Les dits du corbeau noir

A PROPOS DE LA MORT : BRAN DU 2019 15 06 JUIN

 

 

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A mes chers disparu(e)s , ce bouquet d'églantines (Bran du)

 

 

 

A propos de la « mort »... Réflexion

 

Bran du, le 13 06 2019

 

 

 

C'est le quatrième décès qui survient dans un environnement qui m'est proche et très proche en à peine dix mois....

(Ce matin encore on vient de m'annoncer le départ d'une amie rencontrée il y a plus de cinquante ans et avec laquelle des liens affectueux ont été régulièrement entretenus et partagés.)....

 

Un seul de ces événements a suffit amplement à ma peine, alors quatre en si peu de temps ?...

 

 

Vu l'état des situations et des circonstances, je ne peux certifier que ce qui suit demeurera dans une certaine « cohérence » et « fluidité » d'expression...

 

 

 

Comment ne pas être « renversés » quand nous sommes ainsi précipitamment percutés de plein fouet, de plein front, de plein cœur ?...

 

 

Certes, arrivé au cap de bientôt soixante dix années d'existence bien remplies, je peux m'attendre à ce que du « vide » se fasse de plus en plus autour de moi et que des êtres aimés s'estompent peu à peu emmenant avec eux des affects sincères et authentiques fidèlement tissés dans le temps et dans l'espace...

 

 

D'eux, je garde un permanent souvenir et une indéfectible mémoire... Je me remémore leur visage et tant de partages et d'échanges, tant de réjouissances et d'épreuves traversées ensemble, cœur à cœur, main dans la main...

 

 

Je serais peu-être le prochain sur la liste des embarcadères car l'échéance se rapproche et l'inéluctable, un jour ou une nuit, frappera à la porte...

Je n'aurai ni crainte, ni peur, à ouvrir celle-ci, je me suis très sérieusement et très sereinement préparé à cela depuis un certain temps déjà...

 

 

Je peux toutefois espérer que les conditions de pré-embarquement seront telles, que mes facultés et capacités d'attendre paisiblement de franchir l'ultime passage, seront réunies afin de verser tranquillement de l'autre côté de la Vie et cela, sans chagrin, sans tristesse, sans pesanteur ni appréhension et de la même façon qu'une feuille quitte sa branche à l'automne ou qu'à terre tombe, de l'arbre, le fruit...

 

Nulle colère, nulle révolte donc... (Est-ce que l'arbre cri à la perte de ses feuilles et de ses fruits ? Non !)...

 

 

C'est ici tout l'art de changer l'extrême tristesse de ce qui n'est plus, ne sera plus, pour l'immense tendresse de ce qui a été, offert et partagé d'une humanité en laquelle l'amour s'est pleinement et durablement investit...

 

 

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Dans le plus ou moins long cheminement terrestre qui est le nôtre, surviennent des ruptures, des séparations, des espacements, des distanciations, bien souvent ponctués de souffrances et de douleurs, encombrés de ressentiments et d'incompréhensions...

 

 

Cela, avec du recul, avec des éclairs d'intelligence, avec l'entendement que permet la raison, avec les enseignements bénéfiques et profitables que l'on peut retirer de ces situations, peut être considéré comme une « initiation », soit un apprentissage fondamentale et essentiel sur le sens, les sens, et l'Essence même de cette Vie que nous incarnons avec de grandes difficultés, beaucoup d'erreurs, d'hésitations, de craintes, de renoncement voir d'abandon...

 

 

Reste que la dernière et la plus mystérieuse de toutes les initiations s'appelle la mort (André Breton dixit)... Et que nous aurions bien tort de ne pas en retenir les plus cruelles leçons pour faire de notre vie un apprentissage permanent, en terme d'entendement et de compréhension, dont le Maître « enseignant » s'appelle l'Amour !...

 

 

Ne pas « partir » avec le regret quasi éternel de ne pas avoir dit suffisamment oui aux propositions faites à cette Vie qui est nôtre...

 

 

Le plus redoutable sans doute à gérer de nos comportements passés, de nos réticences et de nos doutes, c'est quand nous prenons conscience de ne pas avoir été ce que nous aurions du être, de n'avoir pas assez, (assez densément, assez intensément), jouit de l'amplitude offerte, reçue et redistribuée des marées de jours et de nuits qui ont déferlé sur notre grève de chairs et de songes, sur les rivages accueillants de ces dons que seul procure, inspire et instruit l'Amour quand l'Amour est terre d'accueil, de rencontre et de partage.....

 

 

 

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Comme bien d'autres partis avant moi ?... Si j'avais un seul conseil à proposer, une recommandation fondamentale à faire vis-à-vis de ceux et de celles celles qui « restent », ce serait cette invitation (je ne saurais imposer quoi que ce soit) qui se formulerait ainsi :

 

Osez la Vie, offre-lui votre plus juste désir et votre plus ferme volonté !...

 

 

 

En fait, ceux qui partent en refusant d'être dans la peine nous enjoignent de demeurer dans la joie ! (Parce que la joie ; c'est encore ce que l'Amour a trouvé de mieux pour accompagner ceux qui nous quitte et qui nous font (en retour d'Amour) un tel vœux et un tel souhait !)...

 

 

Nous portons trop souvent le deuil de la Vie. Nous ne la menons pas comme elle le demande à l'autel des fiançailles et des noces...

 

 

 

Nous avons toutes les fausses raisons pour ne pas être ce qu'une sage folie nous convie à vivre d'inédit, d'insolite, de méconnu, d'ignoré, d'inaccoutumé, d'extraordinaire donc...

 

 

L'inconnu a mille fois plus à nous apprendre, à nous enseigner que ce que le connu répète et reconduit inlassablement sans être surpris lui-même par l'ordinaire du conditionné, du ronéotypé et du conventionnel de son quotidien...

 

 

 

 

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Que vivre, quoi vivre de ce qui me reste à vivre ?

 

Confronté aux disparitions affectives qui se succèdent et s'amplifient comment faire face à ce constant rappel d'une existence éphémère et passagère et de son achèvement à venir ?

 

Que faire lors de ce temps encore accordé si ce n'est de s'évertuer à ne plus être autant dissonant et discordant ?...

 

 

 

Prohiber toute peur me semble-être une voie à suivre afin de se rendre totalement disponible et ouvert face à ce qui est et sera...

 

 

C'est du vide que peut naître un sentiment de plénitude et la plénitude est un état qui jamais ne se plaint !

Mais un cœur avide ne saurait connaître cela car trop « plaint » et « plein » de lui-même !...

 

C'est dans l'absence que se mesure une présence... C'est dans l'exil que l'ancienne proximité occupe soudain tout l'espace et tout le temps...

 

 

N'est-il pas nécessaire de conter à l'hiver qui se morfond et se languit des histoires de printemps ?...

La vie souffre de nous voir tant souffrir...et si peu s'ouvrir a elle-même !...

 

 

La mort est une grave interrogation, une poignante et redoutable interpellation...

Certes, mais une grève, une lande, un marais, une comble, un alpage, une clairière, une île, une courbe de rivière, une crique, un jardin, une roseraie... sont autant de réponses apaisantes et affranchies de toutes questions...

 

 

La nature est un baume, un onguent. Elle peut cicatriser bien des blessures pour autant que le mental (pervers et dictateur) ne les ravive pas...

 

 

A trop se pencher sur la mort on risque de « tomber », aspiré par des tourbillons et des tornades de souffrances...

 

 

Par ailleurs si nous n'étions pas, en certaines circonstances douloureuses, submergés par les peines et les chagrins, serions nous lors encore humains ?

 

 

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Comment cela, se réjouir ?

Etre « douloureusement heureux » ?

Mais c'est honteux, scandaleux, c'est un sacrilège  nous dira-t-on !...

Mais le véritable scandale n'est-il pas de laisser à la mort tout l'espace et tout le déroulé d'un temps concédé jadis au vivant ?...

 

 

La mort ne saurait durablement faire taire les chants du vivant, la symphonie des saisons, la danse des atomes et des planètes et les rires fusant dans les cours d'école d'une enfance heureuse...

 


la Vie est le premier bouquet offert à tous les amoureux...

 

 

Nos chers disparus nous demandent-ils de nous morfondre, de nous plonger dans les affres ténébreuses d'une existence mortifère et funèbre, de nous revêtir, de nous envelopper, de cœur et d'esprit, dans la cape des deuils infinis ?...

 

Certainement pas, car ce qui fut « Tout Amour » ne s'arrête pas à la disparition de l'être qui le dispensait généreusement auprès de vous de son vivant !...

 

 

 

L'Amour n'appartient pas au domaine de la corporéité charnelle, ni de la « matière » troublante et énigmatique, et si souvent contradictoire que nous sommes...

Il ne serait être enfermé ou confiné en aucune cloison puisqu'il procède et relève des sphères dites « spirituelles », subtiles, éthériques, vibratoires, fluidiques, et ce en tant qu'Energie et Lumière...

 

Il ne saurait non plus être confiné et fixé à demeure au sein d'une définition. Il n'est pas un verbe, un mot, un adjectif, un pronom, un attribut et même une ponctuation qui, un jour, sous une forme ou une autre, ne sera pas amené à le concélébrer...

 

Il est le Poème de toute prose existentielle, et la Vie même fredonne ses chansons...

 

 

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La mort, je la respecte grandement quand elle tient la place qui lui revient et dans l'alternance métaphysique où elle joue son rôle et tient sa fonction... Mais elle n'a pas, pour autant, à jouer la « vedette » car la star de toutes les stars ; c'est la Vie !...

 

 

(L'un des rares avantages à vivre seul, c'est que, lorsqu'on s'embarque pour l'au-delà on ne plonge pas brutalement une compagne désemparée dans un orphelinat de jours et de nuits !...)

 

 

 

 

Hocine, Marie-Josée, Christian, Anne-Marie....

 

Un « déchirement » à chaque fois, un vacillement, un ébranlement tel que, sur le coup, la pensée ne sait plus où elle se trouve, cherche en vain son emploi alors que la marée des terribles nouvelles dévaste, en sa déferlante furieuse, le continent sensible et émotif de l'être...

 

 

On se sent soudain comme écrasé, comme tétanisé, enveloppé de stupeur, balayé, renversé, par une énorme tempête silencieuse qui sape toute assise, tout fondement...

 

 

Nous sommes comme un enfant fragile et désemparé, sans aucune défense face à un ogre ou à une ogresse qui nous dévore de l'intérieur... C'est un marteau géant qui s'abat sur l'enclume d'un cœur martelé jusqu'à l'âme...

 

 

Ce qui était, qui fut, ne sera plus... Le devenir s'effondre, devient opaque et trouble et la force et l'élan pour s'y projeter manquent à l'appel, sont relégués dans le domaine de l'impuissance et de l'anéantissement...

 

 

Il n'y a pas de consolation à cela, rien ne peut y faire et surtout pas le temps à qui on confie l'oubli et l'effacement d'un visage, d'une présence aimée, d'une complicité intime et profonde inégalée, unique, irremplaçable...

 

 

Oublier n'est pas une consolation ; ce serait faire outrage à cela qui fut pour nous dons et attentions....

C'est de transpositions sur un autre plan dont il s'agit...

C'est incorporer cela qui n'est plus au vivant que nous sommes encore, l'accueillir dans notre souffle, dans notre respiration, l'associer sans nécessairement le nommer à ce que la vie nous offrira encore de joies et de plénitudes...

 

 

C'est en quelques instants de vide, de solitude mais aussi de rencontre, d'échanges, de partages, associer par une douce, claire et lumineuse pensée cela qui fut à cela qui est !...

 

 

 

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La Vie, L'Amour, La Mort, forment un étrange et mystérieux triptyque où chaque « panneau» ou « volet » est dépendant des autres...

Mais notons que le panneau s'ouvre et se ferme sur l'Amour !...

 

 

La neige ; elle seule a capacité de parler le langage de la mort...et rare sont les neiges qui sont éternelles si ce n'est peut-être au plus haut sommet de l'Amour......

 

 

 

Ce n'est qu'extrêmement dépouillés de ce que revêtait jadis notre existence que nous pouvons, nus, voyager légèrement sans le pesant de ce qui reste d'éventuels regrets s'épanchant là, sur eux-mêmes, sur le quai des départs...

 

 

 

Sans passer pour un provocateur, il n'est, pour moi, la mort survenue, plus rien qui ne subsiste, seulement une forme inanimée éternellement alitée dans un cercueil capitonné ou non...

 

Nous avons là, devant nous, un bateau qui a vocation à un éternel échouage, qui ne sait plus rien de son naufrage existentiel, car son âme-capitaine est déjà bien loin de ce mortifère rivage...

 

Que l'on mette le feu à cet embarquement lui aussi marqué du sceau de l'éphémère est des plus admissible et des plus recevable quand on sait, quand on a acceptation, que le corps n'a pour finalité (respectable et respectée) que fumée, cendre et poussière...

(Le plus important, « évaporé », tourbillonnant déjà dans la valse de l'Univers !)...

 

Je ne connais personnellement de culte des morts que celui qui demeure (sans encombrement) dans le culte du vivant !...

 

Si je dois, si je désire, à mes chers disparus, faire demeure de mémoire, faire séjour du souvenir, ce sera dans ce cœur qui est le mien et nulle part ailleurs...

 

Et c'est déjà ainsi que les miens, mes proches, mes amis, disparus, se serrent les uns contre les autres dans ce foyer encore ardent où à cœur battant s'égrainent les secondes, les minutes et les heures...

 

 

 

Il est vrai que de telles conceptions requièrent une mutation, des « transpositions » de la pensée qui, de matérielle, se fait pleinement « spirituelle »...

 

L'Esprit ayant primauté, préséance, sur toute forme, il n'y a plus aucune raison de demeurer, aux formes, attaché !...

 

 

 

Il y aura pour mener, l'ami, le proche, le frère ou la sœur en humanité à sa dernière et éthérique demeure certes, des pleurs et des larmes, un ruissellement sincère de l'émotion qui empreint tous et chacun mais, cet épanchement est nécessaire car « libérateur » des tensions qui s'accumulent et qui fracassent tout être de l'intérieur...

 

 

 

Dans cet instant communautaire de « cosmunion » plénière invoquons, appelons-en à la Toute Lumière, à son rayonnement, à ses radiations, à sa bienfaisance, à sa bienveillance, à sa tendresse, à sa bonté afin qu'elle nous enveloppe tous et toutes, vivants et mort, dans cette unique vérité qui est, au-delà et par delà toute existence : « Tout Amour. »..

 

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15/06/2019
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