Les dits du corbeau noir

ANDRE BRETON LA RECONNEXION AVEC LES BARDES DES ORIGINES BRAN DU (2020 20 01 JANVIER)

 

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Oeuvre gravée de Christian Tual  (Suite)

 

 

 

 

André Breton : Braise au Trépied de Keridwen

Bran du janvier 2020

 

 

(Préface à un live de Markale sur les bardes gallois ; livre qui implique beaucoup de discernement et de réserves quant aux « traductions » et interprétations opérées par l'auteur!)...



 

C'est à la préface de cet ouvrage que je vous propose de porter votre vive attention... André Breton est l'un des fondateurs du mouvement dit du surréalisme... Il fera un séjour en forêt de Brocéliande...

 



André Breton s'élèvera contre tous les courants universitaires qui se sont efforcés, coûte que coûte, de rétablir la primauté de l'intelligible sur le sensible et ce, contre la volonté qui commande toute la démarche poétique...

 

 

A la suite de Nerval, de Baudelaire, de Tristan Corbière, de Mallarmé, de Jarry qui diffusent et distillent une lumière venant de loin André Breton cite A Rimbaud : « Donc le poète est vraiment voleur de feu, il est chargé de l'humanité, des animaux, même ; il devra faire sentir, palper, écouter ses inventions ; si ce qu'il rapporte de là-bas a forme, il donne forme ; si c'est informe, il donne de l'informe. Il s'agit de trouver une langue. »

 

 



Valery insistera sur le fait que le poème n'est point une expression par construction mais la « bienheureuse formation » d'une sorte de propagation, d'un effet de résonance...»

 

 

« C'est un langage des Dieux. » un « langage comme une percée de l'inconnu, comme une trouée dans l'azur. » ajoute André Breton. Un langage qui ne peut être que la résultante d'un commun élan de l'esprit et du cœur... Lors, le poème, ailé de son seul rythme, trouvera sa voie spontanée et élective...

 

 

Il convient donc d'opposer à une dictature purement intellectuelle tout ce qui peut être développé dans le sens d'une plus grande perméabilité à ce qui émane d'une telle Lumière, et cela par la vertu de l'intuition, de la perception et de l'analogie...

 



Et de citer la vue pénétrante de Raymond Abellio et son étude sur « l'Esprit moderne de la Tradition » :

 

« La force d'évocation que possède le symbolisme procède de cette structuration implicite qui soutient ses rapprochements et leur confère un pouvoir d'intégration indépendant de la « lettre » du symbole, un pouvoir qui annonce que chaque symbole est lui-même intégrable et n'est qu'un foyer de sens provisoirement isolé dans un foyer plus vaste qui attend d'être nommé. »

 

 

 

 

 

 

 

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Il s'agit nous dit André Breton d'une communion affective à partir d'une langue qui soit « de l'âme pour l'âme », « de la pensée tirant la pensée et tirant... »

 

 

L'enjeu étant pour retrouver cette « clef harmonique » de pouvoir remonter au plus loin de son essor, aux « grands nocturnes  de la musique des sphères » « Il n'était que temps qu'on s'avisât qu'elle pourrait bien avoir enchaîné les mêmes vibrations sur les lieux de notre propre foulée, soit où nous nous trouvons en rapport direct, tellurique avec elle. »...

 

 

« Il a fallu s'attaquer à tout ce qui conspirait, chez l'Occidental, au refoulement « honteux » de son passé, en conséquence durable de la loi du plus fort, imposée il y a 19 siècles par les légions romaines...»...

 



Il s'agit ici de remonter à l'art Gaulois qui « se distincte de l'art Grec par les poursuites d'une autre réalité, éternelle et impérissable, cachée derrière l'apparence, sans se perdre, pour autant, dans les nuages de l'irréel » (Selon lancelot Lengyel)...

 



.La révélation pour le plus grand nombre, de l'art celtique, qui se donne libre cours dans les médailles et se prolonge dans la sculpture après la conquête romaine, avec en arrière-plan, celui des mégalithes, permet d’accéder à des « idées-forces » qui président à la naissance de ces formes artistiques.

 

 

 

 

 

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Ecoutons, lisons André Breton dans sa préface intitulée :

 

Braise au trépied de Kerridwen :

 



« ...Le grand arbre a été abattu ; on est réduit à la surface du fleuve, à voir étinceler au passage ses feuilles d'or ou d'argent et à soupçonner, sur des empreintes,les hautes présences qui l'entouraient.

 

De lui, nous reste, par bonheur,un surgeon bien vivace contre lequel la perfide lame méditerranéenne n'a rien pu, c'est ce qui émerge de l'ancienne poésie bretonne ou kimrique, frêle esquif à la coque très éprouvée, mais dont nous tenons tout ce qui a pu être sauvé, en sagesse et en possibilités de dépassement autochtones, durant les premiers siècles de l'ère chrétienne, par la Tradition orale...

 

 

Ce trésor réside dans ce qui nous est parvenu des textes d'Aneurin, de Llywarch-Hen, de Myrdhin, surtout de Taliesin...



 

Il faut bien dire qu'il s'offre à la façon de ceux de notre enfance, enfoui dans un coffre ruisselant d'algues et constellé de coquilles, criant sur ses gonds dès qu'on veut faire mieux que l'entr'ouvrir, mais, alors, il laisse filtrer quelques rayons du boucler d'Arthur, et au point où nous en sommes aujourd'hui, on n'a pas fini de s'assembler autour de lui sur la grève... »

 

 

 

En cette poésie là, le « je » est déjà intensément un autre... Une forme-pensée qui se veut une conscience globale, toute tendue vers la résolution des énigmes de l'univers ; elle est à l'image des sagas islandaises « l'unique bonheur de la métaphysique, sa récompense et sa source selon les termes de Jorge-Luis Borges. »

 



Il fallait un poète héritier des bardes de Celtie pour opérer une reconnexion poétiquement salutaire avec un Verbe, un Souffle, un Logos, avec le « Feu de la Parole », géniteur d'essentialité et de « primordialité » restituant au langage ses sens, son intelligence, sa vision et perception, sa force d'expression, son « intuitivité », son « imaginaire », son Anima et son Essence...

 

 

 

 

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23/04/2020
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