Les dits du corbeau noir

Art Etre Nature et monde celte Bran du Source PH Jouet

Festival  ART ETRE et NATURE… Eléments de discussions sur les thèmes
Etude : à partir du dictionnaire de Philippe JOUET  (Religion et mythologie celtique)                                                                  Bran du  12 JUIN 2013
La place du Végétal dans le monde Celte…

Avertissement : Ce qui suit peut emprunter autant à la rationalité de la réflexion qu’à un « débridage » sensitif, instinctif, imaginatif, lié à la dimension bardique de son auteur. Chacun fera le tri qui lui convient dans les éléments exposés…

La Nature pour les Celtes est considérée comme un réservoir et déversoir de « puissances » qu’il y a lieu de craindre et de respecter, de se concilier si possible afin de maintenir la paix, l’équilibre, l’harmonie, la juste résonance, l’équité, la concorde, la bonne mesure, la fécondité, la prospérité voir d’en susciter l’abondance… C’est à ce titre un immense chaudron….(Tel celui de Ceridwen ou du Dagda…) Ce merveilleux et magique chaudron ne nourrit que ceux et celles qui en sont « dignes » et qui le servent fidèlement avec le meilleur d’eux-mêmes…

L’Etre, pour le monde Celte, c’est être là, présent, exister, demeurer en son séjour existentiel et durer si possible et si nécessaire… et « porter fruit »…     C’est croître « favorablement » et donc devenir pour le meilleur de ce que la vie peut encore apporter… Il y a donc une parenté entre l’Etre et l’Arbre ; une destinée comparative….   Les qualités de l’arbre lié pour certaines essences à une notion d’éternité sont transposables au sein des valeurs humaines qui présentent des caractères semblables. A se demander si elles ne sont pas nées d’ailleurs des modèles arbustifs, de leurs observations et contemplations !
Comme l’arbre, l’être est censé un jour porter des fruits et dispenser lui aussi des bienfaits…

L’art nous dit Philippe Jouet exprime la vision du Monde Celte ( les liaisons organiques entre l’homme, le végétal et l’animal ). Il sert à la recherche du signifié, à rendre efficace les symboles choisis et les énergies dynamiques fondamentales contenues dans les formes et mouvements… 
                                                                                                                    La question est posée en permanence sur ce qui peut constituer les éléments du vivant et leurs mystères… Chaque artiste tente d’y répondre avec son art, ses techniques, sa sensibilité, ses connaissances, sa vision et les enseignements reçus de ses pairs et des sages plus anciens…                                       L’artisan « initié » porte ses efforts sur l’étude approfondie, l’analyse minutieuse, des rapports et des relations entre les éléments observés qui manifestent le divin, les puissances fondamentales…  La vie, les formes, le sacré, ce qui apparaît pour « vrai » et le champ (chant) des énergies, constituent sa « Matière » passée savamment et habilement par le filtre de l’Esprit…

Le sentiment « exalté » du monde Celte est le sentiment de la Nature vue et perçue comme Parole initiale, Puissance divine, Livre de Connaissance et Source de l’Inspiration.   D’où les cultes rendus à celle-ci qui est un modèle de belle croissance en équilibre et harmonie…

Dans la vision celtique le végétal, la plante, l’herbe, le bois, l’arbre tiennent une place très conséquente. Il y a des processus d’associations très forts et prononcés entre l’humain, le végétal et l’animal qui alimentent des circulations d’énergies vitales, des transfusions de vertus, de capacités, de savoir utiles au développement harmonieux de l’Etre…

La démarche celtique est une démarche fondamentale qui s’appuie sur la recherche permanente ; une recherche en quête d’entendement, de coopération, de symbiose avec le divin…

Le Monde celte est un monde de « reliances », de mise en rapport fervent, ardent, passionné même, entre tous les fils tissées sur la chaîne de vie et d’espérance…

L’art qu’il pratique met en exergue ces dimensions de communications  inter-reliées axées sur l’Anima et l’Essence… Son exercice fondamental implique la vérité, l’accord, la concorde, une éthique de comportement et d’attitude qui servent vision et conception…

 Dans le postulat que j’expose (aves les réserves que vous en ferez) de considérer l’Etre humain comme un « Arbre de vie » à part entière, ce dernier occupe une place centrale en notre chair. (Dans notre Plaine du Milieu là où nous avons capacité à réguler tout ce qui nous constitue !)  

Cet axe central, ce pilier, ce mât, est entouré de quatre autres arbres sacrés eux aussi dont les racines sont reliés à « l’Arbre Maître » ( le dispensateur de la Sève originelle sans doute) si je peux l’appeler ainsi.  Ces 5 arbres forment alors une quinte-essence ! 
Ils pourraient se nommer respectivement : L’Arbre de Vie, l’Arbre de la Connaissance ; l’Arbre du Don, l’Arbre de la Conscience, et l’Arbre de la Création… Ceci si l’on prenait modèle sur des répartitions fréquentes dans le monde Celte où une cinquième partie formée d’un fragment parcellaire de quatre autres donne cohérence et efficacité à un ensemble (cela vaut pour les ogams (signes, inscriptions celtiques), mais aussi pour la juste, l’équitable, répartition de l’Irlande en 5 provinces liées par celle du milieu, par exemple)…

Les encoches faîtes sur l’écorce de divers bois (Chêne ou If le plus souvent) sont censées collecter et recueillir ou contacter la « langue des dieux » d’où des procédés liés à des rites funéraires, à la divination, à des actes magiques…

De l’Arbre dans le monde celte :

Les arbres sacrées du monde Celte sont au nombre de cinq, un pour chaque province d’Irlande (4 provinces et une centrale constituée d’une partie des quatre autres)…
Ils ont chacun une fonction, un symbolisme, identique en tant qu’axe du monde et vecteur de relation et de circulation entre le ciel et la terre…
Leurs racines respectives sont reliées à L’ARBRE CENTRAL de la Plaine du Milieu (Tara le centre mythique de l’Irlande et siège du pouvoir royal)…

J’ai, pour conception personnelle, l’idée que chaque être est un « Arbre de Vie » ayant une fonction commune de relieur et de transmetteur entre toutes les forces, lumières et énergies qui circulent par leurs ondes et flux visibles ou non dans tout l’univers et en nous-mêmes comme dans tout le vivant…

Servir une Tradition qui considère que l’homme est un « arbre qui pense, conçoit, projette et qui « marche », c’est être véritablement un être humain avec un composant végétal et donc des « attributs » analogiquement associés ( tronc commun, dendrites pour racines, humus ayant formé le mot homme                 (et humilité !)…
Le Monde Celte associe des caractères végétaux à  des caractères humains…

Je pense avec cette conception de l’être humain considéré comme un « arbre de vie » que ses racines puisent autant, elles aussi, dans la terre que le ciel et y trouvent les substances et éléments de sa propre croissance…

Je crois aussi que chaque racine de l’arbre peut se rallier à la racine d’un autre (dans un but de communication, d’échanges d’informations, d’éléments nourriciers et protecteurs témoignant d’une entraide « symbiotique » constatée depuis peu scientifiquement)… Je pense que d’autres parties « chimiques » de l’arbre participent aussi de ces liens et soutiens sous forme « aérienne »  (Phéromone)…  J’opte pour cette idée que nous sommes bien les uns et les autres des « arbres sacrés » avec des symboliques et des analogies communes…

Il nous est dit également que l’arbre est associé à l’image du roi…. Le roi est aussi l’axe, le pilier central de son royaume… Je considère de même que nous sommes nous aussi détenteurs d’une royauté et souverains des territoires de notre être et régents de notre cœur, de notre corps, de notre âme et de nos pensées… 

Cela signifie par ailleurs et selon là aussi des conceptions celtiques, que nous devons être initiés à cette royauté, par l’initiation féminine ; détentrice de la souveraineté et seule apte à nous adouber, à nous conférer des « pouvoirs royaux » assujettis à des obligations de conduites morales et contrôlés par la sagesse qui pose dans le cadre de cet exercice des « interdits »…

Le roi doit ( en engageant sa vie !) faire « prospérer » son royaume, veillé à la paix, à ce que tous et toutes soient « féconds », en harmonie et dans l’équilibre… Il devra rendre compte à la fin d’un cycle annuel de son bon exercice !

On rêve à de telles transpositions « ici et maintenant » au cœur de chaque individu car cela constituerait en grande partie des éléments efficients de ce changement de paradigme social tant attendu !

La plante est prépondérante dans la médecine celtique. Sa cueillette est rigoureusement « ritualisée » afin que ses vertus soient sauvegardées et demeurent efficaces…

Si nos actes étaient eux aussi semblablement ritualisés dans un but d’équilibre et d’harmonie, de rétablissement de ces deux états sans cesse compromis, on devrait davantage jouir de la vie, d’une « bonne » vie !

Le gui, la double feuille de gui si présente dans l’art des Celtes, à une connotation d’immortalité. Le gui est l’annonciateur du retour de la vie « immortelle ». Il est lié au Souffle qui engendre sa présence et ses vertus…
C’est celui qui « guérit tout » et avant tout de la peur de la mort qu’il transcende… Il est « Enfant du Souffle premier » ; celui qui régit le cycle du renouveau, des recommencements, des rénovations et revitalisations…

Notre « Arbre de vie » et un arbre porteur de gui lequel n’est pas considéré comme un parasite de notre existence, mais un rappel de la précarité de celle-ci en ce bas monde , une existence qui toutefois bénéficie de stades périodiques de renaissances en attendant de rejoindre d’autres sphères…

Le gui nous rappelle également que le Souffle qui l’anime est aussi celui qui nous anime !  Nous sommes aussi en possession de ce qui apporte la vie ou la mort, le poison ou l’antidote,  le venin ou le breuvage de vie et d’immortalité…   Nous pouvons être une plante vénéneuse et mortelle comme une plante guérisseuse et salutaire !…

Il est dit également que le chêne et le compagnon inséparable de tout rituel druidique qui en appelle à travers lui aux forces et puissances qu’il contient et détient ; ce qui implique que le rituel d’invocation soit aussi lui-même ferme et solide !  Le chêne manifeste la présence appelée…
On ne saurait être initié ou initier quoi ou qui que ce soit hors de sa présence…

En cette période où l’on se prépare au Tantad, au Solstice d’été, notre feu intérieur peut être assemblé de différentes essences associant leurs vertus et manifestations afin d’exprimer la bienveillance et la bienfaisance d’une corbeille d’offrande faîte de flammes enlacées dispensant avec grand bénéfice, leurs encens, leurs parfums, leurs effluves de guérison…

L’Arbre est une offrande perpétuelle faite autant au ciel qu’à la terre !

Les 5 arbres (hypothèses bardiques), supposés veiller sur notre territoire corporel et spirituel humain, pourraient être constitués d’un pommier, d’un if, d’un chêne, d’un frêne et d’un bouleau…(Et donc de leurs « vertus » attribuées)…

L’année celtique est comparable à un chaudron ( « qui macère pendant un an et un jour »)… Nous sommes ce chaudron même où bouillonnent divers ingrédients (les pires et les meilleurs , les fastes et les néfastes, ceux qui participent de la décomposition et ceux qui favorisent la recomposition, ceux de la vie et ceux de la mort…)   Il nous appartient d’isoler en nous les « poisons » afin qu’au terme du cycle ne subsistent de tout cela que les « trois gouttes » de  vie, de science et de poésie !

Les gaulois sont « nés de l’Arbre.» Ce que l’on peut entrevoir de leur cosmogonie en témoigne. Cet Arbre est l’Arbre de la Parole et celle-ci est des plus sacrées et des plus « fondatrices »…


Le barde Taliésin conte et relate admirablement sa « naissance végétale », ce qui l’a formé en tant qu’être humain conscient et reconnaissant pour cet enfantement singulier et pour la sève dispensée qui l’a fait Homme et Poète !


ADDITIF :

Il est des plus significatifs que les Celtes considèrent que les noix et noisettes sont les « fruits de la connaissance et de la science », un « principe qui alimente la vie, fait croître « l’Arbre de vie » et qui procure le « don poétique », la vision, la perception de la trame sacrée de l’univers…

Ces noix et noisettes, ces « coquilles de science », sont conçues comme un cœur ou un centre d’où émanent les flux et ondes de vie les plus fondamentaux…
Ces fruits sont associés à une « source » et à des ruisseaux qui en naissent au nombre symbolique de 5, 7 ou 9 mais aussi au Feu dans l’Eau qui a le sens de « Feu de la Parole » ; une parole issue de la Matrice Originelle qui à répandu son Verbe sur la Terre afin qu’elle irrigue toute racine de la vie…

Si nous sommes un « arbre de vie », nous sommes censés porter des fruits et offrir ceux-ci tout en nous nourrissant d’eux… La science, la connaissance et l’art poétique composent une triade qui donne cœur et centre à l’Arbre de vie….  L’acquisition de ces trois « outils » existentiels conduit vers l’accomplissement à être et à l’épanouissement de toutes les potentialités développées en ce sens et en l’Essence…

« Nourrit O mon bel arbre de vie, l’âme saumon à la robe de feu ! »                  

 



13/06/2013