Les dits du corbeau noir

VIVRE "POETIQUEMENT" REFLEXIONS 2019 BRAN DU 15 07 JUILLET

 

 

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Photos agencement  bran du

 

 

 

 

Reflexions  VIVRE EN POESIE

Bran du    Juillet 2019

 

 

Peut-être que vivre ne s'incarne que dans une dimension éminemment « poétique »...

 

Hors, la poésie, ne serait être « hors la vie » et elle n'a de manifestations, d'expressions, de « réalité » que dans et par l'être qui puise à la source poétique comme y puisse la pierre et la feuille, l'algue et le lichen, la saison bleue et la saison verte, la graine de toute graines, la semence de toutes semences et l'enfantement même de toute beauté...

 

Vivre en « poète » ou survivre et s'agiter dans un simulacre d'existence !

 

Retrouver les parois originelles où s'inscrivirent les premiers traits, les premières incisions, d'un langage lui aussi premier cherchant par tâtonnements successif à formuler l'essentiel, à le concentrer, à le densifier, à le rendre minéralement et éternellement « vivant »...

 

Quelques symboles au départ, mais issus du feu et de l'eau, jaillis des seins et de la vulve matricielle, arrondis de soleils et de lunes, embarqués sous le couvert des étoiles et propulsés par les rames du rêve et des visions fiévreuses...

 

Le cercle, le losange, la croix, la barque, les astres du firmament, leurs courses et leurs danses et ce au-delà et par-delà une haute et fauve magie de la nécessite (la chasse)...

 

Nous nous sommes si fortement éloignés des représentations primitives que nous ne savons même plus ce que le mot « essentiel » signifie !...

 

Notre quête moderne, contemporaine, de « sens «  est vaine puisque nous ne savons plus rien de « l'Essence » et que nous avons séparé l'ombre et la lumière au point que la lumière se dilue dans les ombres que nous produisons sans cesse !...

 

Seule la nudité de corps et de pensée peut être en mesure de nous extirper de la démesure en laquelle nous emmitouflons et étouffons par la même les légitimes aspirations du corps et du cœur à autre chose que cet amoncelé illusoire et artificiel dont on ne cesse de les recouvrir...

 

Pour avons délaissé le culte du vrai, du beau et du juste, du poétiquement habitable, pour un séjour dans les paradis fantasmés de l'aveuglement et de la surdité...

 

 

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Nous n'avons de goût, de senteur, de parfum, d'embaumement printanier que ceux de l'orgueil et du mensonge...

 

Plus nous plaît le fer et l'acier que le perce-neige et le cresson de fontaine...

 

Nos mains enserrent et empoignent là où les marées déposent en offrandes aux grèves humides ses collectes d'or et d'argent, tous les trésors nacrés enfouis en ses abysses....

 

Il est souhaitable de s'évider jusqu'à la plénitude !

 

Le remplissage à ses limites et nous ne faisons que déborder !

 

Plus nous ajoutons de nos inconsistances (en terme de superflus) et plus nous retranchons à la Vie !...

 

L'évidence ne fait plus « danser la Vie »...

 

Nos lèvres ont faim et soif mais l'eau et le fruit ne s'en viennent plus à la bouche. Nous avons tari la source et stériliser les vergers !...

 

Les mots n'ont plus de sève en leur tige !...

 

Cela qui faisait soleil n'est plus que néon...

Nous pensions être « arrivés » mais nous ne sommes pas « partis» !...

Nous ne savons plus le chemin qui mène de l'abeille à l'hydromel...

 

Nos ivresses ne sont plus d'amour ni nos fièvres d'enfantement...

 

Quand la vie enfin, lentement, se « dérobe », nous sommes face à elle sans bleuets ni coquelicots !...


Nous n'avons plus de branches à offrir aux chants des oiseaux...

 

Chaque jour est un « offertoire », mais désert est le sanctuaire...

Nous avons éteints les bougies que nous sommes et nous ne savons plus ce que le mot « lumière » signifie......

 

L'herbe sauvage et résiliente qui ose encore percer le béton des villes nous la brûlons...

 

 

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Nous ne concevons la « Nature » que comme un parc aseptisé et pasteurisé, conforme aux normes par nous imposées et pleinement conditionnée par ce qui nous conditionne nous-mêmes...

 

Il nous fait dominer et imposer, soumettre et asservir, posséder à n'en plus finir cela qui nous est offert généreusement dans le panier prodigue du don et des saisons...

 

Nous donnons une forte importance à ce qui dans la vie n'importe pas, mais nous déporte vers les galaxies de nos fantasmes mercantiles et consuméristes vers lesquelles nous nous précipitons comme des papillons de nuit dans le halo brûlant des projecteurs...

 

Pouvons nous, ne serais-ce qu'un instant vraiment réfléchir à ce que devrait évoquer pour l 'humain et pour son « humanité » les mots : « primordial », « fondamental », « élémentaire », « essentiel », « conscience », « entraide », « symbiose », « équilibre », « harmonie », « cohérence », « équitable », « entendement », « convergence », « liberté et responsabilité en nos choix», « clairvoyance », « tolérance »....

 

Nos précipitations à nourrir l'avoir au détriment de l'être ne peuvent que nous mener à un « déluge » !...

 

Que faire de cette vie ? C'est ce que j'entends de plus autour de moi... Faire est un verbe d'action prédominant pour les êtres que nous sommes, et nous sommes à travers les actes que nous réalisons. Hors, « faire » à l'origine vient du terme Grec « Poiësis » cela signifie qu'initialement tout acte se devrait d'être éminemment « poétique » !...

(Oeuvre d'art et création...)

 

 

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La poétique, pas plus que la poésie ou l'amour, ne saurait être « définie », figée, fixée, une fois pour toutes dans une définition imposée à la compréhension de tous et de chacun...

 

La poésie, fluctuante, substantielle, est, pourrait être, en une approche imparfaite et non exhaustive : mouvance, courbe et spirale, onde, fluide, flux, influx, vibration, circulation visible et invisible de toutes les Forces, Energies et Lumières de Cela qui Fût, Est et Sera... Difficile voir impossible d'en dire davantage de sa présence en tout être et toute chose et de ses « animas » !...

 

Elle offre à l'être son « état » naturel, sa beauté intrinsèque, sa respiration la plus profonde et la plus ample, ses labours, ses ensemencements, ses germinations, sa croissance, sa fructification, ses récoltes et ses moissons et de nouvelles emblaves généreusement dispersées dans « la Terre du Vivant »...

 

« Il n'y a rien à faire !» disent certains et le poète leur répond : « Si, habiter poétiquement ce monde.»

 

Notre vie peut-être ce long poème dont nous sommes le poète et dont la prose rime avec la Vie elle-même en vers et tout contre Tout...

 

« Etre poète », c'est affirmer et cultiver (jubilatoirement) une identité singulière, spécifique et plurielle en capacité de transformer l'ordinaire en extraordinaire, de muter « le quotidien» en enchantement, de rendre à la fantaisie ses ballons de couleur et aux amoureux leurs clairs de lune et leur banc...

 

C'est retirer aux visages de la vie leurs masques et restituer leur véritable figure aux traits émouvants du vivant...

 

La poésie, oubliée dans les fonds de tiroir de l'adolescence, froissée et jetée à la corbeille avec les papiers griffonnés du doute et de l'incertitude, retenue, calfeutrée, bâillonnée, avec les paroles qui se voulaient une déclaration d'amour, elle se tient là désormais comme un printemps vainqueur d'un interminable et désolant hiver, comme une sève vitale qui redresse l'homme dans la verticale du ciel...

 

Pas de changement de paradigme sociétal à espérer sans le retour d'une Poésie qui en chacun et en chacune d'entre nous concilie, réconcilie son sel, son souffre et son mercure, son œuvre au noir, au rouge et au blanc et sa matière première avant que s'opère enfin le grand passage de la Matière à l'Esprit et du simulacre à la vraie Vie.

 

 

 

 

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15/07/2019
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