remettre en cause notre matrice civilisationnelle…

Et donc derrière, revenir aux besoins essentiels de l’humain.

Ce qui revient à les identifier. Vraiment.



…............................................................



Association La Piste Rue duTram 35520 La Mezièree 06 26 94 33 97 gwennla-piste.fr

 

 

La Piste : Libérer énergie et conscience.

 

https://la-piste.fr/civilisation-la-douleur-est-un-probleme-ou-laccueil-impossible-2/

 

 

De nombreux articles à votre disposition et en libre consultation sur des thèmes tels que :

 

Etre en Conscience / L'hypersensibilité / Nourrir nos besoins essentiels / Accueillir la douleur / Notre fuite civilisationnelle / La toxicité relationnelle / Se libérer du mal-être, l'approche thérapeutique / L'occidental face aux gouffres etc....

 

 

IMG_1087.JPG

 

Exemple :

 

ETRE EN CONSCIENE / HYPERTSENSIBILITE …

Création d'un groupe en quête d'alternatives... :

 

J’ai cette envie depuis quelques mois, sans doute depuis quelques années de façon plus inconsciente, de créer un groupe pour les personnes en quête d’alternative à la matrice. (Sociétale)...

 

Pour partager l’envie de vivre les choses un peu différemment, avec plus de conscience, et plus de clarté. Un groupe pour les personnes qui ont envie de :

 

  • se sentir un peu mieux connectées aux autres (sans forcément être potes pour autant,

 

  • Se sentir pédaler dans la même direction, c’est-à-dire en quête de conscience, d’exactitude avec soi,

 

  • se sentir le courage (qui n’exclut pas la peur) de regarder en elles sans être dupes de leurs réactions, colère et jugements qui racontent leur passé,

 

  • vivre différemment le « être ensemble », en sortant de notre fonctionnement matricé où nous faisons si facilement semblant d’aller bien, où nous créons inconsciemment nos propres clans de confiance pour en exclure les autres, et où on s’identifie aux jugements qu’on émet,

 

Tout ça pour faire l’expérience de l’humanité « comme une », c’est-à-dire que l’autre, c’est moi.



Expérimenter, ne pas se contenter de décréter

 

Se sentir un avec les autres, ça ne se décrète pas, il ne suffit pas de le dire. Ça se construit petit à petit, en déconstruisant ce que notre mental a construit brique par brique au gré de notre vie, en étant honnête avec soi-même, ce qui est parfois difficile, en acceptant que l’autre soit un miroir de nos peurs, de nos enjeux, de nos blessures qui ne parlent que de nous, en acceptant de jouer la sincérité et la vulnérabilité avec les autres, en acceptant de dire ce qui nous traverse, nos peurs, nos agacements, parce que l’on sait que tout est transitoire et que tout ce qui est dit est déjà du passé.

 

La dissolution est déjà là.

 

Nous sommes un, et notre monde, notre civilisation nous a totalement inhibés de cette sensation d’appartenance.

La modernité y a apporté sa touche finale, en enlevant la cordialité et la chaleur qui, même si elle était sans doute un peu superficielle, permettait de se sentir relié quand même au quotidien.

 

Nous avons peur les uns des autres. Nous sommes en défiance. Moi j’ai peur de faire des hugs et je suis incapable de dire à quelqu’un qu’il m’a manqué, ou que je l’aime. Je suis autistée ?

 

Mais je peux sourire à n’importe qui que je ne connais pas, l’appeler par son prénom et rentrer dans ses profondeurs.

 

La défiance est en nous et s’installe de façon différente en chacun. Mais elle peut bouger. À mesure que je reconnais l’humanité en l’autre. Et à mesure que l’autre m’accueille dans ma vulnérabilité.

 

Nous avons tout un monde de confiance à reconnecter, de dissolution de la défiance, non pas parce qu’on le décrète, mais parce qu’on expérimente une direction, une volonté, une intention commune. Ce n’est pas plus que ça.

 

Pour être là où c’est vivant, où c’est fort, et où c’est vrai.

 

 

IMG_1162.JPG



Quoi faire ?

 

Après ces belles phrases, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’on a des moments de vérité à partager ensemble, et puis qu’on a aussi des choses qui nous tiennent à cœur qu’on a aussi envie de partager, pas forcément avec tout le monde mais avec ceux pour qui ça résonne. La danse, la percussion, le soin chamanique, les rituels celtiques, les protocoles de guérison, etc etc. Tant de choses à explorer…

 

Nous avons pas mal de choses sur lesquelles nous pouvons nous expérimenter. La question n’est pas tant d’être tous au même endroit en même temps, mais de se sentir dans la même démarche, dans la même aspiration. Cela n’enlèvera pas nos différences, cela n’enlèvera pas nos voiles instantanément, mais l’intention est là.

 

Dans cette volonté Ubuntu, (Ubuntu est un système d’exploitation ) il y a un petit truc qui me tient vraiment à cœur, c’est de ne laisser personne de côté et d’offrir une présence quand elle est nécessaire.

 

Ce n’est pas une nécessité d’accueil inconditionnel à l’échelle de chaque personne dont je parle, c’est une présence à l’échelle du groupe, et de ceux qui en ont la capacité. Ça veut pas dire que nous sommes potes avec tout le monde, ça veut dire que nous sommes un, et que la structure du un permet l’accueil inconditionnel de chacun.

 

Si cette idée de groupe te parle, si tu as envie d’échanger avec moi sur sa configuration, sur tes idées, tes envies, et les miennes, prenons un café ensemble et discutons-en !

 

Et puis on en reparlera en groupe, pour dire ce qu’on a envie de vivre différemment, ce qu’on a envie de partager aussi, et peut-être ressentir, aussi, ce que c’est, qu’être un.

 

 

…........................................................

 

 

IMG_1164.JPG

 

https://la-piste.fr/la-quete-dexactitude-avec-soi-suis-je-la-seule/

 

La Quête d'Exactitude :

 

Un jour, j’ai dit à un ami : « il y a tellement plus à obtenir ». Ça lui est resté longtemps en tête. Mais on ne s’est jamais dit quoi, il y avait à obtenir. Plus tard, il m’a dit : « vu tes turbulences intérieures, t’es franchement pas un exemple ». Il avait raison. Mais ça dépend du but. On ne s’était pas dit le but.

Je vais essayer de l’expliciter ici.



Il y a quelques temps, je me suis demandée si j’étais bien sûre que ce après quoi je courrais et que je proposais à l’extérieur, était bien la même chose que ce après quoi courraient les gens autour de moi. Car j’étais partie du principe que oui. Que nous étions tous dans la même quête d’absolu. Ce que j’appelle parfois la quête d’exactitude avec soi. Or j’avais un doute soudain.



Un doute qui m’a fait mal, et qui, en même temps, avait ce goût de pré-conscience que vous connaissez peut-être, quand c’est douloureux mais que l’on sent que ça prépare une bonne montée de conscience derrière, et qu’il y aura un avant et un après (comme toutes les montées de conscience, même les plus petites d’ailleurs).



J’ai alors demandé à une amie, ancienne cliente, Caroline, quelle était son ambition, pour elle. Elle m’a répondu qu’elle voulait être juste bien.



J’ai eu un choc instantané. Et j’ai aussi compris alors qu’il y a avait une faille dans mon raisonnement. Car je croyais que tout le monde avait la même quête que moi. Ce n’était pas le cas.



Ce n’était pas un problème sans doute en soi, mais j’avais donné mon temps et mon énergie, personnellement et professionnellement, sur cette base.



Depuis des années. Rencontrant une résistance que je ne m’expliquais pas. Que je ne comprenais pas. Confusément, j’ai senti que cette réponse, qui me bouleversait émotionnellement sans que je comprenne bien pourquoi, était et serait décisive pour ma compréhension … de moi. Et du monde.



Être juste bien & la quête d’exactitude avec soi

 

Si Caroline m’avait dit « Parfaitement heureuse », ce qui aurait été nettement plus ambitieux, je pense que j’aurais quand même ressenti une bonne frustration. Car il y a en moi un appel à plus qu’un juste bien.

D’ailleurs, est-ce possible d’être juste bien ?

Pourtant, n’est-ce pas ce que nous faisons tous, chercher à être juste bien, dans notre société ? Mais ce juste bien nous échappe, pourtant. Il n’est pas grand chose. Mais rien que ce pas grand chose nous échappe souvent.

J’attendais une autre réponse.

Laquelle ? Je ne me l’étais pas clairement formulée. Finalement, quelle est la mienne, d’ambition ?

Je veux plus, mais quoi ?



J’ai compris de ce que m’a dit C. qu’elle voudrait :

  • éviter les contractions (angoisses, mal-être)
  • se sentir bien dans ses baskets,
  • avoir des revenus stables,
  • une maison,
  • un amoureux
  • une vie sociale sympa
  • et pouvoir mener à bien les projets qui lui plaisent.  

Moi aussi. Mais dans quelle intensité ? Quelle exactitude avec soi ?



Il m’est compliqué de mettre une définition derrière cette notion d’”exactitude avec soi”. Mais si je pouvais la résumer, ce serait, de façon un peu mystique peut-être, chercher à ce que notre vibration reste entière à chaque minute. Pas y arriver. Mais chercher à. Tendre vers. Tendre à une forme d’authenticité, d’alignement avec soi. Chercher à être dans la justesse, avec soi et avec les autres.



Et de fait, dans cette posture, nos expériences négatives participent à la quête. Elles nous révèlent à nous-mêmes. Elles nous font voir nos schémas. Et nous permettent de décristalliser nos émotions enfouies.



Dès lors, est-ce que chercher le juste bien est compatible avec la quête d’exactitude avec soi ?

Je ne suis pas sûre...

 

Une incompatibilité ?



Le juste bien a un grand avantage. Il ne demande pas grand chose et une part de nous suppose que c’est un minimum dû dès lors qu’on vit sur terre.



Il n’est pas très bouleversant, pas trop risqué, donc plutôt sécurisant, ce qui n’est pas petit. En revanche, il a un inconvénient, c’est que la posture du juste bien nous rend assez consommateur. Assez sécuritaire aussi. Or la question pourrait-être celle-ci, peut-on vivre les bénéfices de la quête d’exactitude en restant dans la posture du juste bien ?

Honnêtement, je n’en suis pas sûre.

 

Parce que le « juste bien » nous mène à vouloir le bénéfice vite, très vite. Il nous oriente vers la sécurité, le confort en priorité. Il se propose de sécuriser notre vie. Mais quand nous sécurisons, nous n’allons pas forcément là où cela fait pleinement sens pour nous. Là où la vibration sera pleine et entière.



Quand nous cherchons le juste bien, nous n’arrivons pas à fermer la porte aux expériences négatives. Car nous en espérons toujours un juste bien. Et même s’il ne vient pas, nous avons tellement peur de ne pas obtenir le juste bien ailleurs, que nous nous accrochons ici. Parfois nous en arrivons presque à simuler le juste bien, à défaut de le vivre vraiment.



Le juste bien parle beaucoup de ce dont nous avons besoin pour être heureux. Mais bizarrement, nous pouvons avoir plein de trucs bien, et pourtant sentir une démangeaison à l’intérieur. Un mal-être lancinant, qui nous empêche d’être pleinement en joie. Disponible.



Dans le juste bien, nous avons une connaissance mentale de nos besoins et de nos aspirations car nous les supposons. Conformément à ce qui s’est imbibé en nous depuis l’enfance. Nous ignorons qu’il y a plus à l’intérieur. Beaucoup plus. D’exigences, d’aspiration, et de potentiel de réalisation, aussi.



Dans le juste bien, les expériences négatives deviennent un problème. Normal, puisque l’on veut être juste bien. Donc on essaye d’en sortir désespérément et rapidement avant même d’en avoir compris le sens. En général, cela les fait durer plus longtemps. Ou elles se répètent…

 

Dans le juste bien, les états d’être sont aussi un problème. Il faut en sortir vite et coûte que coûte.

Être triste n’est pas ok quand on cherche le                     « juste bien ».

 

Être dans une relation toxique est un échec. Ne pas avoir de revenus stables aussi. Etc. On ne tire pas les enseignements des états d’être et expériences douloureuses quand on cherche le juste bien. Puisque la priorité est d’en sortir le plus rapidement possible. Fébrilement. Quand ça marche…

 

Le juste bien est une quête commune dans notre société. Il se relie à un bonheur minimum qui nous serait dû. On ne le raisonne pas ainsi. Mais il y a pourtant quelque chose comme ça au fond. Et pourtant, il nous échappe. Même quand nous obtenons apparemment le juste bien, quelque chose reste insatisfait au fond de nous. A t-il un sens, en vrai ?

 

Le juste bien peut être ok sur le papier, mais je ne suis pas sûre qu’il soit 100 % vibrant dans la réalité.

Il peut être vibrant quelque temps. Mais pas longtemps, comme une relation qui vibre par l’attrait de la nouveauté et de l’énergie nouvelle, mais où l’énergie néanmoins ne circule pas bien. Dans la durée de la relation, le compromis, l’effort et la dépendance reviendront. Car quelque chose manque. Une vibration pleine et entière.

 

Le juste bien n’est probablement pas compatible avec la quête d’exactitude. Mais, ce n’est pas un problème.

 

Car on peut être 100 % dans la recherche du juste bien, puis à 90 % en 2022, 70 % en 2023, etc. et progressivement, la quête d’exactitude prend de l’ampleur.

 

Pourquoi ? Parce que notre foi augmente. Parce que notre peur diminue. Simplement.

 

 

IMG_1225.JPG

 

La quête d’exactitude

La quête d’exactitude avec soi, elle mène à une exigence intérieure qui augmente à mesure que notre peur diminue. A mesure que notre foi dans la vie, et osons le dire, dans un sens qui nous dépasse, se renforce.

Elle nous mène à :

  • vouloir des relations pleines et authentiques
  • refuser d’être en effort, pour quoi que ce soit
  • ne pas vouloir sécuriser pour sécuriser
  • vouloir nous sentir relié(e) à plus grand
  • vouloir de la vibration, sinon tant pis
  • accepter les contractions pour le nettoyage qu’elles permettent
  • chercher à remettre en cause nos postulats, nos illusions
  • éviter les petits arrangements avec soi-même, fuir nos illusions

 

 

Cette quête peut sembler un peu extrême, jusqu’au boutiste, mais elle n’est qu’une orientation. Une envie. Nous faisons comme nous pouvons avec nos contraintes, notre conscience à l’instant T. Nous sommes de toute façon déjà engagés. Le juste bien est déjà en train de reculer, et si vous lisez ces lignes, c’est qu’il recule.

Mais, il n’y a rien de mal dans le juste bien. Juste beaucoup de peur. Et un grand besoin de sécurité.

 

Le risque de la quête d’exactitude avec soi

Il est sans doute difficile de s’engager vers un graal qui paraît bien flou et bien fou. Sur le papier, la quête d’exactitude semble chouette, trippante. Mais dans les faits ? A quoi faut-il être prêt pour ça ?



A beaucoup de choses qui nous renvoient à nos peurs. S’il n’y avait pas de peur, nous y serions déjà !



La recherche du juste bien est principalement alimentée par la peur du changement. La peur de l’intérieur, aussi. La peur, tout simplement.



Derrière la peur, notre mental. Derrière le mental, la peur.

Les deux s’auto-alimentent. Et plus on fuit la quête d’exactitude, par manque de foi, par peur, plus notre vie ressemble à pas grand chose (si on arrive à rien). Ou c’est notre état intérieur qui ressemble à pas grand chose (quand on arrive à obtenir le juste bien matériellement).

Alors, nous avons peur. Nous perdons de plus en plus la foi en ce que peut nous apporter la vie. Et en nous. Donc nous rapetissons nos exigences. Le juste bien devient plus petit. C’est pas très vibratoire. Alors nous doutons encore plus. Nous avons moins la foi. La peur grandit. Nous sécurisons plus.

 

Ca ne donne rien de très excitant. Nous avons peur, nous perdons la foi, nous sécurisons (vous avez compris le principe). Nous fuyons la quête d’exactitude car elle fait trop peur. Trop de remises en cause. Trop de changement. Trop de risques.



Car dans l’absolu, la quête d’exactitude nécessite :

 

  • De pouvoir remettre en cause tout et n’importe quoi à tout moment,
  • D’être prêt à voir son propre tunnel, regarder ses propres histoires/illusions
  • De remettre en cause tout statu quo, tout confort qui ne serait pas exact avec soi,
  • De reconnaître que nous ne sommes rien face à notre intérieur, et d’y faire allégeance,
  • Ce qui nous sort de la sécurité offerte par le mental auquel nous nous remettons depuis l’adolescence,
  • D’accepter notre vulnérabilité comme une part de nous, et nos voiles comme une part du jeu,
  • De reconnaître que si nos manques sont légitimes, il y a beaucoup alors à remettre en cause à l’extérieur.
  • Que tout ce que nous vivons à l’extérieur (en négatif) est l’émanation de nos propres croyances
  • De créer un espace de retour à soi tous les jours pour entretenir la connexion à notre intérieur, donc avec notre exactitude

 

C’est beaucoup trop !

Mais en fait, ce n’est pas absolu. C’est juste un axe. Qu’on peut essayer de suivre, ou non.

 

Le malentendu et l’apprivoisement

La souffrance a l’attrait de la certitude. Elle est prévisible. Elle offre donc une forme de sécurité. Pas pour notre raison, celle-ci officiellement n’en veut pas. Mais pour notre mental inconscient, pour la part a qui si peur du vide et de l’inconnu, une souffrance connue et répétitive, c’est au moins un terrain connu. C’est sécurisant.



Juste après cette découverte que la quête pouvait être le juste bien, j’échange avec un ami, Eric. Nous échangeons peu mais bien. Je suis enflammée. Lui plutôt mesuré. Cette semaine là, je le bouscule un peu. Il me demande au détour d’un message de prendre le temps de l’apprivoiser. Il me compare au petit prince, lui est le renard.



Sur le coup, je reste interloquée. Mon premier sentiment est l’impuissance. Impuissante à l’apprivoiser. Car pour moi, c’est maintenant et tout de suite, la quête. Pas après l’apprivoisement. Fuck l’apprivoisement même. Je suis réactive. J’attends déjà depuis trop longtemps. Je pense encore à convaincre. Il me parle d’apprivoisement.



Cette demande a résonné en moi au delà de mon conscient, sans que j’en comprenne immédiatement la raison. Elle était clé. Car elle parlait de peur. Mais je ne mets pas le mot peur sur la demande d’apprivoisement. Me viennent plutôt les impressions de mollesse, de dérobade, de lâcheté, de faiblesse.

 

Ce n’est en rien ce que je pense d’Eric. Mais c’est sans doute mon interprétation globale, pour donner un sens à ce qui me paraît être un pédalage permanent dans la semoule, à vouloir convaincre sans susciter d’engagement.



Puis, j’entends qu’il est porté par ses peurs. Et que celles-ci ont besoin d’être apprivoisées. D’informel, de découverte, de douceur. Histoire de lâcher la bride peu à peu, pour s’abandonner ensuite. Des préliminaires quoi.



Je le comprends. Mais je l’avoue, ça ne descend pas. Ca reste dans ma tête. Mon intérieur ne saisit pas. Je crois qu’à l’époque, je ne peux pas intégrer cette peur pleinement. Je me sens seule dans ma quête, et réactive. Je continue à le prendre personnellement. Et puis, surtout, ce besoin d’y aller en douceur, donc forcément la peur non dite derrière, je ne le vis pas, moi. On m’en parle mais vaguement. Jamais très clairement. Le mot peur n’est jamais vraiment utilisé.

 

Bref, ça reste vague. Et puis, c’est surtout que cette peur-là, je ne l’ai pas. Pourtant j’en ai. Mais pas celle-là. Alors, je ne l’imagine pas. Et je n’en saisis pas l’ampleur…

 

 

IMG_1228.JPG

Un temps pour chacun

Dans la même semaine, je suis allée à une réunion de la Rose Croix D’or, une association spirituelle basée sur la gnose. Les animateurs insistaient sur le fait que personne d’autre que soi ne peut provoquer cet enclenchement que eux appellent le « cri intérieur ».

Ce mot m’a marquée. Ce cri est le préalable à une démarche, à un engagement vers soi et vers plus grand. Quand le cri vient, quelque chose s’installe en soi. Personne ne peut provoquer ce cri. Il peut arriver là, ou ailleurs. Mais une fois là, il y aura un avant et un après.



Ce cri, c’est quoi ? C’est la sensation, la compréhension, que ça ne s’arrêtera jamais. Que le juste bien n’arrivera pas. Que ça ne suffira pas. Qu’il y a plus et mieux, différemment, et que seule cette quête apportera satisfaction. Sauf qu’au début, on n’est pas sûr. On ne sait pas. On pressent la quête mais va t-elle porter ses fruits ? Si toutes nos certitudes sur nous, sur le monde, sur les autres sont bouleversées, est-ce que ça va se re-construire derrière ? Nous n’avons hélas aucun moyen d’en être sûr. Dans les tripes.



On peut toujours lire des bouquins, regarder des vidéos, voire des conférences, voir des coachs ou thérapeutes. Le doute disparaît un temps, puis il revient. A travers la peur du mental. Le doute.



Notre mental fait alors de la résistance. On croit se battre contre les illusions extérieures, on se bat contre une part de nous. Le serviteur devenu roi se rebiffe quand le roi est de retour. Va t-on lui accorder crédit, comme nous l’avons fait depuis l’enfance ?



Le cri nous met à genoux. Une ouverture se créé en nous car notre ego, dans la douleur du cri, s’est retiré. Pas éternellement. Juste le temps de l’abandon. Quand nous n’avons plus d’espoir en nous-même, quand l’ego rend les armes, l’autre quête commence déjà à s’installer en nous. Elle ne rencontre (temporairement) pas de résistance. C’est nouveau pour elle.

Quand nous retrouvons un peu de poil de la bête, notre ego revient en force et nous conseille de revenir au juste bien. Va, choisis la sécurité. Un tiens vaut mieux que deux tu l’auras. Que vas tu trouver dans ta quête d’exactitude ? Et si c’était l’apocalypse là-dedans ? Et si tu perdais tout ? Et si tu quittais ta femme, ton boulot, tes amis ?

 

A genoux

 

Lors de l’écriture du 1er jet de ce texte, j’ai rencontré un ancien petit ami que je n’avais pas vu depuis quelques années. Sa souffrance, ses addictions, ses expériences de vie étaient compliquées depuis longtemps. Il était bipolaire, alcoolique, intense, génial, mais vraiment mal. Après s’être retrouvé, dans la discussion, il m’a confié qu’il en était arrivé au sentiment qu’il ne s’en sortirait pas comme ça. Par le combat et l’action. Il revenait d’une hospitalisation psychiatrique, après une relation tumultueuse et destructrice, et cet internement était la goutte d’eau. Comme pour beaucoup de monde, elle l’avait détruite.



J’ai senti qu’une humilité était là en lui comme jamais je ne l’avais vu avant. Je ne sais pas si le cri a eu lieu. Mais il y avait quelque chose de plus humble en lui. Alors bien sûr, le combat reste encore un automatisme, que nous essayons de lâcher quand nous le détectons. Mais dans cette humilité il avait cette ouverture, ce lâcher-prise, qui a rendu possible dans les semaines qui ont suivi quelque chose de vraiment chouette.



Je l’ai accompagné sur ces quelques semaines. A connecter son moi profond, à sentir ce qui était juste. A accueillir ses émotions.

 

A lâcher de l’énergie bloquée. Et il a bougé véritablement pendant un temps. Son regard s’est éclaircit. Il s’est senti plus apaisé. Plus en foi aussi, avec la vie. Car elle commençait à le lui rendre.

Et puis il a pris à nouveau de la coke en retrouvant son ex, et les choses ont mal tourné. Je me suis arrêtée là (la coke est un anti-moi profond, impossible d’aller quérir quoique ce soit avec ce machin dans le sang !).

 

Mais, l’expérience avait vraiment été intense, et chouette. Et liée à une seule chose : un instant, il a eu le sentiment qu’il n’arriverait pas à vivre le juste bien comme ça. Un instant, la vérité lui est apparue comme dans toute sa crudité : je ne vais pas y arriver comme ça, quoique je fasse…



C’est là que le cri s’installe. Dans cette découverte intuitive. Dans cette compréhension douloureuse que ça ne passera pas comme ça. Et que les cases de la check-list soient cochées, ou qu’on n’arrive pas à les cocher, on doit bien dans les deux cas se forcer à reconnaître que quelque chose ne fonctionne pas. Le bonheur, l’intensité, le sentiment intérieur n’est pas total. Pas pleinement satisfait.



C’est donc peut être bien tout, ou rien. Et dans le tout, je parle de la quête de ce tout. Du chemin. Le tout n’a aucune importance, en fait. Ce qui qui compte, c’est sa recherche. C’est l’axe...

 

 

La vie sans quête, c’est un peu triste...

 

Car après tout, qu’est ce que la vie sans cette quête ?

Si je ne vais pas profondément en moi, dans mes émotions, dans ma vulnérabilité, si je ne vais pas arracher la conscience, puis-je vraiment me connecter à l’autre ?

Puis-je ressentir l’intensité de l’autre tout en restant   libre ?

Puis-je sortir de la dépendance à l’autre, quel que soit mon besoin ?

Puis-je me sentir pleinement vivante, même si je souffre parfois ?

Puis-je reconnaître et utiliser ma puissance intérieure ?

Puis-je trouver ma vraie place ?

Puis-je dire non à ce qui n’est pas moi ?

Puis-je sortir de l’effort et de la contrainte, de ce qui m’oppresse depuis que je suis enfant ?

Puis-je ressentir ma capacité de compassion et d’amour entier et sans attentes ?

 

Oui, le naturel ne peut être 100 % naturel, la puissance ne peut être 100 % opérante, la présence ne peut être 100 % donnée.

Oui, le but n’est pas le 100 %. Le but est de tendre vers. Mais c’est déjà énorme…

En vérité, la quête n’est pas binaire. Elle n’est pas absolue.

Elle s’insère, recule, revient. Prend de la puissance. Diminue quand la peur, le mental reprend du gras. Puis revient plus entière, plus vibrante.

 

Elle prend de la force. Mais, elle n’est pas absolue. Elle n’est pas à 100%. Elle s’acclimate de nos peurs.

Et c’est juste ça, l’appel intérieur. Le jeu entre l’appel de notre âme, et nos peurs



…............................

 

 

IMG_5446.JPG

https://la-piste.fr/civilisation-la-douleur-est-un-probleme-ou-laccueil-impossible/



Le Non Accueil :

 

Dans cet article, je parle de la douleur que cela peut être de ne pas être accueilli(e) quand on est en contraction, en tension émotionnelle, et comment cet écho de non accueil peut résonner tout au long de notre vie.

Le non-accueil transforme ce qui relevait d’un état d’âme passager et nécessaire en mal-être exponentiel.

 

Il génère une telle souffrance que rapidement, nous n’avons même plus accès au besoin sous-jacent d’origine que notre douleur nous demandait de conscientiser. Bref, c’est la bérézina. Et c’est ainsi dans notre civilisation, dès l’enfance.







Nous croyons souffrir de nos blessures et traumatismes, mais le plus gros nœud de la souffrance est liée à l’absence d’accueil inconditionnel de notre douleur. Tout comme pleurer devant un film triste n’est pas vraiment douloureux, tout comme pleurer dans les bras de sa maman est réconfortant et soulageant quand on est enfant, pleurer l’écho de nos blessures n’est pas forcément douloureux.

 

Ça peut être intense, évidemment, mais quand l’émotion est accueillie par un humain présent, donnant légitimité au ressenti, tout coule.



Mais, dans notre civilisation, à part notre maman, éventuellement, quand nous sommes petit, l’accueil est presque absent. La faiblesse doit être cachée. Elle invalide la raison d’être de notre civilisation. Nous avons donc un hiatus.



Tout comme une discussion mentale nécessite de se voir valider ses positions par l’autre, tant la menace est grande de risquer l’invalidation intérieure, le défaillement de toute personne dans notre société menace la légitimité de la construction sociétale.

Par ricochet, nous l’observons au quotidien, dans nos vies, nos groupes, nos espaces de vie.

 

Le défaillement est une menace. Je vais beaucoup parler de celui des adolescents dans cet article car le collège est, je crois, le meilleur laboratoire d’observation de notre « problème » civilisationnel… tant il y est poussé à son paroxysme...

 

L’absence d’accueil

 

Nous ignorons souvent que nous avons besoin d’accueil, ou nous croyons l’avoir, mais ce qui nous est donné n’est pas inconditionnel. C’est souvent une tentative d’écoute maladroite, parfois fuyante, parfois jugeante, parfois conseillante, mais souvent impuissante.



Pourquoi ? Parce qu’à l’échelle individuelle, le gouffre effraie. Les émotions perturbent, les doutes sont contaminants, ils menacent le statu quo. Ils ébranlent l’édifice.

Celui qui écoute a déjà bien eu du mal à enfouir ses propres blessures, à refouler les montées dérangeantes de son âme, écouter et créditer les remontées de l’autre ne l’arrange pas vraiment, et ce malgré sa bonne volonté.

Et quand je dis ne l’arrange pas, je parle de son inconscient. Consciemment lui, il veut bien faire.



Concrètement, cette posture tiraillante donne une situation assez commune. Nous sommes mal, nous sommes donc invités à parler. Et pourtant quand nous parlons, nous sommes presque encore plus mal. L’attention est volatile, le regard fébrile, le discours mental ou décalé. Quelque chose ne fonctionne pas.

 

Et pourtant, pourtant, l’autre veut nous aider. Faire son taf. Généralement.



L’accueil inconditionnel n’est pas identifié ni à fortiori organisé dans notre société. Il est souvent absent en famille. Il est maladroitement tenté en amitié, mais assez peu opérationnel. On le fait par devoir, par gentillesse, pour être là, mais en effort. L’échange d’énergie n’est pas fluide, il n’a pas d’intensité.

 

Cette intensité que l’on retrouve avec un thérapeute, dans un cercle de paroles ou dans une relation amoureuse, cette intensité qui fait remonter tellement d’émotions et qui les libère, n’a pas lieu.



Je connais peu de personnes qui peuvent être dans l’accueil. Sans peur. Mais elles existent. Longtemps, je n’en ai pas fait partie. Longtemps, le partage du mal-être pour moi devait absolument aboutir à une solution que je m’empresse de chercher.

 

J’étais spécialiste des solutions immédiates car je ne supportais pas le mal-être de l’autre. Il fallait l’en sortir immédiatement. J’étais donc obsédée par les symptômes. Le mal-être était un échec. La notion de vérité à capter derrière m’échappait complètement…

 

La douleur dans notre monde est devenue non la manifestation de notre âme qui s’exprime, c’est à dire une manifestation d’humanité, de vérité en gestation, mais une faiblesse à étiqueter, à guérir, et, souvent, à fuir. L’accueil inconditionnel qui demande à l’autre de nous offrir sa douleur, comme un écho à notre propre humanité, n’arrive pas à se mettre en place, notre inconscient résiste trop.



Pourtant, qu’est ce d’autre qu’être un peuple ? Accueillir inconditionnellement l’autre et prendre la responsabilité collective du mal-être de chacun, n’est ce pas le rôle d’un peuple ?

 

Le minimum et l’essentiel de ce qu’il y a à nous             donner ? Sinon à quoi bon ? Si c’est pour laisser certains de côté, si c’est pour disqualifier celui qui faiblit, à quoi bon ? Alors la solitude devient presque préférable. Car là on peut autoriser ce qui effraie tant…

 

Mais la solitude, pour les animaux grégaires que nous sommes, c’est l’enfer. Surtout quand on est jeune…

Et pourtant, c’est dans l’accueil inconditionnel, et dans le sentiment d’appartenance qui en découle, que l’on guérit. On peut l’opérer avec soi-même, on peut l’opérer avec un thérapeute, mais ça devrait opérer avec nos pairs, chaque jour de notre vie.

 

Autant vous dire que l’on a bien du mal à guérir dans notre civilisation...

 

Faire oeuvre de …

 

Bien sûr, notre société tente de faire œuvre, offrant quelques minutes d’écoute entre les 4 murs d’un collège par une infirmière scolaire qui ressentira probablement un grand sentiment d’impuissance car ça ne suffira pas.

 

Ou entre les murs d’un cabinet de psy, où une attention distante sera donnée, conformément aux consignes freudienne, sans échange d’énergie, sans reconnaître l’autre dans son humanité et dans vérité non seulement individuelle mais aussi collective, bienvenu à bord avec ta douleur, je la prends et je la bénis car elle parle de moi aussi, et donc me libère aussi.

 

Alors oui, on comprend et on libère quelques trucs. Mais notre âme est si loin…



Dans ce qui nous est offert, il y a, comme d’habitude, l’obsession des symptômes. Ne plus se disqualifier, ré-intégrer (le couple, l’école, le travail, la société, le dogme). Notre prise en charge est souvent à l’inverse de ce que demande notre âme, pas tant dans les moyens que dans l’intention posée.



Nous commençons à sortir de ce schéma distant et allopathique. Myriam Beaugendre, dans son livre « Prendre soin de son âme », parle de cette attention et de cet amour dont les gens ont besoin au moment de contacter leur souffrance la plus profonde.

 

Comment faire autrement ? Peut-on se passer de cet accueil inconditionnel quand il s’agit d’aller dans ce qui a été nié et maltraité (ma sœur m’a dit le mot broyé il n’y a pas longtemps, et il est exact) depuis que nous sommes enfants ?



Pour l’auteur, c’est en retournant à la source du « prendre soin », le chamanique, qu’elle peut alors lâcher la distance, si révélatrice de notre société. Cette distance que l’on retrouve dans le « laisser le bébé pleurer » ou « c’est pas grave, il se fera des copains au lycée »…



Il est si difficile de donner à l’autre cet accueil inconditionnel que nous n’avons pas reçu.

Se rend-on même compte qu’il est possible ? Comment poser de la conscience sur le manque d’accueil inconditionnel s’il a toujours existé ?

 

On ne le voit même pas. Aucun repère ne permet de le voir. Le seul repère, c’est les bras d’une maman qui dirait : oui pleure, ce que tu ressens est juste. Est-ce que ce moment a été identifié par notre société comme la clé de notre libération ? Pas vraiment…

Et pourtant, il est clé.

 

 

IMG_9222.JPG

 

Le déclassement communautaire



Quand la souffrance de la personne, de l’adolescent n’est pas accueillie pleinement par ses pairs, l’état de mal-être s’aggrave. La douleur ne peut être libérée, la conscience ne peut se poser sur le besoin sous-jacent, et se greffe en plus le sentiment d’inadaptation, du « problème » que représente cette douleur.



Non seulement, on est mal, mais on voit aussi que ça nous éloigne des autres. Nous sommes disqualifiés. Nous devenons contaminants. Je pense à ma nièce, qui au détour d’une conversation m’avait dit avoir vu, alors qu’elle était en 6è, des enfants de l’école isolés, très seuls, et s’être dit : « jamais, jamais je ne finirai comme ça, et je ferai tout ce qu’il faut pour ça ».



Nous sous-estimons totalement le besoin d’appartenance. Nous sommes prêt à sacrifier énormément de notre exactitude avec nous-mêmes pour nous sentir appartenir.

 

Solene n’a plus jamais faibli. Elle parle avec lucidité et dérision de cette boule d’angoisse à l’intérieur à l’ampleur inexplorée. Pour l’instant, ça tient.

Le défaillement serait la fin. Car rien ne nous retient. Il n’y a pas de de matelas en bas. Le 1er qui défaille est foutu.

 

Quand nous faiblissons, quand nous commençons à être mal, ce qui arrive souvent à l’adolescence, ce qui n’était qu’une simple manifestation de l’âme devient une définition identitaire. On devient une personne problématique, à fuir (parfois à moquer dans le pire des cas), le soutien communautaire est inexistant.

 

Au contraire, on est au ban. On fait partie des déclassés. Ceux qui ont pitié nous regardent avec commisération, heureux de ne pas en être (comme ma nièce) et se promettent de ne jamais faiblir.

 

 

IMG_9395.JPG

 

 

Ceux qui roulent dans la matrice civilisationnelle tenteront de se donner de l’importance ou de la popularité en appuyant la disqualification pour se se sentir encore plus qualifiés dans leur groupe.



Dans cet abandon de celui qui faiblit, viendront forcément, pour celui-ci, des équations erronées qui lui permettront d’apporter des réponses aux « pourquoi » qui forcément, l’envahissent.

 

Ces équations le suivront toute sa vie, en filigrane des situations qui feront écho au passé : « Je suis torturé(e), instable et fragile », « Je suis un problème », « Je ne peux être heureux », « si je suis faible, je serai toujours seul(e) », « je ne pourrai jamais être intégré(e) », etc.

Ces croyances auto-réalisatrices le re-confronteront éternellement aux mêmes situations douloureuses, car leur énergie non libérée les rend auto-prophétrices.



C’est celui qui est dit qui est



L’étiquette de l’extérieur est une prédiction auto-réalisatrice. Je ne t’accueille pas, je t’estime « problématique », le malaise s’accentue puisque l’accueil inconditionnel est remplacé par l’étiquette définissante, confirmant ainsi, je te l’avais bien dit, que tu avais un problème, et c’est de pire en pire. Donc tu as vraiment un problème. Donc j’avais vraiment raison. La boucle est bouclée.

 

Cela me fait penser à ces relations de couple où l’un reproche à l’autre sa fragilité, son indécision, sa faiblesse, ses états d’âme, son état dépressif, sa sensibilité, son manque de confiance en lui.



C’est au contraire son rayonnement qui l’avait attiré, ce que l’on pourrait traduire par l’émission « lumineuse » de la sensibilité. Puis, la cible engage une démarche pour aller mieux et découvre que l’étiquetage est auto-réalisateur. C’est parce que je suis étiquetée problématique que je suis mal.

 

Et plus je suis mal, plus ça confirme l’autre dans son étiquetage, donc dans jugement éclairé. Si confortable, car en attendant, moi, l’étiqueteur, je vais carrément mieux que l’autre et je m’en sors carrément mieux. Donc tant que l’autre ne va pas bien, il me confirme que je vais bien.



On retrouve le besoin désespéré ici de la validation du mental. Valide moi, valide moi, dis moi que j’ai bien fait, que j’ai fait le bon choix, que je vais bien, que je ne suis pas nul, que j’ai eu raison de m’adapter…



L’intéressant ici est que dès que l’étiqueté sort de la relation, même brièvement, il reprend de la luminosité. Comme par miracle. La fleur refleurit au soleil. En revanche, l’ombre reste ombre. Rien ne bouge chez celui-là. A moins d’un effondrement, ce qu’on ne peut que lui souhaiter.



Le collège a cet effet. L’école primaire aussi pour certains. A mesure que l’enfant s’affaisse, cela confirme le diagnostic de problématique. A moins qu’une personne ne lui tende le miroir de sa vraie identité, rayonnante, chouette et unique, non problématique mais vivante et incarnée, avec des phases de mal-être qui parlent de vérité intérieure, il sombrera.

 

 

Cela peut arriver, ce miroir positif, accueillant. Cela arrive. Un ami parfois. Un prof. Une grand-mère (je le retrouve beaucoup dans l’expérience des + de 60 ans, la grand-mère bienfaisante et son regard valorisant sur l’enfant). Mais, pour beaucoup, le regard « qualifiant » du pair, ce regard qui nous rend notre vraie identité, ne viendra pas. Ou il sera insuffisant face à l’ampleur du déclassement.

 

L’écoute disqualifiante



Il y a des personnes, souvent des proches, en présence desquelles notre mal-être peut s’aggraver. Sans que nous nous en rendions bien compte, nous sommes encore moins bien en les quittant.

 

Pour peu qu’on puisse identifier le phénomène (on ne l’identifie que quand on fait l’expérience inverse, encore faut-il la faire…). Pourtant on a discuté, expliqué, pleuré. Mais rien n’a été libéré. Au contraire, nous ressortons de ce moment avec une angoisse diffuse qui ne dit pas son nom.



Et pourtant, elles font de leur mieux. La vérité, c’est qu’elles ne peuvent réaliser l’accueil inconditionnel. A l’intérieur, ça fuit, ça panique, ça étiquette, ça ne peut écouter vraiment, ça donne des conseils, c’est gêné, c’est distrait. Bref, au mieux, ça n’est pas vraiment là. Au pire, ça en profite pour faire des lois et nous expliquer que nous avons un problème.



En vérité, comment accueillir l’autre quand on est incapable de s’accueillir soi-même ? Quand on est paniqué par ses propres remontées ? Quand on essaie de s’adapter à tout prix, pour être dedans ? Intégré. Safe à l’intérieur. Valide-moi, mon Dieu…

C’est donc techniquement impossible.



Notre monde est construit autour de la non-contraction. Pour un homme qui ne traverserait rien. Dont l’âme serait silencieuse.

Même en développement personnel, on nous explique parfois qu’il faut apprendre à gérer les émotions, ou s’en débarrasser. Comme si cette manifestation était une cible à abattre. Un problème.



Comme les bébés qui pleurent trop, les chiens qui aboient trop, les ados qui fument trop et les adultes qui dépriment ou qui picolent trop. Nous ne voyons pas la manifestation d’humanité et le besoin humain non nourri derrière. Nous ne voyons qu’un problème à régler, et à évacuer. Eviter la contamination…

 

Le non peuple



Et pourtant, c’est une des fonctions essentielles d’une communauté : accueillir la contraction de ses membres, la comprendre, en saisir l’écho qui servira à tous, pour qu’elle se libère, pour que la communauté s’améliore.



Dans cette inadaptation de notre monde à accueillir la contraction, nous sommes tous sur le qui-vive. A part ceux qui ont déjà chuté, évidemment. Car nous sentons bien de façon floue que si nous commençons à faiblir, personne ne pourra vraiment nous rattraper. Tout prendre et créditer. Alors, on sera seul face à la douleur, et ce sera la déchéance. La chute. Sans rattrapage.



Nous sommes dans l’insécurité permanente de l’affaiblissement. Bien sûr, il y aura des amis, la famille, le conjoint, un thérapeute, le psy, l’infirmière scolaire, l’hôpital, la maison de repos, l’éco-lieu, etc. Mais en vérité, il n’y a personne.



Car il en faut, de la puissance, de la confiance dans l’humanité, pour pouvoir donner cet accueil inconditionnel à la souffrance, à la douleur, aux émotions de l’autre sans la craindre. Sans en craindre l’écho pour soi. Sans créditer la matrice. Sans peur d’être déstabilisé ou contaminé.

Et elle est rare, cette puissance.

 

A quoi ressemble concrètement une écoute apeurée ?

A ça :

 

  • l’écouteur est mal à l’aise, il ne sait comment réagir, ses yeux sont fuyants, le vide est sidéral

 

  • l’écouteur est étreint par un sentiment d’impuissance, la douleur de l’autre le rend malade, il voudrait l’en sortir, sa douleur est un problème (ça c’est moi            avant !).

 

  • l’écouteur reste détaché, tout en étant empathique intellectuellement. Il ne s’implique pas émotionnellement, et d’ailleurs il ne ressent pas vraiment d’émotions. L’énergie ne circule pas du coup, le moment est froid. C’est une caractéristique qu’on retrouve plus chez les hommes.

 

  • J’avais un ami américain qui avait appris à écouter. Il maîtrisait les codes de l’écoute. Mais il n’était pas là émotionnellement. Il faisait son taf car il voulait être un bon humain. Il voulait vraiment être un bon humain. Il avait vraiment appris avec application à ne pas couper la parole, à regarder l’autre dans les yeux, à être patient, à le laisser finir, à reformuler pour être dans une écoute active. Mais il n’était pas là.

 

  • Pourquoi ? Sans doute parce qu’il était lui-même terrorisé par ce qu’il y avait à l’intérieur de lui… Comment faire pour l’autre ce que l’on ne peut faire pour soi-même ?

 

 

 

 

IMG_9379.JPG

 

 

Pour certains, la souffrance de l’autre devient une manifestation à moquer ou dénigrer :

 

  • En reprochant l’état de douleur, comme si c’était anormal. Comme les mères le font souvent avec les filles : « oh prends sur toi, tu es trop sensible », renvoyant cette image de la perchée, la torturée, l’instable que connaissent bien les hypersensibles.

 

  •  C’est ce que font les adolescents avec ceux qui faiblissent. Non seulement ils n’accueillent pas, mais il importe de désigner le faiblissant comme anormal. Le faiblissant n’est plus rappelé dans son identité au delà de la souffrance : vivant, sensible, spontané et enthousiaste. Il devient celui qui est trop torturé, trop fragile, trop instable, inapte à être heureux. Il est à fuir et l’auto-prédiction s’installe. 

 

  • En se posant en exemple : fais comme moi, je suis fort(e), etc. ce qui permet aussi de se dissocier de celui qui faiblit en mettant en avant sa force, ou sa capacité à être heureux, un peu comme si l’autre s’appuyait sur le faiblissant pour valider le fait que lui, en revanche, va bien. 

 

  • Nul besoin de dire que ce rapport est particulièrement destructeur car il valide d’autant plus l’identité             « problématique » de celui qui faiblit : les faits, les histoires, tout confirme l’inaptitude : l’un vit des trucs chouettes et a confiance en lui, l’autre ne vit que des trucs négatifs (on le repère d’ailleurs au fait que la personne qui semble accueillir ne raconte que des choses positives sur elle, et en particulier quand l’autre va mal… besoin de validation :-).  

 

  • Par la condescendance, parfois la pitié : cette condescendance du mental face aux manifestations de notre âme, avec cet instinct supérieur de celui qui est au bon endroit, qui est sur la bonne voie, et qui plaint celui dont l’âme se manifeste est d’une violence particulière…

 

  • Le mental qui devrait être serviteur comme le raconte Einstein joue au gagnant face à l’âme. Victorieux et validé par la matrice, tel un fonctionnaire de vichy jouissant de la bonne conscience que lui permet le système face à un humain déjà disqualifié… C’est un peu fort ce que je dis ? C’est un peu ça quand même.

 

 

N’avez-vous jamais été confronté à un petit fonctionnaire des règles qui vous indique que vous êtes disqualifié parce que vous vous échappé des règles alors que lui les suit parfaitement ?

 

Il me vient une histoire dans cet esprit, un promeneur à Rochefort sur Terre qui m’avait alpaguée parce que je promenais mon chien sans laisse et que j’étais sans masque. J’ai cru d’abord que c’était un flic en civil.

 

Mais non. Il était faible, ça se voyait dans ses yeux et sur son visage, mais il jouissait de pouvoir utiliser les règles pour pouvoir (enfin !) se sentir un peu de pouvoir, et in fine, validé. Il m’avait jetée à la fin : « Allez, circulez ! ». Mon ami belge et moi avions halluciné, rigolé un peu, mais nous étions aussi consternés…

 

Bref, ce système de la disqualification de celui qui a mal bénéficie particulièrement aux plus faibles qui se sont soumis. La validation est un eldorado et entretenir le mal-être peut être une porte pour valider que tout va bien chez eux.

Alors, est-ce que ça a toujours été comme ça ?

 

Un problème civilisationnel

 

Je ne suis pas sûre qu’à long terme, une civilisation puisse survivre si elle ne prend pas soin de l’âme de ses membres. Une communauté qui survit est une communauté qui accueille. Il y a des peuples qui ont disparu. Et d’autres qui ont survécu.

 

Nous avons probablement été dépossédés de notre capacité d’accueil. Quand, pourquoi ? A partir de quand l’émotion, la douleur est devenue un problème à éradiquer chez nous ? Avec le christianisme ? Ou avec l’arrivée des tribus patriarcales de l’Est quelques milliers d’années avant ?

 

Les Celtes étaient-ils déjà comme ça ?

Avons-nous expérimenté dans notre communauté cette énergie d’accueil, d’amour, cette force yin où la douleur de l’autre est un écho à notre propre douleur ? Quand sommes-nous sorti de l’Ubuntu, où chaque personne est le miroir de l’autre, une cellule dans un même corps, et où personne, personne ne sera jamais laissé de

côté ?

La romanisation, la christianisation ? Saint-Paul et son délire anti-Jésus ?

 

 

IMG_9305.JPG

 

 

 

Quelque chose nous a changé. Et a transformé ce qui est naturel à l’humain, en quelque chose de problématique, à guérir, ou à éloigner.

Depuis quand le mental nous explique la vie ?

 

Il y a quelques temps, dans un moment down, ma nièce (une autre) est venue me voir chez moi. Elle ne pouvait être en présence. Elle voulait, elle m’y invitait par la parole, mais ses yeux fuyaient. Soudain distraite par 10 000 trucs pendant que je parlais. Et puis soudain, une saillie de son mental satisfait qui, sur un ton désolé pour moi, me dit : allez, sans doute, un jour, tu iras aussi bien que moi (sous-entendu : moi qui ait fait le bon choix).

 

J’ai ressenti beaucoup de violence dans cette phrase.

Ma nièce sortait d’un mois d’hospitalisation à l’HP. Sa stratégie était le refoulement. Elle validait sa stratégie. Sur le coup, sans conscience aucune, toute émotionnée que j’étais, jai ressenti un grand désespoir.

 

Plus tard, j’ai saisi que ce n’était que la réminiscence de l’étiquetage que j’avais reçu dans le passé, le cadeau du mental à l’âme qui s’exprime dans notre mal-être, et son besoin absolu de validation : « Tu as un problème. Je n’en ai pas. Dites moi que j’ai fait le bon choix… ».

 

La vérité, c’est que quand notre âme s’exprime, il y a une énorme maltraitance à être accueilli par le mental. Et ce d’autant plus s’il essaie de se cacher sous un vernis de confiance en soi, de bonne conscience. De celui qui a fait le juste choix. Ce côté fonctionnaire de Vichy.



Alors oui, dans ce moment-là, quelque chose nous rend inapte au bonheur. Une part de nous s’éteint. Nous doutons. Et émerge alors une identité angoissée et malheureuse qui n’est pas nous. Mais qui soudain nous définit et que nous nous approprions, dans l’enfance, puis dans l’adolescence.



Le lendemain, j’ai eu une expérience inverse, avec deux personnes. Mais le ressenti fut inverse. Les 3 étaient pourtant dans la même volonté de bien faire. Mais, dans ceux-là, qui pourtant pourraient paraître plus fragiles ou plus sensibles vu de l’extérieur, peut-être vu de la matrice, il y avait une puissance infinie. Qui disait « Même pas peur ».



Ceux-là, quel que soit l’état en face d’eux, ne voient que la manifestation de l’âme. Et ils trouvent ça beau. Et ils s’en abreuvaient. Car eux aussi, avaient leur tourments, et les autres avec leurs tourments, sont leurs frères d’armes.



Cette puissance qu’on retrouve dans le regard qui s’absorbe en nous quelle que soit la douleur, qui reste ferme, intéressée, intense et présent, compréhensif et curieux, elle est rare dans notre civilisation.



J’ai rencontré beaucoup de gens qui avaient des pouvoirs, des dons, des capacités, sur le plan énergétique, intuitif, perceptif. Mais honnêtement, tout cela n’est rien. C’est une ouverture pré-existante qui a toujours existé et qu’on avait oublié. Ok, donc le canal fonctionne. Pourquoi pas.



Mais cette puissance de l’accueil de notre humanité, cette capacité à la trouver belle et vivante, sans en avoir peur, c’est plus que précieux. C’est fondateur d’un autre monde.

 


IMG_9278.JPG

......................................................................



29/12/2022
0 Poster un commentaire